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La cité n'est composée que des citoyens ; la

action.

Le patriote est celui qui aime sa patrie, sa ville ne renferme que des maisons et des ha- nation; le patriotisme est cette vertu mise en bitans. La ville peut être détruite, et la cité subsister encore, si les citoyens ne sont pas exterminés ou que leurs lois politiques ne soient point anéanties.

La cité peut être dispersée dans plusieurs villes, dans plusieurs contrées, lorsque plusieurs d'entre les citoyens qui la composent sont dispersés dans ces villes, dans ces provinces, dans ces contrées.

On n'emploie plus guère le mot de cité en ce sens. On dit quelquefois qu'une grande cité a été détruite, qu'une cité est commerçante, etc.; mais alors on prend cité dans le sens de ville; on appelle république ce qu'on appelait anciennement cité, mais ce mot n'a pas exactement le même sens que celui qu'on attachait autrefois à celui de cité.

CITER. V. ALLÉGUER.
CITOYEN. V. BOURGEOIS.
CIVIL, V. AFFABLE, POLI.
CIVILITÉ. V. AFFABILITÉ.

CIVILITÉ, POLITESSE. Les hommes étant réellement tous égaux, quoique de conditions différentes, les égards qu'ils se doivent sont égaux aussi, quoique de différentes espèces. Les égards du supérieur, par exemple, consistent à ne jamais laisser apercevoir sa supériorité, ni donner lieu de croire qu'il s'en souvient; c'est en quoi consiste la véritable politesse des grands; la simplicité en doit être le caractère. Trop de démonstrations extérieures nuisent souvent à cette simplicité; elles ont un air de faveur et de grâce sur lequel l'inférieur ne se méprend pas, pour peu qu'il ait de la finesse dans le sentiment. Il croit entendre le supérieur lui dire par toutes ces démonstrations: Je suis fort au-dessus de vous, mais je veux bien l'oublier un moment, parce que je vous 'fais l'honneur de vous estimer, et que je suis d'ailleurs assez grand pour ne pas prendre avec vous tous mes avantages.

La vraie politesse est franchie, sans apprêt, sans étude, sans morgue, et part du sentiment intérieur de l'égalité naturelle; elle est la vertu ́d'une ame simple, noble et bien née; elle ne consiste réellement qu'à mettre à leur aise ceux avec qui l'on se trouve. La civilité est bien différente; elle est pleine de procédés sans attachement.

CIVISME, PATRIOTISME. Civisme, du latin civis, citoyen, indique le sentiment de celui qui est dévoué à ses concitoyens,' et les sert de tous les moyens qui sont en son pou

voir.

Patriotisme, du latin patria, patrie, indique l'attachement à la patrie.

Le civisme a plus de rapport aux concitoyens; le patriotisme en a davantage à la patrie.

Celui qui s'expose à la mort pour sauver ses concitoyens fait un acte de civisme; celui qui s'expose à la mort pour sauver sa patrie fait un acte de patriotisme. C'est un acte de civisme de la part d'un général, de s'exposer pour épargner le sang de ses soldats ; c'est un acte de patriotisme de donner une partie de ses biens pour venir au secours de l'Etat : le premier sauve des concitoyens; le second fait tout ce qu'il peut pour sauver sa patrie.

Le civisme se montre dans toutes les circonstances de la vie, dans tous les cas où il s'agit de rendre des services désintéressés à ses concitoyens; le patriotisme se montre particuliè rement dans les conseils et dans les camps, dans tous les cas où il est question de servir sa patrie.

CLAIRVOYANT, ÉCLAIRÉ. Ces deux termes sont relatifs aux lumières de l'esprit

L'homme clairvoyant a une faculté naturelle par laquelle il apprend à connaître les choses, à les voir telles qu'elles sont, à les distinguer les unes des autres.

C'est par l'exercice de cette faculté qu'il devient éclairé; c'est-à-dire qu'il rassemble une quantité de connaissances propres à lui donner une idée juste des choses, à les lui faire distinguer les unes des autres.

L'homme clairvoyant a la faculté de bien voir, de bien connaître; l'homme éclairé voit bien, connaît bien.

Un juge clairvoyant pénètre les circonstances et la nature d'une cause; lorsqu'il les a pénétrées, il est éclairé.

Il faut être clairvoyant pour parvenir à bien connaître une chose; il faut être éclairé pour en bien juger.

L'homme éclairé sait ce qui est; l'homme clairvoyant sait ce qui doit avoir été, et prévoit ce qui sera.

L'homme clairvoyant pent se tromper, parce que, malgré tous ses efforts, peut ne pas saisir la vérité qu'il poursuit, mais il ne peut être trompé par les autres, parce qu'il pénètre leurs intentions et leurs desseins; l'homme éclairé ne peut être abusé, parce que ses lumières sont fondées sur des notions claires et positives; il voit les choses telles qu'elles sont, c'est en vain qu'on voudrait les lui présenter sous un faux jour.

Il faut être éclairé dans les matières des faits passés, des lois prescrites, et autres cho

ses semblables qui ne sont point abandonnées ou moins sensibles à notre vue, et indiquent à notre conjecture; il faut être clairvoyant les différens degrés de ces effets. dans tous les cas où il s'agit de probabilités, et où la conjecture a lieu.

CLAMEUR, CRI. Ces deux mots indiquent en général des sons inarticulés, poussés avec effort par un être sensible.

Cri est le mot général, et se dit de tout son inarticulé poussé par une créature humaine ou par un animal, quelle qu'en puisse être la cause ou l'occasion. Cri de douleur, cri de joie.

Clameur ajoute à l'idée de cri celle de plusieurs personnes qui crient très haut, en tumulte, sans modération et sans retenue, dans l'intention de se plaindre, de demander quelque chose ou de manifester leur haine ou leur indignation contre quelqu'un ou contre quelque chose. Ainsi clameur ne se dit point des animaux. On veut bien, dit Voltaire, faire des malheureux, mais on souffre d'entendre leurs clameurs.

Le cri est l'expression des sentimens que l'on éprouve. Ainsi l'on manifeste par des cris sa douleur, sa joie, son estime, son admiration, sa haine ou son amour, son mécon

tentement ou son contentement, son approbation ou son improbation. La clameur est la manifestation publique et passionnée d'un

désir ardent fondé ou non fondé.

Il y a toujours une certaine idée d'exagé ration jointe à la clameur, et cela est naturel, puisqu'elle ne va point sans passion; de là 'vient qu'on dit quelquefois clameurs pour indiquer des cris exagérés et ridicules, et qu'on prend souvent ce mot en mauvaise part. Les clameurs de la populace, les clameurs des sots. Le sage respecte le cri public, et méprise les clameurs des sots.

La lumière n'est pas considérée ici en ellemême, mais comme produisant sur notre vue des effets plus ou moins vifs qui nous font voir les objets de diverses manières ; les autres mots servent à indiquer les divers degrés de ces effets.

La lueur est le degré le plus faible de l'effet de la lumière sur notre vue; elle nous affecte faiblement ; elle ne nous fait voir qu'imparfaitement et confusément les objets; elle s'introduit au milieu des ténèbres, elle les rend en quelque sorte sensibles, mais elle ne les dissipe pas entièrement.

La clarté est le second degré des effets de la lumière. Elle rend les objets parfaitement sensibles à nos yeux, nous met à même d'en distinguer les différentes parties et de les distinguer entre eux. La lueur est un commencement de clarté, une clarté imparfaite; la clarté est son complément. La lueur ne dissipe clarté les dissipe toutes. La lueur ne suffit pas qu'une très petite partie des ténèbres; la à nos besoins, la clarté y suffit.

L'éclat est une lumière forte et brillante

qui produit sur la vue une sensation vive et

éblouissante que souvent nous ne pouvons supporter, et qui ajoute à la simple vue des objets une espèce de prestige qui les lui fait voir au-dessus de ses facultés et autrement

qu'ils ne sont en effet.

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On dit l'éclat du soleil, quand on considère cet astre relativement à la faiblesse de la vue qui ne peut supporter sa vive lumière; on dit la splendeur du soleil relativement à l'immensité de lumière qu'il comprend dans son sein, et dont il est la source.

La lumière fait voir; la lueur fait aperce voir ou voir confusément ; la clarté fait voir distinctement et nettement; l'éclat fait voir avec illusion; la splendeur,frappe les yeux et les éblouit.

CLANDESTIN, SECRET. Une chose est secrète lorsqu'elle n'est pas connue du public, parce qu'on est forcé de lui en dérober la connaissance; une chose est clandestine lorsqu'elle a été faite secrètement dans le dessein d'éluder les lois ou de s'y soustraire. Un mariage est secret, lorsqu'il n'a point été déclaré et qu'il n'est point avoué par ceux qui l'ont contracté; il est clandestin lorsqu'on l'a Au figuré, ces mots offrent les mêmes difcontracté en secret sans l'observation des férences. La lumière de l'esprit fait voir les formalités exigées par les lois. Une assemblée objets des sciences; la lueur qui n'est qu'une est secrète si, quoique permise, elle a lien en lumière faible et imparfaite, les fait apercesecret; elle est clandestine si elle est défen-voir; la clarté les fait connaître distinctement; due par la loi. Tout ce qui est secret n'est pas clandestin.

CLARTÉ, LUMIÈRE, LUEUR, ÉCLAT, SPLENDEUR. Ces cinq mots ont rapport aux effets de la lumière qui rendent les objets plus

l'éclat de la fortune impose par des illusions; la splendeur du trône éblouit par sa pompe et sa magnificenée.

CLARTE, PERSPICUITÉ. Ce sont, dit Beauzée, deux qualités qui contribuent éga

La clarté tient aux choses mêmes que l'on traite; elle naît de la distinction des idées. La perspicuité dépend de la manière dont on s'exprime; elle naît des bonnes qualités du style.

lement à rendre un discours intelligible, mais ment que de cette dernière cause Ce ne sera chacune a son caractère propre. pas cependant une inexactitude blâmable, de lui attribuer certains effets dont elle est vraisemblablement la cause prédominante; ainsi on peut avancer avec beaucoup de fondement que c'est du climat que dépendent les différences des peuples prises de la complexion dominante ou générale de chacun, de sa taille, de sa vigueur, de la couleur de sa peau et de ses cheveux, de la durée de sa vie, de sa précocité plus ou moins grande relativement à l'aptitude de la génération, de sa vieillesse plus ou moins retardée, et enfin de ses maladies propres ou endémiques.

Je crois un peu vaine cette différence entre la clarté et la perspicuité, mot qui n'est presque point usité. Que la difficulté de comprendre clairement les choses vienne ou de la manière dont elles sont conçues, ou de la manière irrégulière dont elles sont exprimées, il en résultera toujours l'obscurité, qui est l'opposé de la clarté; et partout où est la clarté est aussi la perspicuité; car, comme l'a dit

Boileau :

Ce l'on conçoit bien s'énonce clairement. que

Si vous employez des tours louches, des expressions équivoques, des phrases amphibologiques, c'est que vous n'avez pas conçu votre sujet avec clarté; vous le rendez tel que vous l'avez vu; vous ne vous expliquez pas avec perspicuité parce que vous n'avez pas conçu avec clarté, et l'on peut dire aussi que vous ne vous exprimez pas avec clarté. Je pense donc qu'à la rigueur la clarté et la perspicuité rentrent l'une dans l'autre; ce que

vons appelez clarté est une manière de concevoir clairement; ce que vous appelez perspicuité est une manière de s'exprimer clairement; de l'un ou de l'autre côté, c'est la clarté. Je ne crois pas qu'on dise d'une phrase qu'on ne comprend pas parce qu'elle est mal construite, qu'elle manque de perspicuité; on dit qu'elle manque de clarté, qu'elle n'est claire, et je ne vois pas ce que le mot de perspicuité substitué à celui de clarté ajouterait

à l'idée.

CLIGNEMENT. V. CILLEMENT.

pas

CLOAQUE, ÉGOUT. Dans l'usage ordinaire, égout est distingué de cloaque en ce que dans un égout les eaux et les immondices s'écoulent, et qu'elles croupissent dans un cloaque. Ainsi le canal d'un égout doit avoir une pente suffisante pour que les immondices soient facilement emportées par les eaux.

CLOCHER. V. BOÎTER.

CLOITRE, COUVENT, MONASTÈRE. religieux, dans lesquels des hommes ou des Ces trois mots ont rapport aux établissemens femmes se retirent pour se séparer du monde et vaquer entièrement à leur salut.

l'idée propre de cloître est celle de clôture; Si l'on ne considère que l'étymologie, l'idée propre de couvent, celle de communauté; l'idée propre de monastère, celle de

solitude.

Ces distinctions, observées anciennement, ne le sont plus aujourd'hui. Dans l'usage ordinaire, on dit cloître pour désigner en général l'état monastique. Monastère ne se dit guère qu'en style historique pour désigner les Couvent est le mot qu'on applique à toutes anciennes fondations de maisons religieuses. les maisons où vivent des religieux ou des religieuses, soit qu'ils observent ou non une clôture exacte. V. ABBAYE.

CLORE, FERMER. Ces deux mots sont relatifs aux moyens que l'on prend pour empêcher les personnes ou les choses d'entrer dans quelque endroit.

CLIMAT, TEMPÉRATURE. Les médecins ne considèrent les climats que par ·la température ou le degré de chaleur qui leur est propre. Climat dans ce sens est même exactement synonyme de température; ce mot est pris par conséquent dans un sens beaucoup moins vaste que celui de région, pays ou Clore, c'est entourer un espace, une encontrée, par lequel les médecins expriment ceinte, de manière que rien ne puisse y pénéla somme de toutes les causes physiques, gé- trer par la partie qui clót. Une ville est close nérales ou communes, qui peuvent agir sur la de murailles, et rien n'y peut entrer par les santé des habitans de chaque pays, savoir, la murailles; un jardin est clos de murs, nature de l'air, celle de l'eau, du sol, des ne peut y entrer par les murs; un champ est alimens, etc. Toutes ces causes sont ordinai-clos de haie, et rien ne peut y entrer par rement si confusément combinées avec la tem- haie.

et rien

la

pérature des diverses contrées, qu'il est assez Fermer, c'est appliquer sur une ouverture difficile de saisir quelques phénomènes de pratiquée à la clôture d'une enceinte, pour l'economie animale qui ne dépendent unique- ' qu'on puisse y entrer et en sortir, un corps

laisser libre, pour l'un ou l'autre de ces usages.

À ce qui est clos il n'y a point de passage, on ne peut y pénétrer; ce qui est fermé peut être ouvert, et on peut y pénétrer en l'ouvrant.

destiné à couvrir cette ouverture ou à la | par le mot remède. Cette décision académique ne fut pas plus respectée par le public que tant d'autres, et l'on en revint bientôt au mot lavement, qui est plus clair que celui de remède, et n'offre point comme lui un sens équivoque; et le mot lavement s'est conservé jusqu'à présent; les médecins, les apothicaires et la très grande majorité du public, disent un lavement, et avec raison. En effet, remède est un terme si général, si vague, si éloigné de ce qu'on entend par lavement, que si un médecin, voulant en ordonner un à un malade, dit qu'il lui ordonnera un remède, on entend naturellement par là un médicament propre à guérir, et nullement l'injection dont il est question.

Ce qui clốt est immobile et à demeure, il ne laisse aucun passage, il ne s'ouvre point; ce qui ferme est mobile et destiné à s'ouvrir pour favoriser l'entrée ou la sortie, on l'ouvre et on le ferme.

On dit par extension qu'une porte, qu'une fenêtre n'est pas bien close, quoiqu'elle soit bien fermée, c'est-à-dire qu'il y a entre ses parties des intervalles qui laissent entrer l'air ou le froid, quoique l'ouverture destinée à faire entrer à volonté l'air, ou les personnes ou les animaux, soit exactement couverte. Votre bourse est fermée, on peut l'ouvrir, elle n'est pas close; votre porte est close à certaines personnes, Vous ne voulez pas qu'elle puisse leur être ouverte, vous voulez qu'elle soit pour eux aussi immobile qu'une partie de clôture. Dans les tribunaux, on juge certaines causes à huis clos, et non pas à porte fermées, car si elles n'étaient que fermées, on pourrait les ouvrir; mais elles sont closes, immobiles comme toute autre partie de clôture. La nuit close ne laisse plus pénétrer le jour. Un livre est fermé, mais on peut l'ouvrir, il n'est pas clos. La main s'ouvre et se ferme; elle ne se clôt

pas.

Il n'y a point de jour, d'issue, de passage, à ce qui est clos; s'il s'y trouve des passages, des issues, des ouvertures, on les bouche; on ne les ferme pas, parce qu'ils ne sont pas destinés à être ouverts ou fermés.

Clystère est vieux, il emporte avec lui une idée de ridicule qui le restreint au style burlesque. On ne le trouve plus guère que dans les farces de Molière.

Lavement est un terme généralement employé par les médecins, les apothicaires, et par toutes les personnes qui ne se piquent pas d'une délicatesse digne des précieuses ridicules, et qui parlent pour être entendues. COALITION. V. ALLIANCE.

COCHON, PORC, POURCEAU. Cochon est le nom de l'espèce; on se sert de ce mot, dans l'économie rurale, quand on parle de l'éducation, du soin, de la nourriture, de la multiplication de l'animal. On nourrit des cochons, on multiplie les cochons, on soigne les cochons, on châtre les cochons; les cochons mangent des glands.

Porc se dit du cochon, lorsqu'il a acquis le développement qui le rend propre à servir de nourriture à l'homme. On ne dit pas un porc de lait, mais un cochon de lait, parce CLYSTÈRE, LAVEMENT, KEMÈDE. Ces que le cochon qu'on appelle ainsi n'a pas entrois mots se sont succédé dans la langue, core pris son accroissement. On engraisse un pour, signifier une sorte de médicament li- cochon, et c'est lorsqu'il est engraissé, bien quide qu'on introduit dans le gros intestin ou mal, qu'il est porc. Un porc gras, un avec une seringue. On a abandonné le mot porc maigre. De la chair de porc, de la viande clystère, dérivé d'un mot grec qui signifie de porc, du porc frais, du porc salé. Cepenlaver, et on y a substitué avec raison le mot dant on ne dit de la viande de porc, de la lavement, dérivé du latin, qui signifie la chair de porc, que lorsqu'il s'agit du corps même chose, mais qui est beaucoup plus à la même de l'animal; quand il est question des portée de toutes les intelligences. Les ecclé- parties que l'on sert séparement, on dit cosiastiques se scandalisèrent de cette innova-chon. Un rôti de porc, et une hure de cotion, parce que ce substantif est employé dans chon, une oreille de cochon, des pieds de quelques cérémonies de l'Église. Ils cabalèrent cochon; un quartier de porc, une moitié de à la cour pour faire déclarer que le mot lave-porc, des côtelettes de porc. ment était un terme déshonnête, et ils y par- On dit également tuer un cochon, et tuer vinrent par le moyen des jésuites et de madame de Maintenon, qui, comme on sait, avaient des consciences fort délicates. L'académie française décida, par ordre de Louis XIV, qu'on ne désignerait plus cette injection que

un porc; mais la première phrase n'indique pas aussi exactement que la seconde la destination prochaine à être mangé. Le charcutier tue un cochon pour le vendre, c'est sa destination prochaine; et lorsqu'il le vend en

détail pour être mangé, il vend du porc, c'est-à-dire du cochon destiné immédiatement à être mangé. Le fermier tue un porc pour le manger dans sa famille, et il mange du porc.

Je conviens que l'usage confond souvent ces deux mots, et qu'on dit de la viande de cochon et de la viande de porc, etc.; mais il suffit que le mot porc s'emploie exclusivement dans certains cas qui ont rapport à la nourriture, comme dans porc frais; et qu'il puisse s'employer aussi dans toutes celles où le mot cochon peut lui être substitué, pour qu'on soit en droit de le restreindre à sa signification primitive et naturelle.

On nous dira peut-être que nous nous élevons par là contre l'usage, et que nous supprimons une locution qu'il a établie. Point du tout. L'usage laissant libre dans ce cas d'employer l'un ou l'autre de ces mots, je m'y conforme en préférant l'un à l'autre.

Pourceau se dit du cochon qui a atteint tout son développement, sans qu'il soit actuelle ment destiné à être mangé. On se sert surtout de ce mot relativement aux troupeaux de cochons que l'on forme pour les mener dans les bois ou dans les champs, afin d'y chercher leur nourriture. Mener les pourceaux aux champs, à la forêt. On appelle porcher celui qui mène et garde les pourceaux.

Il semble qu'au mot pourceau soit attachée une idée accessoire de malpropreté et de stupidité. Voilà pourquoi on dit au figuré semer des marguerites devant des pourceaux. COCTION. V. CALEFACTION.

COCTION, CUISSON. Ces deux mots se disent de l'action de cuire. Mais on emploie le mot cuisson quand il s'agit de substances alimentaires soumises à l'action du feu; et celui de coction quand il s'agit de matières qu'on soumet à la même action, comme objet d'expérience. Plusieurs alimens pour être digérés ont besoin de cuisson; il y a des objets qui se racornissent par la coction.

COEUR. V. BRAVOURE.

DE BON COEUR, DE BONNE GRÂCE, DE BON GRÉ, DE BONNE VOLONTÉ. On agit de bon gré, lorsqu'on n'y est pas forcé; de bonne volonté, lorsqu'on n'y a point de répugnance; de bon cœur, lorsqu'on y a de l'inclination; de bonne grâce, lorsqu'on témoigne y avoir du plaisir.

Ce qui est fait de bon gré est fait sans peine; ce qui est fait de bonne volonté est fait librement; ce qui est fait de bon cœur est fait avec affection; ce qui est fait de bonne grâce est fait avec politesse,

Il faut se soumettre de bon gré aux lois, obéir à ses maîtres de bonne volonté, servir

ses amis de bon cœur, et faire plaisir à ses inférieurs de bonne grâce. ( GIRARD.) COEUR FAIBLE. V. AME FAIBLE. COFFRE. V. BAHUT.

COFFRER, INCARCERER, METTRE EN PRISON. Mettre en prison est l'expression commune. Incarcérer est un terme de palais. Coffrer se dit familièrement au lieu de mettre en prison.

COHERENCE. V. ADHÉRENCE.
COHÉRENT. V. ADHÉRENT.
COHÉSION. V. ADHÉRENCE.
COIFFER. V. CALAMISTRER.

COL, PAS, DÉTROIT, DÉFILÉ, GORGE. Chacun de ces mots désigne un passage étroit.

Le détroit est en général un lieu serré, étroit, où l'on passe difficilement. Il se dit d'une mer ou d'une rivière resserrée entre deux terres, d'une langue de terre resserrée entre deux eaux, et d'un passage serré entre deux montagnes. Les détroits de Magellan, de Le Maire, de Gibraltar, etc., sont des bras de mer; les Thermopiles, les fourches caudines, sont des détroits entre des montagnes; les isthmes de Corinthe, de Panama, sont des détroits de terre entre deux mers.

Défilé est un terme de guerre; on entend par ce mot un passage ou chemin étroit à travers lequel un corps d'infanterie ou de cavalerie ne peut passer qu'en défilant, et en formant un très petit front. On garde un défilé; on s'engage dans un défilé; on attend l'ennemi à un défilé; on est pris dans un défilé.

Gorge, entrée d'un passage dans des montagnes, ou entre deux collines. On n'entre dans la Valteline que par une gorge.

Col, terme de géographie. Passage long et étroit qui, comme le cou de l'homme, s'élargit à l'entrée et à la sortie, ou qui aboutit de chaque côté à des capacités plus grandes.

Pas, passage étroit et difficile dans une vallée, dans une montagne.

COLÈRE, COLÉRIQUE. Ces deux mots ont rapport à la passion que l'on nomme colère. Mais par le premier on désigne une personne qui se livre habituellement à cette passion; et par le second une personne qui y est poussée par son tempérament et son humeur.

Un homme colère est tellement sujet à la colère que les actes de cette passion sont tournés chez lui en habitude; un homme colérique éprouve à la moindre occasion les mouvemens intérieurs de la colère, mais ordinairement il est assez fort pour les réprimer et les empêcher de se manifester au dehors.

L'homme colère a un vice auquel il s'abandonne sans mesure et sans réserve; l'homme

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