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qu'on travaille à présent à un ouvrage, quoiqu'on n'y travaille pas actuellement. Actuellement ne se dit jamais qu'en prose; à présent s'emploie quelquefois dans les poésies légères.

ACTUELLEMENT, PRÉSENTEMENT. Ces deux mots expriment l'un et l'autre un temps présent, abstraction faite de toute autre circonstance, avec cette différence qu'actuellement exprime un temps très court, et présentement un temps plus ou moins long. Ma maison est à louer présentement, c'est-àdire pendant un temps qui durera jusqu'à ce que quelqu'un l'ait louée, et ce temps peut être plus ou moins long. Ma maison est encore à louer actuellement, c'est-à-dire elle est encore à louer en ce moment, parce que si je ne la loue pas aujourd'hui, je ne pourrai plus ou je ne voudrai plus la louer demain. Ces deux mots ne s'emploient qu'en prose, et le dernier, autrefois très usité dans la conversation, ne l'est plus guère aujourd'hui ; on le remplace par à présent.

et plus relevées. Rien ne gagne tant les cœurs que la douceur, voilà une sentence. Voici un adage qui signifie à peu près la même chose : on prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre. La différence qu'il y a entre l'un et l'autre, c'est que l'adage est exprimé en termes vulgaires, et que la sentence l'est en termes nobles et relevés; c'est que l'adage ne présente qu'un fait tiré de l'observation, et que la sentence présente une pensée qui est le résultat de plusieurs réflexions profondes. La concision convient également à l'adage et à la sentence.

ADAGE, MAXIME. L'adage indique une règle particulière de conduite; la maxime est une règle générale vraie ou crue telle. L'adage est un trait qui pent nous éclairer dans quelques circonstances; la maxime est donnée comme une règle importante qui doit partout nous servir de guide. Il y a de fausses maximes, mais il n'y a point de faux adages; parce que l'adage est généralement reconnu pour vrai, et que les maximes varient souvent comme l'opinion des hommes.

ACTUELLEMENT, MAINTENANT. Actuellement se dit relativement à une chose ADAPTER, AJUSTER. Adapter, c'est discommencée pour marquer une suite, une poser, préparer, accommoder une chose de continuation, ou bien pour marquer l'oppo- manière qu'elle joigne bien avec une autre; sition, le contraste de deux événemens suc- adapter un récipient au chapiteau d'une corcessifs : nous travaillons actuellement; 'nous nue. Ajuster, c'est rendre une chose juste, avons fait la première partie de cet ouvrage, én ôtant ce qui est de trop, ou en ajoutant maintenant il faut faire la seconde; nous ce qui manque. On ajuste pour adapter. Le nous sommes assez reposés, assez divertis, second est le résultat du premier. Quand on maintenant il fant travailler; je vous ai indi-a ajusté toutes les parties d'un tout, on a qué les causes, maintenant je vais vous faire connaître les effets. Actuellement ne se dit qu'en prose, maintenant est de tous les styles. ADAGE, PROVERBE. Le proverbe est une sentence populaire ou un mot familier et plein de sens qui annonce une vérité naïve, tirée de l'observation et exprimée en peu de mots: chat échaudé craint l'eau froide, voilà un proverbe.

L'adage est un proverbe qui, outre l'existence d'une chose, le résultat d'une observation, indique un motif d'agir: faites bien, bien vous vient, voilà un adage, parce qu'il excite à agir, à bien faire, qu'il en expose le motif, qu'il donne une règle de conduite.

ADAGE, SENTENCE. L'adage est un proverbe qui présente une instruction morale tirée d'une observation commune. La sentence est une pensée morale émanée d'un personnage important, reconnue pour universellement vraie et louable, et qui semble se former d'une foule de vérités qui se confondent, ou plutôt se fondent en une seule, exprimée par un trait énergique qui tient de l'adage ou du proverbe, mais par des expressions plus nobles

adapté le tout.

ADDITION, AUGMENTATION. L'addition est une chose que l'on ajoute, ou qu'on a ajoutée à une autre chose. L'augmentation est ce qui rend une chose plus grande, plus grosse, plus volumineuse qu'elle n'était auparavant. Faire une addition à une maison, c'est y ajouter un corps de logis, une aile, un pavillon, etc. Faire des additions à un ouvrage de littérature, c'est y ajouter des notes, des remarques, des dissertations, des traités qui ne font pas partie de l'ouvrage, qui n'y ont qu'un rapport accessoire, et qui demandent à être traités d'une manière différente. On fait des augmentations à un ouvrage de littérature, en le rendant complet, en y ajoutant des articles de la même nature, en donnant plus d'étendue à ses diverses parties. On fait des augmentations à une maison, en y faisant des dispositions qui la rendent plus vaste, plus étendue, plus élevée. L'addition se distingue de la chose, elle ne fait pas corps avec elle. L'augmentation fait corps avec la chose, elle la rend plus volumineuse.

ADDITION, APPENDICE. Ces deux mots

sont employés en littérature. Addition se dit de ce qu'on ajoute à la fin d'un ouvrage dans quelque dessein que ce soit; mais l'appendice, qui se met aussi à la fin de l'ouvrage, est destiné à l'éclaircissement de ce qui n'a pas été suffisamment expliqué, ou à tirer les conclusions de l'ouvrage.

ADDITION, SUPPLÉMENT. Addition en terme de pratique est synonyme à supplément: ainsi une addition d'enquête ou d'information est une nouvelle audition de témoins à l'effet de constater davantage un fait dont la preuve n'était pas complète par l'enquête ou information précédemment faite. (Encyclopédie.) ADEPTE, INITIÉ. On appelle adeptes ceux qui sont initiés dans les mystères d'une secte ou d'une science, et particulièrement de l'alchimie. Initié signifie la même chose, mais ne se dit pas des alchimistes. Adepte suppose des connaissances plus profondes qu'initié.

ADHÉRENCE, ADHÉSION. Ces deux termes s'emploient souvent l'un pour l'autre. Cependant adhérence a plus de rapport l'état, et adhésion en a davantage à la qualité, à la force qui produit cet état. L'adhérence ne subsiste plus quand les corps sont séparés; pour les séparer, il faut vaincre l'adhésion.

ADHÉRENT, COHÉRENT. Le premier marque la force de l'union d'une chose avec une autre; le second indique le concours des parties unies pour former un tout. Les parties adhérentes sont fortement liées, et se séparent difficilement. Les parties cohérentes sont liées entre elles pour former un tout.

ADHÉRENT, COMPLICE. Complice se dit de celui qui participe à un crime, quel que soit ce crime; adhérent ne s'emploie guère que dans le cas de crime d'état, comme rébellion, trahison, etc.

ADHÉRENT, FAUTEUR. Les adhérens sont attachés au parti et en défendent les sentimens, les opinions; les fauteurs favorisent le parti, soit qu'ils en partagent ou non les opinions.

ADHÉRER, CONSENTIR. Adhérer suppose que l'on est dans l'intention de prendre part à la chose, et qu'on se joint à ceux qui ont entrepris de la protéger ou de la désendre. On adhère à une opinion, à un parti, et par là on est du nombre des adhérens. Consentir suppose que l'on peut empêcher la chose, s'y opposer, y mettre des obstacles, et qu'on ne l'empêche pas, qu'on ne s'y oppose pas, qu'on n'y met point d'obstacle. On consent à un arrangement, à un partage; on consent au mariage de son fils, de sa fille. ADHÉRER. V. Acquiescer.

ADHÉRENCE, COHÉRENCE. Le premier ADHÉSION, APPROBATION. L'approbaa plus de rapport à la difficulté de la séparation dépend des lumières de l'esprit, et suption, le second à l'union des parties pour former un tout. L'adhérence rend la séparation difficile, la cohérence rend l'union solide.

ADHÉRENCE, COHÉSION. L'adhérence est l'état des parties tellement unies qu'elles ne peuvent être séparées qu'avec peine; la cohésion est la propriété, la force qui fait que les parties sont unies pour former un tout

ADHÉRENT, ATTACHÉ. Adhérent est du ressort de la nature et quelquefois de l'art, et presque toujours il est pris dans le sens littéral et physique. Une pierre adhérente à la vessie. Attaché est presque toujours de l'art, et se prend souvent au figuré. Les voiles sont attachées au mât. On est attaché à sa maison, à ses propriétés.

pose un examen préalable; elle déclare que la chose est bien, qu'elle ne peut avoir de mauvaises suites. L'adhésion est un acte de la volonté qui fait abstraction des lumières de l'esprit et suppose un intérêt qui fait que l'on s'engage à prendre part à la chose.

ADHÉSION, CONSENTEMENT. L'adhésion marque une volonté constante de concourir à la chose; c'est en ce sens qu'on donne son adhésion à un traité. Le consentement indique seulement qu'on ne s'oppose point à la chose, qu'on ne vent point y mettre obstacle. Une puissance qui a donné son adhésion à un traité est obligée de concourir à son exécution et à son maintien; celle qui a donné son consentement est tenue de ne

ADHÉRENT, ANNEXÉ. Le premier mar-point s'opposer à l'exécution et au maintien.

ADHÉSION. V. ADHÉRENCE.

que une union que produit la nature, ou qui vient du tissu et de la continuité de la ma- ADIRER, ÉGARER. Le premier est une tière. Les branches sont adhérentes au tronc; vieille expression qui signifiait, perdre, égala statue est adhérente à son piedestal, lors-rer, et que l'on a conservée avec ce sens dans que le tout est d'un seul morceau. Ce qui est le langage du palais. Le second signifie la annexé n'est point adhérent, il n'est joint à même chose, et est du langage ordinaire. la chose que par une simple jonction morale, et cette jonction n'est ni dans la nature ni dans la réalité, mais seulement dans l'opinion.

ADJACENT, ATTENANT. Ces deux mots signifient contigu, tout proche, qui est auprès; mais adjacent, qui vient dn latin ad, à,

ladies et les autres fléaux. Par la conjuration, on agit contre la chose même; par l'adjuration, on s'adresse aux démons pour la faire cesser.

et jacere, être couché, être étendu de son long, ne se dit que des choses basses et d'une longue étendue, comme des contrées, des pays, des provinces, etc. Ces deux royaumes sont adjacens, ces deux provinces sont adjaADJURER, CONJURER. Adjurer suppose centes. Attenant, qui vient de tenere ad, et l'invocation de quelque chose de sacré auquel qui marque seulement des choses qui se ton- on est obligé d'obéir, de se rendre. Les démons chent, se dit des terres, des maisons et sont censés obligés de céder lorsqu'on les de toutes autres propriétés qui se tou-adjure. Conjurer ne suppose qu'une demande chent, soit qu'elles soient basses ou élevées. faite avec grande instance.* On ne dit pas cette maison est adjacente à la ADMETTRE, RECEVOIR. Dans le sens mienne, il faut dire attenante, parce qu'il ne où ces deux expressions ont quelque chose s'agit point ici d'une chose basse et comme de commun, admettre suppose toujours un conchée à côté d'une autre, mais d'un objet examen et des qualités reconnues dans la perélevé qui tient à un autre. On dit bien son sonne ou dans la chose; ou bien à l'égard des jardin est attenant au mien, mais il ne s'agit personnes, une faveur qui en tient lieu. Recepas ici d'une chose d'une longue étendue, voir n'indique que l'action de faire entrer, de comme un pays, une contrée, une province. laisser entrer. Des académiciens, après avoir ADJECTIF, ÉPITHÈTE. L'adjectif est pro-examiné le mérité d'un candidat, l'admettent prement adjectif, lorsqu'il sert à déterminer l'étendue dans laquelle on prend le sens du substantif, de manière que s'il était supprimé la proposition ne serait plus complète. Dans L'homme sévère déplaît, sévère est un adjectif proprement dit, parce qu'il sert à expliquer le mot homme; de manière que si on le supprimait, la proposition ne serait plus complète. L'épithète est un adjectif qui détermine le substantif, seulement pour le présenter d'une manière plus agréable ou plus énergique, et on peut le retrancher sans que le sens de la proposition en souffre. Dans La pale mort frappe tous les hommes, pâle est une épithète, parce qu'il ne sert pas compléter le sens de

la proposition, mais seulement à rendre l'idée du substantif plus frappante: ôtez ce mot, et le sens de la proposition restera le même. Toute épithète est adjectif, en tant qu'elle est ajoutée au substantif; mais tout adjectif n'est pas épithète, parce que tout adjectif n'est pas ajouté pour donner à l'idée du substantif de la force, de l'énergie ou de l'agrément. L'adjectif appartient à la grammaire ou à la logique ; il est nécessaire ; il sert à déterminer et compléter le sens de la proposition. L'épithète appartient à la poésie et à l'éloquence, elle n'est qu'utilé, et sert à l'agrément et à l'énergie. On dit une épithète oiseuse, on ne dit pas un adjectif oiseux.

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dans leur compagnie; les membres d'un chapitre noble, après avoir examiné les titres d'un candidat, l'admettent dans leur chapitre. Lorsqu'il a été admis par eux, ils le reçoivent. Admettre suppose un jugement, une décision; recevoir est une cérémonie qui se fait en conséquence de l'admission.— On est reçu dans une assemblée publique sans y être admis. Quoiqu'une idée soit généralement reçue, il y a beaucoup de personnes qui ne l'admettent point. On reçoit une opinion sur parole, ou de confiance; on ne l'admet qu'après l'avoir examinée.

ADMETTRE. V. AGRÉGER.

ADMINISTRATION, GOUVERNEMENT. Le gouvernement conçoit des règles et les établit; l'administration les exécute et en fait et l'autre se confondent quelquefois sous le l'application. Dans le sens le plus étendu; l'une nom d'administration, en parlant des souverains absolus. En parlant des états modérés, on les distingue ordinairement. Le gouvernement peut être sage et l'administration mautrès bien conçues et l'application mal dirigée. vaise; c'est-à-dire que les règles peuvent être

ADMINISTRATION, RÉGIME. Le régime est la règle établie par le gouvernement pour régler l'action de l'administration. L'administration est l'action qui résulte du régime.

ADMINISTRATION, GESTION. L'admi

tion. L'administration permet des réglemens, des changemens utiles ou crus tels. La gestion ne suppose qu'une action simple et subordonnée aux règles.

ADJURATION, CONJURATION. Ces deux mots sont employés chez les catholiques. L'ad-nistration suppose plus d'autorité que la gesjuration est un commandement ou une injonction faite par le prêtre au démon, de la part de Dieu, de sortir du corps d'un possédé ou de déclarer quelque chose. La conjuration consiste dans l'action d'employer des paroles ou des cérémonies pour chasser les esprits malins, pour détourner les tempêtes, les ma

ADMINISTRATION, MANUTENTION. La manutention n'a pour objet que la conservation de la chose dans l'état où elle est ; l'ad

ministration tend de plus à l'amélioration de la chose.

ADMINISTRATION, RÉGIE. La régie regarde uniquement des biens temporels confiés aux soins de quelqu'un pour les faire valoir au profit d'un autre à qui ils appartiennent, et desquels on doit rendre compte de clerc à maître; l'administration embrasse tout ce qui a rapport à la direction, à la conservation, à l'amélioration, et se dit des objets de plus haute importance, comme l'administration de la justice, l'administration des finances.

ADMINISTRATION, DIRECTION. La direction est pour certaines affaires où il y a distribution soit de finances, soit d'occupations, et auxquelles on est commis pour y maintenir l'ordre convenable. L'administration comprend la direction, celle-ci lui est subordonnée.

S'ADONNER, SE LIVRER. C'est s'appliquer sonvent à quelque chose, en faire son occupation fréquente, y prendre un plaisir particulier. S'adonner à l'étude, aux plaisirs, à la chasse, à la société.

Se livrer, s'appliquer passionnément à une chose, s'y attacher sans réserve, renoncer à tout pour satisfaire la passion qu'on a pour elle.

S'adonner n'indique qu'un goût, qu'une habitude dont il est possible de revenir. Se livrer suppose un attachement réel, une passion vive qu'on ne détruit pas aisément. On dit s'adonner à un lieu, on ne dirait pas se livrer à un lieu, parce qu'il n'est question ici ni d'attachement, ni de passion, mais d'une simple habitude. Quand on veut marquer que la passion est jointe à l'action de s'adonner, on dit s'adonner avec passion, ce qui prouve qu'adonner seul n'offre point ce ADMIRABLE, SURPRENANT. Une chose sens accessoire. Quand on dit se livrer, l'exlaide ou belle, pourvu qu'elle ne soit pas or-pression seule indique la passion. Celui qui dinaire dans son genre, est surprenante; il n'y s'adonne à l'étude a du goût pour l'étude, a qu'une chose extraordinairement belle ou trouve du plaisir à l'étude, s'y applique frébonne qui puisse être admirable. Ces deux qua- quemment; celui qui se livre à l'étude aime lités peuvent aller ensemble. La même chose l'étude avec passion, s'y livre avec ardeur, pent être en même temps surprenante et admi-néglige tout pour étudier. Ces deux expresrable. Elles peuvent aussi aller séparément. sions se disent du hien et du mal. Une chose peut être surprenante sans être ad- ADOPTER, CHOISIR. Choisir, c'est prenmirable, ou admirable sans être surprenante. dre une personne ou une chose entre pluADMIRATION, SURPRISE. Une chose sieurs personnes ou plusieurs choses; celle belle ou laide, pourvu qu'elle ne soit pas or- qui est ou que l'on croit la plus convenable à dinaire dans son genre, nous cause de la sur- une destination. Quand on a choisi une perprise; mais il n'est donné qu'à celles qui sont sonne ou une chose et qu'on l'a prise, un belles de produire en nous la surprise et l'ad-autre ne peut plus la choisir ni la prendre. miration. Ces deux sentimens peuvent aller ensemble et séparément. Saint-Evremont dit que l'admiration est la marque d'un petit esprit cette pensée est fausse; il eût fallu dire pour la rendre juste que l'admiration d'une chose commune est la marque de peu d'esprit. Mais il y a des occasions où l'étendue de l'admiration est, pour ainsi dire, la mesure de la beauté de l'ame et de la grandeur de l'esprit. Plus un être créé et pensant voit loin dans la nature, plus il a de discernement et plus il admire.

On m'a proposé deux maisons, j'en ai choisi une, je l'ai prise, elle est à moi et à moi seul. Mais il y a des choses que l'on peut choisir sans les prendre, sans en faire sa propriété exclusive; telles sont les différentes professions, certains genres de travail, certaines manières de travailler, un sentiment, une opinion, etc.; ce sont ces choses-là que l'on adopte. Adopter, c'est, entre plusieurs choses qui sont communes à plusieurs, s'attacher de préférence à une, et l'exercer ou en faire usage sans ôter aux autres le droit de ADMIRATION, ÉTONNEMENT. L'éton-l'exercer ou d'en jouir. Un jeune peintre est nement est le sentiment que produit en nous un événement contraire à notre attente. L'admiration est le sentiment qui naît de la considération d'une force extraordinaire et inconnue. Dans ce sens, l'admiration pourrait être nommée une passion de l'esprit; car elle a ceci de commun avec les passions, qu'elle est accompagnée d'un effort inquiet et qui sert à élever nos conceptions à la hauteur de l'objet qui nous occupe.

indécis sur le genre de peinture auquel il s'appliquera de préférence; il en essaie plusieurs, et enfin il adopte le paysage. Parmi toutes les opinions que l'on m'a présentées sur cette matière j'adopte la vôtre, je la regarde comme à moi, j'en jouirai comme vous-même, mais sans en ôter l'usage ni à vous, ni à tous ceux qui l'auront adoptée comme moi.

ADORER, HONORER. Le premier suppose un amour très vif, joint à une soumission

sans bornes; le second ne suppose qu'un hommage rendu à des qualités estimables. On adore Dieu, on honore les saints. On adore sa maîtresse, on honore les honnêtes gens. On adore en se dévouant entièrement au service de ce qu'on aime, et en admirant jusqu'à ses défauts; on honore par les attentions, les égards, les politesses.

ADORER, RÉVÉRER. Adorer marque la soumission et la dépendance; révérer marque le respect, une haute estime, une considération extraordinaire. On adore Dieu, on révère les reliques. On adore la beauté, les talens; on révère les personnes illustres, celles d'un mérite distingué, un magistrat respectable, un juge intègre, la vertu sur le trône. On est entièrement dévoué à ce qu'on adore; on témoigne à ceux qu'on révère qu'on reconnaît, qu'on apprécie leur mérite, leur dignité, leur illustration.

ADOUCIR, ÉDULCORER, en parlant des choses dont on corrige l'amertume, l'acidité. Le premier est le terme commun, le second un terme de pharmacie.

ADOUCIR, TEMPÉRER. En adoucissant, on change la qualité de la chose; en tempérant, on affaiblit son effet, son action, son activité.

ADOUCIR, MODÉRER. Adoucir, c'est rendre la qualité moins désagréable; modérer, c'est la corriger, en supprimer l'excès.

ADOUCIR, MITIGER, en parlant de règles, de lois, de règlemens, de doctrines. On adoucit en rendant moins rude, moins sévère, moins austère; mais cette expression ne suppose point de bornes à l'action. On peut adoucir jusqu'à dénaturer. Mitiger, au contraire, suppose l'action d'adoucir bornée au point où est la perfection. Une règle adoucie jusqu'à devenir trop commode serait relàchée et non mitigée.

ADOUCIR, APAISER. Adoucir se dit des mouvemens violens de l'ame, relativement à un but qui les a excités. Il ne se dit point en ce sens des choses inanimées, parce que ces choses n'ont point de but. On dit adoucir la colère, la haine, la vengeance, l'ardeur martiale;

mais on ne dit pas adoucir les flots, la tempête, l'orage. Apaiser ne se dit que du mouvement violent, sans rapport à un but, et par conséquent il s'applique également bien aux êtres animés et aux êtres inanimés. Les flots, l'orage, la tempête, s'apaisent; la colère, la haine, la vengeance, s'apaisent lorsque la violence de leur mouvement diminue; mais ces dernières ne s'adoucissent que lorsque la cause qui les a produites se

dissipe. On peut apaiser des gens irrités sans les adoucir, c'est-à-dire les engager ou les contraindre à réprimer les mouvemens de leur colère, sans changer la qualité de la cause qui l'a excitée. Souvent on apaise une émeute populaire sans adoucir ceux qui en ont été les auteurs.

ADRESSE, DEXTÉRITÉ. L'adresse a plus de rapport à la conduite de la chose; la dextérité en a davantage à la manière d'agir. Avec de l'adresse on évite des obstacles qui empêchent d'arriver au but; avec de la dextérité on fait facilement ce qu'il faut pour y arriver. L'adresse dirige bien; la dextérité exécute bien. La dextérité donne un air aisé et répand des grâces dans l'action; l'adresse fait procéder avec art et d'un air fin.

ADRESSE, HABILETÉ. L'adresse suppose l'art, l'habileté la science; l'habileté connaît la nature des choses et des moyens, elle dispose; l'adresse connaît les moyens et la nature des obstacles, elle dirige.

ADRESSE, SOUPLESSE. L'adresse est l'art de conduire ses entreprises d'une manière propre à y réussir; la souplesse est une dispo

sition à s'accommoder aux conjonctures et aux événemens imprévus.

L'adresse évite les obstacles avec art; la souplesse s'y soumet et semble les caresser pour les aplanir. Pour être bon courtisan, il faut souvent plus de souplesse que d'adresse.

ADRESSE, FINESSE. L'adresse suppose une marche dirigée avec art; la finesse une marche secrète et cachée. L'adresse emploie les moyens, elle demande de l'intelligence; la finesse insinue d'une manière insensible, elle suppose de la pénétration. Partout où il y a de la finesse il y a aussi de l'adresse; mais l'adresse n'est pas toujours accompagnée de finesse.

ADRESSE, RUSE. L'adresse va franchement à ses fins, elle ne cherche point à en imposer; la ruse se déguise pour y parvenir, elle trompe. L'adresse se prend ordinairement en bonne part; la ruse presque toujours en mauvaise part.

ADRESSE, ARTIFICE. L'adresse emploie des moyens simples et naturels; elle doit son succès à l'art avec lequel elle les dirige. L'artifice emploie des moyens extraordinaires et recherchés; il doit son succès à des apparences trompeuses. Le résultat de l'adresse surprend quelquefois, mais ne cause ni dépit ni indignation; le résultat de l'artifice surprend toujours et excite sinon l'indignation, du moins le dépit.

ADROIT, HABILE. L'homme habile connaît parfaitement les bons moyens et sait les

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