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Ar.845

COMPÈRE MATHIEU,

OU LES BIGARRURES

DE L'ESPRIT HUMAIN,

PAR L'ABBÉ DULAURENS.

Tout ce qui est au-dessus de l'intelligence
du Vulgaire est, à ses yeux, ou sacré ou
profane, ou abominable. ToM. I.

TOME PREMIER.

Bruxelles.

LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE
PETITE RUE DES MOINEAUX, No 864.

LIBRAIRIE NATIONALE ET ÉTRANGÈRE, DE COSTER ET Cie.

1

LE

COMPÈRE MATHIEU,

OU

LES BIGARRURES

DE L'ESPRIT HUMAIN.

CHAPITRE PREMIER.

Introduction. Généalogie. Arrivée à la Flèche, et ce qui s'y passa.

LECTEUR, tu vas lire l'histoire de mon Compère Mathieu, la mienne, et celle de quelques autres personnages, fameux par les différentes aventures de leur vie. Si tu ne t'intéressais qu'au sort de ceux qui, grace aux vertus de quelques ancêtres illustres, portent un nom respectable dans le monde, je te dirais que Dulaurens.-Tom. I.

1

nous comptons parmi nos aïeux des Tancrède et des Bayard; mais si tu regardes tous les hommes pétris du même morceau de boue, et tous également dignes de ton attention, je ne t'en imposerai pas je t'avouerai franchement qui nous sommes je ne te déguiserai aucun de cette multitude d'événements singuliers qui nous touchent, et dont cette histoire est remplie.

2

Tu me reprocheras peut-être qu'il n'y a ni plan ni méthode dans cet ouvrage; que ce n'est qu'une rapsodie d'aventures sans rapports, sans liaisons, sans suite; que mon style est tantôt trop verbeux, tantôt trop laconique, tantôt égal, tantôt raboteux, tantôt noble et élevé, tantôt plat et trivial : Quant aux deux premiers articles, je te répondrai que je n'ai pu décrire les événements dont il est question que dans leur ordre naturel, ni avec d'autres circonstances que celles qui les ont accompagnées. Quant à mon style, je l'abandonne à tout ce que tu pourras en penser. J'ai toujours été un ignorant; et je le serai vraisemblablement toute ma vie.

Mon Compère Mathieu et moi, naquîmes à Domfront, petite ville de Normandie, le premier dimanche d'août 1709. Son père et le mien étaient cordonniers, mais de ces cordonniers aisés, qui, sans se reposer uniquement sur le revenu du métier, trouvent, par quelque industrie secrète et particulière, le moyen de fournir amplement à la dépense du ménage, et de donner une éducation honnête à leurs enfants.

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