Page images
PDF
EPUB

GÉR. Un homme sans foi, un voleur.

SCAP. Laissez-moi faire.

GÉR. Qu'il me tire cinq cents écus contre toute sorte de droit.

SCAP. Oui.

GÉR. Que je ne les lui donne ni à la mort ni à la vie.

SCAP. Fort bien.

GER. Et que, si jamais je l'attrape, je saurai me venger de lui.

SCAP. Oui.

GÉR. (remettant sa bourse dans sa poche, et s'en allant.) Va, va vite, requérir mon fils.

SCAP. (courant après Géronte.) Holà, monsieur.
GÉR. Quoi?

SCAP. Où est donc cet argent?

GÉR. Ne te l'ai-je pas donné ?

SCAP. Non vraiment; vous l'avez remis dans votre poche.

GER. Ah! c'est la douleur qui me trouble l'esprit. SCAP. Je le vois bien.

GÉR. Qu'allait-il faire dans cette galère? Ah maudite galère ! traître de Turc!

SCAP. (seul.) Il ne peut digérer les cinq cents écus que je lui arrache.

NOTES SUR LES FOURBERIES DE SCAPIN. 2 Plaisans, wags.

Loup-garou, hobgoblin.

3 L'homme dont il s'agit, the man we are talking of. * Botte, thrust. 5 Tantôt, a little while ago.

4

6

... se trouvent dans le pas d'un cheval, are so readily to be found. 7 Manne, basket.

SCÈNE DU MERCURE GALANT,

COMÉDIE DE BOURSAULT.

LA RISSOLE, MERLIN.

LA RISSOLE, soldat ivre, se présente pour faire publier ses grandes actions dans le Mercure.

LA RISSOLE.

Bonjour, mon camarade.

J'entre sans dire gare, et cherche à m'informer
Où demeure un monsieur que je ne puis nommer.
Est-ce ici ?.

MERLIN.

Quel homme est-ce ?

LA RISSOLE.

Un bon vivant, alègre,

Qui n'est grand ni petit, noir ni blanc, gras ni maigre.
J'ai su de son libraire, où souvent je le vois,
Qu'il fait jeter en moule un livre tous les mois.
C'est un vrai Juif errant qui jamais ne repose.

MERLIN.

Dites-moi, s'il vous plaît, voulez-vous quelque chose? L'homme que vous cherchez est mon maître.

[blocks in formation]

L'un vaut l'autre. Je tiens un régistre fidèle.
Où chaque heure du jour, j'écris quelque nouvelle ;
Fable, histoire, aventure, enfin quoi que ce soit,
Par ordre alphabétique est mis en son endroit.
Parlez.

LA RISSOLE.

Je voudrais bien être dans le Mercure ;
J'y ferais que je crois, une bonne figure.
Tout à l'heure, en buvant, j'ai fait réflexion
Que je fis autrefois une belle action :

Si le roi la savait, j'en aurais de quoi vivre.
La guerre est un métier que je suis las de suivre,
Mon capitaine, instruit du courage que j'ai,
Ne saurait se résoudre à me donner congé ;
J'en enrage.

MERLIN.

Il fait bien donnez-vous patience.

LA RISSOLE.

Mordié! je ne saurais avoir ma subsistance.

MERLIN.

Il est vrai; le pauvre homme! il fait compassion.
LA RISSOLE.

Or donc, pour en venir à ma belle action,
Vous saurez que toujours je fus homme de guerre,
Et brave sur la mer autant que sur la terre.
J'étais sur un vaisseau quand Ruyter fut tué,
Et j'ai même à sa mort le plus contribué:
Je fus chercher le feu que l'on mit à l'amorce
Du canon qui lui fit rendre l'âme par force.
Lui mort, les Hollandais souffrirent bien des mals;
On fit couler à fond les deux vice-amirals.

MERLIN.

Il faut dire des maux, vice-amiraux, c'est l'ordre
LA RISSOLE.

Les vice-amiraux donc ne pouvant plus nous mordre,
Nos coups aux ennemis furent des coups fataux;
Nous gagnâmes sur eux quatre combats navaux.

MERLIN.

Il faut dire fatals et navals; c'est la règle.

LA RISSOLE.

Les Hollandais, réduits à du biscuit de seigle
Ayant connu qu'en nombre ils étaient inégals,
Firent prendre la fuite aux vaisseaux principals.

MERLIN.

Il faut dire inégaux, principaux ; c'est le terme.
LA RISSOLE.

Enfin, après cela, nous fûmes à Palerme.

Les bourgeois à l'envi nous firent des régaux;
Les huit jours qu'on y fut, furent huit carnavaux.
MERLIN.

Il faut dire régals et carnavals.

LA RISSOLE.

O dame

Me reprendre à tous coups, c'est me chiffonner l'âme Franchement.

MERLIN.

Parlez bien. On ne dit point navaux,
Ni fataux, ni régaux, non plus que carnavaux ;
Vouloir parler ainsi, c'est faire une sottise.
LA RISSOLE.

Eh mordié! Comment donc voulez-vous que je dise? ·
Si vous me reprenez lorsque je dis des mals,
Inégals, principals, et des vice-amirals;

Lorsqu'un moment après, pour mieux me faire entendre,

Je dis fataux, navaux, devez-vous me reprendre ;
J'enrage de bon cœur, quand je trouve un trigaud
Qui souffle tout ensemble et le froid et le chaud.

MERLIN.

J'ai la raison pour moi, qui me fait vous reprendre,
Et je vais clairement vous le faire comprendre.
Al est un singulier dont le pluriel fait aux :
On dit c'est mon égal, et ce sont mes égaux:
C'est l'usage.

LA RISSOLE.

L'usage? eh bien soit je l'accepte.
MERLIN.

Fatal, naval, régal, sont des mots qu'on excepte.
Pour peu qu'on ait de sens ou d'érudition,
On sait que chaque règle a son exception:
Par conséquent, on voit par cette raison seule...

LA RISSOLE.

J'ai des démangeaisons de te casser la gueule.

Vous ?

MERLIN.

LA RISSOLE.

Oui, palsandié, moi. Je n'aime point du tout Qu'on me berne d'un conte à dormir tout de bout: Lorsqu'on veut me railler, je donne sur la face. MERLIN.

Et tu crois au Mercure occuper une place,
Toi? Tu n'y seras point, je t'en donne ma foi.
LA RISSOLE.

Mordié! je me bats l'œil du Mercure et de toi.
Pour vous faire dépit, tant à toi qu'à ton maître,
Je déclare à tous deux que je n'y veux pas être.
Plus de mille soldats en auraient acheté,
Pour voir en quel endroit La Rissole eût été :
C'était, argent comptant; j'en avais leur parole.
Adieu, pays.
C'est moi qu'on nomme La Rissole.
Ces bras te deviendront ou fatals ou fataux.

MERLIN.

Adieu, guerrier fameux par tes combats navaux.

SCÈNE DES ORIGINAUX,

COMÉDIE DE FAGAN.

LE MARQUIS, LE SÉNÉCHAL.1

LE S. Monsieur, votre très-humble serviteur. Vous ne me remettez peut-être pas ? Je viens pourtant trèssouvent rendre mes devoirs à madame la marquise votre mère.

LE M. Je me souviens parfaitement d'avoir eu l'honneur de voir monsieur le sénéchal.

« PreviousContinue »