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dit que Paul II les avoit approuvés. On en avoit établi & créé en France par un Edit du mois de Février 1626, qui en donnoit la direction aux Commiffaires aux faifies réelles ; mais il fut révoqué par une Déclaration du 28 Juin 1627; cet Edit portoit permiffion de prêter de l'argent au denier feize, fur nantiffement.

MONTRE, fignifie une très-petite horloge, conftruite de façon qu'on la puiffe porter dans le gouffet, fans que fa jufteffe en foit fenfiblement altérée.

L'origine de ce nom vient de ce qu'autrefois on appelloit le cadran d'une horloge, la montre de l'horloge; de maniere que dans les premieres horloges ou montres de poche, toute la machine étant cachée par la boëte, on leur donna vraisemblablement le nom de ce qui feul indiquoit l'heure, qui étoit la montre.

Il'eft vraisemblable que ce fut à peu près du tems de Charles - Quint, que l'on commença à faire des montres, puifqu'on trouve dans fon hiftoire, qu'on lui préfenta une horloge de cette efpece, conime quelque chofe de fort curieux.

on

Comme dans les montres on fut obligé de fubftituer un reffort au poids, qui dans les horloges étoit le principe du mouvement, s'apperçut bientôt des inégalités qui naiffoient des différentes forces de ce reffort: on s'efforça donc d'y remédier, & après plufieurs tentatives, on parvint à inventer la fufée, qui eft sûrement la plus ingénieufe découverte qu'on ait jamais faite en méchanique.

Pour communiquer à cette fufée, le mou

vement produit par ce reffort, on fe fervít long-tems d'une corde de boyau, qui fut une autre fource d'inégalité; car cette corde, tantôt s'alongeant, tantôt s'accourciffant par la féchereffe ou l'humidité, faifoit continuellement retarder ou avancer la montre de plufieurs minutes, en très-peu de tems; enfin, Gruet de Geneve, parvint à faire de petites chaînes d'acier, qu'on fubftitua aux cordes de boyau, & le reffort fpiral ayant été inventé à peu près dans le même tems par Huyghens, on vit tout d'un coup changer la face de l'horlogerie.

Les montres acquirent par ces deux découvertes, & fur-tout par la derniere, une jufteffe qui furprend toujours ceux qui font un peu inftruits des difficultés phyfiques & méchaniques qu'il a fallu vaincre pour les porter à cette perfection.

On lit dans l'Almanach de Gotha de l'an 1776, que les premieres montres furent faites à Nuremberg, en 1500, par Pierre Hele. Elles porterent d'abord le nom d'oeuf de Nuremberg, parce qu'elles avoient une forme ovale.

En 1500, Purbach fe fervit à Vienne en Autriche de montres à minutes & à fecondes, pour fes obfervations aftronomiques. Voyez ECHAPPEMENT, HORLOGERIE.

MONTRE. On appelle auffi de ce nom une cavalcade annuelle que font à Paris les Officiers du Châtelet, revêtus de leurs robes longues, & précédés de tymbailes & de trompettes. La montre fe faifoit anciennement le jour du Mardi gras. Tous les premiers Magiflrats du Siege, les Commiffaires, les Gens du Roi & les Huiffiers y affiftcient; mais par une Décla

ration du Roi Henri II, du 31 Décembre 1558, elle a été renvoyée au lendemain de la fête de la Trinité.

Cette cérémonie tire fon origine d'un ancien ufage du Prévôt de Paris, qui fe promenoit autrefois dans la ville, le jour du Mardigras, avec les Officiers, tant pour faire luimême la police, que pour recevoir les plaintes que le Peuple pouvoit avoir à faire contre les Officiers que l'on n'ofoit pourfuivre juridiquement. Si le délit étoit léger, il le puniffoit fur le champ; s'il étoit grave, il alloit en rendre compte aux premiers Magiftrats. C'eft de-là, dit-on, qu'eft venu l'ufage d'aller tous les ans chez les premiers Magiftrats, dans le cours de la cavalcade.

Actuellement & depuis long-tems, la montre n'eft plus fi générale. Le Prévôt de Paris n'y affifte plus; elle n'eft compofée que du Lieutenant civil & des Lieutenans de police, criminel & particulier, quand ils veulent y affifter; des Avocats du Roi; de douze Commiffaires; d'un Greffier de la Chambre civile ; d'un premier Huiffier; de quelques Huiffiers Audienciers; de plufieurs Huiffiers Prifeurs, des Huiffiers à verge & à cheval.

La cavalcade ainfi compofée fe rend d'abord chez le Premier Préfident, pour rendre fon hommage au Parlement, en fa perfonne; elle va delà, dans le même ordre, chez le Chancelier chez les Présidens à Mortier, chez les Avocats & Procureurs Généraux du Parlement,chez le Gouverneur & chez le Prévôt de Paris, & enfin à Ste. Genevieve. Tout le Corps reconduit enfuite au Châtelet le Magiftrat qui y a affifté comme

Chef, & les Huiffiers à cheval & à verge feuls le reconduifent chez lui.

Il fe fait auffi une espece de montre des Huiffiers à Abbeville, tous les ans, le jour de Saint Louis.

MONUMENT. On appelle monument tout ouvrage d'architecture & de fculpture, fait pour conferver la mémoire des hommes illuftres ou des grands événemens, comme un mausolée, une pyramide, un arc de triomphe.

Les premiers monumens que les hommes ayent érigé, n'étoient autre chofe chofe que des monceaux de terre, ou des pierres entaffées, tantôt dans une campagne, pour conferver le fouvenir d'une victoire; tantôt fur un tombeau pour honorer un Héros. L'induftrie a ajouté infenfiblement à ces conftructions groffieres, & l'Ouvrier eft enfin parvenu quelquefois à fe rendre lui-même plus illuftre, par la beauté de fon ouvrage, que le fait ou la perfonne, dont il travailloit à célébrer la mémoire.

Les anciens Suédois & les Goths ont élevé quantité de ces fortes de monumens. Les Provinces de Suede & fur-tout celles des deux Gothies, en offrent un grand nombre; & l'on peut dire à ce fujet, ce que Cicéron a dit de la ville d'Athenes que par-tout où l'on paffe, on marche fur l'hiftoire.

MORDS. Les meilleures branches de mords font de l'invention du Connétable de Montmorenci, & font appellées pour cela, bran ches à la Connétable.

MORESQUES. On appelle ainfi des rinceaux ou branches de feuillages faits de caprice. On s'en fert ordinairement dans les ouvrages de damafquinure & dans les ornemens de peinture ou de broderie. L'invention en eft attribuée aux Mores, qui, fuivant leur Religion, ne peuvent ainfi que les autres Peuples Mahométans, représenter des figures d'hommes & d'animaux.

MORTIER, forte de bonnet qui anciennement étoit l'habillement de tête commun, & qui eft devenu une marque de dignité. Les Empereurs de Conftantinople fe fervoient du mortier en guife de couronne; Juftinien en portoit un garni de deux rangs de perles. Nos Rois de la premiere race les imiterent, & ce diadême paffa dans la feconde & dans la troifieme race. Saint Louis paroît avec cet ornement aux vîtres de la Sainte-Chapelle de Paris. Aujourd'hui le mortier eft une marque de dignité que portent les Préfidens du Parlement. Le mortier du Chancelier eft de toile d'or, bordé & rebraffé d'hermines; celui du premier Préfident eft de velours noir, bordé de deux galons d'or, l'un en haut & l'autre en bas. Celui des Préfidens à mortier n'a qu'un feul galon: ils le portent en cimier fur leurs armes. Les Barons le portent encore fur l'écuffon de leurs armes, avec des filets de perles.

Le mortier du Chancelier & celui des Préfidens avec leurs accompagnemens, n'eft que la repréfentation des ornemens Royaux que nos Rois leur communiquerent en leur abandonnant leur Palais de Paris, pour en faire le Temple. de la Juftice. Autrefois le mortier fe pofoit fur

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