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rêter les effets de mon zéle. Je craignis qu'on ne donna le nom de bors d'œuvres aux lettres dont j'ai copie & content de celles inferées dans la prefente Edition, elles ane parurent fuffifantes pour demontrer le cas que faifoit cet excellent Juge de la Poëfie du merite & des talens de mon Auteur.

Les deux principaux morceaux qui compofent ce recueil & qui font le principal fujet des éloges de Mr. Rouffeau font aujourd'hui des Poëmes fi connus & en mêmetems fi generalement eftimés, qu'il n'y a pas de Nations en Europe dont ils n'ayent remporté les fuffrages, ni de favans en particulier dont ils n'ayent acquis l'admiration.

Peu de perfonnes ignorent l'effet qu'a produit le Poëme de la Religion fur l'efprit d'un Ouvrier fabriquant en étamine de la Ville du Mans nommé Eftienne Bréard, Cet Ouvrier qui avoit parfaitement bien fait fes études, obligé à l'âge de vingt quatre ans d'embraffer la profeffion de fon Pere pour gagner. fa vie & par confequent d'abandonner tout autre foin, fut attaqué en 1744 d'une paralifie qui l'arracha au travail.

Il avoit alors près de foixante ans. Cet âge fi peu propre pour les productions d'efprit ne l'empêcha pas de profiter des momens d'intervalles que lui laiffoit fon mal pour entreprendre la traduction de quelques pièces de Vers du Poëte Roi. L'ap

pro

probation qu'eut ce coup d'effai & les Exhortations de quelques Savans l'engagerent à entreprendre celle du Poëme fur la Religion qu'il a faite en Vers latins &à l'oc cafion de laquelle il s'eft attiré la bienveillance du premier Magiftrat de France, qui n'a pas dédaigné de l'honorer de fes faveurs & de fes bienfaits.

Les même Ouvrage auffi bien que le Poër me de La Grace ont été traduits en vers allemands & imprimés à Francfort en 1747. avec des Notes fort eftimées. Ceux qui n'ont pas l'ouvrage peuvent voir comment s'exprime l'Auteur dans fa preface fur la traduction du Poëme,en parcourant les pages 132, 133 & 134 da Mercure de France, mois de Decembre 1748.

Enfin fi à ces Traductions on ajoute celle en vers Italiens de Mr. l'Abbé Venuti qui paffe pour un Chef d'Oeuvre, par l'art qu'a trouvé l'Auteur d'obferver également & l'harmonie la plus parfaite dans fes vers & l'exactitude le plus fcrupuleufe à rendre ceux de fon Original; ces confiderations feront, j'efpere, plus que fuffifantes pour juftifier mon empreffement à prefenter cette nouvelle Edition au Public.

A VI S

AUX RELIEURS.

Le Portrait de Mr. L. Racine doit être placé vis à vis du titre du Tom. I.

La Feuille intitulée Lettre de Racine à Benoit XIV. & fes reponfes, doivent être placées après les fautes à Corriger du Tom. III. ·

La Planche allegorique fur le Poëme de la Reli gion doit être placée entre la pag. 24. de la Preface du Tom. 3. & la page I. du Poëme de la Religion.

La fin du Tom. I. M. eft joint à la Lettre I. du Tom. V.

La fin du Tom. II. Q. eft joint avec celle du Tom. VI. I. dans la même Feuille il y a deux cartons du Tom. I. d4, d 5,4 pag. qu'il faudra mettre à la place des autres qu'on otera.

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MEMOIRES

CONTENANT

QUELQUES PARTICULARITÉS

SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

DE JEAN RACINE

De l'Académie Françoife.

*

ORSQUE je fais connoître mon Pe. re, mieux que ne l'ont fait connoltre jufqu'à préfent ceux qui ont é crit fa vie; en rendant ce que je dois à fa mémoire, j'ai une double fatis faction Fils & Pere à la fois, je remplis un de mes devoirs envers vous, MON CHER FILS, puifque je mets devant vos yeux, celui qui pour la piété, pour l'amour de l'étude, & pour toutes les qualités du cœur doit être votre modèle. J'avois toujours approuvé la curiofité que vous aviez témoignée pour entendre lire les Memoires dans lefquels vous faviez que j'avois raffemblé diverfes particularités de fa vie; & je l'avois approu vée fans la fatisfaire, parce que j'y trouvois quel que danger pour votre âge. Je craignois auffi de pa

* Яpooâvw Filio, visum est non åvoixɛïov- Cic, ad Att. ep. 11. 1. 16.

paroître plus Prédicateur qu'Hiftorien, quand je vous dirois qu'il n'avoit eu la moitié de fa vie que du mépris pour le talent des vers & pour la gloire que ce talent lui avoit acquife. Mais maintenant qu'à ces Memoires, je fuis en état d'ajoûter un recueil de fes lettres, & qu'au lieu de vous parler de lui, je puis vous le faire parler lui-même, j'efpere que cet Ouvrage que j'ai fait pour vous, produira en vous les fruits que j'en attens, par les inftructions que vous y donnera celui qui doit faire fur vous une fi grande impreffion.

Vous n'êtes pas encore en état de goûter les lettres de Ciceron, qui étoient les compagnes de tous les voyages; mais il vous eft d'autant plus aifé de goûter les fiennes, que vous pouvez les regarder comme adreffées à vous-même. Je par le de celles qui compofent le troifiéme recueil.

NE jettez les yeux fur les lettres de fa jeunesse que pour y apprendre l'éloignement que l'amour de l'étude lui donnoit du monde, & les progrès qu'il avoit déja faits, puifqu'à dix fept ou dixhuit ans il étoit rempli des Auteurs Grecs, Latins, Italiens, Espagnols, & en même tems poffédoit fi bien fa Langue, quoiqu'il fe plaigne de n'en avoir qu'une petite teinture, que ces lettres écrites fans travail, font dans un stile toujours pur & naturel.

Vous ne pourrez fentir que dans quelque tems le mérite de fes lettres à Boileau, & de celles de Boileau. Ne foyez donc occupé aujourd'hui, que de fes dernieres lettres, qui, quoique fimplement écrites, font plus capables que toute autre lecture de former votre cœur, parce qu'elles vous dévoileront le fien. C'eft un Pere qui écrit à fon fils, comme à fon ami. Quelle attention, fans qu'elle ait rien d'affecté, pour le rappeller toujours à ce qu'il doit à Dieu, à fa mere & à fes

fœurs!

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