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en mettant dessus une toile, un paillasson, ajoute à cette idée celle d'une distance consiun châssis. dérable qui sépare de ce lieu ou de cette personne.

ABROGATION, ABOLITION. L'abrogation se fait par une loi, l'abolition par le non usage; l'abolition peut être une suite de l'abrogation.

ÅBROGATION, DÉROGATION. L'abrogation frappe la loi en son entier et l'annule; la dérogation peut n'atteindre qu'une partie de la loi et la laisser subsister; elle n'y porte atteinte que d'une manière indirecte et imparfaite.

ABROGER. V. ABOLIR.

ABROUTI, BROUTÉ. Ils se disent des arbres dont les bourgeons out été mangés ou coupés par les animaux. Le premier est un terme d'administration forestière; le second est le terme ordinaire.

ABRUTIR, HÉBÉTER. C'est faire perdre l'usage ou l'exercice de la raison. Le premier dit plus que le second; abrutir, c'est faire perdre l'usage de la raison au point de rendre semblable à la brute; hébéter, c'est seulement affaiblir l'esprit et la raison, les empêcher de se développer. On hébéte les enfans par trop de sévérité et de rigueur; un ivrogne s'abrutit à force de boire. Un enfant ou un jeune homme hébété peut reprendre l'usage de la raison lorsqu'il est soustrait au joug qui la comprime; un homme abruti ne reprend ja

mais cet usage.

ABRUTIR. V. ABÊTIR, RABÊTIR. ABRUTISSEMENT, STUPIDITÉ. État d'une personne privée du sentiment et de la

raison.

La stupidité vient de la nature. Elle est causée par une mauvaise conformation des organes ou un vice dans le jeu des fonctions animales.

L'abrutissement vient d'une cause extérieure qui a interrompu ou anéanti l'exercice du sentiment et de la raison. Un homme qui s'enivre habituellement tombe dans l'abrutissement; un enfant dont les organes sont très faibles et les sens sans activité est dans un état de stupidité.

ABSCISSION, AMPUTATION. Termes de chirurgie. Abscission ne se dit que des petites parties du corps humain que l'on coupe; amputation se dit particulièrement des membres et des parties qui forment par elles-mêmes un tout considérable. L'amputation d'un bras, d'une jambe; l'abscission de la luette. On dit aussi excision pour abscission.

ABSENCE, ÉLOIGNEMENT. Le premier indique seulement l'interruption de présence en un lieu ou auprès de quelqu'un; le second

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ABSENCE, BÉVUE, DISTRACTION. En parlant de l'esprit, l'absence ou absence d'esprit se dit d'un manque d'attention qui fait que l'esprit n'est point présent à la chose qu'il devrait considérer; bévue se dit d'une absence des qualités nécessaires pour bien voir la chose; distraction, de l'absence de l'esprit dont l'attention a été détournée de la chose qu'il devait considérer, et portée sur un autre objet.

S'ABSENTER, S'ÉLOIGNER. Le premier indique le défaut de présence; le second marque de plus l'éloignement. On peut s'absenter sans s'éloigner; mais on ne saurait s'éloigner de chez soi, du lieu de sa demeure, sans s'absenter. Celui qui a chez lui des affaires qui exigent une surveillance suivie peut bien quelquefois s'absenter, mais ne doit jamais s'éloigner. Un homme qui a de mauvaises affaires susceptibles d'accommodement, d'arrangement, s'absente; celui qui est coupable d'un crime dont il ne peut espérer le pardon s'éloigne.

ABSOLU, IMPÉRIEUX. L'homme absolu veut être obéi sans résistance, sans opposition; l'homme impérieux veut l'être avec soumission. Le premier annonce de la fermeté, il ne souffre pas que son autorité soit contestée; le second montre de la vanité et de l'orgueil, il prétend que la sienne soit maintenue. L'homme impérieux peut ne pas être absolu, il lui suffit quelquefois que l'on paraisse soumis; l'homme absolu peut ne pas être impérieux, c'est assez pour lui d'être obéi ponctuellement. Il est nécessaire avec certaines gens de prendre un ton absolu, il ne l'est jamais de prendre un ton impérieux.

ABSOLU, ARBITRAIRE, DESPOTIQUE. Le pouvoir absolu n'a rien au-dessus de lui, il ne peut être ni contrarié ni gêné; le pouvoir arbitraire dispose de tout à son gré; le pouvoir despotique ne connaît ni le juste ni l'injuste; tout ce que fait le despote est bien, par la seule raison qu'il est le maître.

On peut user du pouvoir absolu en suivant certaines lois, et alors on n'use pas du pou voir arbitraire; ou bien en respectant la justice et l'équité, et alors on s'abstient du pouvoir despotique. Sous le pouvoir absolu, les peuples peuvent être heureux si le prince est sage, est vertueux; sous le pouvoir arbitraire, il ne peut y avoir ni sûreté ni tranquillité; sous le pouvoir despotique, il n'y a ni vertu ni honneur.

ABSOLUTION, RÉMISSION. Par l'abso

sire pas, qui sont indifférentes; on ne se prive que des choses qu'on connaît, dont on a joui on dont on vondrait jouir. Il est rare qu'un

lution on délie l'accusé ou le pécheur; par la rémission on se désiste de la peine qu'on a droit d'exiger d'un coupable. L'absolution rétablit l'accusé ou le pénitent dans son inno-ivrogne se prive de vin lorsqu'il peut en boire; cence et dans la jouissance de toute sa liberté et de tous ses droits; la rémission décharge le coupable de la peine ou d'une partie de la ABSTENSION, RENONCIATION. Ce sont peine qu'il avait encourue. L'absolution est deux termes de droit civil. La renonciation se l'acte d'un juge équitable ou propice, la ré-fait par l'héritier à qui la nature ou la loi dé

mission est un acte de modération.

ABSOLUTION, PARDON. En termes de jurisprudence, l'absolution suppose l'innocence, et le pardon suppose le crime ou l'offense. Le pardon est la rémission entière de la peine qu'on a droit d'exiger comme offensé on de faire subir comme juge. En termes de religion, l'absolution et le pardon supposent la faute et l'offense. Par l'absolution, le pénitent est délié, délivré des liens du péché,

ou des liens des censures, et réconcilié avec Dien ou avec l'église; par le pardon, il est entièrement exempté de la peine qu'il avait méritée en commettant le péché.

un homme sage s'en abstient s'il nuit à sa sante.

fère l'hérédité, et l'abstension par celui à qui elle est déférée par la volonté du testateur.

ABSTERGER, NETTOYER. Le premier est un terme de médecine et de chirurgie qui a une signification hien plus étendue que le second. Absterger, c'est non-seulement nettoyer les plaies, les ulcères, etc., mais encore dissoudre les duretés et les épaississemens. C'est dans le premier sens que ces deux mots sont synonymes.

ABSTINENCE, PRIVATION. L'abstinence suppose le pouvoir de jouir, elle est volontaire; la privation suppose l'attachement à la chose dont on est privé, et un certain déplaisir d'en être privé; elle est souvent forcée. Pour qui préfère la santé aux plaisirs, l'abstinence n'est pas privation; pour qui préfère les plaisirs à la santé, l'abstinence est en même temps privation.

ABSOLUTION. V. ABOLITION. ABSORBER, ENGLOUTIR. Absorber exprime une action successive qui finit par consumer le tout. Engloutir exprime une action qui saisit le tout et le fait disparaître tout d'un coup. Le feu absorbe, l'eau engloutit. ABSTINENCE, MODÉRATION. La modéABSOUDRE, PARDONNER. Absoudre,ration se borne dans l'usage et s'éloigne de dans le sens de la jurisprudence, c'est déclarer qu'une personne n'est pas coupable d'une fante dont elle est accusée. Pardonner, c'est accorder la rémission entière d'une faute que l'on est en droit de punir ou de faire punir. On absout un accusé dont l'innocence est reconnue; on pardonne à un coupable que l'on veut favoriser ou qui paraît excusable.

Les catholiques entendent par absoudre, remettre les péchés dans le tribunal de la péni

tence.

ABSTÈME, HYDROPOTE. Abstème vient du latin, et signifie qui ne boit point de vin; hydropote vient du grec, et veut dire qui ne boit que de l'eau. Le premier a un sens négatif, le second un sens positif. Hydropote est un terme de médecine, abstème un terme de jurisprudence. Ces deux mots ne sont pas usités dans le langage ordinaire ; nous disons plutôt buveur d'eau.

S'ABSTENIR, SE PRIVER. S'abstenir n'exprime que l'action sans aucun rapport au sentiment qui peut l'accompagner; se priver suppose un attachement à la chose et un regret de ne plus la faire ou de ne plus en jouir. On peut s'abstenir des choses qu'on ne connaît pas, qu'on n'aime pas, qu'on ne dé

l'excès; l'abstinence s'interdit l'usage et se prive tout-à-fait de ce qui est agréable et permis. L'excès étant vicieux, la modération est un devoir étroit dans tous les cas; s'en écarter c'est être intempérant. L'abstinence est une obligation imparfaite; elle dépend des circonstances, elle varie au point que dans bien des cas elle serait vicieuse.

ABSTRACTION, PRÉCISION. L'abstraction sépare par la pensée des choses inséparables dans la réalité, pour les considérer à part, indépendamment les unes des autres; la précision sépare par la pensée des choses réellement distinctes pour empêcher la confu sion du mélange des idées. · Par l'abstraction on considère une partie du sujet en éloignant toutes les autres; par la précision on considère la totalité du sujet en écartant tout ce qui peut empêcher de le voir tel qu'il est, Le but de la précision est de ne point sortir du sujet, en éloignant pour cet effet tout ce qui lui est étranger; le but de l'abstraction est de ne pas entrer dans toute l'étendue du sujet en n'en prenant qu'une partie, sans aucun égard aux autres.

ABSTRACTION, DISTRACTION. L'abstraction est causée par un objet qui occupe

uniquement et sans partage; la distraction est | trop de confiance dans nos propres lumières.

causée par un objet extérieur qui attire en tièrement l'attention, et la détourne des objets auxquels on l'avait donnée d'abord ou auxquels on devrait la donner. La rêverie produit des abstractions; la curiosité cause des distractions.

ABSTRAIT, DISTRAIT. On est abstrait par l'attention que l'on donne exclusivement aux idées qui occupent; on est distrait lorsqu'on est détourné par quelque objet nouveau de l'objet dont on était ou dont on devait être occupé. L'homme abstrait reste attaché ses pensées et ne s'en laisse détourner par aucun ohjet extérieur; l'homme distrait est si peu attentif à ce qu'il fait ou à ce qu'on lui dit qu'il faut très peu de chose pour l'en détourner.

ABSTRAIT. V. ABSTRUS.

ABSTRUS, ABSTRAIT. Une chose abstruse est difficile à comprendre, parce qu'elle dépend d'une suite de raisonnemens dont on ne peut suivre la liaison et saisir l'ensemble que par le moyen d'une contention d'esprit extraordinaire. Une chose abstraite est difficile à comprendre, parce qu'elle est très éloignée des idées sensibles et communes. Un traité sur l'entendement humain est nécessairement abstrait; la géométrie transcendante est une science abstruse.

ABSURDE, DÉRAISONNABLE. Ce qui est absurde choque d'abord le bon sens, le sen's commun; ce qui est déraisonnable n'est pas conforme à la raison, est contraire à la raison. Il n'est pas besoin de raisonner pour repousser ce qui est absurde; il choque le jugement comme un son aigre choque l'oreille. On a ordinairement besoin d'examen et de raisonnement pour trouver quelque chose déraisonnable.

L'ABSURDITÉ, UNE ABSURDITÉ. L'absurdité est le vice et le défaut de ce qui est absurde. Une absurdité est une chose absurde. Le premier ne prend point de pluriel, le second en prend un. L'absurdité d'un raisonnement est un vice qui s'étend sur le raisonnement tout entier; en ce sens, il ne peut pas y avoir plusieurs absurdités. Dire des absurdités, c'est dire plusieurs choses absurdes.

ABUS, ERREUR. L'erreur est une fausse opinion qui vient ou de notre ignorance ou de la fausseté de nos raisonnemens. L'abus est une fausse opinion qui vient ou de ce qu'on a abusé de notre faiblesse ou de notre crédulité, ou de ce que nous nous sommes abusés nous-mêmes par prévention ou par

Pour revenir de l'erreur il faut s'instruire, examiner de nouveau et raisonner juste; pour revenir d'un abus il faut découvrir l'ignorance ou la mauvaise foi de ceux qui nous ont trompés, ou bien écarter les préventions et se défier de soi-même.

ABUS, ILLUSION. L'abus est un écart de la raison, un éloignement de la vérité; l'illusion est une fausse apparence qui empêche de voir la vérité. On m'a trompé ou je me suis trompé par trop de confiance ou de prévention, c'est un abus; on m'a trompé ou je me suis trompé par de fausses apparences, c'est une illusion. Tout abus n'est pas illusion; mais dans toute illusion il y a abus, parce qu'il y a éloignement de la vérité. Pour détruire l'abus il faut dissiper l'illusion.

ABUSER, MÉSUSER. On abuse de la chose que l'on emploie à faire du mal; on mésuse de la chose qu'on emploie mal. Celui qui mésuse agit contre la raison, contre la sagesse, contre ses intérêts, contre le bon ordre; celui qui abuse péche contre la justice, contre la probité, contre la délicatesse, contre la politesse, contre les bienséances.

ABUSER, TROMPER. On trompe en donnant pour vrai ce qui est faux, pour bon ce qui est mauvais; on abuse en gagnant le cœur pour le détourner du vrai ou du bon. On trompe ceux qui ne connaissent pas les choses et ne se méfient pas des hommes; on abuse les personnes faibles, crédules, vives, qui se laissent aller sans réflexion aux impressions qu'on leur fait éprouver, qui se passionnent aisément pour les objets qu'on leur présente. Un marchand trompe un acheteur en lui vendant pour bonne une mauvaise marchandise; un fanatique abuse une ame simple en lui faisant voir une action héroïque dans un crime abominable. On trompe une jeune fille en se donnant pour ce qu'on n'est pas; on l'abuse en l'entraînant dans le vice par l'illusion des sens et le délire des passions. On est détrompé quand on a reconnu que ce qu'on croyait vrai est faux, que ce qu'on croyait bon est mauvais; on est désabusé lorsque l'illusion qui faisait voir les choses autrement qu'elles ne sont est dissipée.

ABUSER, DÉCEVOIR. Abuser, c'est séduire le cœur et couvrir de fleurs l'abîme où on l'entraîne; décevoir, c'est attirer par des avantages spécieux, par des apparences séduisantes, par un espoir flatteur, mais vain. On est abusé par une passion aveugle; on est déçu par de belles promesses, par l'espoir d'un avenir heureux. On est abusé par un

faux espoir, on est déçu par un faux espoir. Dans le premier cas, on exprime l'attachement du cœur à l'espoir; dans le second, on marque particulièrement l'entraînement opéré par l'attrait de l'espoir.

S'ABUSER, SE TROMPER. On se trompe par ignorance ou faute d'attention; on s'abuse par prévention, par passion, par illusion. Si, faute d'attention, vous prenez une chose pour une autre, vous vous trompez; si l'attachement, l'engouement que vous avez pour une chose qui est mauvaise fait que vous la préférez à une autre qui est bonne, vous vous abusez. Un amant qui, plein de son ardeur, pense que son amour ne finira jamais s'abuse; un amant qui compte sur l'attachement d'une coquette se trompe, si son esprit seul a part à ce jugement; il s'abuse s'il juge de son attachement par celui qu'il a pour elle.

ABUTER. V. ABOUTER.

ABYME, ABYMER. V. ABIME, ABÎMER. ACADÉMICIEN, ACADÉMISTE. Un académicien est un membre d'une académie qui cultive les sciences, les arts ou les belleslettres; un académiste est un membre d'une académie qui a pour objet les exercices du corps. L'académicien travaille et compose des ouvrages pour l'avancement et la perfection des sciences, des arts, de la littérature; l'académiste apprend à monter à cheval, à danser, à faire des armes, etc.

ACADÉMIE, MAISON DE JEU, TRIPOT. Par un abus qui révolte tout homme de hon sens, on a donné le noble nom d'académie à des rassemblemens de fripons et de dupes, où les premiers exercent leur art, et les seconds subissent leur sort par le moyen des jeux de hasard. On appelle ces rassemblemens maisons de jeu lorsqu'on ne veut les qualifier ni en bien ni en mal; on les nomme tripots lorsqu'on veut les désigner par le mépris qu'ils méritent.

Le mot d'académie est peu usité en ce sens, si ce n'est parmi les gens qui croient qu'un mot honnête peut déguiser une chose infâme. Les deux autres, et surtout le second, sont les seuls qu'on emploie dans la bonne

société.

ACADÉMIE, UNIVERSITÉ. Académie, parmi les modernes, se prend ordinairement pour une société ou compagnie de gens de lettres, établie pour la culture et l'avancement des arts et des sciences.

Quelques auteurs confondent académie avec université; mais, quoique ce soit la même chose en latin, ce sont deux choses bien différentes en français. Une université est propre

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ment un corps composé de gens gradués en plusieurs facultés, de professeurs qui enseignent dans les écoles publiques, de précepteurs ou maîtres particuliers, et d'étudians qui prennent leurs leçons et aspirent à parvenir aux mêmes degrés; au lieu qu'une académie'n'est point destinée à enseigner ou professer aucun art, quel qu'il soit, mais à en procurer la perfection; elle n'est point composée d'écoliers que de plus habiles qu'eux instruisent, mais de personnes d'une capacité distinguée qui se communiquent leurs lumières et se font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel. Encyclopédie.)

ACADÉMISTE. V. ACADÉMICIEN.

ACARIÂTRE, HARGNEUX. Acariátre se dit particulièrement de ceux qui, par une humeur aigre et querelleuse, crient contre tout, trouvent à redire à tout, ne sont jamais contens de rien, et manifestent leur mécontentement avec éclat; hargneux se dit des personnes qui rebutent ceux qui ont affaire à elles, et qui trouvent dans tout ce qu'on leur propose un sujet de mécontentement ou de querelle. Acariâtre se dit des personnes avec lesquelles on vit ou l'on est obligé de vivre ; hargneux se dit de toutes les personnes à qui on a affaire. Une femme acariátre querelle sans cesse et sans raison son mari, ses enfans, ses domestiques; un homme hargneux repousse avec humeur tous ceux qui l'approchent.

ACCABLÉ. V. ABATTU.
ACCABLÉ. V. Renversé.

ACCABLEMENT, DÉCOURAGEMENT. Accablement se dit du corps et de l'ame. Dans l'accablement, on succombe sous le poids de ses peines, les forces fléchissent; dans le découragement on cède entièrement au poids de ses peines, on cesse d'employer ce qui reste de forces. L'accablement existe lorsqu'on ne résiste plus, le découragement lorsqu'on ne croit plus pouvoir résister.

Combler de

ACCABLEMENT. V. ABATTEMENT. ACCABLER, COMBLER. biens, de faveurs, de bienfaits, suppose autant de biens, de faveurs, de bienfaits, que pouvait en espérer celui qui les reçoit. Accabler de biens, de faveurs, de bienfaits, suppose des biens, des faveurs, des bienfaits extraordi naires et inespérés répandus en grand nombre et coup sur coup. Celui qui est comblé de biens peut exprimer sa reconnaissance; celui qui en est accablé a à peine le temps de se reconnaître; chaque nouveau bienfait exigeant un nouveau degré de reconnaissance, il se trouve dans l'impossibilité d'exprimer

un sentiment qui va toujours croissant. Celui | commencer un ouvrage, de mettre la main à qui est comblé de biens est lié par la recon-l'oeuvre, de faire le dîner; mais l'ouvrage, le naissance; celui qui est accablé de biens est diner, ne se hátent point. sous l'empire de la bienfaisance et de la générosité. Si vous me comblez de caresses, j'y réponds par les miennes; si vous m'accablez de caresses, vos caresses sont si vives, si multipliées, elles se succèdent si rapidement, qu'il m'est impossible d'y répondre avec la même vivacité, avec la même rapidité. Cette différence est bien marquée dans le vers qu'Auguste dit à Cinna, dans la, tragédie de ce

nom:

Je t'ai comblé de biens, je t'en veux accabler.

ACCABLER. V. ABATTRE.

ACCARER, CONFRONTER. Accarer ne se dit que d'un accusé que l'on présente à son coaccusé, au lieu que l'on dit confronter des témoins ou les présenter les uns aux autres. Confronter un accusé avec des témoins. On ne dit point accarer des témoins.

ACCARIATION, CONFRONTATION. Accariation ne se dit que d'un accusé que l'on présente à son coaccusé, au lieu que confrontation se dit des témoins entre eux ou d'un accusé avec des témoins.

ACCÉLÉRER, PRESSER. Accélérer n'a rapport qu'au mouvement même; presser a plus de rapport à la fin. On accélère un travail afin qu'il aille vite; on le presse afin qu'il soit plus tôt fini. On accélère sa marche pour suivre quelqu'un, pour le joindre, pour le devancer, etc.; on presse sa marche pour être plus tôt arrivé. Si vous êtes suivi par un vo

leur, vous accélérez votre marche; si le jour baisse et que vous vouliez arriver avant la nuit, vous pressez votre marche. On presse des ouvriers afin d'accélérer leur travail et qu'ils aient plus tôt fini. On ne s'accélère pas, mais on se presse.

ACCÉLÉRER, DÉPÊCHER. On accélère un mouvement auquel on donne un accroissement de vitesse ou un redoublement d'activité. On dépêche ce qu'on est pressé de finir, ce dont on veut se débarrasser; ce verbe marque une espèce d'inquiétude et d'impatience d'arriver à la fin. Dépêcher un ouvrage, dépêcher une besogne. On dit aussi dans le même sens se dépêcher; mais on ne dit pas s'accélérer en parlant des personnes. Un mouvement s'accélère lorsqu'il augmente de vitesse, mais un ouvrier ne s'accélère pas.

ACCEPTER, RECEVOIR. Nous acceptons ce qu'on nous offre; nous recevons ce qu'on nous donne ou ce qu'on nous envoie. Accepter suppose une chose qui n'est pas due; recevoir se dit d'une chose qui est due ou qui n'est pas due. On accepte un don, une offre, un présent; on reçoit ses rentes, ses revenus, ses appointemens, ses gages. Accepter un présent, un don, un cadeau, suppose quelque su

ACCÉLÉRER, HÂTER. Accélérer se dit du mouvement et des choses qui consistent dans le mouvement. On accélère sa marche, sa course, en augmentant la vitesse de son mouvement; il n'est question que du mouvement même, sans rapport au but. Háter a rapport au but; c'est prendre les moyens les plus prompts pour arriver à un but, et les employer constamment sans les négliger un seul instant. On hâte son arrivée, son départ, son retour, lorsqu'on ne néglige rien pour arri-périorité dans celui qui accepte; recevoir un ver, pour partir, pour être de retour le plus tôt qu'il est possible. On háte le diner lorsqu'on travaille sans relâche à le mettre en état d'être servi. On accélère sa perte, c'est-à-dire le mouvement qui y conduit; on ne hâte pas sa perte, parce que sa propre perte n'est pas un but qu'on se propose. Mais un autre hâte votre perte lorsqu'il s'est proposé de vous perdre. On ne dit pas s'accélérer en parlant des personnes, parce qu'une personne n'étant pas un mouvement ne peut ni s'accélérer ni être accélérée. Mais on dit qu'un mouvement s'accélère. On dit se hûter en parlant des personnes, parce que ce sont les personnes qui agissent pour atteindre promptement un but; mais on ne dit pas se hûter en parlant des choses, parce que dans l'action de hấter le but ne peut être que passif. On se hâte de

don, un présent, suppose égalité ou infériorité dans celui qui reçoit. Un supérieur accepte un don, un présent de son inférieur ; il témoigne par là que ce don lui est agréable, et que pouvant le refuser il veut bien le recevoir. Un domestique reçoit un don ou un présent de son maître, il ne l'accepte pas. On reçoit des grâces, des faveurs, on ne les accepte pas. On accepte des choses qui engagent à quelque devoir, à quelque consentement, l'arrangement de quelques affaires : c'est ainsi qu'on accepte une place, un emploi, une tutelle, des conditions de paix, des propositions d'arrangement, un défi. On reçoit des choses qui obligent, auxquelles on ne peut pas se refuser : c'est ainsi qu'on reçoit des ordres, des commandemens, des injonctions. On accepte volontairement; on reçoit souvent mal

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