Page images
PDF
EPUB

On casse en frappant, en choquant, en heurtant; on rompt en faisant céder, fléchir, enfoncer, ployer sous le poids, sous la charge, sous l'effort. On casse une canne en la frappant fortement sur une pierre; on la rompt en rapprochant les deux bouts avec force. Les arbres rompent de la surcharge des fruits qui font ployer leurs branches. Un fil, une corde cassent plutôt qu'ils ne rompent, quoique très flexibles, par la raison que, loin de manquer parce qu'on les aura trop ployés, ils sont devenus, à force d'être trop tendus, si faibles et si semblables à des corps fragiles, qu'ils cassent comme eux au moindre choc, à la première secousse.

Rompre n'a quelquefois d'autre idée que celle de ployer ou plier. On dit figurément rompre l'humeur, la volonté de quelqu'un. On dit qu'un homme est romput aux affaires lorsqu'il y est exercé, habitué, plié.'

L'action de casser a l'effet ultérieur de rendre la chose cassée, vaine, inutile, impuissante, ou du moins insuffisante pour le service qu'on en tirait ou l'effet qu'elle produisait. Un pot cassé ne sert plus ou sert mal. C'est cet effet particulier que l'on considère lorsqu'on dit au figuré casser un arrêt, casser

un officier. De même un homme est cassé

lorsque son corps ne peut plus bien remplir

ses fonctions.

L'action de rompre a pour effet ultérieur d'empêcher la suite, la continuation, l'enchainement, la durée des choses, soit en les faisant tout-à-fait cesser, soit par une simple interruption. Au figuré, on rompt des traités, des alliances, des engagemens, tout ce qui lie; de manière qu'on se délie, et qu'on n'est plus ou qu'on ne veut plus être obligé. Un mariage est rompu, lorsque les négociations n'aboutissent pas à l'exécution. On rompt une trame de manière que le tissu ne peut plus se former.

BROCANTER, TROQUER, VENDRE. Vendre, c'est donner une marchandise pour de l'argent; troquer, c'est donner un objet pour un autre objet; brocanter, est acheter pour les revendre ou les troquer des curiosités, comme vases, médailles, bronzes, tableaux, etc.

BROCARD, RAILLERIE. Le brocard est une raillerie insultante. La raillerie, tant qu'elle ne sort point des hornes que lui prescrit la politesse, est l'effet de la gaîté et de la légèreté de l'esprit. Elle épargne l'honnête homme, et le ridicule qu'elle attaque est souvent si léger qu'elle n'a pas même le pouvoir d'offenser. Le brocard, au contraire, annonce un fond de malignité; il offense et ulcère le cœur. Ce mot est familier.

BRODEQUIN, COTHURNE. Le brodequin était chez les anciens une chaussure particulièrement affectée aux comédiens, surtout quand ils jouaient la comédie; quand ils jouaient la tragédie, ils chaussaient le cothurne. Chez nous, la chaussure est réglée par le costume et le goût. On dit chausser le brodequin, pour dire faire des comédies ou jouer la comédie; et chausser le cothurne, pour dire faire des tragédies ou jouer la tragédie.

BRONCHER, TRÉBUCHER. Ces deux mots désignent une hésitation dans l'action de marcher.

On bronche lorsqu'on fait un faux pas, qu'on cesse d'aller droit, ferme, pour avoir heurté contre un corps pointu ou éminent; on trébuche lorsqu'on perd l'équilibre au point d'être près de tomber.

Trébucher dit plus que broncher, et l'action qu'il exprime est plus dangereuse. On pent trébucher, si elle ne fait pas tomber, fait du

broncher et se relever aussitôt; l'action de

moins chanceler.

[blocks in formation]

BROSSE, VERGETTE. L'usage confond souvent ces deux mots, cependant ils ont des différences bien sensibles. La brosse est faite avec quelque chose de plus rude que la vergette, et son effet est plus fort, plus profond. La vergette est plus douce, et destinée à ôter les ordures légères qui s'attachent aux vêtemens; la brosse est plus raide, et sert à détacher les ordures qui s'attachent fortement. Il faut une brosse pour ôter la crotte qui s'est attachée aux souliers, aux bottes, ou pour effacer une tache qui est imprégnée dans du drap. Il suffit d'une vergette pour ôter la poussière qui couvre la superficie des vête

mens.

BROUILLARD. V. BRUME.

BROUILLER, EMBROUILLER. Brouiller, c'est détruire l'ordre, l'arrangement, les rapports des choses entre elles, en les mêlant et les confondant. On brouille des cartes lorsqu'étant arrangées par chaque joueur, elles avaient entre elles certains rapports relatifs à eux, et qu'on détruit ces rapports en les mêlant les unes avec les autres. On brouille des amis en détruisant les rapports qui les tenaient

unis.

Embrouiller, c'est confondre les parties | d'un tout de manière qu'il n'est pas aisé de les distinguer, de les démêler, parce qu'elles sont embarrassées les unes dans les autres, offusquées les unes par les autres, et qu'on ne voit pas clairement les rapports qu'elles peuvent avoir entre elles.

Au figuré, brouiller des affaires, des idées, des questions, etc., c'est y mettre du désordre; les embrouiller, c'est y jeter de l'obscurité. Les affaires sont brouillées par la mésintelligence et la discorde; elles sont embrouillées à cause de la difficulté de les entendre et de les expliquer. Ce qui est brouillé n'est pas en ordre et d'accord; ce qui est embrouillé n'est pas net et clair. Dans les choses brouillées, il y a des difficultés à lever; dans les choses embrouillées, il y a des obscurités et des difficultés à éclaircir. La confusion des choses brouillées est dans les rapports qu'elles ont entre elles; la confusion des choses embrouillées est dans la manière obscure dont elles se présentent à notre esprit.

BUISSON. V. Bors.

BURLESQUE, MAROTIQUE. Dans la langue française, marotique se dit d'une manière d'écrire particulière, gaie, agréable, et tout à la fois simple et naturelle. Clément Marot, valet de chambre du roi François I❤, en a donné le modèle, et c'est de lui que ce style a tiré son nom.

La principale différence qui se rencontre entre le style marotique et le style burlesque, c'est que le marotique fait un choix, et que le burlesque s'accommode de tout. Le premier est le plus simple; mais cette simplicité a sa noblesse, et lorsque son siècle ne lui fournit point des expressions naturelles, il les emprunte des siècles passés. Le dernier est bas et rampant, et va chercher dans le langage de la populace des expressions proscrites par la décence et par le bon goût. L'un se dévoue à la nature, mais il commence par examiner si les objets qu'elle lui présente sont propres à entrer dans ses tableaux, n'y en admettant aucun qui n'apporte avec soi quelque délicatesse et quelque enjouement. L'autre donne, pour ainsi dire, tête baissée, dans la bouffon

BROUTER, PAÎTRE. Ces deux mots expriment l'action des bestiaux qui mangent, à la campagne, l'herbe sur la racine, où l'ex-nerie, et adopte par préférence tout ce qu'il trémité des jeunes branches dans les bois.

Paitre est une expression générale qui se dit de tout ce que les bestiaux mangent à la campagne, sur les prés, dans les pâturages ou dans les bois.

y a de plus extravagant ou de plus ridicule.

Après des caractères si disparates et si marqués, il est étonnant que des auteurs célèbres, tels que Balzac, Voiture, etc., aient confondu ces deux genres, et il ne l'est pas Paître suppose une herbe grande et abon- moins qu'on prodigue encore tous les jours dante; brouter, une herbe plus courte, et le nom de style marotique à des ouvrages dont les bestiaux ne mangent que la pointe. écrits sur un ton qui n'en a que la plus légère Au commencement du printemps, les bes: apparence. Des auteurs s'imaginent avoir écrit tiaux ne peuvent guère que brouter l'herbe dans le goût de Marot lorsqu'ils ont fait des qui commence à sortir de terre; au milieu de vers de la même mesure que les siens, c'estl'été, lorsqu'elle est devenue grande, ils la à-dire de dix syllabes, parsemés de quelques paissent. expressions gauloises, sous prétexte qu'elles Brouter se dit particulièrement des bour-se rencontrent dans ce poète, dans Saintgeons et des extrémités des jeunes branches des arbres. On ne dit pas que les chèvres paissent les bourgeons des arbres, mais qu'elles les broutent.

On ne mène pas les bestiaux brouter, mais on les mène paître, terme général qui renferme toutes les manières et toutes les circonstances.

BROUTER. V. ABROUTI.
BROYER. V. ATTÉNUER.
BRULANT. V. ARDENT.

BRUMES, BROUILLARDS. Les unes et les autres sont des amas de vapeurs aqueuses que l'on appelle brumes sur la mer et brouillards sur la terre.

BRUN. V. BAI.
BRUTE. V. ANIMAL.

Gelais, Belleau, etc. Mais ils ne font pas
attention 1o que ce langage suranné ne sau-
rait par lui-même prêter des grâces au style,
à moins qu'il ne soit plus doux ou plus éner
gique, plus vif ou plus coulant que le langage
ordinaire, et que souvent, dans ces poésies
marotiques, on emploie un mot par préfé-
rence à un autre, non parce qu'il est réelle-
ment meilleur, plus expressif, plus sonore,
mais parce qu'il est vieux; 20
que Marot
écrivait et parlait très purement pour son
siècle, et qu'il n'a point ou presque point
employé d'expressions vieilles relativement à
son temps; que par conséquent, si ses poésies
ont charmé la cour de François Ier, ce n'est
point par ce langage prétendu gaulois, mais
par leur tour aisé et naturel; 3° qu'un mé-
canisme arbitraire, une forme extérieure, ne

à la conduite d'un être ou pensant, ou considéré comme pensant.

sont point ce qui caractérise un genre de poésie, et qu'elle doit être marquée par une sorte de sceau dépendant du fond même des Le but se dit d'un objet fixe et déterminé sujets qu'elle embrasse et de la manière dont auquel les actions de l'être pensant sont dirielle les traite. De ces trois observations il gées. Les vues sont plus vagues et embrassent résulte que l'élégance du style marotique ne un plus grand nombre d'objets. Le dessein est dépend ni de la structure du vers, ni du proprement de l'ame, par lequel on se détervieux jargon mêlé souvent avec affectation à mine à tenter ou à ne pas tenter une chose. la langue ordinaire, mais de la naïveté, du Le dessein et les vues sont en nous; le but génie et de l'art d'assortir des idées riantes est hors de nous. Le dessein offre une idée de avec simplicité. Ce n'est pas que le vieux résolution qui n'est pas si bien marquée dans style n'ait son agrément quand on sait l'em-les vues. On se propose un but, on a des vues, ployer à propos : peut-être a-t-on appauvri on forme un dessein. notre langue sous prétexte de la polir, en en bannissant certains vieux termes fort énergiques, comme l'a remarqué La Bruyère, et que c'est la faire rentrer dans son domaine que de les lui rendre, parce qu'ils sont bons et non parce qu'ils sont antiques. Des idées simples sans être communes, naïves sans être basses; des tours unis sans négligence, du feu sans hardiesse, une imitation constante de la

nature, et le grand art de déguiser l'art même; voilà ce qui fait le fond de ce genre d'écrire, et ce qui cause en même temps la difficulté d'y réussir. (Encyclopédie.)

ou

LE BURLESQUE, LA PARODIE. La parodie est une plaisanterie poétique qui consiste à appliquer certains vers d'un sujet à un autre pour tourner ce dernier en ridicule, à travestir le sérieux en burlesque, en affectant de conserver autant qu'il est possible les mêmes rimes, les mêmes mots et les mêmes cadences..

BUT. V. DESSEIN, VUES.

BUTIN, PROIE. Le mot proie désigne proprement ce que les animaux carnassiers ravissent et mangent. Butin désigne proprement ce qu'on a pris à la guerre ou sur l'ennemi.

Mais ces deux mots sont souvent pris dans un sens plus étendu. Proie se dit de tout ce qui ayant été désiré avec ardeur, poursuivi teur ou des persécuteurs, et est par eux enavec avidité, tombe au pouvoir du persécuvahi, détruit, démembré. L'empire romain mort sans enfans, sa riche succession a été la a été la proie des barbares. Cet homme est proie de ses nombreux collatéraux.

Le mot proie marque toujours avidité, voracité, désir ardent de posséder, destruction, démembrement.

Le mot butin suppose la rapacité et le pillage. Il ne consiste pas dans des choses que l'on veut dévorer, démembrer, détruire, mais dans des choses utiles que l'on veut s'approprier, dont on veut faire son profit.

L'appétit féroce cherche une proie, l'avide cupidité cherche du butin. L'animal carnassier court à sa proie pour la déchirer et en faire sa pâture; l'abeille diligente vole au butin pour Penlever et en former la cire et le miel. Le chasseur poursuit sa proie, le maraudeur fait

du butin.

On peut réduire toutes les espèces de parodies à deux espèces générales, l'une qu'on peut appeler parodie simple et narrative, l'autre parodie dramatique. Toutes deux doivent avoir pour but l'agréable et l'utile. Les règles de la parodie regardent le choix du sujet et la manière de le traiter. Le sujet qu'on entreprend de parodier doit être un ouvrage connu, célèbre, estimé : nul auteur n'a été autant parodié qu'Homère. Quant à la manière de parodier, il faut que l'imitation 'soit Proie dit quelque chose de plus fixe, de fidèle, la plaisanterie bonne, vive et courte, plus déterminé; butin quelque chose de plus et l'on y doit éviter l'esprit d'aigreur, la bas-vague, de plus incertain. Le chasseur connaît sesse d'expression et l'obscénité. On voit par là que la parodie et le burlesque sont deux genres très différens; et que le Virgile travesti de Scarron n'est rien moins qu'une parodie de l'Énéide. La bonne parodie est une On dit par analogie qu'un édifice est en plaisanterie fine, capable d'amuser et d'in-proie aux flammes, parce qu'on compare alors struire les esprits les plus sensés et les plus les flammes à un animal avide et qui dévore. polis; le burlesque est une bouffonnerie mi- C'est dans le même sens qu'on dit être en sérable qui ne peut plaire qu'à la populace. proie à la misère, au chagrin, à la douleur, (Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres.) à la tyrannie, etc. BUT, VUES, DESSEIN. Termes relatifs

la proie qu'il poursuit. Le soldat ne connait pas le butin qu'il pourra faire; il le cherche, il le doit au hasard, aux circonstances ou à la suite de la victoire.

Chez les peuples antropophages le prison

nier de guerre est la proie du vainqueur, il | esclavage pour son utilité,
est mangé. Chez d'autres peuples, il fait son profit.
partie du butin, le vainqueur le réduit en

C.

BUTOR. V. BALOURD.

où le vend pour

ÇÀ ET LÀ, DE COTÉ ET D'AUTRE. La de tout, trouble tout. Tandis qu'elle triompremière de ces expressions ne suppose aucun phe à la cour d'avoir fait renvoyer un mibut, aucun dessein, aucune intention. Courir nistre, elle travaille chez un particulier à faire çà et là, c'est courir sans but, sans inten-rénvoyer un laquais.

tion, par désœuvrement, par ennui, par La ruse, le mensonge, la calomnie, sont caprice. Courir de côté et d'autre suppose les moyens ordinaires de la cabale. quelque intention, quelque désir, quelque Le complot est une entreprise compliquée, besoin. Un homme qui s'ennuie se promène enveloppée, sourde, formée en cachette par çà et là, un homme qui a perdu quelque deux personnes ou par un grand nombre pour chose le cherche de côté et d'autre. abattre, détruire par quelque coup aussi efCABALE, COMPLOT, CONSPIRATION, ficace qu'inopiné, ce qui leur fait peine, omCONJURATION. La cabale est une réunion brage, obstacle. Il a toujours pour objet de secrète de gens qui, voulant élever ou abaisser nuire, et toujours ses vues sont criminelles. des personnes ou des choses, faire réussir La sûreté du complot tient au petit nomou manquer des projets, faire louer ou blâmer,bre de ceux qui l'ont formé; et son succès à rechercher ou mépriser, inspire à un grand la célérité de l'exécution. nombre d'individus divers, et par toutes sortes de moyens, des sentimens conformes à ces projets, les excite, les anime, les irrite, de manière que, quelquefois sans le savoir, ils concourent puissamment, en public ou en secret, à l'accomplissement de ces desseins.

La conspiration est un dessein formé dans le silence et les ténèbres par quelques personnes qui, animées d'un même esprit ou d'une même passion, tendent ensemble au

même but.

Elle a pour objet d'opérer un changement La force de la cabale consiste dans le grand dans les affaires publiques, et veut, pour y nombre de personnes qui la soutiennent et parvenir, renverser ceux qui règnent, qui dans le secret des opérations qui la dirigent. commandent, qui gouvernent, qui particiFaible en nombre, elle est étouffée par l'opi-pent à la chose publique. nion naturelle; une fois découverte elle s'affaiblit ou tombe entièrement.

On voit les effets de la cabale, et on en éprouve l'influence sans connaître les machines qui la font mouvoir. Elle est publique sous le rapport de ses effets, et secrète sous celui du centre de ses opérations.

Il y a aussi quelquefois des conspirations contre les personnes privées.

La conjuration est une association de gens qui se sont engagés par serment les uns envers les autres de concourir à l'exécution d'un complot formé contre l'État, contre le prince, contre la patrie; il se dit aussi du complot même.

Ce mot annonce toujours de grandes entreprises, de grands intérêts.

La cabale, habile à s'emparer de l'opinion, du crédit, de l'ascendant, de l'empire sur les esprits, veut disposer des grâces, des emplois, des charges, des récompenses, des réputaLa cabale est formée par des intrigans et tions, des succès, en un mot des évènemens. exécutée par des gens dupes, passionnés ou Aussi variée dans ses formes que les divers imbéciles; le complot est formé par des scéobjets qu'elle a en vue, elle s'occupe à la lérats; la conspiration par des gens méconcour à faire et défaire des ministres, des gé-tens, inquiets, audacieux, ambitieux; lá néraux, pour les remplacer par ceux qu'elle conjuration par l'amour effréné de la dominafavorise. Dans les tribunaux elle circonvient tion ou de l'indépendance, par le fanatisme les juges, elle travaille à les corrompre, elle de la liberté, par l'impatience du joug, par en impose au public; elle lutte contre la jus-la haine profonde de la tyrannie. L'idée de tice et le mérits. Dans la république des révolte entre toujours dans celle de conjulettres elle étouffe les réputations des auteurs, fait la réputation de, ouvrages. Dans le monde elle se trouve par-tout, attaque tout, se mêle

ration.

CABALER. V. BRIGUER.

CABANE, HUTTE, CHAUMIÈRE. On

désigne par ces trois mots trois espèces de loges ou de bâtimens faits grossièrement, qui servent aux gens de la campagne.

Chaumière se dit en général de toutes les habitations couvertes de chaume, et il ne signifie rien de plus. Il n'offre point, comme

La cabane est une petite loge grossière-on l'a dit aussi, des idées agréables, celles du

ment construite qui sert de retraite aux gens obligés de rester à la campagne pendant des journées entières, et quelquefois pendant les nuits. C'est ainsi que les bergers ont des cabanes où, pendant le jour, ils se mettent à l'abri du mauvais temps en gardant leurs troupeaux, et où ils couchent dans la belle saison. C'est ainsi que les charbonniers, les chaufourniers, les pêcheurs, etc., construisent des cabanes près des lieux où leurs travaux exigent leur présence.

L'idée de pauvreté n'est donc pas nécessairement attachée à celle de cabane, comme quelqu'un l'a dit, mais bien celle de travail, de soin et de retraite; et si Malherbe a dit en comparant les palais des rois aux habitations qui servent de retraites aux ouvriers les moins fortunés:

Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre,
Est sujet à ses lois, etc.,

il ne faut pas en conclure que l'idée de pauvreté
soit toujours attachée à celle de cabane, mais
seulement que les palais sont les plus somp-
tueux des édifices, et les cabanes les moins
considérables.

bonheur des champs. Quiconque parcourra les chaumières d'un village y trouvera la tristesse et la misère plus souvent que dans les cabanes; ce sont les grandes fermes, les maisons des champs qui offrent les travaux champêtres sous un air d'innocence, de contente-' ment et de gaîté.

CABANE, TAUDIS. Voltaire a remarqué que cabane est agréable et du haut style, et que taudis est une expression du peuple. Taudis emporte des idées accessoires de délabrement, de désordre, de malpropreté.

CABARET. V. AUBERGE.

CÂBLE, CORDE, CORDAGE. Corde se dit de tous les ouvrages du cordier; cordages de toutes les cordes qui sont employées dans les agrès d'un vaisseau; câble de tous les cordages nécessaires pour traîner et enlever les fardeaux.

CABOCHE, TÊTE. Ces deux mots se disent de la tête de l'homme. Caboche est un terme familier dont on se sert ordinairement au figuré en bonne part. On dit qu'un homme a une bonne caboche, pour dire qu'il a une bonne tête, c'est-à-dire qu'il a beaucoup de jugement, d'intelligence. Tête est de tous les styles, et se dit au propre et au figuré.

SE CABRER, SE DRESSER. Ces deux mots se disent des chevaux qui se dressent sur les deux pieds de derrière. Mais ́se dresser n'exprime que l'action simple, et se cabrer suppose de la part du cheval de la résistance, lonté. Un cheval se cabre lorsqu'on lui tire du caprice, de la colère, de la mauvaise votrop la bride, ou qu'il s'obstine à ne pas faire ce qu'on désire de lui.

Nos ancêtres disaient caban pour dire une maison, et c'est de là qu'est venu le mot cabane qui signifie proprement petite maison. Malherbe a voulu dire que la mort frappe également ceux qui habitent les maisons superbes comme ceux qui habitent les maisons les plus simples et les plus grossières; il n'a appelé ces derniers pauvres que par comparaison avec les premiers, et l'idée de pauvreté proprement dite, n'entre pour rien dans sa pensée. Il y a certainement des pauvres qui habitent des cabanes; mais les cabanes servent en général d'habitation ou de retraite à des ouvriers qui, sans être riches, éloignent la pauvreté par leur industrie et leur travail. Le berger, homme si précieux pour les cul- CABRIOLE, SAUT. Le saut est un mouvetivateurs, gagne honorablement sa vie en gar- ment léger par lequel on s'élève de terre, ou dant et en soignant ses moutons; et le char-l'on s'élance d'un lieu à un autre. La cabriole bonnier et le chaufournier, obligés d'habiter des cabanes pour soigner leurs travaux, ne sont pas toujours des pauvres et des misérables.

Hutte vient de l'allemand hutten, qui signifie préserver, garantir. C'est un petit logement fait à la hâte avec du bois, de la terre et de la paille, et qui sert aux habitans obligés de travailler dans les campagnes à se mettre à l'abri des injures du temps.

Se cabrer se dit aussi au figuré, pour dire résister à ses supérieurs, refuser avec obstination de leur obéir; mais alors il n'est pas synonyme de se dresser.

est un saut léger et agile, par lequel les danseurs élèvent leur corps au-dessus de terre, à la fin d'une cadence.

CACADE, ÉTOURDERIE, BÉVUE, SOTTISE. Tous ces mots se disent d'une démarche ou d'une entreprise qui, n'ayant pas en le succès qu'on s'en était promis, n'a servi qu'à couvrir de honte ceux qui les avaient tentées.

La cacade montre l'ineptie et la présomption; l'étourderie l'imprudence; la bévue, le

« PreviousContinue »