Page images
PDF
EPUB

« Je montrai, dit-il, au P. Montdidier un nid de colibris qui étoit sur un appentis auprès de la maison ; il l'emporta avec les petits, lorsqu'ils eurent quinze ou vingt jours, et le mit dans une cage à la fenêtre de sa chambre, où le père et la mère ne manquèrent pas de venir donner à manger à leurs enfans, et s'apprivoisèrent tellement, qu'ils ne sortoient presque plus de la chambre, où, sans cage et sans contrainte, ils venoient manger et dormir avec leurs petits. Je les ai vus souvent tous quatre sur le doigt du P. Montdidier, chantant comme s'ils eussent été sur une branche d'arbre. Il les nourrissoit avec une pâtée très-fine et presque claire, faite avec du biscuit, du vin d'Espagne et du sucre. Ils passoient leur langue sur cette pâte ; et quand ils étoient rassasiés, ils voltigeoient et chantoient... . . Je n'ai rien vu de plus aimable que ces quatre petits oiqui voltigeoient de tous côtés dedans et dehors de la maison, et qui revenoient dès qu'ils entendoient la voix de leur père nourricier. »

seaux

Marcgrave, qui ne sépare pas les colibris des oiseaux-mouches, ne donne à tous qu'un même petit cri, et nul des voyageurs n'attribue de chant à ces oiseaux. Les seuls Thevet et Léry assurent de leur gonambouch, qu'il chante de manière à le disputer au rossignol; car ce n'est que d'après eux que Coréal et quelques autres ont répété la même chose : mais il y a toute apparence que c'est une méprise. Le gonambouch ou petit oiseau de Léry à plumage blanchâtre et luisant, et à voix claire et nette, est le sucrier ou quelque autre, et non le colibri; car la voix de ce dernier oiseau, dit Labat, n'est qu'une espèce de petit bourdonnement agréable.

Il ne paroît pas que les colibris s'avancent aussi loin dans l'Amérique septentrionale que les oiseaux-mouches; du moins Catesby n'a vu à la Caroline qu'une seule espèce de ces derniers oiseaux; et Charlevoix, qui prétend avoir trouvé un oiseau-mouche au Canada, déclare qu'il n'y a point vu de colibris. Cependant ce n'est pas le froid de cette contrée qui les

empêche d'y fréquenter en été ; car ils se portent assez haut dans les Andes pour 'y trouver une température déja froide. M. de la Condamine n'a vu nulle part des colibris en plus grand nombre que dans les jardins de Quito, dont le climat n'est pas bien chaud. C'est donc à 20 ou 21 degrés de température qu'ils se plaisent; c'est là que, dans une suite non interrompue de jouissances et de délices, ils volent de la fleur épanouie à la fleur naissante, et que l'année, composée d'un cercle entier de beaux jours, ne fait pour eux qu'une seule saison constante d'amour et de fécondité.

LE COLIBRI TOPAZE *.

Première espèce.

COMME la petitesse est le caractère le

plus frappant des oiseaux-mouches, nous avons commencé l'énumération de leurs espèces nombreuses par le plus petit de tous; mais les colibris n'étant pas aussi petits, nous avons cru devoir rétablir ici l'ordre naturel de grandeur, et commencer par le colibri-topaze, qui paroît être, même indépendamment des deux longs brins de sa queue, le plus grand dans ce genre. Nous dirions qu'il est aussi le plus beau, si tous ces oiseaux brillans par leur beauté n'en disputoient le prix, et ne sembloient l'emporter tour-à-tour à mesure qu'on les admire. La taille du colibri-topaze, mince, svelte, élégante,

Voyez les planches enluminées, no 599, fig. I.

[ocr errors]

est un peu au-dessous de celle de notre grimpereau. La longueur de l'oiseau, prise de la pointe du bec à celle de la vraie queue, est de près de six pouces ; les deux longs brins l'excèdent de deux pouces et demi. Sa gorge et le devant du cou sont enrichis d'une plaque topaze du plus grand brillant; cette couleur, vue de côté, se change en verd doré, et, vue en-dessous, elle paroît d'un verd pur; une coiffe d'un noir velouté couvre la tête; un filet de ce même noir encadre la plaque topaze; la poitrine, le tour du cou et le haut du dos, sont du plus beau pourpre foncé ; le ventre est d'un pourpre encore plus riche, et brillant de reflets rouges et dorés; les épaules et le bas du dos sont d'un roux aurore; les grandes pennes de l'aile sont d'un brun violet; les petites penues sont rousses; la couleur des couvertures supérieures et inférieures de la queue est d'un verd doré; ses pennes latérales sont rousses, et les deux intermédiaires sont d'un brun pourpré elles portent les deux longs brins, qui sont garnis de petites barbes

:

« PreviousContinue »