Corinne, ou, L'Italie, Volume 3

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Chez Colburn, libraire, 1809 - Italy
 

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Page 238 - Sans doute, dans une semblable situation, la figure d'une véritable mère serait entièrement bouleversée ; mais l'idéal des arts conserve la beauté dans le désespoir; et ce qui touche profondément dans les ouvrages du génie , ce n'est pas le malheur même , c'est la puissance que l'âme conserve sur ce malheur.
Page 56 - Le silence est profond dans cette ville, dont les rues sont des canaux, et le bruit des rames est l'unique interruption à ce silence. Ce n'est pas la campagne, puisqu'on n'y voit pas un arbre ; ce n'est pas la ville, puisqu'on n'y entend pas le moindre mouvement; ce n'est pas même un vaisseau puisqu'on n'avance pas. C'est une demeure dont l'orage fait une prison; car il ya des moments où l'on ne peut sortir ni de la ville ni de chez soi.
Page 36 - La dévastation l'environne ; mais cette multitude de clochers, de coupoles, d'obélisques, de colonnes qui la dominent et sur lesquelles cependant Saint-Pierre s'élève encore, donnent à son aspect une beauté toute merveilleuse. Cette ville possède un charme pour ainsi dire individuel. On l'aime comme un être animé ; ses édifices, ses ruines sont des amis auxquels on dit adieu. Corinne adressa ses regrets au Colisée, au Panthéon, au château Saint-Ange, à tous les lieux dont la vue avait...
Page 77 - ... des siens. L'on est si souvent lassé de soi-même, qu'on ne peut être séduit par ce qui nous ressemble : il faut de l'harmonie dans les sentiments et de l'opposition dans les caractères pour que l'amour naisse tout à la fois de la sympathie et de la diversité.
Page 328 - Les torts qu'on peut avoir avec une femme ne nuisent point dans l'opinion du monde; ces fragiles idoles, adorées aujourd'hui, peuvent être brisées demain, sans que personne prenne leur défense, et c'est pour cela même que je les respecte davantage, car la morale, à leur égard, n'est défendue que par notre propre cœur. Aucun inconvénient ne résulte pour nous de leur faire du mal, et cependant ce mal est affreux. Un coup de poignard est puni par les lois, et le déchirement d'un cœur sensible...
Page 56 - Venise étant sur un terrain tout-à-fait plat, les clochers ressemblent aux mâts d'un vaisseau qui resterait immobile au milieu des ondes. Un sentiment de tristesse s'empare de l'imagination en entrant dans Venise. On prend congé de la végétation : on ne voit pas même une mouche en ce séjour ; tous les animaux en sont bannis ; et l'homme seul est là pour lutter contre la mer. Le silence est profond dans cette ville, dont les rues sont des canaux, et le bruit des rames est l'unique interruption...
Page 366 - Oàwald, ne pouvant plus se contenir, la suivit, et tomba sur ses genoux en approchant de Corinne. Elle voulut lui parler, et n'en eut pas la force. Elle leva ses regards vers le ciel, et vit la lune qui se couvrait du même nuage qu'elle avait fait remarquer à Lord Nelvil quand ils s'arrêtèrent sur le bord de la mer en allant à Naples. Alors elle le lui montra de sa main mourante., et son dernier soupir fit retomber cette main.
Page 250 - ... hommes, ceux qui, selon l'expression du Dante, appelleront antique le temps actuel*, ne m'intéressent plus ; mais je ne crois pas à l'anéantissement de mon cœur. Non, mon Dieu, je n'y crois pas. Il est pour vous ce cœur dont il n'a pas voulu, et que vous daignerez recevoir après les dédains d'un mortel. • Je sens que je ne vivrai pas longtemps, et cette pensée met du calme dans mon âme. Il est doux de s'affaiblir dans l'état où je suis, c'est le sentiment de la peine qui s'émousse....
Page 360 - L'hommage de la poésie est religieux, et les ailes de la pensée servent à se rapprocher de vous. Il n'ya rien d'étroit, rien d'asservi, rien de limité dans la religion. Elle est l'immense, l'infini, l'éternel; et loin que le génie puisse détourner d'elle, l'imagination, de son premier élan, dépasse les bornes de la vie, et le sublime en tout genre est un reflet de la Divinité.
Page 247 - ... mon sort. Celui qu'on aime est le vengeur des fautes qu'on a commises sur cette terre, la divinité lui prête son pouvoir. « Ce n'est pas le premier amour qui est ineffaçable, il vient du besoin d'aimer ; mais lorsqu'après avoir connu la vie, et dans toute la force de son jugement, on rencontre l'esprit et l'âme que l'on avait jusqu'alors vainement cherchés, l'imagination est subjuguée par la vérité, et l'on a raison d'être malheureuse.

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