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pour la guerre; les derniers ne la font que quand ils la jugent nécessaire.

Belliqueux se dit aussi d'un prince qui aime la guerre et qui en fait sa principale Occupation.

Guerrier se dit d'un prince qui fait luimême la guerre à la tête de ses troupes, et qui connaît bien l'art de la guerre.

On peut être belliqueux sans être guerrier, et guerrier sans être belliqueux. Charles XII, roi de Suède, fut un prince belliqueur. Fré déric II, roi de Prusse, fut un prince guerrier. Nos nations modernes sont plutôt guer rières que belliqueuses.

Militaire, qui concerne la science de la guerre, qui est nécessaire pour la bien faire, qui a rapport à l'administration d'une armée. L'art militaire, la science militaire, la discipline militaire, des exercices militaires.

On dit des exploits militaires et non des exploits guerriers, parce que le mot ex ploits suppose de grands desseins, de grandes combinaisons, ce qui appartient à l'art mili

taire.

On dit vertu guerrière et verta militaire ; mais la première s'exerce sur le champ de bataille, et la seconde dans le champ, dans les exercices, par l'exactitude, par la subordination, par l'amour de la discipline, par la scrupuleuse observation de toutes les lois, de tous les règlemens.

On ne dit pas des talens guerriers, mais des talens militaires, parce que les talens tiennent à l'art, à la science.

personnes. On dit une nation belliqueuse an prince belliqueux; une nation guerrière et un · prince guerrier; mais on ne dit ni une nation martiale, ni un prince martial; ni une nation militaire, ni un prince militaire.

Substantivement on dit un militaire pour désigner un homme qui est dans l'état mili taire.

BÉNÉFICE, GAIN, PROFIT, LUCRE, ÉMOLUMENT. Le gain, dit Girard, semble être quelque chose de très casuel qui suppose des risques et du hasard.— Ce n'est pas là l'idée qui caractérise le sens général de ce mot, c'est seulement une idée accessoire qui n'appartient qu'à certaines sortes de gains, comme ceux du jeu, de la loterie, du commerce, etc. Le gain qu'un ouvrier retire au bout de sa journée pour prix de son travail n'est pas quelque chose de casuel qui suppose des risques et du hasard.

L'idée de gain renferme celle de travail, d'industrie, de combinaison. Le gain journalier d'un ouvrier, les gains du commerce, les gains d'une entreprise, les gains d'un métier, d'une profession.

Le profit est ce qu'on tire, d'utile d'une chose, outre la valeur de la chose même. On tire le profit d'une terre lorsqu'on la cultive ou qu'on la fait cultiver à son compte. On tire du profit d'un verger par la vente des fruits. On tire du profit d'un cheval, d'une voiture, en les louant.

Les domestiques appellent profits les petites gratifications qu'ils reçoivent outre leurs Un courage guerrier est un courage qui est gages; ces gratifications ne sont pas le produit excité par l'action même au moment du dan-de leur travail, de leur industrie, mais celui ger, et qui cesse avec le danger; un courage de leur situation, de leur état, de leur ma militaire est un courage habituel qui naît de nière d'être avec leurs maîtres. l'état et qui en fait le principal caractère.

Martial vient du nom de Mars, dieu de la guerre; aussi l'applique-t-on aux choses qui marquent l'autorité suprême dans les choses de l'administration militaire. Ainsi l'on dit cour martiale pour dire conseil suprême établi pour juger la conduite des généraux, des amiraux, etc.; loi martiale, pour dire une loi émanée de l'autorité suprême pour l'emploi de la force armée contre les citoyens dans certaines circonstances extrêmes.

On dit un conseil de guerre et non un conseil martial, parce que le conseil de guerre n'est pas une cour souveraine.

On dit un air martial, pour dire un air qui marque le noble sentiment de la supériorité de ses forces et de la fermeté de son courage, tel qu'on pourrait le supposer au dieu Mars.

Martial et militaire ne se disent point des

Le gain suppose des conventions, des traités, des arrangemens avec les personnes pour lesquelles on travaille, ou avec celles avec lesquelles on fait le négoce. Le profit suppose des combinaisons heureuses qui naissent de la nature des choses, de leur amélioration, de certaines circonstances indépen dantes des traités et des conventions. On fait de grands gains dans le commerce; on tire de grands profits d'une terre. Les gains sont limités par la nature des choses, par les conventions, par les traités, par les usages, par les probabilités; tout ce qui surpasse ces limites est profit.

Un homme qui fait le commerce seul, sans associés, fait de grands gains sous le rapport des peines qu'il se donne; il fait de grands profits sous le rapport des circonstances qui augmentent les avantages au-delà des gains qu'il avait pu raisonnablement espérer.

Celui qui fait des gains est industrienx, sur les dépenses qu'ils ont faites et qu'ils font soigneux, travailleur ; celui qui fait des profits journellement. Aussi lorsqu'un banquier fait est heureux dans le succès de son travail et son inventaire, il voit quel a été non son de ses soins. gain ou son profit, mais son bénéfice. Il est dû sans doute un bénéfice aux banquiers; ils font des frais pour entretenir une correspondance, enfin ils donnent leur temps et leurs soins. (CONDILLAC.)

Loin donc que le gain soit quelque chose de très casuel qui suppose des risques et du hasard, et que le profit paraisse plus sûr, comme le dit Girard, on serait fondé à dire tout le contraire. On calcule d'avance les gains, et ils offrent quelque chose de sûr; on ne calcule pas les profits, parce qu'ils sont sujets à augmenter ou à diminuer, parce qu'ils dépendent des circonstances et du hasard. Le gain annuel d'un domestique est certain, ses profits sont variables et peuvent augmenter on diminuer. Les profits que l'on retire d'une terre augmentent ou diminuent selon les circonstances favorables ou défavorables des saisons.

Bénéfice a rapport à ce qu'une chose a coûté ou aux dépenses qu'on a faites pour faire aller une entreprise. C'est l'excédant du produit sur l'achat ou sur les dépenses.

Si j'ai acheté une chose mille francs et que je la vende quinze cents francs, j'ai un gain de cinq cents francs. Si je considère ce gain relativement à l'augmentation de la somme que la chose m'a coûté, je dirai que j'ai un bénéfice de cinq cents francs.

Bénéfice se dit particulièrement des entreprises qui exigent des avances ou des mises de fonds, et l'on entend par ce mot l'excédant du produit sur ces avances on ees mises. On a avancé quatre cent mille francs pour une entreprise, elle a rapporté cinq cent mille francs; le bénéfice est de cent mille francs. Lorsqu'il y a plusieurs personnes intéressées dans une entreprise, on partage le bénéfice ou les bénéfices.

Émolument est un mot par lequel on entend non seulement les appointemens d'une charge ou d'un emploi, mais aussi les accessoires ou bénéfices particuliers de cette charge ou de cet emploi. On dit les appointemens d'une charge ou d'un emploi, lorsqu'il n'est question que de la somme fixe annuelle que reçoit l'employé; on dit les bénéficee d'une charge, d'un emploi, pour exprimer les accessoires indépendans de ces appointemens; et l'on dit les émolumens lorsque l'on veut exprimer cumulativement les appointemens et les bénéfices.

Lucre est un mot peu usité. Il se dit de avec un accessoire d'avidité pour l'argent qui toute espèce de gain, de profit, de bénéfice, exclut tout sentiment d'honneur et de déli

catesse.

Le gain est pour les gens qui travaillent ou qui risquent leur argent; le profit pour ceux qui savent faire valoir les choses; le bénéfice pour ceux qui mettent de l'adresse et de l'ardeur dans le négoce et dans la conduite des entreprises; les émolumens pour ceux qui joignent un traitement fixe à des accessoires variables; le lucre pour les ames basses qui préfèrent l'argent à l'honneur.

BÉNET. V. BADAUD.

sujets. Du pain bénit, un cierge bénit, une
consécration. Un prince juste est béni de ses
des cérémonies religieuses.
chapelle bénite, sont des choses sacrées avec

BÉNI, IE, BÉNIT, ITE. Ce sont deux ›› Bénéfice se dit aussi de tout ce qui n'entre participes différens du verbe bénir. Le prepoint dans les appointemens fixes d'une mier se prend dans un sens moral et de louancharge, d'un emploi, mais qui résulte deges, le second dans un sens religieux et de l'exercice de cette charge, de cet emploi. Son emploi lui rapporte six mille francs sans les bénéfices. Par exemple, les bénéfices d'un receveur consistent dans la remise de tant pour cent qu'on lui fait sur les sommes qu'il reçoit. BÉNIGNITÉ, BONTÉ, DÉBONNAIRETÉ. On appelle par analogie bénéfice ce qu'on La bonté est une inclination à faire du bien; donne aux banquiers, commissionaires, la bénignité est une bonté accompagnée de de change, pour les soins qu'ils se donnent douceur, de facilité, d'indulgence, de génédans les négociations dont on les charge. On rosité; la débonnaireté est une bonté magnane peut pas dire qu'ils font des gains, car ils nime et inépuisable, qui porte à faire le bien n'ont pas pour objet un travail, une entre-généreusement, en rendant même le bien pour prise particulière; ni qu'ils sont des le mal.

agens

pro

fits, car il n'y a point là de chose positive Bonté est le mot générique, il est très dont ils retirent l'utilité: bénéfice est donc asité; bénignité est peu usité, il ne s'emploie le seul mot convenable, il exprime un excé-plus guère aujourd'hui que dans un sens irodant partiel du produit de leur profession,nique et injurieux, pour signifier une sorte

sottise.

de bonté qui tient de la faiblesse et de la | berger, celle de mœurs simples et douces; pasteur, celle d'un ministre spirituel propre à conduire les ames au salut.

BENIN, DOUX, HUMAIN. Ces trois mots désignent des manières d'agir dans la société.

En parlant des peuples anciens qui n'avaient d'autres richesses que leurs troupeaux, et où les propriétaires de ces troupeaux en prenaient soin eux-mêmes, les mots berger et bergère étaient liés à des idées de liberté, d'aisance, de propreté, d'élégance champêtre et les poètes ont chanté et chantent quel

Benin se disait autrefois de celui qui a de l'inclination, de la disposition à faire du bien; on ne le dit plus aujourd'hui, et bon l'a remplacé en ce sens. Il est cependant resté dans un sens ironique, pour indiquer celui dont la bonté tient de la faiblesse ou de la sottise.quefois les mœurs, les occupations et les C'est ainsi qu'on appelle un mari benin, celui qui souffre que sa femme mène une conduite déréglée.

Doux indique un caractère d'humeur qui rend très sociable, et ne rebute personne. Il est agréable de vivre avec les personnes douces. La douceur est une qualité qui se trouve particulièrement dans la tournure de l'esprit, par rapport à la manière de prendre les choses dans le commerce de la vie civile.

Humain dénote une sensibilité sympathique aux maux ou à l'état d'autrui.

amours de ces sortes de bergers et de bergères qui n'existent plus qu'à l'Opéra et dans l'imagination de ces poètes. Dans leurs ouvrages, berger et bergère se prennent fréquemment pour amant et maîtresse. Aujourd'hui les bergers ne sont plus que des valets de ferme dont les amours et les chansons n'offrent rien de gracieux ni d'intéressant; et les bergères sont ordinairement de pauvres villageoises qui gardent les bêtes à laine pour gagner

leur vie.

BÉQUILLARD, VIEILLARD. Vieillard Ce qu'il y a de plus, opposé à la bénignité, se dit d'un homme avancé en âge; béquillard c'est la malignité; à la douceur, c'est l'ai-ajonte à cette idée celle d'un vieillard ingreur et l'emportement; à l'humanité, c'est la dureté ou l'égoïsme.

BERCAIL, BERGERIE. Bercail se disait autrefois au propre pour bergerie. Il n'est plus guère usité en ce sens.

Les catholiques l'ont conservé au figuré pour désigner leur église cemme l'unique lieu où les fidèles puissent être en sûreté, et hors duquel ils sont égarés.

Bergerie signifie aujourd'hui ce qu'on entendait autrefois par bercail, c'est-à-dire un lieu où l'on enferme les moutons, les brebis et les agneaux.

BERGER, PASTEUR, PÂTRE. Le berger est proprement celui qui garde les bêtes à laine dans les champs, qui en prend soin dans l'étable, et les médicamente au besoin.

Pátre se dit particulièrement de celui qui garde le gros bétail, comme bœufs, vaches, etc.

Pasteur signifie littéralement qui mène paître les troupeaux; on ne l'emploie guère au propre qu'en parlant des peuples anciens qui avaient soin de leurs troupeaux, et en ce sens il est adjectif. Les peuples pasteurs. Il est plus usité au figuré, et en terme de religion chrétienne, on dit que Jésus-Christ est le souverain pasteur des ames. Les évêques, les curés, sont les pasteurs des ames qui leur sont confiées. Les protestans donnent le nom de pasteurs à leurs ministres.

Pátre réveille l'idée de mœurs grossières;

firme qui ne saurait marcher sans béquilles.

BERGERIE. V. BERCAIL.

BESACE, BISSAC. Besace, long sac à deux poches que portent ordinairement les men

dians.

Bissac, sorte de sac divisé ordinairement en deux parties, dans lequel les paysans et les compagnons ouvriers mettent leurs hardes, – et qu'ils portent sur leur dos en voyageant.

Le gueux, le mendiant, a une besace; il la porte sur les épaules, un bout par devant et l'autre par derrière : c'est son trésor. Le paysan, l'ouvrier pauvre, a un bissac; il le porte en voyage, en course, sur lui ou sur quelque monture, et il y a mis des provisions, des hardes, etc. : c'est son équipage. On dit besace pour pauvreté; être réduit à la besace.

BESOGNE, TRAVAIL. Travail se dit d'un ouvrage quelconque; il n'a rapport qu'à l'action de faire, de travailler. La besogne est un ouvrage que l'on s'est imposé, que l'on s'est engagé de faire, que l'on a besoin de faire, qu'on est obligé de faire; la besogne est d'obligation; le travail est ordinairement libre.

BESOIN, NÉCESSITÉ, INDIGENCE, PAUVRETÉ, DISETTE. La pauvreté est un état opposé à celui d'opulence; on y manque des commodités de la vie, on n'est pas maître de s'en tirer; ce n'est pas un vice en soi, mais il est pis devant les hommes. L'indigence n'est autre chose que l'extrême pauvreté; on y manque du nécessaire. La

'disette est relative aux alimens. Le besoin et la nécessité sont deux termes qui seraient entièrement synonymes, l'un pauvreté et l'autre indigence, s'ils n'avaient pas encore quelque rapport aux secours qu'on attend des autres; le besoin seulement presse moins que la nécessité. On méprise les pauvres, on a pitié des indigens, on évite ceux qui ont besoin, et l'on porte à ceux qui sont dans la nécessité. Un pauvre, avec un peu de fierté, peut se passer de secours; l'indigence contraint d'accepter; le besoin met dans le cas de demander; la nécessité dans celui de recevoir le plus petit don.

BESOIN, NÉCESSITÉ. Ces deux mots indiquent un état où l'on manque des choses nécessaires à la vie.

Le besoin est un état actuel où le manque des choses nécessaire à la vie se fait sentir vivement; la nécessité est l'extrême besoin. Le besoin et la nécessité demandent de prompts

secours.

BESOIN, PAUVRETÉ, INDIGENCE. Le besoin désigne un état actuel où l'on manque des choses nécessaires à la vie; la pauvreté et l'indigence désignent des états habituels. Dans le premier, on ne manque pas des choses absolument nécessaires, mais on est privé des commodités de la vie; dans le second on est privé de tout.

La pauvreté est une situation de fortune opposée à celle des richesses; l'indigence est un état habituel de dénuement qui demande secours suivis, mais souvent il est l'effet de la paresse.

des

Les hasards de la fortune, ou d'heureux talens tirent de la pauvreté ceux qui y sont nés, et la prodigalité y plonge les riches. Un travail assidu est le remède contre l'indigence; si l'on manque d'y avoir recours, elle devient une juste punition de la fainéantise.

BESTIAUX, BÉTAIL. Bétail se dit de l'espèce. Le gros bétail, le petit bétail; bestiaux se dit des individus considérés collectivement. BÉTAIL. V. BESTIAUX, BÊTE. V. ANIMAL.

BÊTE, STUPIDE, IDIOT. Ces trois mots sont des termes injurieux par lesquels on désigne des défauts de l'esprit.

La bête ne comprend rien; l'idiot ne concoit rien; le stupide n'est affecté de rien. BÊTISE, SOTTISE. La bêtise est un état qui résulte de l'imperfection des facultés intellectuelles.

La sottise est une qualité qui ajoute à la bêtise une idée d'activité et de prétention. Un homme qui, sans prétentions, parle à tort et à travers des choses qu'il ne sait pas, dit des bêtises. Si, en parlant ainsi, il manifeste la prétention de bien connaître les choses dont il parle, il dit des sottises.

La bêtise vient d'un défaut d'intelligence, la sottise d'un défaut de connaissance, de prudence.

La bêtise tient plutôt à la spéculation. Un homme, dit-on, fait une bêtise, pour n'avoir pas examiné sous leur vrai point de vue les idées qui l'ont porté à la dire ou à la faire.

La sottise tient plutôt à l'action. Un homme dit ou fait une sottise, parce qu'il n'a pas considéré le suites de son discours ou de son action. Un vieillard qui épouse une fille jeune et jolie fait une sottise; son action est caractérisée par l'imprudence et le défaut de bon sens. Il a fait une bêtise lorsqu'il a formé la résolution de ce mariage; il n'a pas su peser la force des raisons pour ou contre.

L'homme qui fait une bêtise ne sait ce qu'il fait; l'homme qui fait une sottise croit savoir ce qu'il fait.

On dit proverbialement qui fait la sottise la boit, et on ne dit pas qui fait la bêtise la hoit; ce qui montre que la sottise est plutôt dans l'action avec ses suites que dans la simple détermination.

Sottise se dit souvent en morale, et toujours avec un rapport à l'action et à ses suites. Vous vouliez vous faire accueillir dans cette maison, et vous commencez par contrarier la maîtresse; c'est une sottise qui vous éloignera du but.

On ne répare pas une bêtise, elle reste toujours telle; on répare une sottise, en détruisant ses effets, et en prévenant les suites qu'elle pourrait avoir.

Voltaire a dit, le temps est venu où le bon sens ne doit plus être opprimé par la sottise, c'est-à-dire par les actions des sots et par leurs suites. Il n'aurait pas pu dire par la bétise. La bêtise n'opprime point, elle n'opprime que lorsqu'elle devient sottise, c'est

On dit qu'un homme est une bête, pour dire qu'il n'a point d'intelligence, de pénétration, de discernement, de jugement, d'es-à-dire qu'elle dégénère en actes nuisibles. prit, de goût; qu'il est idiot, pour dire qu'il est incapable de combiner les idées qu'il reçoit de ses sens; qu'il est stupide, pour dire qu'il n'est capable d'aucun sentiment.

On peut faire une sottise sans être bête. Vous avez beaucoup parlé sur une matière que vous ne comprenez pas, vous avez dit des bêtises. Vous avez critiqué avec esprit un

projet auquel tient beaucoup celui de qui dépend le succès de votre affaire, vous n'avez pas fait de bétise, mais vous avez fait une grande sottise.

La bêtise n'a point de but, c'est un effet naturel; la sottise en a un dont elle s'écarte en croyant s'en approcher. L'ignorant qui veut passer pour savant bavarde beaucoup et ne dit que des sottises; la bêtise n'exige rien, ne demande rien, n'aspire à rien.

BÉVUE, MÉPRISE, ERREUR! Ces trois mots indiquent trois écarts de la vérité et indiquent leur origine.

BIEN, TRÈS, FORT. On se sert de ces trois mots pour marquer ce que les grammairiens nomment superlatif. On dit un homme très sage, un homme fort sage, et un homme bien sage.

Très est le mot propre et consacré pour désigner le plus haut degré de la comparaison. Fort n'indique qu'un haut degré indéfini, sans marquer le plus haut, en indiquant de plus la conviction que l'on a de l'existence de ce degré et en affirmant cette existence. Bien est également un peu vague; mais il exprime un sentiment d'admiration, de satisfaction, etc. Ainsi l'on dit, Dieu est très juste, les hommes sont fort méchans, la Providence est bien

La bévue est un écart de la vérité qui vient de ce qu'on a mal vu; elle est le partage de l'inexpérience on de la légèreté, ou de la pas-grande. sion qui aveugle.

pour

l'autre.

La méprise est un écart de la vérité qui résulte d'un mauvais choix ; on se méprend, on prend l'un L'erreur est un écart de la vérité qui vient d'un jugement faux, et d'une conséquence mal tirée, ou d'un défaut d'attention.

Vous avez donné légèrement votre confiance à un homme qui vous a trompé, c'est une bévue; en choisissant parmi des marchandises, vous avez pris la plus mauvaise, c'est une méprise; vous aviez envie d'écrire à un homme, et vous adressez la lettre à son frère, c'est une erreur. V. Absence.

BÉVUE. V. CACADE.

BIBERON, BUVEUR, IVROGNE. Biberon est une expression familière qui se dit d'un homme qui aime à boire et qui boit beaucoup, mais sans s'enivrer. Buveur seul signifie qui aime le vin, qui boit beaucoup de vin. S'il est question de quelque autre liqueur, on ajoute le nom de cette liqueur. Buveur d'eau, buveur de bière, buveur d'eau-de-vie. Ivrogne se dit de celui qui a l'habitude de

s'enivrer ou de boire avec excès.

Vous dites qu'un homme est très sage, pour fixer le degré de sa sagesse; qu'il est fort sage, pour affirmer qu'il l'est beaucoup; qu'il est bien sage, pour exprimer l'impression qu'a faite sur vous sa sagesse.

Très ne marque point d'autre intention que celle d'exprimer à quel point une chose est ou nous paraît être; fort marque l'intention de communiquer aux autres l'impression forte la chose a faite sur nous; bien marque que moins une intention que l'effusion naturelle du sentiment qu'on éprouve.

Ces trois mots peuvent être pris dans un sens ironique, et c'est le ton qui marque le sens. Très et fort conviennent mieux lorsque l'ironie fait entendre qu'on pèche par défaut ; bien est plus convenable pour faire entendre qu'on pèche par excès. Ainsi l'on dira c'est être très ou fort sage que de quitter ce qu'on a pour courir après ce qu'on ne peut avoir; et, c'est être bien patient que de souffrir des coups de bâton sans en rendre.

HOMME DE BIEN, HOMME D'HONNEUR, HONNÊTE HOMME. Il semble que l'homme de bien est celui qui satisfait exactement aux préceptes de sa religion, l'homme BICOQUE, MAISONNETTE. La bicoque d'honneur, celui qui suit rigoureusement les est une petite maison simple et sans art, dé- lois et les usages de la société, et l'honnête nuée d'ornemens et en mauvais état. La mai-homme, celui qui ne perd de vue, dans ausonnette est une maison petite, mais qui peut être propre et agréable et bien entretenue. Bicoque renferme une idée de mépris; maisonnette annonce quelque chose d'agréable. Les pauvres habitent les bicoques; les gens aisés ont quelquefois à la campagne des maisonnettes où ils vont pour se récréer.

cune de ses actions, les principes de l'équité naturelle. L'homme de bien fait des aumônes; l'homme d'honneur ne manque point à sa promesse; l'honnête homme rend la justice, même à son ennemi. L'honnête homme est de tout pays; l'homme de bien et l'homme d'honneur ne doivent point faire des choses que l'honBIDET, CHEVAL. Cheval est le terme gé-néte homme ne se permet pas. (Encyclopédie.) nérique. Il se dit de toute espèce de cheval. BIENFAISANCE, BIENVEILLANCE. La

Le bidet est un petit cheval que l'on monte bienveillance est un sentiment qui nous porte ordinairement et qu'on n'attelle pas aux voi-à vouloir du bien aux autres.

tures.

BIEN. V. BEAUcoup.

La bienfaisance est une vertu qui nous porte à faire du bien aux autres.

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