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soupirant pour leurs sempiternelles princesses.

Parmi les écrivains dont le style a été le plus souvent parodié, on compte Châteaubriant et Victor Hugo. Il existe une parodie d'Atala sous le titre de: Alala, ou les habitants du désert, parodie d'Atala, ornée de figures de rhétorique. Au grand village. (Paris) 1801. Et les Chansons des grues et des oies sont la parodie des Chansons des des rues et des bois.

Tout le monde sait que Scarron a travesti l'Enéide de Virgile en vers burlesques.

Mais il est des parodies spéciales à la littérature provinciale ce sont les parodies en patois. Je citerai à titre d'exemple: la Henriade de Voltaire, mise en vers burlesques auvergnats, par Faucon, Riom 1798. 1. v. in-18.

Presque toutes les traductions patoises des poètes grecs et latins ne sont à proprement parler que des parodies.

Ainsi, il parut à Périgueux en 1863, chez Charles Rastouil, une petite brochure patoise: La première églogue de Virgile, traduite en vers patois par Guillandoux, de Marsaneix. Dans cette traduction, Tytire et Mélibée sont travestis en Jontou et Giroux. Virgile termine par ces deux vers:

Et jam summa procul villarum culmina fumant.
Majoresque cadunt altis de montibus umbræ !

Que Guillandoux rend ainsi :

Car deydza lous foudziers font mountà lour fumado
Et l'oumbro d'ooux toriers n'en ey touto éyloundzado!

NOTE. Si je ne n'avais pas craint d'allonger, jusqu'à en devenir fatigant, cette série d'articles relatifs à la Petite presse en province, j'aurais placé sous ce numéro-ci et sous quelques-uns des suivants un petit Traité de la parodie. Les cours élémentaires de littérature et ceux qui ne son! pas élémentaires du tout négligent beaucoup trop, à mon avis, une portion de la littérature qui, pour n'être que très secondaire, n'en est pas moins digne d'attention et fort curicuse: c'est la littérature facétieuse, badine, burlesque, etc....

Vendredi, 25 Septembre 1868.

XXVII. *

A même de montrer mon savoir faire dans le genre de la parodie, sans pour cela sortir du cadre de cet ouvrage, je serai certainement excusable de céder au désir que j'éprouve de le montrer.

L'opuscule que je vais présenter comme échantillon est une plaisanterie à l'adresse des antiquaires, des antiquaires provinciaux en particulier. A défaut de tout autre mérite, elle a, du moins, celui de la briéveté.

Messieurs les antiquaires et archéologues, collectionneurs de curiosités, fureteurs de bouquins, déchiffreurs de vieilles paperasses, sont tous gens pour lesquels je professe la plus haute estime, et qui rendent à l'histoire et à la science des services très réels. Mais ils ne sont pas parfaits. Ils ont généralement une grande propension à exagérer l'importance de la moindre découverte, quand ils ont le bonheur d'en être les auteurs. Le ton des mémoires et brochures, qu'ils ne manquent presque jamais de faire imprimer à ce sujet, se ressent de cette fâcheuse propension. Et c'est le ridicule de ce ton que je me suis essayé à faire ressortir.

Comme les mémoires parodiés sont quelquefois publiés dans les journaux, grands ou petits, des départements, j'ai raison de prétendre que ma parodie n'est pas complètement en dehors du plan de ce livre. Elle s'y rattache par un lien très faible, je le veux, mais il me suffit qu'elle s'y rattache pour me croire autorisé à en faire le complément du chapitre précédent.

Les érudits, les lettres et les savants de nos jours, qu'ils habitent Paris ou la province, ne ressemblent plus aux vieux pédants en us d'autrefois, aux Trissotins et aux Vadius; ils ne se figurent pas être impeccables et entendent très bien le mot pour rire. Et puis, je n'ai pas mis trop de vivacité dans ma critique. Je ne redoute donc pas qu'ils me conservent rancune pour avoir voulu m'égayer un peu à leurs dépens.

Étymologique, Philologique, Glossologique, Archéologique, Céramiquologique, Critique et Historique

SUR LE

COQUEMART

POT ROMAIN

Dont l'Origine remonte aux premiers siècles de la République.

Tous nos lecteurs savent parfaitement ce que c'est qu'un coquemart, mais beaucoup ignorent que ce pot, qui n'a l'air de rien, est un pot célèbre. Ce n'est pourtant ni le pot aux roses, ni le pot au lait. Ainsi que son nom l'indique suffisamment, le coquemart est d'invention romaine.

Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Certains savants linguistes ou linguisciants (linguam scire) qui vont toujours chercher au loin ce qu'ils ont sous la main, et qui veulent que tous les mots soient dérivés du sanscrit, ont donné pour étymologie au mot coquemart, la suivante :

Koku, disent-ils, est le nom sanscrit d'une plante dont les fleurs jaunes émaillent, au printemps, toutes les prairies. Dans l'Inde comme en France les fleurs du koku sont l'emblème des maris malheureux. Mar, de son côté,

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