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e reste. C'est une imperfection dans un tableau qu'une draperie mal exprimée, lorsque tout le reste est parfaitement conforme aux règles. Des rimes irrégulières ou faibles sont une imperfection dans un bon poème.

DÉFAUT, FAUTE, MANQUE, MANQUEMENT. Le manque est l'absence de la quantité qu'il devait y avoir, mais qui s'en manque pour qu'une chose soit entière ou complète, par opposition à ce qu'il y avait de trop. Le défaut est l'absence d'une chose qu'on n'a pas, de ce qu'on désirerait, de ce qu'on n'a pas en sa possession, par opposition à ce qu'on a.

Dans un sac qui doit être de mille francs, vous trouvez trente francs à dire; il y a trente francs de manque, le manque est de trente francs. On ne dit pas défaut est de trente francs. Le manque est donc en effet ce qui s'en manque ou ce qui manque d'une quantité déterminée, fixée, ordonnée. Mais ces rapports ne sont nullement indiqués par le défaut. Le défaut existe toutes les fois vous n'avez pas une chose, ou que la chose cesse, comme quand on dit le défaut de la cuirasse, ou au défaut de l'épaule. Le manque

est toujours relatif; le défaut est absolu.

que

Le manque d'esprit dit qu'on n'a pas le degré d'esprit ordinaire ou convenable. Le défaut d'esprit exprime une privation quelconque et même la nullité. Le manque suppose donc une règle ou une mesure donnée, ce qui le distingue du défaut qui en fait ab

straction.

Comme on dit manquement, on dit aussi manque de fo. Manque exprime la nature, l'espèce de la chose d'une manière générale; manquement exprime l'action ou l'omission par laquelle on est coupable de ce manque. On dit le manque de foi, et un manquement de foi; le manque de foi n'existe que par et dans le manquement. (Extrait de ROUBAUD.)

DÉFAUT, VICE. Ces deux mots indiquent ici, dans les hommes, des dispositions relatives au mal. Vice marque une mauvaise qualité morale qui procède de la dépravation ou de la bassesse du cœur; l'ingratitude est un vice. Défaut marque une mauvaise qualité d'esprit; la timidité est un défaut.

On suppose à un homme qui a un vice une liberté qui le rend coupable à nos yeux; de la nature. le défaut tombe communément sur le compte

AU DÉFAUT, À DÉFAUT. C'est mal à propos que l'on confond ces deux locutions. On dit adverbialement au défaut, pour dire au lieu, à la place. Dans ce sens à défaut est un barbarisme, excepté le cas où le mot défaut est précédé des adjectifs possessifs

mon, ton, son, etc. Ainsi l'on dit se servir

des nouveaux ouvriers pour suppléer au défaut des anciens. A son défaut je vous servirai. A mon défaut ce sera mon frère qui viendra.

DÉFAVEUR, DISGRÂCE. Ces deux expressions indiquent l'état qui résulte de la perte de la faveur ou des bonnes grâces d'un prince.

La disgrâce est la perte des bonnes grâces d'un prince, ou l'état qui résulte de cette perte.

Faute est synonyme de manquement. Le La défaveur est le contraire de la faveur. manquement est, dit-on, une faute d'omis- La faveur est une disposition favorable et sion, tandis que la faute est tantôt de com-habituelle du prince, qui fait qu'il témoigne mettre ce qui n'est pas permis, et tantôt d'o- de la bienveillance à quelqu'un. Celui qui mettre ce qui était prescrit. Ne nous y trom-jouit de la bienveillance est en faveur, celui pons pas, le manquement n'exclut pas l'action qui n'en jouit plus est en défaveur. positive. Une insulte est un manquement de respect; or l'insulte est une action, une faute très positive. Il faut donc dire que la faute s'appelle manquement lorsqu'on la considère La disgrace est donc la cessation des bonnes comme une action par laquelle on manque à grâces, comme la défaveur est la cessation de une règle, à une loi. la faveur. Mais comme la faveur ne suppose Par la faute on fait mal; par le manque-que la bienveillance inspirée par le goût, et ment on n'observe pas la règle. Dans la faute, il y a toujours une omission qui forme le manquement proprement dit. Le manquement est fait à la règle; ainsi nous disons manquement de foi, de respect, de parole; nous ne disons pas une faute de parole, de respect, de foi. Ce terme marque l'opposition au bien,

le mal.

Manquement paraît donc plus faible que faute; aussi a-t-on dit que le manquement est une faute légère.

que les bonnes grâces supposent un attachement plus solide, fondé sur l'estime, sur le mérite, sur les services rendus, etc., les deux mots défaveur et disgrace participent de cette différence.

La défaveur est donc moins que la disgrâce; elle n'indique que le changement de goût du prince. La disgrâce est plus impor tante, et touche à des causes de quelque gravité, vraies ou supposées.

Un courtisan qui est en disgráce est censé

verbe défendre a un régime indirect. J'ai défendu à mon fils de le voir. On emploie que quand le verbe défendre ne régit pas un infinitif. Il défendit qu'aucun étranger entrât dans la ville.

avoir perdu les bonnes grâces du prince, par | des fautes graves, par une mauvaise gestion, par une mauvaise administration, par des démarches ou des discours imprudens. Quelquefois aussi il les a perdues par les intrigues d'une cabale qui a supposé toutes ces choses, et les a fait paraître vraisemblables.

Un courtisan qui est en défaveur peut rester à la cour, et garder ses places lorsqu'elles ne sont pas d'une grande importance; seulement il y est moins considéré qu'auparavant. Un courtisan disgracié ne peut plus paraître devant le prince dont il a perdu l'estime et la confiance; il faut qu'il quitte ses places, qu'il s'exile lui-même, ou qu'il s'attende à être exilé. On lui donne tout au plus quelque vain titre, plus fait pour montrer que le prince ne s'était pas entièrement trompé en le nommant, que pour consoler le disgracié. DÉFECTIF. V. ANOMAL. DÉFECTUOSITÉ. V. DÉFAUT. DÉFENDRE, SOUTENIR, PROTÉGER. Ces trois mots signifient, en général, l'action de mettre quelqu'un ou quelque chose à couvert du mal qu'on lui fait ou qui peut lui arriver.

On défend ce qui est attaqué; on soutient ce qui peut l'être; on protège ce qui a besoin d'être encouragé.

Un roi sage et puissant doit protéger le commerce dans ses États, le soutenir contre les étrangers, et le défendre contre ses en

nemis.

On dit défendre une cause, soutenir une entreprise, protéger les sciences et les arts. On est protégé par ses supérieurs; on peut être soutenu ou défendu par ses égaux. On peut se défendre et se soutenir soi-même.

Protéger suppose de la puissance, et ne demande point d'action; défendre et soutenir en demandent; mais le premier suppose une action plus marquée.

Un petit État, en temps de guerre, est ou défendu ouvertement, ou secrètement soutenu par un plus grand qui se contente de le protéger en temps de paix. (Encyclopédie.)

DÉFENDRE, EMPÊCHER. Défendre a beaucoup d'analogie avec empêcher; l'un et l'autre expriment un obstacle apporté. Mais défendre, opposé direct de permettre, exprime un obstacle apporté par une volonté puissante qui agit; c'est un ordre précis pour qu'une chose ne soit pas. En ce sens, il régit la préposition de avec l'infinitif sans négation, ou la conjonction que avec le subjonctif. Il défendit au général de s'éloigner; il défendit qu'il s'éloignât. On emploie de quand le

DÉFENDRE, PROHIBER, INTERDIRE. Ces trois mots ont rapport à la défense de faire quelque chose.

Défendre est le terme générique, il embrasse toute sorte d'objets, il appartient à tous les genres de style. Prohiber est du style | règlementaire, il s'applique aux objets d'administration, de police, de discipline. Interdire s'applique aux choses qui avaient lieu On défend ce qui est mal, ce qui offense; on auparavant, et l'on défend de continuer. prohibe certaines marchandises que l'on ne veut pas laisser fabriquer, ni vendre dans un pays; on interdit à un homme l'entrée d'une ville qu'il avait auparavant; on lui interdit toute communication avec les habitans.

|

que

DÉFENDRE, JUSTIFIER. L'un et l'autre vent dire travailler à établir l'innocence ou le droit de quelqu'un; en voici les différences: Justifier suppose le bon droit, ou au moins le succès; défendre suppose seulement le désir de réussir.

Cicéron défendit Milon, mais il ne put parvenir à le justifier. L'innocence a rarement besoin de se défendre; le temps la justifie presque toujours. (Encyclopédie.)

DÉFENDU, PROHIBÉ. Ces deux mots désignent en général une chose qu'il n'est pas permis de faire, en conséquence d'un ordre ou d'une loi positive. Ils diffèrent en ce que prohibé ne se dit guère que des choses qui sont défendues par une loi humaine et de police. La fornication est défendue, et la contrebande est prohibée. (Encyclopédie.)

DÉFENSE, PROHIBITION, TION. La défense empêche de faire ce qui INHIBInuit ou offense; la prohibition, ce qu'on pourrait faire; l'inhibition, ce qui se fait irrégulièrement. La défense a donc un motif déterminé par la valeur propre du mot, celui d'empêcher de nuire, d'offenser, de blesser; la prohibition n'indique, par la valeur du mot, aucun motif; elle ne fait qu'éloigner, repousser, rejeter la chose. Quant à l'inhibition, elle ne fait que déployer l'autorité pour retenir et pour arrêter le cours d'une chose contraire à un ordre établi.

On défend ce qui ne doit pas se faire, ce qui est mauvais. On prohibe ce qu'on pourrait laisser faire, ce qui était légitime. On inhibe ce qui ne peut pas se faire, ce qui n'est plus libre. Ce qui n'est pas défendu est

permis, ou du moins toléré; ce qui n'est pas prohibé est approuvé ou autorisé; ce qui n'est pas inhibé est reçu ou établi.

que lorsqu'il s'agit d'objets de police dont le système peut changer.

Inhiber semble annoncer une itérative dé

Dans l'usage, défense est le terme généri-fense de récidiver. Cependant au palais, en que; il embrasse toutes sortes d'objets; il style de chancellerie, en matière de justice appartient à tous les genres de style. Prohi- distributive ou règlementaire, où les formules bition est du style règlementaire; il s'applique étaient employées, on faisait inhibition et aux objets d'administration, de police, de défense, et inhiber précédait ordinairement. discipline. Inhibition est du style de chan- DÉFÉRENCE. V. COMPLAISANCE, CONSIcellerie; il s'emploie proprement dans le DÉRATION. ressort de la justice; on le joint à défense, et avec raison, puisque la justice n'est censée empêcher que ce qui est mal et déjà défendu. Les lois, les ordres quelconques, sont des défenses; les ordonnances, les règlemens, sont des défenses et des inhibitions.

L'autorité défend, comme elle ordonne; elle ne défend pas ce qui est bon et juste en soi, comme elle ne commande pas ce qui est injuste et inique. La police prohibe, comme elle autorise; elle ne prohibe pas l'exercice d'un droit légitime, comme elle n'autorise pas la licence. La justice inhibe, comme elle maintient; elle n'inhibe point ce qui est conforme aux lois et à l'ordre, comme elle ne

maintient pas ce qui est contraire à l'ordre

et aux lois.

DÉFÉRER. V. Conférer.

DÉFIANCE, MÉFIANCE. La méfiance est une crainte habituelle d'être trompé, sans autre motif que la mauvaise opinion qu'on a des hommes. Elle s'étend sur tous.

La défiance est la crainte d'être trompé par quelqu'un, fondée sur les raisons qu'on croit avoir de douter de sa droiture, de sa bonne foi, de sa sincérité. La défiance ne tombe que sur les particuliers.

à

La défiance est l'application de la méfiance des particuliers. Je prends à mon service un homme que je ne connais pas; il n'a rien fait qui puisse me faire douter de sa probité, de sa droiture, de sa bonne foi, etc. Cependant il m'inspire de la méfiance, parce que je vois tous les hommes capables de manquer de ces bonnes qualités. Mais si quelqu'un m'avertit que cet homme a été accusé précédemment de quelque action contraire à la probité, ou qu'il me donne lui-même occasion de concevoir des soupçons sur lui, alors j'entre en défiance, ma méfiance se change en défiance.

Le péculat, la concussion, les libelles, les dnels, sont défendus, et de droit ils doivent l'être; on ne dira pas qu'ils sont prohibés. La fabrication privée de la poudre à canon, l'introduction de certaines marchandises, sont prohibées, et en conséquence défendues. Elles ne sont pas toujours prohibées, et elles pourraient avec justice ne pas l'être. Il est fait des On peut avoir de la méfiance sans avoir inhibitions à celui qui a frappé un citoyen, de la défiance. C'est le cas de tout homme pâturé sur son champ, attenté à son hon-qui, naturellement méfiant, n'a aucune raineur, bàti sur son terrein, de continuer, de récidiver, en vertu d'un droit établi, d'une loi existante. On ne dira pas dans ces cas la prohibition, parce qu'il s'agit d'arrêter le cours d'une chose déjà défendue, et que l'inhibition ne se fait qu'en conséquence d'une défense précédente. Ainsi, par exemple, l'inhibition est la conséquence d'un pri- | vilège exclusif.

Les défenses paraissent être les effets d'une loi générale. Ce qui est prohibé et inhibé est aussi défenda; ils diffèrent moins par leurs effets que par l'application qu'on en fait.

Le mot prohibition semble, par sa nature, exprimer que l'action dont il est question doit être éloignée; il a été jusqu'à présent employé dans les lois fiscales. On a dit la culture du tabac est prohibée; le commerce des Indes est prohibé dans tel port, etc.; et en ce cas, il paraît qu'on ne doit l'employer

son,

aucun motif, pour ne pas accorder sa confiance à quelqu'un, et qui cependant ne la lui accorde pas, par suite de sa méfiance naturelle.

On peut aussi avoir de la défiance sans avoir de la méfiance. Un homme naturellement confiant prend de la défiance, non pas de la méfiance contre quelqu'un, lorsqu'on lui apprend des faits, qu'on lui donne de fortes raisons qui l'obligent à douter de sa probité.

La méfiance est dans le caractère; la défiance vient de l'expérience et de la réflexion. On est toujours en défiance avec les fripons. La méfiance est un défaut; la défiance est une bonne qualité.

SE DÉFIER, SE MÉFIER. Ce sont deux expressions dont la première a rapport à la défiance et l'autre à la méfiance.

On se méfie de quelqu'un par suite d'un

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caractère méfiant, et quoiqu'on n'ait aucune raison particulière qui puisse justifier la méfiance. On se défie de quelqu'un parce qu'on a des raisons particulières de douter de la probité, de la sincérité, etc., de quelqu'un. Se méfier de quelqu'un n'attaque pas aussi directement la personne que se défier de quelqu'un. Le premier ne suppose que le caractère méfiant de celui qui se méfie; le second indique quelque soupçon, quelque opinion désavantageuse à celui dont on se défie.

ne se dit, presque plus, même dans le style religieux et ordinaire; il n'y a guère que le peuple qui dise encore défunt; il n'est plus question que de mort.

DÉFUNT, FEU. Défunt est du langage familier, feu du langage plus relevé. On dit familièrement le roi défunt, défunt mon père; et dans un langage plus poli, le feu roi, feu mon père. Feu suppose toujours un certain respect, une certaine vénération pour la personne dont on parle; défunt ne marque que la sortie de la vie.

Ces deux mots ne se disent que des temps modernes. On ne dit pas feu Auguste, défunt Tibère; mais on pourrait dire feu Henri IV,

DÉFIER, FAIRE UN DÉFI, DÉFIER, METTRE QUELQU'UN À PIS FAIRE. Dans le premier sens, défier régit la préposition à. Défier quelqu'un à boire, à qui sautera le mieux. Défier quelqu'un aux échecs, au tric-feu Louis XV. trac. Dans le second sens, il régit de. Je vous défie de me battre, je vous en défie.

DÉFILÉ. V COL.

DÉFINITION, DESCRIPTION. Ces deux mots se disent d'un discours qui fait connaître une chose. Mais la définition la fait connaître par des qualités essentielles, et la description la montre telle qu'on se la représente. La description est une définition imparfaite et peu exacte dans laquelle on tâche de faire connaître la chose par quelques propriétés et quelques circonstances qui lui sont particulières, la définition est une énumération des principales idées simples dont est formée une idée composée.

La définition appartient aux philosophes, elle tient à l'esprit et au raisonnement; la description appartient à l'art oratoire et à la poésie, elle tient à l'imagination.

DEFLAGRATION. V. COMBUSTION. DÉFONCER UN TERREIN, DÉFRICHER UN TERREIN. Défricher un terrein, c'est donner le premier labourage à une terre inculte; défoncer un terrein, c'est le creuser à plusieurs pieds de profondeur pour le mettre en état de produire ou de mieux produire.

DÉGÉNÉRATION, DÉGÉNÉRESCENCE. La dégénération est une action par laquelle un corps éprouve un changement qui lui fait perdre son caractère générique. Dégénérescence est un terme employé par les médecins en parlant des tissus qui ont changé de na

ture.

DÉGÉNÉRATION. V. ABATARDISSEMENT. DÉGÉNÉRER. V. S'ABATARDIR.

DÉGOUTANT, FASTIDIEUX. On qualifie ainsi, dit Beauzée, tout ce qui cause une espèce de répugnance.

Cette définition est fausse, car nous faisons avec répugnance bien des choses qui ne sont pour nous ni dégoûtantes, ni fastidieuses. Un homme condamné à mort s'approche avec répugnance de l'échafaud où il doit perdre la vie, et cependant on ne peut pas dire que l'échafaud soit pour lui un objet dégoûtant ou fastidieux.

Dégoûtant, continue Beauzée, va plus au corps qu'à l'esprit; fastidieux, au contraire, va plus à l'esprit qu'au corps.

Dégoûtant va également au corps et à l'esprit; car on dit également bien d'un homme couvert de sales lambeaux qu'il est dégoûtant, et d'une description basse et obscène qu'elle est dégoûtante.

Beauzée n'en disconvient pas, mais il explique cette contradiction de la manière suivante.

DÉFUNT, MORT, TRÉPASSÉ. Défunt signifie à la lettre qui s'est acquitté de la vie, du latin fungi, s'acquitter d'une charge, faire une fonction, fournir une carrière, remplir 'sa destination ou son devoir. Defungi dési- Quelquefois, dit-il, on se sert de dégoû gne proprement l'action d'achever sa charge, tant avec relation à ce qui concerne l'esprit; de terminer sa carrière, de consommer sa alors il conserve encore quelque chose de sa destinée, mais sur-tout celle de se délivrer d'un première destination, en ce qu'il s'applique onéreux fardeau. La charge de l'homme, anx idées qui sont comme le corps de la pencharge par excellence, c'est la vie; le défunt | sée ; et fastidieux s'applique en ce cas à l'exs'en est acquitté.

sa

Le défunt a vécu, il a rempli sa charge. Le trépassé vit encore dans une vie nouvelle; le mort n'est plus, il est cendre et poussière. Malgré ces différences importantes, trépassé

pression.

Cette subtile explication n'est pas facile à comprendre; les idées qui sont comme les corps de la pensée ne sont point réellement des corps, ce sont des idées; et si l'on peut

y appliquer le mot dégoûtant, on peut ad- | n'ôte à l'ecclésiastique que les marques extémettre, contre l'assertion de Beauzée, que cette rieures de son caractère. expression va également à l'esprit et au corps. La déposition diffère aussi de la suspense, D'ailleurs il n'est pas vrai que dans ces cas où en ce que celle-ci n'est que pour un temps, dégoûtant se dit des choses qui ont rapport à et suspend seulement les fonctions, au lieu l'esprit, fastidieux s'applique à l'expression. que la déposition prive absolument l'eccléFastidieux ne peut jamais se dire de l'expres- siastique de toute dignité ou office. (Ency sion, si ce n'est des expressions qui sont ré-clopédie.) pétées jusqu'à satiété.

Dégoûtant se dit au propre des choses que les sens repoussent avec répugnance; et au figuré, de celles que l'esprit repousse aussi avec répugnance, parce qu'elles sont contraires à la décence, à l'honnêteté, aux bonnes mœurs. Un homme est dégoûtant s'il est d'une laideur extrême, s'il est affreux, si son visage ou ses mains sont cicatrisés, infectés de dartres ou d'une espèce de lèpre, s'il mange avidement et malproprement, si ses habits sont en lambeaux et couverts de taches, s'il sent mauvais, en un mot s'il a une seule de ces choses qui répugnent aux sens. Au figuré, un homme est dégoûtant s'il aime à se servir d'expressions contraires à l'honnêteté et à la pudeur. Un poème, un conte, un ouvrage de littérature est dégoûtant, si le sujet en est contraire à la décence, à l'honnêteté, à la pudeur; si les expressions en sont basses, triviales ou communes. Aucune de ces choses ne rend fastidieux.

Fastidieux semble renfermer de la part de celui à qui on l'applique une espèce d'ostentation, d'amour-propre, de dessein de plaire, et de la part de celui qui l'applique une idée de mépris ou de dédain.

On peut être dégoûtant sans être fastidieux, c'est-à-dire inspirer de l'éloignement, de l'aversion, sans inspirer du dédain. Un homme fastidieux inspire nécessairement ce dernier sentiment. Un homme fastidieux est un homme ennuyeux, importun, fatigant par ses discours, par ses manières, par ses actions. Il veut faire le plaisant mal à propos, il rit le premier de ce qu'il dit, il parle trop, dit des choses frivoles et s'applaudit de ses sottises. Toutes ces choses marquent beaucoup d'amour-propre et de vanité, et méritent le dédain.

DÉGRADER, DÉGRAVOYER. Dégrader se dit de toute sorte de dégradations quelle qu'en soit la cause ou l'effet. Dégravoyer ne se dit que de la sorte de dégradation qui a lieu par l'action des eaux sur la maçonnerie, sur les murs,

DÉGRADER, DÉPRIMER, DÉPRISER. C'est, en général, diminuer l'estime, le prix, la considération des personnes ou des choses.

Dégrader, dans le sens où il est synonyme des deux autres, signifie ôter l'estime, la considération, avilir. Cette conduite le dégrade aux yeux de tout le monde. La flatterie dégrade également et celui qui la prodigue et celui qui en est l'objet.

Déprimer, tâcher d'abaisser une personne ou une chose qui est élevée dans l'opinion des autres, de diminuer ou de détruire la bonne opinion que les autres en ont. Il travaille sans cesse à déprimer ses rivaux.

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na

La dégradation tombe sur la personne ou sur la chose même elle attaque sa ; ture, son élévation. L'ame est d'une nature noble et élevée, on la dégrade par des bassesses. Déprimer tombe sur l'opinion que les autres ont du mérite de la personne ou de la chose. On déprime ceux dont la réputation cause de l'envie. Dépriser tombe sur le talent des personnes ou sur la valeur et le prix des choses. On déprise les talens de ceux que l'on ne saurait égaler; on déprise une marchandise en l'estimant au-dessous de son prix.

En dégradant, on rend vil et méprisable ; en déprimant, on tâche de diminuer la réputation, la célébrité, la vogue; en déDÉGRADATION, DÉPOSITION, SUSPEN-prisant, on tâche de diminuer la valeur, le SE. Ces trois mots ont rapport à la destitution prix. d'une dignité ou d'un office ecclésiastique qui se fait juridiquement contre celui qui en était

revêtu.

La déposition diffère de la dégradation, en ce qu'elle ôte tout à la fois les marques extérieures du caractère, et la dignité ou l'office, e la dégradation, proprement dite,

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On dégrade par un jugement flétrissant qui dépossède la personne ou la chose du rang qu'elle occupait. On déprime par un jugement contraire au jugement favorable que les autres en portent. On déprise une chose par un jugement défavorable, par une offre désavantageuse, par une estimation au rabais

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