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désigne une branche d'arbre ou la tige d'une plante quelconque. Donc, d'après les sanscritologues, le coquemart serait ainsi nommé parce qu'il ressembleraft à une fleur de koku supportée par sa tige.

Qu'y a-t-il de moins exact?

L'étymologie que nous allons proposer est la seule vraie. Toute personne de bonne foi sera forcée d'en convenir.

Coquemart est composé de deux mots latins, à savoir : Coquere (faire cuire) et Mars, Martis (le dieu Mars). Par conséquent le coquemart est le vase à faire cuire de Mars ou plutôt, des fils de Mars. Or, chacun sait que Rome. était la ville de Mars, et les Romains, les fils de Mars par excellence. Le coquemart fut donc l'ustensile fondamental de la cuisine romaine. Le soldat romain en campagne, emportait un coquemart pour faire cuire ses aliments, tout comme nos troupiers modernes emportent une marmite pour le même usage.

On nous objectera, sans doute, que ni Tacite, ni TiteLive, ni Velleius Paterculus, ni enfin aucun historien latin n'a fait mention du coquemart. Qu'est-ce que cela prouve ? A quoi servirait l'étude de la céramique et de l'archéologie si ce n'était à redresser les erreurs dans lesquelles sont tombés les historiens anciens ?

Depuis les progrès récents qu'a faits la céramique, les vieux pots et les tessons d'antique vaisselle sont montés au rang de preuves historiques. Sans s'en douter, les potiers des siècles passés ont écrit l'histoire de leur époque. Un potier est un historien et tout historien devrait être potier. (Je dis potier et non pot-Thiers, car M. Thiers n'est ni sourd, ni sot comme un pot).

Pour en revenir aux preuves-pots et aux historiens

potiers, nous ferons observer que c'est dans l'étude et la connaissance approfondie de la poterie des Etrusques, que Niebhur et autres savants ont découvert l'histoire de ce peuple et les vraies origines de Rome que n'ont point connues les anciens.

Les plus simples notions de l'art céramique suffisent à établir que le coquemart est bien d'invention romaine. Qui ne reconnaîtra dans la noble et simple structure de ce vase, l'œuvre du génie des potiers de la ville aux sept collines? Le coquemart a été obtenu au moyen d'une heureuse combinaison de l'amphore et du trépied.

Il y a même des personnes qui, pour montrer la haute antiquité du coquemart, ont prétendu, qu'au contraire, c'était lui qui avait donné la première idée de l'amphore et du trépied. Mais cette opinion est évidemment fausse. Les Grecs connaissaient l'amphore et le trépied longtemps avant la fondation de Rome, et l'esprit humain ne procéde pas en allant du composé au simple, mais bien en s'élevant du simple au composé.

Le coquemart fut introduit dans les Gaules par les Romains, et parmi les cités gauloises qui s'adonnèrent à la fabrication de cet ustensile culinaire, la ville de Beauronne (Bellarunna Petrocoriorum) fut celle qui se distingua entre toutes.

Ce fait nous est attesté par une quantité assez considérable de médailles gallo-romaines que nous conservons dans notre musée particulier et dont nous publierons, quelque jour, une notice descriptive accompagnée de planches.

Beauronne n'a pas perdu sa réputation coquemarturgique, et les coquemarts fabriqués ailleurs ne sauraient

soutenir la comparaison avec ceux qui sortent des mains des potiers Beauronnais. Qui de vous, lecteurs, n'a vu ces dignes potiers, hommes d'une simplicité antique, parcourir nos campagnes du Périgord. suivis d'un âne portant dans des paniers un assortiment complet de coquemarts et d'autres pots ou plats en terre cuite. Ils les vendent à nos paysans, chez lesquels l'usage des poteries de terre s'est perpétué jusqu'à nos jours, en dépit de l'envahissement croissant du luxe.

Nous avons dit quelle était, selon nous, l'étymologie du mot coquemart. Nous avons ajouté un court historique de la fabrication et des destinées diverses de l'objet que désigne ce mot. Assurément le coquemart, ce vase qui servit aux Cincinnatus et autres héros de la Rome primitive pour faire cuire les légumes et les viendes qu'ils préparaient eux-mêmes de leurs mains victorieuses, eût mérité d'avoir un historien plus savant que celui qui a écrit ces quelques lignes, un historien qui lui eût consacré des pages plus nombreuses.

L'histoire du coquemart est à faire. Nous nous flattons d'avoir donné l'éveil et nous sommes en droit d'espérer, qu'à une époque comme la nôtre, où l'on se fait une gloire de réhabiliter un tas de gredins et une foule de détestables institutions du passé, le coquemart aura, lui aussi, sa réhabilitation. Ce noble pot, qui après avoir eu la place d'honneur dans la cuisine des vainqueurs du monde, est relégué maintenant dans le coin le plus obscur de la chaumière des plus pauvres de nos campagnards, sera tiré de l'injuste oubli où l'ont laissé jusqu'à présent d'oublieux archéologues.

(Ceci a été publié pour la première fois dans le Libéral Napoléonien, de Ribérac, no du Vendredi 28 juin 1867 et pour la seconde fois en brochure, Ribérac, Bounet 1868, in-8, tirée à une soixantaine d'exemplaires).

Je ne me parerai pas des plumes d'autrui, et je ne couronnerai point ma tête des lauriers cueillis par d'autres que par moi.

L'idée de parodier les mémoires scientifiques et de traiter des sujets badins d'un style grave et sérieux, est très ancienne; je ne sais qui l'a eue le premier, mais je ne suis pas assez ignorant pour m'être imaginé, un seul instant, que ce pourrait être moi.

Vers 1744, une compagnie de littérateurs champenois publia des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions, belles-lettres, beaux-arts, etc......., nouvellement établie à Troyes, et ces mémoires ne sont autre chose que des parodies de ceux de l'Académie des sciences, inscriptions, belles-lettres, etc....., de Paris.

Parmi les dissertations qui figurent dans les Mémoires de l'Académie de Troyes, je n'en citerai qu'une elle

donnera un avant-goût du livre. Elle roule sur un ancien usage, et cet ancien usage est celui où étaient les habitants de Troyes d'aller, de temps immémorial, faire dans une certaine rue de la ville quelque chose qui ne se dit pas, mais qui se sent fort bien. Cette dissertation est farcie de citations grecques, latines, etc. ....

Les archéologues et les philologues ne sont pas les seuls dont l'érudition puisse fournir des motifs de parodie. Tous les érudits sont dans ce cas médecins, jurisconsultes, etc.....

Voici, par exemple, quelques-unes des questions posées et examinées dans un recueil de facéties, publié à Bruxelles en 1857: L'Annulaire agathopédique et saucial.

Quelle est, selon vous, l'origine et la destination des comètes? Partagez-vous l'opinion du savant théologien de Ram qui regarde ces astres comme une conséquence immédiale du péché d'Adam?

Les fortifications de Troie, bâties d'après le système hydraulique de Simon Stevin, ont-elle résisté aux Grecs, pendant dix ans, parce qu'elles étaient construites à l'épreuve du canon, du mortier et autres batteries de cuisine, ou parce que les ouvrages avancés se composaient de lunes entières, de demi-lunes et de lunettes ?

Croyez-vous que le carré de l'hypothénnse soit une réfutation suffisante du Panthéisme?

L'adultère consommé sur un mur mitoyen peut-il être considéré comme perpétré dans le domicile conjugal? Elucidez l'espèce, et, sans être trop long (Troplong), mettez au pied du mur les auteurs qui ont approfondi cette matière délicate.

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