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baisser le bras et changer l'aspect, au grand déplaisir du maître. Cependant, à force d'attention et de recommandation, le trait fut arrêté selon l'intention première; et comme M. Gérard baissait encore le bras, David lui cria : « Ah! que tu es mou ! descends de làhaut et prends ma palette, tu peindras mieux cette main-là que tu ne la poses. » — Quelle gloire pour l'élève, et comme un tel éloge devait doubler son zèle !....

Un autre portrait de Napoléon, commandé à notre grand peintre par lord Douglas, peut être considéré comme un second chef-d'œuvre. Ce portrait, le plus ressemblant qui ait été fait de l'empereur, est simple de composition, d'un dessin pur et d'une couleur vraie, quoique vigoureuse. Le général est figuré en habit de garde national, debout, la main droite dans sa veste et tenant sa tabatière de la main gauche.—« J'ai représenté mon héros, me disait David, dans le moment de sa vie qui lui est le plus habituel, le travail. Il est dans son cabinet, ayant passé la nuit à composer le Code Napoléon; il ne s'aperçoit du jour naissant que par ses bougies qui s'éteignent et par la pendule qui vient de sonner quatre heures du matin ; alors il se lève de son bureau pour ceindre l'épée et passer la revue de ses troupes. »

Enfin, la postérité admirera comme nous le portrait de Pie VII, que David peignit au château des Tuileries, où demeurait Sa Sainteté pendant son séjour à Paris, à l'époque du couronnement. Quelle simplicité de pose! quelle perfection dans le coloris!... C'est un tableau parfait, qui, dans tous les temps, sera un objet d'étude pour les peintres (1). On le voit au Musée du roi.

L'avantage d'un portrait est de retracer à nos yeux les personnages dont la gloire, les vertus on les malheurs nous ont long-temps occupés ; il entretient aussi dans le cœur les liens les plus tendres en nous rappelant les traits d'une personne aimée, soit qu'elle n'existe plus, soit qu'elle vive éloignée de nous ceux de David, par leur beauté et leur extrême vérité, ont ce mérite par dessus tous les autres.

David, dans le cours de sa vie, a reçu les honneurs qui étaient dus à son grand talent: je ne parlerai, ni des décorations, ni des récompenses qu'il a si justement méritées. Honorer les arts, c'est s'honorer soi-même : l'empereur Napoléon étant dans son atelier, où il s'était rendu en grand appareil pour voir le tableau de la Distribution des Aigles au Champ-de-Mars, émerveillé de la disposition des groupes, de la richesse du coloris et de la perfection du dessin, après avoir témoigné son contentement au peintre, et lui avoir ' prodigué les éloges les plus flatteurs, passant devant lui, ôta respectueusement son chapeau, en disant Honneur au premier talent!

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Eugène David, capitaine de cuirassiers, fils de l'immortel artiste, ayant été grièvement blessé à la bataille de Leipsick, fut conduit au général en chef de l'armée autrichienne, qui, en apprenant son nom, le fit mettre sur-le-champ en liberté, lui envoya son chirurgien, et donna ordre de le traiter comme son propre fils.

David ne bornait pas ses travaux à la peinture et à l'instruction de ses élèves. Soigneux de tout ce qui appartient à l'art du dessin, nous l'avons vu porter la science de l'antiquité jusque sur la scène française; il fournit souvent des dessins pour les costumes des tragédies nouvelles, et produisit une révolution complète dans cette partie de l'art. Les résultats en furent immenses; le public, qui était accoutumé à voir les héros grecs et romains vêtus de la même manière, en habits de satin ou de brocard d'or, la tête couverte d'une espèce de bonnet galonné, chargé de plumes et d'oripeaux, reconnut bientôt le ridicule de ces traditions, I applaudit à une réforme d'autant plus nécessaire, que l'observation exacle des costumes n'est pas une des moindres sources de l'illusion.

Lekain est le premier qui ait osé paraître sur le théâtre de Versailles et de Paris avec un costume à peu près analogue à son rôle. Avant lui on jouait Achille, Cinna et Néron avec un habit à la française et un chapeau brodé en or, garni de plumes, comme on nous représente Louis XIV en habit de ville. Ainsi Achille et Cinna paraissaient sur la scène ha

(1) Suivant un ancien usage, il fallait se placer à genoux pour peindre un pape. David ne se soumit pas à cette humiliante étiquette, qui n'était plus de saison : il était assis devant son modèle, mais décemment vêtu, en habit à la française et l'épée au côté.

billés comme le Misanthrope ou le marquis des Précieuses ridicules. Les femmes portaient des jupons brodés et des robes d'étoffe brochée en or ou en soie, à grands ramages; pour coiffures, les cheveux étaient bouclés et poudrés, surmontés d'un toquet et d'une plume; c'est ainsi qu'elles jouaient indistinctement Clytemnestre, Agrippine, Athalie, Cléopâtre ou Elisabeth, reine d'Angleterre........... Dans ma jeunesse, on voyait encore paraître, dans le prologue de l'Amphitryon de Molière, Mercure et la Nuit vêtus en dominos.

La révolution complète du costume théâtral est liée sur la scène française à la première représentation d'Agis, où Larive, qui jouait le principal rôle, parut habillé à la manière des Lacédémoniens, ayant une cuirasse fort simple et un manteau blanc, ainsi que David lui en avait dessiné le costume; à cette représentation, les hommes et les femmes rappelaient positivement les personnages qui figurent sur les vase grecs peints, connus sous le nom de vases étrusques.

Le public reçut avec enthousiasme cette heureuse innovation, qui bientôt fut imitée sur tous les théâtres de la capitale ; les meilleurs acteurs venaient consulter le peintre des Sabines et de Léonidas sur le style et la coupe des habits propres aux rôles qu'ils avaient à remplir. On sait que Talma, rigoureux observateur des convenances théâtrales, s'est singulièrement formé à cette école de David.

Notre grand artiste a encore fourni les divers dessins du costume des sénateurs et des députés de l'empire. Cette collection, qui existe originale à la Bibliothèque du roi, a été gravée par le baron Denon. Celui que David a donné pour les jeunes gens de familles, enrégimentés en 1793, sous le nom d'Elèves du Champ-de-Mars, n'est pas moins intéressant; l'épée, surtout, espèce de parasonium antique, a été remarquée. Le modèle de cette arme curieuse se trouve dans la riche et nombreuse collection d'armures du dépôt d'artillerie, rue Saint-Dominique.

Enfin, nous ajouterons que l'industrie et le commerce, l'ame des grandes cités, ont également éprouvé une restauration heureuse dans la facture des étoffes et dans la fabrication des meubles, par la copie exacte des modèles et des dessins d'après les bas-reliefs antiques donnés et fournis par David aux principales manufactures.

Les dernières paroles de ce peintre célèbre sont une grande et belle leçon sur l'art qu'il professait; je les rapporterai, parce qu'elles sont de nature à intéresser les peintres, aussi bien que ceux qui aiment les arts sans les cultiver.

David proscrit, attaqué d'une maladie mortelle, était languissant depuis plusieurs années. Un artiste d'une talent distingué, M. Laugier, s'occupait de la gravure du beau tableau des Thermopyles; désirant recevoir les avis du grand peintre qu'il avait à imiter, il résolut de faire le voyage de Bruxelles pour lui montrer son ouvrage avant de le terminer. David était souffrant, faible et fort accablé le jour que l'artiste, disciple de Girodet son élève, se présenta chez lui. Ceux qui entouraient le malade, le supposaient hors d'état de recevoir et encore moins de donner son avis sur une gravure qui n'était pas achevée; mais M. Laugier avait quitté Paris; il avait fait le voyage exprès; il insiste... Eugène David parle à son père; le patriarche de la peinture reçoit son graveur.

Le nom de Léonidas, ce qui se passa aux Thermopyles, avaient ranimé son esprit ; il veut voir encore une fois la copie de cette composition où se rattachent de si grands souvenirs et une partie de sa gloire; il la fait mettre sur ses genoux: ses yeux sont extrêmement affaiblis; la disposition du jour n'est peut-être pas favorable, il ne voit pas assez pour juger du mérite de l'ouvrage qu'on lui présente; attache, dit-il à son fils, cette gravure à la tapisserie, près de la fenêtre, et roule mon fauteuil devant.

David, en voyant la traduction de son tableau, s'anime peu à peu, recouvre son ancienne énergie et toute son imagination. Après avoir examiné l'ouvrage de M. Laugier dans son ensemble, il lui dit : « — C'est bien, mon ami. — Je suis content de l'effet général; mais le dessin n'est pas tout à fait cela..... Prends garde à ce groupe de guerriers qui' sonnent la trompette du signal, à ceux qui détachent leurs boucliers des arbres, et à celui qui grave sur le roc les noms glorieux de ses compagnons d'armes : tous vont combattre pour la patrie; ils mourront tous, et ils le savent... Vois-tu, tu n'as pas saisi les formes austères et vigoureuses que j'ai données à mes Spartiates: tu en as fait des Français, mon ami;

c'est une grande faute.-Si tu veux terminer ta gravure comme il faut, et obtenir le succès que tu dois en recueillir, inspire-toi de l'énergie et du sentiment dont j'étais animé moimême en traçant mes figures sur la toile; rappelle-toi surtout que les Grecs de Sparte, autre ment élevés que ceux d'Athènes, avaient une physionomie appropriée à leurs mœurs, et des formes plus développées.-Raphaël et Poussin, modèles sublimes à imiter, n'ont jamais négligé de donner aux personnages de leurs tableaux le caractère national qui leur convenait!...» Ici, le célèbre professeur se sentant fatigué, prit du repos : pendant ce repos, voyons sur le tableau même les différens groupes dont il vient de parler :

— La trompette sonne le signal du combat. Les sacrifices ont cessé; la lyre est suspendue au chêne. On voit que tous les guerriers sont résolus à mourir. Le calme qui règne sur leur visage, fait sentir que cette résolution ne leur a rien coûté, parce que la loi l'or donne; mais ce calme même rend; leur dévouement plus terrible : il annonce qu'ils verdront chèrement leur vie.

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- A droite, dans un coin du tableau, sur le premier plan, des soldats reprennent les boucliers qu'ils avaient attachés aux branches des arbres; sur le même plan, dans le coin opposé, ce Spartiate condamné à une cécité momentanée, se fait conduire par un esclave au combat. Derrière lui, un de ses compagnons s'est élancé sur un roc, auquel il se cramponne d'une main; dressé sur la pointe de ses pieds, il grave de l'autre main sur la pierre, avec le pommeau de son épée, la célèbre inscription: Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois.

David continue son examen et reprend ainsi :

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Voyons maintenant la tête de Léonidas que j'ai dessinée et peinte d'inspiration (1)! - Elle n'est pas mal : allons, mon ami; allons, courage; je ne suis pas mécontent. Cependant, tu n'as pas tout à fait compris le caractère du héros grec, qui à lui seul est m poëme entier. Revois avec attention l'enchâssement des yeux, le mouvement des prunelles dans lesquelles se peint toute sa pensée; revois aussi le dessin de la bouche qui exprime l'héroïque et profonde méditation du descendant d'Alcide. Lorsque tu termineras ce grani travail, observe bien, je te prie, l'expression de l'original; préserve-toi principalement de ce que j'appelle, la petite exécution... Ensuite, se tournant vers M. Laugier, qui s'était appuyé sur son fauteuil, il lui dit : Sais-tu bien qu'il n'y avait que David qui pût peindre Léonidas (2)!.....»

Léonidas, est, en effet, dans l'attitude d'un homme qui réfléchit. La pose de cette figure est admirable: elle a le caractère éminemment beau des camées antiques. C'est bien là le calme d'un héros qui a pris son parti et qui sait que le sort de la guerre y est attaché; ou plutôt, c'est l'impassibilité du demi-dieu de qui Léonidas se faisait gloire de descendre. En voyant tout l'Orient fondre sur sa patrie, il a jugé qu'il était nécessaire d'étonner les Perses et de ranimer les Grecs; il a calculé que sa mort et celle de 'ses compagnons produiraient ces deux effets. Il était absorbé dans ces grandes pensées lorsque la trompette a sonné. A ce signal, la main qui tient l'épée à frémi d'un mouvement presque machinal; la jambe droite s'est comme involontairement portée en arrière; ce mouvement ne s'est passé que dans le corps; l'ame est encore tout entière au grand dessein qui l'occupe, mais

(1) Cela est tellement vrai, que j'ai vu cette tête complètement terminée, aussi belle et aussi admirable qu'elle est dans le tableau, peinte isolément et seule sur cette vaste toile, où il n'y avait encore que la composition tracée au crayon blanc.

(2) Ce mot ne doit pas être pris dans l'acception ordinaire. On pourrait supposer qn'un mouve ment d'orgueil l'a inspiré à David; il était au-dessus d'un sentiment aussi bas; il aurait avili son beau talent. Le peintre des Sabines n'en a jamais manifesté la moindre atteinte; nous l'avons prouvé à plusieurs reprises. On ne doit y voir qu'une expression d'enthousiasme bien permise à un grand artiste qui a la conviction intime de la perfection de son ouvrage.

C'est en suivant la dernière leçon donnée par David, que M. Laugier a produit une des plus belles gravures qui ait paru depuis long-temps.

on sent qu'elle va sortir de sa méditation et que le héros va remplir sa destinée (1)... « Mon ami, reprit David d'une voix altérée, je te recommande expressément de ne pas rappeler, dans la traduction de mon tableau, le mauvais goût et les mauvaises formes adoptées dans les écoles de Natoire, de Van Loo, dont le dessin... » A ces mots, le grand homme, affaissé sur lui-même, dit à son fils : — J'ai froid, ramène-moi auprès du feu..... Il baissa la tête, ne dit plus un mot, et il expira peu de jours après dans les bras de sa fille et de son fils.

Telle fut la fin tranquille du peintre des Horaces, des Sabines et de Léonidas; il s'éteignit comme ces météores qui disparaissent de l'horizon après avoir répandu sur le globe l'éclat de leur lumière...

Louis David mourut à Bruxelles, le 23 décembre 1825, dans la 78° année de son âge,

Le chevalier Alexandre LENOIR,

Créateur du Musée des Monumens français, administrateur des monumens de

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Le moyen âge, après avoir été long-temps dévoué au mépris, a vu, en France, une réaction puissante s'opérer en sa faveur; mais ce mouvement était commencé en Allemagne depuis long-temps. Cette terre classique de la patiente et solide érudition. voit une foule de curieux et d'archéologues interroger sans cesse les moindres débris qui la couvrent, fouiller dans ses entrailles et s'efforcer de reconstruire le passé. Parmi le grand nombre de recueils consacrés à constater le résultat de ces actives recherches, nous recommanderons à nos lecteurs les Documens pour l'histoire de l'Allemagne au moyen âge dont M. le baron d'Aufsesz commença la publication à Nuremberg, en 1832, et que dirige seul aujourd'hui M. Mone, à Carlsruhe, après avoir aidé de sa savante collaboration le premier fondateur. Nous remarquerons que M. Mone, l'un des hommes qui connaissent le mieux les antiquités et la littérature du Nord, était, avant 1830, professeur de

(1) Cette description très-remarquable du tableau des Thermopyles, insérée dans le Moniteur du temps, est de M. Miel,

statistique et d'histoire politique à l'université de Louvain, où son absence a laissé une lacune difficile à remplir.

Le recueil dont nous parlons est un assemblage de renseignemens et de faits de toute espèce. Ici la forme n'est rien, on n'a songé qu'aux choses, et les plus humbles ont excité la sollicitude des éditeurs. Annonces des publications nouvelles et des articles des journaux relatifs à l'époque dont ils s'occupent, extraits des manuscrits, signalemens de livres rares, de monnaies ou médailles nouvellement découvertes, lettres runiques, inscriptions tumo laires et autres, vitraux coloriés, édifices, sculptures, musique, peinture, usages, obser vations critiques, demandes, doutes, solutions, tout cela se succède en quelques lignes et ne laisse pas que de jeter quelque désordre dans l'esprit par le défaut de liaison entre des indications si diverses et si multipliées. Cependant il faut ajouter que, depuis que M. Mone a pris la direction du journal, les petits faits devenus plus rares sont remplacés par des dissertations qui, sans être fort étendues, n'en sont pas moins substantielles et présentent souvent des vues originales sur des questions graves ou mal comprises. On se tromperait beaucoup si l'on s'imaginait que ce journal n'offre de ressources qu'à ceux qui étudient l'Allemagne, il peut être aussi d'une grande utilité aux personnes qui s'appliquent à éclaircir les points obscurs de l'histoire des Français, d'abord, parce que les nations s'expliquent les unes par les autres, ensuite, parce qu'il renferme des particularités qui ont un rapport direct avec la France.

Les deux premières années, 1832 et 1833, publiées par M. d'Aufsesz, forment deur volumes in-4° de 324 et 336 colonnes, ornés d'un joli frontispice dans le style gothique et de quelques planches. On y trouve une quantité prodigieuse de renseignemens du genre que nous avons dit, et, entre autres, des remarques sur les langues germaniques, des poésies inédites, particulièrement des chansons, et des notes sur la fable du Renard, dont M. Raynouard a entretenu récemment les lecteurs du Journal des Savans. Parmi les écrivains qui se sont associés à l'estimable entreprise de M. d'Aufsesz, un des plus laborieux et des plus instruits, est certainement M. Hoffmann Von Fallersleben, à qui nous sommes redevables d'un des meilleurs livres sur l'ancienne poésie flamande et hollandaise, intitulé Hora Belgica, et qui a mis au jour, l'année passée, une édition du Reineke vos, d'après celle de Lubeck de 1498, pendant que M. J. Grimm publiait d'autres textes de la même fable, et que M. Willems, persuadé que c'est primitivement une production belge, la rendait à sa patrie, en la reproduisant en vers flamands modernes. Dès la seconde année, l'assistance de M. Mone se fait sentir par une foule'de communications piquantes, telles que celle d'une chanson de moines du quinzième siècle, tirée d'un manuscrit de la bibliothèque du séminaire de Liége, de plusieurs autres pièces de poésie, tant latine, qu'allemande, de conjectures sur le mot gral, si fameux dans les romans d'Artus et de Perceval, etc. MM. Leyser et Massmann ont aussi fourni leur contingent.

Le cahier de la troisième année (1834), composé jusqu'ici de 336 colonnes, sans planches, et auquel il manque encore quelques feuilles, porte, sur sa couverture, les noms de MM. d'Aufsesz et Mone. Le progrès s'y laisse toujours apercevoir. On y donne plus souvent des morceaux qui concernent le droit civil et politique, les extraits de manuscrits y sont plus importants. On voit que le séjour de M. Mone en Belgique n’a pas été infructueux, car il cite à tout moment des manuscrits de Bruxelles et de Liége dont on ne parlait point avant lui, et en exhume d'abondantes richesses. Aux colonnes 107, il 112, recueille même des inscriptions, et passe en revue des édifices qui l'ont frappé dans notre pays. Une longue dissertation du même, sur les Wiezen, est de nature à intéresser les savans continuateurs de don Bouquet. Les amateurs de notre ancienne poésie liront également avec plaisir la notice d'un manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, relative à Lohengrin ou Garin le Loherins, au roi de Lille-Fort, et à la reine Matabrune, aucêtres supposés de Godefroid de Bouillon. Une description du terrible géant Antigone, qui désolait autrefois les rives de l'Escaut, description tirée d'un manuscrit latin de l'université de Liége, ne sera pas négligée par les amateurs des mythes populaires. M. Mone fait encore connaître les poésies latines de Godefroid de Tirlemont; il examine, avec sa cri. 1ique déliée, le Renard de M. Grimm, dont nous venons de parler, raconte la tradition de

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