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officiers ; et, fi ces difcours n'étaient pas 1773. avoués par ceux à qui vous les attribuez, on vous ferait les mêmes reproches que vous faites à l'auteur du libelle. Cette obfervation me paraît très-effentielle.

D'ailleurs, ce libelle m'eft abfolument inconnu, et aucun de mes amis ne m'en a jamais parlé. Il ferait bon, Monfieur, que vous euffiez la bonté de me l'envoyer par M. Marin, qui voudrait bien s'en charger.

Souffrez que ma lettre foit pour madame la comteffe de la Heuze comme pour vous. Ma faibleffe et mes fouffrances préfentes ne me permettent pas d'entrer dans de grands détails. Je lui écris fimplement pour l'affurer de l'intérêt que je prends à la mémoire de M. de Lalli. Je vous prie l'un et l'autre d'en être perfuadés.

J'ai l'honneur d'être, avec tous les fentimens que je vous dois, Monfieur, votre, &c.,

A M.

LETTRE V.

MARMON TEL.

A Ferney, 28 d'avril.

MON cher ami, vous venez bien à propos au fecours des libraires de Paris, qui fans vous n'auraient fait qu'une collection infipide; et, grâces aux foins dont vous voulez bien les honorer, je crois que l'ouvrage fera très-intéreffant et très-inftructif.

La tragédie de Sophonisbe n'est pas fi bien réformée que celle de Venceslas. La raison en eft qu'on n'a pas laiffé fubfifter un feul vers de Mairet.

Il y a long-temps que je cherche une occafion de vous envoyer un petit recueil pour mettre dans un coin de votre bibliothèque ; mais la contrebande eft devenue fi difficile, que je ne fais comment m'y prendre.

Je vous remercie de demeurer dans un impaffe, mais je ne vous pardonne pas d'écrire français par un o.

Je vous embraffe bien tendrement.

1773.

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C'EST toujours au premier gentilhomme

de la chambre, au grand-maître des jeux et des plaifirs, que j'ai l'honneur de m'adreffer. Je lui ai écrit en faveur de Patras, que je crois très-utile au théâtre que mon héros veut rétablir.

Je lui préfente aujourd'hui requête pour la Borde, dont on prétend que la Pandore eft devenue un ouvrage très-agréable. Je crois qu'il mourra de douleur fi mon héros ne fait pas exécuter son spectacle aux fêtes de madame la comteffe d'Artois ; et moi je reprendrais peut-être un peu de vie, fi cette aventure pouvait me fournir une occafion de vous faire ma cour pendant quelques jours.

Je crois que cette Pandore, avec fa boîte, a été en effet la fource de bien des maux puifqu'elle fit mourir de chagrin ce pauvre Royer, et qu'elle eft capable de jouer un pareil tour à la Borde. Les muficiens me paraiffent. encore plus fenfibles que les poëtes. Il y a long-temps, Monfeigneur, que je cherche le

moyen de vous envoyer un recueil qui contient les Lois de Minos et plufieurs petits 1773. ouvrages, en prose et en vers, affez curieux. Je vous damanderais une petite place pour ce livre dans votre bibliothèque ; il eft affez rare jufqu'à préfent. Ne puis-je pas vous l'envoyer fous l'enveloppe de M. le duc d'Aiguillon? J'attends fur cela vos ordres.

On va jouer les Lois de Minos à Lyon; le fpectacle fera très-beau, mais les acteurs font bien médiocres. Je compte que la pièce fera mieux jouée dans votre capitale de la Guienne. Je n'irai point voir le spectacle de Lyon : les fuites de ma maladie ne me le permettent pas; mais quand il s'agira d'obéir à vos ordres, je trouverai des ailes, et je volerai. Je vois qu'un certain voyage eft un peu différé ; tant mieux, car nous n'avons point encore de printemps, mais en récompenfe nous fommes. entourés de neige.

Conservez vos bontés à ce pauvre malade qui ne refpire que pour en fentir tout le prix. V.

N. B. On me mande que la Borde a beaucoup retravaillé fa Pandore, et qu'elle est très-digne de votre protection.

1773.

LET TRE

VII.

A M. LE COMTE D'ARGENTAL.

A Ferney, 8 de mai.

Vous voulez que je vous écrive, mon cher ange; c'eft à moi bien plutôt de vous supplier de m'écrire, et de me mander des nouvelles de madame d'Argental. Que puis-je vous mander du fond de ma retraite ? vous amuferai-je beaucoup, quand je vous dirai que je fuis en Sibérie, sous le quarante-fixième degré et demi de latitude, et que nous avons au 8 de mai plus de cent pieds de neige au revers du mont Jura; que tous nos fruits font per; que ma pauvre colonie eft fur le point d'être ruinée, et que je ferais peut-être à Paris actuellement, auprès de vous, fans la friponnerie de Valade, et l'impertinente ingratitude des comédiens? Mille contre-temps à la fois ont exercé ma patience; ma mauvaise fanté la met encore à de plus grandes épreuves.

dus

Je ne fais point du tout comment m'y prendre pour vous envoyer ce recueil à la tête duquel les Lois de Minos fe trouvent: ce qu'on peut dans un temps on ne le peut pas dans un autre : tous les envois de livres

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du

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