N'en doute point, c'eft lui-même. Tout brille en lui, tout est Roi. Dans Bruxelles Naffau blême Commence à trembler pour toi. En vain il voit le Batave, Deformais docile efclave, Rangé fous fes étendars : En vain au Lion Belgique Il voit l'Aigle Germanique Uni fous les Léopards.
Plein de la frayeur nouvelle Dont fes fens sont agitez, A fon fecours il apelle Les Peuples les plus vantez. Ceux-là viennent du rivage, Où s'enorguëillit le Tage De l'or qui roule en fes eaux; Ceux-ci des champs où la nége, Des marais de la Norvége Neuf mois couvre les rofeaux.
Mais qui fait enfler la Sambre ? Sous les Jumeaux effrayez,
Des froids torrens de Décembre Les champs par tout font noyez. Cérès s'enfuit éplorée
De voir en proye à Borée Ses guérets d'épics chargez, Et fous les urnes fangeuses Des Hyades orageufes Tous fes trefors fubmergez.
Déployez toutes vos rages,
Princes, Vents, Peuples, Frimats.
Ramaffez tous vos nuages, Raffemblez tous vos foldats; Malgré vous Namur en poudre S'en va tomber fous la foudre, Qui dompta Lille, Courtrai, Gand la fuperbe Espagnole, Saint Omer, Bezançon, Dole, Ypres, Maftricht, & Cambrai.
Mes préfages s'accompliffent; Il commence à chanceler. Sous les coups qui retentiffent Ses murs s'en vont s'écrouler. Mars en feu, qui les domine, Soufle à grand bruit leur ruine; Et les Bombes, dans les airs Allant chercher le tonnerre, Semblent, tombant fur la Terre, Vouloir s'ouvrir les Enfers.
Accourez, Naffau, Baviére, De ces murs l'unique efpoir; A couvert d'une riviére' Venez, vous pouvez tout voir. Confidérez fes aproches: Voyez grimper fur ces Roches Ces Athlétes belliqueux; Et dans les eaux, dans la flâme, LOUIS à tout donnant l'ame, Marcher, courir avec eux.
Contemplez dans la tempête Qui fort de ces Boulevarts, La Plume qui fur la tête Attire tous les regards. A cet Aftre redoutable Toûjours un fort favorable S'attache dans les combats: Et toujours avec la Gloire Mars amenant la Victoire, Vole, & le fuit à grands pas.
Grands Défenfeurs de l'Espagne, Montrez-vous, il en eft tems. Courage, vers la Méhagne Voilà vos drapeaux flottans. Jamais fes ondes craintives N'ont vu fur leurs foibles rives Tant de Guerriers s'amaffer. Courez donc. Qui vous retarde? Tout l'Univers vous regarde. N'ofez-vous la traverser ?
Loin de fermer le paffage A vos nombreux bataillons, Luxembourg a du rivage Reculé fes pavillons.
Quoi ! leur feul afpect vous glace? Où font ces Chefs pleins d'audace, Jadis fi prompts à marcher, Qui devoient de la Tamise, Et de la Drâve foumife, Jufqu'à Paris nous chercher?
Cependant, l'effroi redouble
Sur les remparts de Namur. Son Gouverneur, qui fe trouble, S'enfuit fous fon dernier mur. Déja jufques à fes portes Je voi monter nos cohortes, La flame & le fer en main: Et fur les monceaux de piques, De corps morts, de rocs, de briques, S'ouvrir un large chemin.
C'en eft fait. Je viens d'entendre, Sur ces rochers éperdus,
Battre un fignal pour se rendre : Le feu ceffe. Ils font rendus. Dépoüillez votre arrogance, Fiers Ennemis de la France; Et deformais gracieux, Allez à Liége, à Bruxelles, Porter les humbles nouvelles De Namur pris à vos yeux.
Pour moi, que Phébus anime De fes transports les plus doux, Rempli de ce Dieu fublime, Je vais, plus hardi que vous, Montrer que fur le Parnaffe, Des bois fréquentez d'Horace, * Prême Ma Mufe dans fon déclin Hero Sçait encor les avenuës, r Per. Et des fources inconnuës rault. A l'Auteur du Saint Paulin. *
Uo1? ce peuple aveugle en fon crime,
Qui prenant fon Roi pour victime
Fit du Trône un Théatre affreux,
Penfe-t'il que le Ciel, complice D'un fi funefte facrifice,
N'a pour lui ni foudre ni feux?
Déja fa Flotte à pleines voiles, Malgré les vents & les étoiles, Veut maîtriser tout l'Univers; Et croit que l'Europe étonnée, A fon audace forcenée
Va céder l'Empire des Mers
Arme-toi, France; pren la foudre C'est à toi de réduire en poudre Ces fanglans Ennemis des Loix.
Sui la Victoire qui t'apelle,
« PreviousContinue » |