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imposée par l'assujettissement, à l'effet que nous ressentons toutes les fois qu'il faut faire une chose qu'il exige.

Autrefois les vassaux étaient tenus par leurs seigneurs dans un dur assujettissement, et c'était une cruelle sujétion pour eux d'être obligés de travailler gratuitement pour ces seigneurs, une grande partie de l'année. ASSURANCE, BOMERIE. Termes de commerce de mer. La bomerie est une espèce de contrat ou de prêt à la grosse aventure, assigné sur la quille du vaisseau, différent de l'assurance, en ce qu'il n'est rien dû, en vertu de ce contrat, en cas de naufrage, mais seulement quand ce navire arrive à bon port. On a donné ce nom à l'intérêt des sommes prêtées entre marchands sur la quille du vaisseau ou sur les marchandises qui y sont chargées, moyennant quoi le prêteur se soumet aux risques de la mer et de la guerre; et comme la quille d'un vaisseau s'appelle bodem en hollandais, on a nommé ce prêt bodemerie, ou bodmerie, dont nous avons fait bomerie.

ASSURÉ, SUR, CERTAIN. On dit des choses qu'elles sont certaines, pour dire qu'elles sont tellement connues, prouvées, vérifiées, qu'elles ne peuvent être révoquées en doute. L'existence de la ville de Rome est une chose certaine; deux et deux font quatre est une proposition certaine, une chose certaine, un fait certain.

On dit aussi qu'on est certain d'une proposition, d'un fait, et alors la certitude tombe non sur la chose, mais sur l'esprit qui a examiné la chose et qui en a pris, par ce moyen, une connaissance évidente.

parce qu'il est physiquement impossible que cela ne soit pas, quoique absolument et ri. goureusement parlant, cela pût ne pas être.

La certitude morale est celle qui est fondée sur l'évidence morale; telle est celle qu'une personne a du gain et de la perte de son procès, quand son procureur ou ses amis le lui mandent, ou qu'on lui donne copie du jugement, parce qu'il est moralement impossible que tant de personnes se réunissent pour en tromper une autre à laquelle ils prennent intérêt, quoique cela ne soit pas rigoureusement et absolument impossible.

Ainsi l'on est plus ou moins certain d'une chose, lorsqu'on en a une de ces trois espèces de certitudes.

On dit qu'on est sûr d'une chose, lorsqu'on en a acquis ou qu'on croit en avoir acquis une telle certitude, qu'on regarde l'opinion qu'on en a prise, comme une chose indubitable et invariablement fixée dans l'es

prit.

Une chose certaine est une chose dont la

vérité a été constatée par l'évidence; une chose sûre est une chose dont l'opinion s'est établie dans l'esprit d'une manière fixe et inébranlable, par la force de l'évidence, qu'on en a acquise. Quand on dit qu'on est certain d'une chose, on veut dire qu'on en a acquis une connaissance parfaite, par l'un ou l'autre des trois degrés d'évidence dont nous avons parlé. Quand on dit qu'on est sûr d'une chose, on veut dire que la connaissance de cette chose est tellement établie dans l'esprit en conséquence de la certitude qu'on en a acquise, qu'on en a une conviction parfaite, et que tous les efforts qu'on voudrait faire pour l'en chasser seraient inutiles. On est certain d'une chose, parce qu'on a connu qu'elle est vraie; on en est sûr en conséquence de cette connaissance. Dans le premier cas, c'est l'examen qui a agi; dans le second, c'est l'évidence obtenue par l'examen.

Mais quoiqu'on puisse dire qu'on est certain ou qu'on est sûr d'une chose, on ne peut pas dire de toute chose qu'elle est cer

Être certain d'une chose, c'est en avoir la certitude. Or la certitude est produite par l'évidence; et comme on distingue trois de grés d'évidence, savoir l'évidence métaphysi- | que, l'évidence physique et l'évidence morale, on distingue aussi, par rapport à ces trois degrés d'évidence, la certitude métaphysique, la certitude physique, et la certitude morale. La certitude métaphysique est celle quitaine ou qu'elle est sûre. naît de l'évidence métaphysique; telle est Une chose est certaine, lorsqu'elle offre celle qu'un géomètre a de cette proposition que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux angles droits, parce qu'il est métaphysiquement, c'est-à-dire absolument aussi impossible que cela ne soit pas, qu'il l'est qu'un triangle soit carré.

La certitude physique est celle qui naît de l'évidence physique; telle est celle qu'a une personne qu'il y a du feu sur sa main, quand elle le voit et qu'elle se sent brûler

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une évidence métaphysique, physique ou morale, propre à en établir la certitude dans l'esprit. Si l'évidence est telle que la chose ne puisse pas être autrement, on peut dire que la chose est certaine ; mais on ne peut pas dire qu'elle est sûre: par exemple, deux et deux font quatre, est une proposition certaine, mais on ne peut pas dire que c'est une proposition sûre, parce qu'elle est d'une évidence qui n'admet aucune variation,

aucune exception, et que la chose ne pout | à l'avenir. Ainsi l'on dit, je suis certain que pas être autrement.

Mais si la chose admet quelque variation, quelque exception absolument possible comme il arrive dans la certitude physique et sur-tout dans la certitude morale, on peut dire qu'elle est certaine ou qu'elle est sûre, selon qu'on aura en vue son évidence positive, ou son opposition aux variations, aux exceptions dont elle est susceptible. Je dis d'un évènement qui s'est passé il y a mille ans ou à mille lieues d'ici, que c'est un fait certain, lorsque je ne considère que l'évidence des preuves morales qui l'ont fait admettre comme tel. Mais je puis dire aussi que c'est un fait sûr, si je le considère comme un fait qui, absolument parlant, peut avoir eu ou n'avoir pas eu lieu. Je le présente en opposition avec toutes les possibilités qui pourraient en faire douter. C'est un fait certain signifie, en parlant de choses morales, c'est un fait établi par une évidence morale ; c'est un fait sûr signifie c'est un fait qu'on ne peut contredire par aucune des exceptions possibles qu'admet une évidence morale.

Súr se dit quelquefois des choses ou des personnes sur lesquelles on peut compter, auxquelles on peut se fier. Cette nouvelle est certaine, car elle me vient d'une voie très sûre. En ce sens sûr n'est pas synonyme de certain, car certain a toujours un rapport direct ou indirect à l'évidence, et sûr n'en a ici qu'à la confiance. On dit un ami súr, un espion sûr, et non un ami certain, un espion certain.

Sûr s'emploie ordinairement en parlant de choses qui concernent la pratique, qui servent de guide, et dans tout ce qui sert à la conduite; mais les choses que l'on

je réussirai, et je suis sûr que je réussirai. Dans le premier cas, on veut dire qu'on a examiné tous les rapports des moyens qu'on a dessein d'employer avec le succès, et que cet examen a produit une sorte d'évidence ; dans le second, on veut marquer qu'on a écarté tous les obstacles qui pourraient empêcher le succès.

Assuré a un rapport particulier à la durée des choses, et au témoignage des hommes. Cet homme a une fortune assurée. C'est un trait d'histoire très bien assuré. La faveur des princes n'est jamais bien assurée. V. CERTAIN. ASSURER. V. AFFERMIR. ASSURER. V. AFFIRMER.

S'ASSURER AUX BONTÉS DE QUELQU'UN, S'ASSURER DANS LES BONTÉS DE QUELQU'UN, S'ASSURER SUR LES BONTÉS DE QUELQU'UN. Racine a dit : Mais je m'assure encore aux bontés de mon frère.

La Harpe a critiqué cette expression. On dit, je m'assure dans vos bontés, et non pas je m'assure à vos bontés.

On dit s'assurer sur, dans le sens d'avoir confiance. Racine a dit :

Ne vous assurez point sur ce cœur inconstant. (PHÈDRE.) Ne vous assurez point sur ma faible puissance. (IPHIGÉNIE.)

ASSURER, RASSURER. Corneille et Racine ont employé assurer au lieu de rassurer.

M'assurer, dit Voltaire, ne signifie pas me doute d'une chose, on m'assure qu'elle est rassurer. Je suis effrayé, on me rassure; je vraie. Assurer avec un régime direct ne s'em

ploie que pour certifier. J'assure ce fait.

dit sûres en ce sens, ne peuvent pas être dites certaines, à moins qu'outre leur sens ASTHÉNIE, ADYNAMIE, ATONIE, Terde direction de conduite, elles ne soient susmes de médecine. Ces trois mots expriment ceptibles d'être démontrées par le raisonneun état de débilité dans le corps humain. Mais ment. On dit un remède sûr, une conduite asthénie est plus général et s'applique à tout sûre, une voie sûre, un moyen sûr, parcele système; adynamie se dit particulièrement que les mots remède, conduite, moyen, de la faiblesse musculaire; et atonie de la voie, indiquant essentiellement une direction faiblesse des organes, produite par une dimivers un but, ne sont pas par eux-mêmes suscep- nution de tonicité. tibles d'être soumis à l'évidence. Ainsi une maxime certaine est une maxime sûre, parce qu'une maxime, outre sa destination d'éclairer la conduite et d'être propre à conduire à un but, renferme en elle-même une vérité susceptible d'évidence. Ainsi une maxime certaine est une maxime dont on a connu la vérité par l'évidence, et une maxime súre est une maxime qui conduit sûrement à un but.

ASTRE, ÉTOILE. Astre est un mot général par lequel on désigne tous les corps célestes, c'est-à-dire le soleil, la lune, les planètes, les étoiles et les comètes. Par le mot étoile, on désigne les corps célestes lumineux par eux-mêmes.

Les astrologues se sont imaginé que les astres influaient sur le caractère, le tempérament, la conduite, les inclinations, la desCertain et sûr se disent aussi par rapport | tinée des hommes, et nous avons conscrvé

une partie de leur langage à cet égard. Boileau a dit qu'un homme ne doit point faire

des vers,

S'il n'a reçu du ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poète.

в

Celui qui est astreint est lié par la loi; par la règle, par les conditions, par des bienséances, etc., qui pèsent constamment sur lui; celui qui est contraint est obligé par une force actuellement active de faire une chose qu'on exige de lui.

Étoile se prend souvent pour destin. QuelLorsqu'on a fait une chose à laquelle on a ques hommes ont cru que nous avons tous été contraint, on est libre, et il ne subsiste une étoile qui nous conduit et à laquelle nous plus de lien; lorsqu'on a fait une chose à ne pouvons pas nous soustraire. Une bonne laquelle on est astreint, le lien subsiste touétoile, une mauvaise étoile ; une étoile heu-jours, et on ne laisse pas pour cela d'être reuse, une étoile malheureuse. Toutes les fois qu'il est question d'influence, il faut se servir du mot astre, et du mot étoile quand il s'agit d'un sort inévitable. On dit l'influence des nomie est la connaissance du ciel et des phé astres, et non pas l'influence des étoiles.nomènes célestes. L'astrologie est l'art de préL'étoile n'influe pas, elle conduit. On ne peut dire les évènemens futurs par les aspects, les

résister à son étoile.

Sous quel astre ton maître a-t-il reçu le jour ?
Sous quel astre, bon Dieu! faut-il que je sois née!

astreint à toutes les choses de la même espèce qui se présenteront dans la suite.

ASTROLOGIE, ASTRONOMIE. L'astro

positions et les influences des corps célestes. Les anciens appelaient astrologie ce que nous nommons aujourd'hui astronomie.

On divise l'astrologie en deux branches,

C'est ma malheureuse étoile qui m'a conduit dans cette ville. Astre présente une idée acces-l'astrologie naturelle, et l'astrologie judiciaire. soire de brillant, d'éclatant.

On voit paraître Guise, et le peuple inconstant Tourna bientôt ses yeux vers cet astre éclatant. (VOLTAIRE.)

Les poètes disent d'une belle femme que c'est un astre, ils ne disent pas que c'est une étoile. ASTREINDRE. V. ASSUJETTIR.

ASTREINDRE, CONTRAINDRE. Astreindre, du latin astringere, lier étroitement. C'est lier, assujettir à des choses dures, sévères, gênantes, et qui reviennent souvent. Je suis astreint à me lever tous les jours à quatre heures du matin. On m'a astreint à suivre

cette règle de point en point. Les moines sont astreints à prier Dieu le jour et la nuit. On a

voulu l'astreindre à des conditions humiliantes.

Contraindre, obliger quelqu'un par violence ou par quelque considération à faire

une chose.

Astreindre suppose un assujettissement résultant de quelque règle, de quelque loi, de quelque condition, de quelque usage, ou d'une libre volonté qui s'y est soumise. Cette règle astreint à un travail journalier. La loi astreint les citoyens à respecter les magistrats. L'usage astreint à faire des visites à ses parens et à ses amis, à chaque renouvellement d'année. Il s'est astreint à un régime austère. Astreindre marque toujours une action répétée; contraindre ne suppose qu'une action seule. Un domestique est astreint à exécuter les ordres de son maître, et ces ordres reviennent souvent; un débiteur est contraint payer une dette.

à

L'astrologie naturelle est l'art de prédire les effets naturels, tels que les changemens de temps, les vents, les tempêtes, les orages, les tonnerres, les inondations, les tremblemens' de terre, etc.

L'astrologie judiciaire, à laquelle on donne proprement le nom d'astrologie, est l'art prétendu d'annoncer les évènemens moraux avant qu'ils arrivent : j'entends par évènemens modes actions libres de l'homme. raux ceux qui dépendent de la volonté et

ASTROLOGUE, ASTRONOME. L'astronome connaît le cours et le mouvement des Le premier observe l'état des cieux, marque astres; l'astrologue raisonne sur leur influence. l'ordre des temps, et les révolutions qui naissent des lois établies par le premier mobile de la nature, dans le nombre immense des globes que contient l'univers; il n'erre guère dans

ses calculs. Le second prédit les évènemens, tire des horoscopes, annonce la pluie, le froid, le chaud, et toutes les variations des météores; il se trompe souvent dans ses prél'estime des savans; l'autre débite ce qu'il dictions. L'un exprimé ce qu'il sait, et mérite imagine, et cherche l'estime du peuple.

Le désir de savoir fait qu'on s'applique à l'astronomie; l'inquiétude de l'avenir fait donner dans l'astrologie. (Extrait des Synonymes de GIRARD.)

ASTRONOME. V. ASTROLOgue.
ASTRONOMIE. V. ASTROLOGIE.

ASTUCE, FINESSE. La finesse est prise ici dans un sens moral. C'est la qualité d'un esprit délié et clairvoyant qui, examinant en

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détail les choses, leurs différentes parties, les | tend à faire un plus grand mal; sur la ruse, rapports de ces parties entre elles ou avec le en ce qu'elle n'emploie pas tel ou tel moyen tout, ou avec les circonstances et les objets particulier pour tromper, mais tous les du dehors, parvient à connaître ces choses moyens les plus puissans, tous les ressorts d'une manière plus claire, plus détaillée et les plus cachés; c'est un mensonge de toute plus exacte que ceux qui n'ont pas cette qua- la personne. La perfidie est une fausseté noire lité, et qui dirige en conséquence les actions et profonde qui emploie pour mieux tromper de celui qui est pourvu de cette faculté. toutes les apparences de la fidélité, de la loyauté, de la franchise.

n'em

Il est permis d'avoir de la finesse, et ce mot, dans sa signification naturelle, porte une idée de blâme que dans l'esprit de ceux qui ont intérêt à n'être pas connus pour ce qu'ils sont. Il m'est permis d'employer la finesse avec mon ennemi, si, par ce moyen, je puis connaître les projets qu'il a formés contre moi et les détourner; si je puis connaître et rompre les moyens qu'il emploie

pour me nuire.

Si à la finesse on joint l'intention de nuire, c'est l'astuce. L'astuce est une finesse pratique dans le mal; c'est la finesse qui nuit ou qui veut nuire. Dans l'astuce, la finesse est jointe

à la méchanceté.

L'homme rusé vous mène à ses fins en cachant ses moyens; le perfide vous mène aux siennes en affectant toutes les apparences contraires. Le rusé vous fait croire une chose fausse, parce qu'elle entre dans le plan qu'il a formé pour vous tromper; le perfide manque à sa foi, à sa parole, en affectant une probité et une fidélité inviolables. Celui qui est victime de l'astuce ou de la ruse, n'a pas toujours une son égard, sans qu'il s'en aperçoive; celui confiance entière dans ceux qui les exercent qui est victime de la perfidie est d'autant trompé, qu'il a dans celui qui le trompe une plus facilement, d'autant plus cruellement

à

confiance entière fondée sur la foi des ser-
mens, sur les engagemens les plus sacrés, sur
l'assurance qu'on lui donne qu'on est inviola-
blement attaché à ses engagemens, sur des
démonstrations continuelles de fidélité, de
probité, de franchise.

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Qui pourrait blâmer la finesse d'un homme bienfaisant qui serait parvenu à connaître la situation, les dispositions, les peines d'un malheureux trop timide ou trop discret, et qui ne se servirait de cette connaissance que pour lui donner des avis utiles, des secours L'astuce et la ruse ne s'exercent guère dans nécessaires, des consolations ou de l'appui? des cas particuliers, et n'attaquent pas toujours Qui pourrait ne pas abhorrer l'astuce d'un directement les fondemens du bonheur. La méchant qui ne prend adroitement connais-perfidie s'attache à ces fondemens, elle emsance de tout ce qui concerne une personne, poisonne les sentimens du cœur, elle déchire que pour divulguer ses fautes et ses faiblesses, les liens que chérissait celui qu'elle attaque et la perdre de réputation, quelquefois même et lui fait des blessures dont il ne guérit pas pour la dénoncer? aisément. L'épouse infidèle qui accable son ASTUCE, RUSE. L'astuce est une finesse mari de caresses, de protestations d'amour et qui cherche à nuire; la ruse une finesse qui de fidélité, qui cherche toutes les occasions cherche à tromper, à en imposer. L'une tend de lui donner des preuves apparentes de sa directement à faire le mal; l'autre à cacher sagesse, de son attachement à ses devoirs, et sous de fausses apparences le mal qu'elle veut de son horreur pour le vice auquel elle s'est faire. L'astuce cache ses intentions, la ruse livrée, est une épouse perfide. Celle qui, coucache sa marche et déguise ses moyens. L'as-pable des mêmes fautes, n'a pas employé les tuce marche appuyée de la finesse; la ruse mêmes moyens pour lui en imposer, est infimarche accompagnée de la tromperie et du dèle, mais elle n'est pas perfide. mensonge. L'homme astucieux semble vous mener au bien lorsqu'il sait qu'il vous mène au mal; l'homme rusé vous mène par des voies détournées, où vous ne pouvez plus vous reconnaître, et vous y tend des pièges et des

embûches.

ASTUCE, PERFIDIE. L'astuce est une finesse qui tend à nuire; la ruse, une finesse qui tend à tromper. On en peut dire autant de la perfidie qui tient en même temps de l'astuce et de la ruse. Mais la perfidie enchérit sur ces deux vices: sur l'astuce, en ce qu'elle

On peut employer l'astuce et la ruse envers toutes sortes de personnes, mais on n'emploie la perfidie qu'envers celles auxquelles on a inspiré quelque confiance, avec lesquelles on est attaché par des devoirs, des obligations étroites ou sacrées. Plus les liens sont sacrés, plus la confiance est grande, et plus la perfidie est atroce.

Il entre de la ruse dans la perfilie, mais c'est l'excès de la ruse, la ruse portée au plus haut point de la fausseté.

ASYLE. V. ASILE.

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ATELIER, BOUTIQUE, MAGASIN, | de fâcheux; le second est attaqué d'une maCHANTIER. L'atelier et la boutique sont l'un ladie cruelle. et l'autre des lieux où l'on travaille ensemble Le mélancolique est dans un état de lanet séparément. Mais l'atelier se dit des pein- gueur et d'anxiété qui n'est souvent distingué tres, des sculpteurs, des fondeurs et de quel- de l'état ordinaire, que par l'absence de la ques autres; le chantier, des charpentiers, gaîté qui naît du contentement de soi-même; marchands de bois, constructeurs de vais-l'atrabilaire est dans un état de fermentation seaux; et la boutique, de presque tous les autres arts mécaniques. Le chantier est ordinairement plus grand que l'atelier, et l'atelier plus grand que la boutique. L'atelier et la boutique sont couverts, le chantier ne l'est pas toujours, ni presque jamais en entier. L'atelier et le chantier sont des bâtimens séparés; la boutique et le magasin sont des lieux particuliers d'un bâtiment; la première a communément une ouverture sur la rue. Les ouvrages se font dans l'atelier et dans la boutique, se renferment dans le magasin, et restent au contraire sur le chantier jusqu'à ce qu'ils soient employés ou vendus.

vivre

et d'angoisse. La tristesse du mélancolique est
morne et inquiète; celle de l'atrabilaire est som-
bre et farouche. Le mélancolique se plaît dans
la méditation qui exerce assez les facultés de
l'ame pour lui donner un sentiment doux de
son existence, et qui, en même temps, la dé-
robe au trouble des passions, aux sensations
vives qui la plongeraient dans l'épuisement;
l'atrabilaire ne se plaît à rien, il ne peut
avec lui-même, son existence lui est à charge.
Le mélancolique n'est point ennemi de la vo-
lupté, il se prête aux illusions de l'amour, et
savoure les plaisirs délicats de l'ame et des
sens; l'atrabilaire ne se prête à aucun
plaisir, son cœur est endurci. Le mélancolique,
sensible à l'intérêt que vous lui témoignez,
l'est encore aux peines de ses semblables;
l'atrabilaire, ennemi des autres et de lui-

ATINTER, PARER. Parer, c'est embellir une chose par des ornemens. Atinter, c'est parer avec un soin minutieux et d'une manière ridicule. Atinter est un terme populaire et de déni-même, voudrait ne voir que des êtres plus grement; il suppose que la personne ou la chose ne mérite pas les ornemens, est au-dessous des ornemens. Il suppose du ridicule, de la petitesse dans la personne qu'il atinte, et de l'affectation dans les ornemens.

On dit s'atinter et se parer.

ATOME, PARTICULE. Les atomes comme les particules sont les plus petites parties des corps qui servent à les composer. Mais atome se dit des particules que l'on suppose ne pouvoir être divisées; et particule est le terme ordinaire qui se dit des parties les plus petites des corps, abstraction faite de cette propriété.

ATONIE. V. ASTHÉNIE.

ATOURS, PARURE. Parure se dit des hommes et des femmes pour signifier tout ce qui peut contribuer à donner de l'éclat ou de l'élégance à leur habillement. Atours ne se dit sérieusement que de la parure et des ornemens des reines et des princesses. Partout ailleurs, il ne se dit qu'en plaisantant.

ATRABILAIRE, MÉLANCOLIQUE. Ces deux mots se disent de celui qui est triste et chagrin par l'effet du tempérament ou d'une bile noire et tenace attachée aux viscères, ou par le sentiment habituel de son imperfection, ou enfin par l'effet de quelque chagrin.

Mélancolique, dit bien moins qu'atrabilaire. L'état du premier est susceptible de plusieurs degrés, dont les plus faibles n'offrent rien

malheureux que lui. Le mélancolique meurt lentement, l'atrabilaire se tue quelquefois. La maladie de l'atrabilaire est la mélancolie portée au plus haut degré.

ÂTRE, FOYER. L'âtre est proprement l'endroit le plus enfoncé d'une cheminée, et où l'on fait le feu. Le foyer est non-seulement l'endroit où l'on fait le feu, mais encore tonte la partie de la cheminée qui s'étend depuis l'atre jusqu'au parquet. On met les matières combustibles dans l'âtre. L'âtre reçoit les cendres.

ATROCE, ÉNORME, GRAND. Ces trois adjectifs se disent des crimes, et en marquent les différens degrés. Un grand crime est un crime qui, rangé dans la classe des crimes, est porté au plus haut degré de cette classe, mais sans l'excéder. Il y a des crimes plus ou moins grands.

Énorme, du latin enormis, formé de norma, règle, et de la préposition e, signifie littéralement qui est hors de la règle et outre la mesure. Un crime énorme est une crime qui excède la classe des actions que l'on appelle ordinairement crimes; c'est plus qu'un grand crime, c'est un crime extraordinaire.

Atroce ajoute à l'énormité un sentiment extrême d'inhumanitě, de cruauté, de férocité, de barbarie, dans celui qui commet le crime. Voler est un crime plus ou moins grand, selon les circonstances; tuer up

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