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de Rois. La lapidation que nous avons vue employée chez les Juifs, le fut par Sigebert, Roi d'Auftrafie qui s'étoit emparé de Paris, contre des Allemands qui en avoient ravagé les environs.

Charlemagne, en 785, fe contenta de faire crever les yeux au Comte Aftrade, Chef d'une confpiration tramée contre fa perfonne. Ce genre de châtiment fut emprunté des Orientaux, chez qui il étoit alors très-commun.

Au commencement de la troisieme race, le fupplice d'enfouir tout vivant, étoit employé contre les Juifs.

La roue étoit en ufage au commencement du XIII. fiecle, & le feu, la décapitation, la potence, le pilori, fuivant les crimes, dans le XIV. & le XV, ainfi que l'efforillement & la hars. La Seine a été long-tems le tombeau de bien des malheureux. Fredégonde feule a fait connoître en France Pempalement. Voyez PENDRE, ROUE.

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TABAC, herbe ou plante originaire d'Amérique, âcre, cauftique & narcotique, laquelle cependant, préparée par l'art, eft devenue dans le cours d'un fiecle, par la bifarrerie de la mode & de l'habitude, d'un ufage prefque général. On prend du tabac en poudre par le nez, en mâchicatoire, en le mâchant, & en fumée, par le moyen d'une pipe. Ce fut vers l'an 1520 que les Efpagnols trouverent cette plante à Tabaco, dans le Jucatan, Province de la TerreFerme, & c'eft de-là que fa culture paffa à Saint-Domingue, en Marilande & en Virginie.

Hermandés de Tolede fut, dit-on, le premier qui l'envoya en Efpagne & en Portugal. Jean Nicot, Ambaffadeur de François II, auprès de Sebastien, Roi de Portugal, préfenta cette plante au Grand-Prieur de France, à fon arrivée de Lifbonne, en 1561, & à la Reine Catherine de Médicis; ce qui fit qu'on l'appellä la nicotiane, T'herbe à la Reine, l'herbe au Grand- Prieur. Elle fut encore nommée l'herbe de Sainte-Croix & l'herbe de Tournabon, du nom de deux Cardinaux, dont le dernier étoit Légat en France, & l'autre en Portugal. Enfin, on s'eft réduit à ne plus l'appeller que tabac, à l'exemple des Efpagnols.

Le tabac, regardé comme plante ufuelle & de pur agrément, n'eft connu en France que depuis 1600. Le premier Arrêt qui furvint à ce fujet, pour en défendre l'ufage, que l'on croyoit pernicieux à la fanté. Ce préjugé fut prompte

fut

Enent détruit, & le goût pour le tabac s'étendit
affez généralement & en très-peu de tems dans
toute l'Europe. Il eft devenu depuis un objet
important de commerce, qui s'eft accrû de jour
en jour. Cette denrée s'eft vendue librement en
France, au moyen d'un droit de 30 fols par
livre, qu'elle payoit à l'entrée, jufqu'en 1674
qu'il en a été formé un privilege exclufif, qui
depuis a fubfifté prefque fans interruption.

TABLE. Les tables à manger des Anciens
étoient rondes, ovales, quarrées ou de diffé-
rentes faces, & quelques-unes en croiffant. Celles
des Grecs fe plioient ordinairement. Le frêne,
l'érable, le chêne, furent employés à faire les
premieres tables; elles étoient baffes, à un ou
plufieurs pieds, fans aucun ornement. Mais
lorfqu'ils eurent pénétré en Afie par le com-
merce ou par leurs conquêtes, ils en apporterent
les mœurs & les ufages. Alors on ne vit plus à
Athenes & dans toute la Grece que des tables
de citronnier, de cedre & d'autres bois rares,
précieux & odoriférans, ornées de mofaïques
ou de marqueteries, de nacre de perle & d'ébéne.
Les pieds de ces tables étoient de même bois &
le plus fouvent d'ivoire, enrichis de lames d'or,
d'argent & d'autres matieres d'un grand prix.
Les Anciens ne mettoient tant de luxe & de
magnificence dans leurs tables, que parce qu'ils
n'avoient point l'ufage des nappes & des ferviet-
tes, & qu'ils les nettoyoient avec une éponge,
lorfqu'elles étoient fales.

Chez les Romains, du tems de la République,
les tables étoient nues & fans nappes; on les
nettoyoit à chaque fervice, & les Conviés fe
lavoient les mains. Dans la fuite, il y eut des

nappes, appellées mappa; elles étoient de toiles peintes avec des raies de pourpre, & quelquefois de drap d'or, fous certains Empereurs. Ce n'étoit point l'ufage de fournir des ferviettes aux Convives long-tems même après le regne d'Augufte, chacun apportoit la fienne. Catulle menaça du courroux de fa Mufe un homme qui lui avoit volé fa ferviette; & Martial parle dans une de fes Epigrammes, d'un certain Hermogéne qui déroboit toutes les ferviettes, & qui trouva le moyen d'emporter la nappe, un jour que les Convives n'avoient point apporté de ferviettes, dans la crainte d'être volés.

Les Grecs prenoient leurs repas couchés fur des lits, à la maniere des Afiatiques, & ne mangeoient ordinairement qu'une fois par jour, fur le foir; mais ils pouffoient leur fouper bien avant dans la nuit. A Rome, les femmes conferverent long-tems l'ancien ufage d'être affifes à . table. Elles fe plaçoient fur le bord des lits où étoient leurs maris; c'étoit auffi la place des enfans & des jeunes-gens qui n'avoient point encore pris la robe virile. Ce ne fut que vers le tems des premiers Empereurs que les Dames Romaines mangerent couchées à table, à l'exemple des hommes. Voyez LIT DE TABLE.

Philippe-le-Bel, en 1293, publia une Loi fomptuaire, qui fixe la quantité des mets qu'on fervira fur les tables. On appelloit dans ce tems grand mangier, le fouper qui étoit encore alors, comme chez les Romains, le grand repas où il n'étoit permis de fervir que deux mets, & un potage au lard, fans fraude; & au petit mangier, qui étoit le dîner, un mets & un entremets. Les jours de jeûne, on donnoit deux potages aux harengs & deux mets, ou bien un potage &

trois mets; jamais plus de quâtre plats pour les jours de jeûne, & jamais plus de trois pour les jours ordinaires. Quelle différence de nos tables avec celles de ce tems-là! On doit être aujour d'hui furpris de cette fimplicité de mœurs & de cette grande fobriété, qui étoit celle de nós Rois même & de Philippe-le-Bel, le plus dépenfier de tous les Rois fes prédéceffeurs.

Les Rois d'Angleterre obfervoient la même étiquette pour leur table; & l'on rapporte un beau trait de Henri II. Des Moines de Winchefter vinrent un jour fe plaindre de ce que leur Abbé ne leur donnoit que dix plats, au lieu de treize qu'on avoit coutume de leur fervir. Le Monarque indigné leur répondit: On n'en fert que trois à ma table; malheur à votre Abbé, s'il vous en accorde plus que la fobriété n'en permet à votre Roi.

Philippe de Valois donnant à dîner aux Rois d'Ecoffe, de Bohême, de Navarre & de Maroc, n'avoit fur table que deux cartes dorées pleines de vin. Chaque Monarque avoit fa coupe & fon aiguiere; & fur le dressoirou buffet,il y avoit une outre de cuir, dans laquelle étoit le vin du Roh

Charles VII, n'étant encore que Dauphin, s'eft vu fouvent réduit à une telle extrêmité qu'il s'enfermoit pour prendre fes repas, afin de n'être vu de perfonne. Saintraille & la Hire le trouverent un jour à table avec la Reine: tout le dîné ne confiftoit qu'en deux poulets & une queue de mouton. Charles n'avoit pas même affez d'argent pour fournir à une dépense auffi

modefte.

Il n'y a point eu de Prince qui fût fi gai à table que Henri IV, mais cependant fans trop fe familiarifer, ni fe compromettre. Ce Monarque

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