Page images
PDF
EPUB

Et va fur ce Peuple rebelle

Venger la querelle des Rois.

Jadis on vit ces Parricides,
Aidez de nos Soldats perfides,
Chez nous au comble de l'orgueil,
Brifer tes plus fortes murailles;
Et par le gain de vingt batailles
Mettre tous tes Peuples en deüil.

Mais bien-tôt le Ciel en colére,
Par la main d'une humble Bergére
Renverfant tous leurs Bataillons,
Borna leurs fuccès & nos peines:
Et leurs corps pourris dans nos plaines
N'ont fait qu'engraiffer nos fillons.

G

STAN CE S.

A Monfieur MOLIERE, fur fa Comédie de l'Ecole des femmes que plufieurs gens frondoient.

N vain mille jaloux Esprits,

E Molière, ofent avec mépris

Cenfurer ton plus bel Ouvrage :
Sa charmante naïveté

S'en va pour jamais d'âge en âge
Divertir la Poftérité.

Que tu ris agréablement!
Que tu badines fçavamment!
Celui qui fçut vaincre Numance,
Qui mit Carthage fous fa loi,
Jadis fous le nom de Térence
Sçut-il mieux badiner que toi?

Ta Mufe avec utilité

Dit plaifamment la vérité.
Chacun profite à ton Ecole:

Tout en eft beau, tout en eft bon;

Et ta plus burlefque parole

Eft fouvent un docte fermon.

Laiffe gronder tes Envieux :
Ils ont beau crier en tous lieux,
Qu'en vain tu charmes le Vulgaire ;
Que tes Vers n'ont rien de plaisant.
Si tu fçavois un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairois pas tant.

SONNET

Sur la mort d'une Parente.

Armi les doux tranfports d'une amitié fidèle,

[ocr errors]

Je voyois près d'Iris couler mes heureux jours. Iris que j'aime encor, & que j'aimai toûjours, Brûloit des même feux dont je brûlois pour elle,

Quand par l'ordre du Ciel une fiévre cruelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et de tous mes plaifirs interrompant le cours,
Me laiffa de regrets une fuite éternelle.

Ah! qu'un fi rude coup étonna mes efprits!
Que je verfai de pleurs ! que je poussai de cris!
De combien de douleurs ma douleur fut fuivie!

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi.
Et, bien qu'un trifte fort t'ait fait perdre la vie,
Hélas! en te perdant, j'ai plus perdu que toi.

AUTRE SONNET

Sur une de mes Parentes qui mourut toute jeune entre les mains d'un Charlatan.

Ν

Ourri dès le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins par le cœur que par le fang lié,

NEt non moins par coeur

A fes jeux innocens Enfant affocié,

Je goûtois les douceurs d'une amitié charmante;

Quand un faux Efculape, à cervelle ignorante,
A la fin d'un long mal vainement pallié,
Rompant de fes beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable Parente.

O! qu'un fi rude coup me fit verfer de pleurs!
Bien-tôt, la plume en main, fignalant mes douleurs,
Je demandai raifon d'un acte fi perfide.

Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'Univers;
Et l'ardeur de venger ce barbare homicide,
Fut le premier Démon qui m'inspira des vers.

EPIGRAM ME S

Ου

I.

A un Médecin.

UI,j'ai dit dans mes Vers, qu'un célébre Affaf fin,

Laiffant de Galien la Science infertile,

D'ignorant Médecin devint Maçon habile:
Mais de parler de vous je n'eus jamais deffein,
Perrault, ma Mufe eft trop correcte.

Vous êtes, je l'avoue, ignorant Médecin,
Mais non pas habile Architecte.

de Def

I I.

A Monfieur Racine.

Reet demain la trifte journée,

ACINE, plains ma destinée.

Où le Prophête Des-Marais,
Armé de cette même foudre
Qui mit le Port-Royal en poudre,
Va me percer de mille traits.

C'en eft fait, mon heure eft venuë.

*Poëme Non, que ma Muse, soutenuë marais De tes judicieux avis,

en N'ait affez de quoi le confondre:

nnieux

à la

Mais, cher Ami, pour lui répondre, mort. Hélas! il faut lire Clovis. *

« PreviousContinue »