Ces trois talens qu'en vous je viens d'imaginer, Il ne faut pas auffi, gravités Espagnoles, Nous voyons des Prêcheurs coëfez à la moutone Se faire les yeux grands, & la bouche mignone, Se radoucir la voix; & pour tout geste enfin Aux Dames d'alentour faire la belle main. Eft-ce-là nous tracer le chemin de la Gloire! Non. C'eft faire l'amour à tout un Auditoire. Mais ce n'eft pas ici qu'il faut moralifer, Un maître n'a le droit que de dogmatiser. Songeons à ce Docteur, dont la voix pédantefque Donne un nouveau relief à son air soldatesque. Vous le voyez toujours campé comme un lutteur, Avec fes poings fermés morguer fon Auditeur. Il femble, quand il veut pouffer un fyllogifme, Qu'il apelle en duël tout le Chriftianisme; On que, de fa fureur nous prenant pour témoins, Il veuille défier le Diable à coups de poings. On raconte qu'un jour certain Miffionnaire, Prêchez donc fans fureur & fans effronterie; Ne foyez ni trop lent, ni trop précipité; Diftinguez bien l'air vif d'avec l'air emporté. Soyez grave fans fafte, aifé fans nonchalance, Modefte fans froideur, hardi fans infolence. Joignez vos agrémens aux régles de notre art; Quiconque plaît fans lui, ne plaît que par hazard. Sans lui craignez toujours quelque trait de Satire. Et fi cet Orateur que tout Paris admire, Néglige avec fuccès l'art qu'il fçait mieux que moi, C'est qu'il eft comme un Prince au deffus de la Loi. Je connois parmi nous certains fots immodeftes, Qui pour un mot tout feul vont nous faire cent geftes. J'en fçai d'autres auffi, pour le moins auffi fots, Uu feul gefte jamais ne dément un feul mot. Chez les nouveaux acteurs, c'est un geste à la mode Chez d'autres aprentifs l'on paffe pour galant, Souvent charmé du fens dont mes discours font pleins, Je m'applaudis moi-même, & fais claquer mes mains. Souvent je ne veux point que ma phrase finiffe, A moins que pour fignal je ne frape ma cuiffe. Tantôt, quand mon esprit n'imagine plus rien, J'enfonce mon bonnet, qui tenoit déja bien. Quelquefois en pouffant une voix de tonnerre, Je fais le Timballier fur les bords de ma Chaire. A Meffieurs des Miffions Etrangères. PART ARTISANS trop zèlés de la bonne Doctrine, De vous voir bientôt confondus. Envain contre l'erreur votre efprit fe mutine: De fléchir les genoux devant Confucius. Qu'on peut rectifier avec l'intention, De n'honorer jamais la Célefte Patric Vous auriez mieux fait de vous taire, Et de laiffer parler nos commodes Docteurs, Dont vous allarmez les pécheurs, Nous conduisent au Ciel par un chemin de fleurs, • Nom in l'air. 米米クレー米と米米 EPIGRAMME Contre un mauvais Auteur qui avoit fait un Poëme intitulé TOMBEAU DE TURENNE. UAND je vois Baudinet * avoir l'ame si vaine, Turenne, J'en raille, & je le dis tout net. Quoi! c'est-là le Tombeau d'un fi grand Capitaine? Non non, mettons au bas d'un Tombeau fi mal fait, Cy gift le pauvre efprit qu'a perdu Baudinet. PLACET AU ROY, N° Pour lui demander une Abbaye. Ous avons, GRAND HEROS, deux deffeins différens, Vous, de vaincre vingt Rois ; & moi vingt Con currens, Mais l'un de ces deffeins eft mieux conduit que Que cependant tout iroit bien |