Émile Faguet de l'Acad. franç. En lisant Corneille. L'homme et son otemps. L'écrivain et son œuvre

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Hachette, 1913 - 275 pages
 

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Popular passages

Page 130 - Je suis maître de moi comme de l'univers ; Je le suis, je veux l'être. O siècles ! ô mémoire ! Conservez à jamais ma dernière victoire : Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous. Soyons amis, Cinna; c'est moi qui t'en convie...
Page 25 - Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits ; On m'a vu ce que vous êtes, Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du temps.
Page 126 - Punissons l'assassin, proscrivons les complices. Mais quoi ! toujours du sang, et toujours des supplices! Ma cruauté se lasse, et ne peut s'arrêter ; Je veux me faire craindre, et ne fais qu'irriter. Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile, Une tête coupée en fait renaître mille ; Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits et non plus assurés.
Page 35 - Est-il vrai , grand monarque , et puis-je me vanter Que tu prennes plaisir à me ressusciter, Qu'au bout de quarante ans, Cinna, Pompée, Horace, Reviennent à la mode, et retrouvent leur place, Et que l'heureux brillant de mes jeunes rivaux , N'ôte point leur vieux lustre à...
Page 253 - Je le suis, ma Psyché, de toute la nature. Les rayons du soleil vous baisent trop souvent; Vos cheveux souffrent trop les caresses du vent; Dès qu'il les flatte , j'en murmure : L'air même que vous respirez Avec trop de plaisir passe par votre bouche; Votre habit de trop près vous touche ; Et, sitôt que vous soupirez, Je ne sais quoi, qui m'effarouche, Craint, parmi vos soupirs, des soupirs égarés.
Page 255 - Ne les détournez point, ces yeux qui m'empoisonnent, Ces yeux tendres, ces yeux perçants, mais amoureux. Qui semblent partager le trouble qu'ils me donnent. Hélas! plus ils sont dangereux, Plus je me plais à m'attacher sur eux. Par quel ordre du ciel, que je ne puis comprendre, Vous dis-je plus que je ne dois, Moi de qui la pudeur devrait du moins attendre Que vous m'expliquassiez le trouble où je vous vois?
Page 190 - C'est la faute des dieux, et non pas des mortels. De toute la vertu sur la terre épandue, Tout le prix à ces dieux, toute la gloire est due; Ils agissent en nous quand nous pensons agir; Alors qu'on délibère on ne fait qu'obéir; Et notre volonté n'aime, hait, cherche, évite, Que suivant que d'en haut leur bras la précipite.
Page 106 - Oui, tu vois en moi seule et le fer et la flamme, Et la terre, et la mer, et l'enfer, et les cieux, Et le sceptre des rois, et la foudre des Dieux.
Page 112 - Son sang sur la poussière écrivait mon devoir *, Ou plutôt sa valeur, en cet état réduite, Me parlait par sa plaie, et hâtait ma poursuite, Et, pour se faire entendre au plus juste des rois, Par cette triste bouche elle empruntait ma voix.
Page 190 - D'un astre impérieux doit suivre les caprices, Et Delphes, malgré nous, conduit nos actions Au plus bizarre effet de ses prédictions? L'âme est donc tout esclave: une loi souveraine Vers le bien ou le mal incessamment l'entraîne; Et nous ne recevons ni crainte ni désir De cette liberté qui n'a rien à choisir, Attachés sans relâche à cet ordre sublime, Vertueux sans mérite, et vicieux sans crime.

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