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son autorité seule en a consacré l'usage, AI a été substitué à oi, dans tous les mots où l'ancienne prononciation de cette diphthongue s'est amollie.

A, devant U, ne conserve pareillement sa valeur propre que dans certains noms d'hommes et de lieux, tels qu'Esaü, Saül, Emmaüs, où l'U est surmonté d'un tréma; partout ailleurs A représente presque invariablement le son de la voyelle O, mème dans quelques mots où il est précédé d'un E, comme dans eau, d'un H et d'un E, comme dans heaume. (Voy. EAU et HEAUME.)

A, devant la fausse diphthongue ou, dans le mot août, est un simple signe étymologique, sans valeur propre, qui s'absorbe dans la voyelle dont il est suivi, quoique, par exception, on le prononce dans le verbe inusité aoûter. (Voy. Août et AOÛTER.)

A subit une transformation plus considérable devant les consonnes nasales M, N, dans certains cas où il en est séparé par une voyelle de son espèce, c'est-à-dire par une voyelle orale. Il devient alors voyelle nasale, et représente un nouveau son simple, parfaitement élémentaire, mais auquel nos alphabets n'ont pas donné de signe particulier. A, devant E suivi de N, se prononce AN, dans

le nom de la ville de Caen.

A, devant I, suivi de M ou de N, forme en trois lettres la simple voyelle nasale IN, qui est également représentée dans l'écriture par les combinaisons IM, EIN, HEIN, ou par EN, à la fin de quelques mots, tels que moyen, païen. Dans les mots daim, faim, main, nain, pain, etc., reproductions inexactes des mots latins dama, fames, manus, nanus, panis, etc., A, simple lettre étymologique, ne sert qu'à rappeler le radical.

A, devant O suivi de N, perd moins de sa valeur propre, puisque la voyelle nasale AN, qui résulte de cette combinaison, ne diffère de l'A oral que par le mode d'émission. Ainsi, faon, paon, Laon, se prononcent, fan, pan, Lan, comme si O n'en faisait point partie. Il y a cependant quelques exceptions pour des noms propres de personnes ou de lieux, dans lesquels A et O se font entendre, Craon, Gabaon, Phaon, Pharaon. Par une exception plus singulière, taon se prononce ton, et Saône, Sône.

A, placé devant l'une ou l'autre des consonnes nasales, forme ordinairement avec elle la voyelle nasale AM, ou AN; ce qui ne lui est pas particulier, et appartient aussi à la voyelle E (voy. E). Cette règle d'ailleurs n'a rien d'absolu. A la fin des mots, les exceptions sont rares; elles se trouvent dans quelques noms propres, soit de lieu, soit de personne, Jeroboam, Siam, etc., où les deux lettres finales produisent chacune un son distinct; tandis que dans un quidam, à son dam, on les prononce comme si elles n'en faisaient qu'une. Hors de là, à la fin des mots, la voyelle nasale AN résulte toujours de la combinaison de ces lettres, même lorsqu'elles sont suivies d'une ou deux consonnes muettes, un camp, des camps, un franc, cent francs. Dans le corps des mots, les exceptions, beaucoup plus nombreuses, peuvent cependant être rapportées à une règle générale. La voyelle nasale est invariable. toutes les fois que la consonne nasale qui concourt à la former se trouve suivie d'une consonne de nature différente, comme dans pancarte; elle se décompose, au contraire, toutes les fois que cette consonne est suivie d'une voyelle, comme dans раnier, ou qu'elle est doublée, comme dans panneau.

Cette décomposition de la voyelle nasale par le retour de la consonne à sa valeur propre, n'a guère lieu à la fin des mots. Là, en effet, cette consonne, seule de toutes les consonnes finales, ne s'articule. que dans un très-petit nombre de cas d'exception avec la voyelle qui la suit.

A, simple reproduction du cri le plus naturel à l'homme, s'est pris comme exclamation dès les premiers temps de la langue; mais il n'a pas tardé à recevoir une autre orthographe. (Voy. AH.)

On se sert quelquefois de A comme d'une sorte d'expression collective désignant, dans un dictionnaire, l'ensemble des mots qui commencent par cette lettre. Il en est de même des autres lettres de l'alphabet.

Venons d'abord, monsieur, à ce dictionnaire que l'Académie va faire imprimer. Vous aurez votre T dans un mois ou six semaines. Vous n'attendez pas après le T quand vous êtes à l'A.

VOLTAIRE, Lettres. 22 octobre 1760, à Duclos.

A se trouve souvent employé comme abréviation dans les livres manuscrits ou imprimés, pour

désigner des mots qui commencent par cette lettre: | ceptions qu'il a reçues, des usages auxquels il a en style de cérémonial écrit, altesse; en termes de été appliqué. commerce, accepté, assuré, etc.

A s'emploie aussi comme signe de numération, pour indiquer le premier objet d'une série. Alors les lettres suivantes de l'alphabet prennent, d'après leur ordre, une valeur relative.

A, dans ces usages de l'abréviation, de la numération, et dans beaucoup d'autres, s'exprime presque toujours par la lettre capitale; en aucun cas, il ne reçoit d'accent modificatif.

Dans les nombreuses acceptions du même mot, dont nous avons encore à nous occuper, il est toujours surmonté de l'accent grave (a), qui n'est pas là un signe prosodique, ou bien un signe supplémentaire, comme est quelquefois l'accent circonflexe; il y sert uniquement à prévenir la confusion de l'A préposition avec l'A substantif ou verbe.

À, préposition (venant à la fois des prépositions latines ad et a).

De ces deux origines, la première paraît avec évidence dans l'ancienne forme ad, simplement transcrit de l'ad des Latins.

Si asistrent le rei ad sied real.

Les quatre Livres des Rois, IV, x1, 19.

Nous, qui gardions le poncel ad ce que les Turcs ne passassent.

JOINVILLE, Histoire de Saint Louis. Ardent desir ad ce mon cœur allume.

CRETIN, Déploration sur le trespas d'Okergan. On avait de même, très-anciennement, fait de la préposition latine a une préposition française correspondante. La Curne de Sainte-Palaye, dans son Glossaire de l'ancienne langue françoise, l'établit par les exemples suivants, empruntés aux sermons français de saint Bernard :

Aprenneiz à mi (de moi, par moi)... ke je suys sueys et humles de cuer (que je suis doux et humble de cœur). Ensi ke nos mansuetume et humiliteit aprengniens à Nostre Signor (que nous apprenions ainsi de Notre Seigneur douceur et humilité).

C'est à l'extrême différence de ces origines, desquelles est sorti un seul et même mot, qu'il faut attribuer en grande partie l'infinie variété des ac

Un des plus anciens fut certainement de marquer entre les mots, dans notre langue sans déclinaison, les rapports qu'exprimait, dans la langue latine, la désinence du datif. À ce titre, on a pu, mais seulement par abus volontaire, par convention, appeler datif la locution que donne la préposition à avec un substantif, ou un verbe pris substantivement, pour régime. C'est ainsi qu'on a appelé génitif la locution analogue formée par la préposition De. (Voyez DE.)

De À et de l'article le et les, souvent interposé entre cette préposition et son régime, se sont faits, par contraction, au et aux, qui ont reçu de quelques grammairiens le nom d'article composé. À n'en reste pas moins toujours une préposition. Primitivement on disait al et as.

Al Seignur sunt les quatre parties del mund. E David... enveiad présenz de sa preie as antifs homes de Juda. Les quatre Livres des Rois, I, 11, 8; xxx, 26. Bons ert (était) al hostel et as chans.

Roman du Chastelain de Couci, v. 71.

Au lieu de au, on écrivait quelquefois ou, comme on le verra plus loin.

Venu de deux prépositions latines qui gouvernaient, l'une l'accusatif, l'autre l'ablatif, A servit encore à former, avec ses régimes, des espèces d'accusatifs et d'ablatifs.

L'infinitif des verbes remplissant souvent dans la phrase le rôle d'un substantif, le présent de ce mode avait en latin ses cas, appelés gérondifs et supins. Or, à l'emploi de certains gérondifs et su pins répond quelquefois celui de la préposition À, suivie du verbe qu'elle régit.

En rapport avec tant de formes latines, À ne pouvait manquer de devenir ce qu'il est de bonne heure devenu, une préposition générale, équivalent commode de toutes les autres.

Si nombreux et si divers que soient les sens d'un tel mot, ils ne se sont cependant pas produits au hasard. Nous tâcherons d'en présenter la suite régulière, depuis les plus voisins de l'étymologie et de l'acception primitive, jusqu'à ceux qui s'en

éloignent le plus, et qu'il est difficile, quelquefois mème à peu près impossible, d'y rattacher. Nous serons obligés en bien des cas, pour faire comprendre ce que signifie cette préposition, de la traduire par d'autres dont elle tient ou semble tenir la place. Mais de ces traductions, nécessairement un peu arbitraires et toujours imparfaites, on ne devra pas conclure que les deux mots aient absolument la même valeur; bien loin de là, A paraitra presque toujours plus vif, plus précis, plus français que son équivalent; et il y aura lieu de remarquer, dans un grand nombre d'exemples, que ce qu'il offre de favorable à la rapidité du tour lui a valu généralement la préférence des poëtes.

I.

À, en raison du rapport étymologique qui le rattache au latin ad, exprime proprement l'idée de tendance, de direction vers un terme quelconque, lieu, époque, chose, personne, action. Il a en conséquence pour régimes particulièrement des noms et des verbes de toutes sortes.

À la porte du temple est sans cesse une foule de peuples.
FENELON, Télémaque, IV.

Ilz ne sont bons qu'à seoir ou (au) banc
Soubz cheminées.

ALAIN CHARTIER, le Livre des quatre Dames.
Seule il l'avoit laissée à la maison.

LA FONTAINE, Contes, 1, 3.

Enfin le verbe qui précède à, toujours avec la même sorte de noms pour régime, sert à exprimer qu'une action se passe dans un certain lieu.

Le vin s'altère aux caves, selon aulcunes mutations des

saisons de sa vigne; et la chair de venaison change d'es

tat aux saloirs, et de goust, selon les loix de la chair vifve,
à ce qu'on dit.

MONTAIGNE, Essais, 1, 3.
L'herbe y lasse la faulx, comme aux valons humides.
RACAN, Psaume LXVII.
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris?
BOILEAU, Satires, VI.
Et je crois qu'à la cour, de même qu'à la ville,
Mon flegme est philosophe autant que votre bile.
MOLIÈRE, le Misanthrope, I, 1.
Quelquefois À et le verbe son antécédent marquent
la situation de quelque objet à l'égard d'un lieu, ou

I, 1. Et d'abord des noms de lieu, qu'ils soient de quelque lieu à l'égard d'un autre. pris au propre ou au figuré.

Lors... l'empereres... chevaucha à une autre cité qui estoit à une jornée d'ilec.

VILLEHARDOUIN, Conqueste de Constantinoble, CLXV. J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. les à terre.

MOLIÈRE, le Médecin malgré lui, I, 1.
A tant (alors) pasmés à terre chiet (tombe).
Partonopeus, v. 5453.

Et, comme délivrée, elle (l'âme) monte divine
Au ciel, lieu de son estre et de son origine.

REGNIER, Satires, III.

Je vais, lui dit ce prince, à Rome, où l'on m'appelle.
BOILEAU, Épitres, I.

Mets

A, dans ces exemples et d'autres qu'on y pourrait joindre en si grand nombre, est précédé de verbes qui marquent mouvement. Il l'est très-souvent aussi de verbes d'une nature toute différente, « signifiant ores, dit Nicot, stabilité en quelque lieu,» une extension naturelle ayant permis de se servir de A pour faire entendre, non plus qu'on se dirige vers un lieu, mais qu'on y séjourne.

Senz numbre, cume li graviers ki est al rivage de mer.
Les quatre Livres des Rois, I, x, 5.

Le prince, gouverneur de la Bourgogne, qui touche à
la Franche-Comté.
VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, c. g.
La relation marquée dans l'exemple suivant est
toute morale.

La patrie est aux lieux où l'âme est enchaînée.

VOLTAIRE, Mahomet, I, 2. Aux diverses sortes de verbes qui viennent d'ètre indiqués comme antécédents de la préposition A, avec un nom de lieu pour régime, il en faut sans doute ajouter d'autres de valeur toute différente et même opposée; par exemple, le verbe renoncer. Je renonce à la Grèce, à Sparte, à son empire.

RACINE, Andromaque, V, 3. Remarquons cependant que, même dans cette expression, l'analyse retrouve un mouvement de l'âme en rapport avec un lieu; qu'elle ne contredit par conséquent pas la signification primitive et propre de la préposition À.

Les différents verbes qui, dans la forme de construction dont il s'agit, servent d'antécédent à la préposition À, peuvent être sous-entendus; et leur suppression donne lieu à des phrases elliptiques d'un usage ordinaire.

i la cour, à la ville, mèmes passions, mèmes foiblesses.

LA BRUYÈRE, Caractères, c. 9.
Souvent au bal, jamais dans le saint lieu.

VOLTAIRE, la Pucelle, V.

De là un genre de titres fort usités au théâtre : Esope à la cour, Esope à la ville, les Provinciaux à Paris, etc.

Quelquefois, au lieu d'un verbe marquant le mouvement, c'est un substantif de nature analogue qui sert d'antécédent à la préposition A.

Je méditois ma fuite aux terres étrangères.

RACINE, Bajezet, III, 2.

Le substantif qui précède à sert quelquefois à exprimer une mission, une fonction, une profession

exercée en un certain lieu.

Jean de Witt) avait contracté avec le chevalier Temple, ambassadeur d'Angleterre à la Haye, une amitié bien rare entre des ministres.

VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, c. 9.

On se sert de la même forme quand il s'agit de l'institution, de l'établissement auquel une personne est attachée, conseiller à la cour de cassation, avocat à la cour royale, commis au ministère de la guerre, etc.

Le régime de la préposition À, qui n'est pas toujours en ce cas un substantif, qui est souvent un adjectif ou un adverbe, peut désigner non-seulement un lieu, mais même une partie déterminée de ce lieu, indiquer une position relative, comme dans les locutions si usitées, au nord, au midi, au levant, au couchant, à droite, à gauche, au haut, au bas, à bas, au-dessus, au-dessous, au comble, au fond, à fond, au milieu, au bout, au travers, à travers, au dedans, au dehors, à l'entrée, à côté, au bord, à bord, à l'opposite, à l'écart, à l'entour, à la ronde, aux environs, etc. (Voy. ces mots.)

Quelquefois ces locutions sont employées absolument; quelquefois elles ont un complément or

dinairement formé de la préposition de et de son régime; telles sont au comble de, à fleur de, à la tête de, au sein de, au pied de, aux portes de, etc. (Voy. ces mots. )

On peut rapprocher de ces locutions celles que contiennent les exemples suivants, bien que la préposition de y ait un autre sens, qu'elle y serve, avec A, à marquer la distance.

On l'admire, il fait envie; à quatre lieues de là, il fait pitié. LA BRUYÈRE, Caractères, c. 3.

À quatre pas d'ici je te le fais savoir.

P. CORNEILLE, le Cid, II, 2.

À la même manière de parler appartiennent certaines phrases elliptiques où À n'a plus son corrélatif de, et exprime seul à la distance de.

À trois longueurs de trait, tayaut! voilà d'abord
Le cerf donné aux chiens.

MOLIÈRE, les Fácheux, II, 7.

Bien que consacrées proprement à la désignation précise d'une localité, les locutions dont il s'agit sont employées d'une manière figurée, quand il est question de choses ou de personnes.

J'ai paru devant les Romains, citoyen au milicu de mes concitoyens.

Pour qu'un homme soit au-dessus de l'humanité, il en coûte trop cher à tous les autres.

MONTESQUIEU, Dialogue de Sylla et d'Eucrate. Ne devois-tu pas lire au fond de ma pensée? RACINE, Andromaque, V, 3. Ces locutions ont le même caractère dans quelques cas où elles sont employées absolument.

Leur amour pour la maison d'Autriche s'est conservé pendant deux générations; mais cet amour était, au fond, celui de leur liberté.

VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, c. 9.
Fille de Scipion, et, pour dire encor plus,
Romaine, mon courage est encore au-dessus.
P. CORNEILLE, Pompée, III, 4.

Avec certains noms qui désignent, soit proprement, soit figurément, des lieux, A forme des locutions proverbiales, telles que, Au berceau, au champ d'honneur. Voy. ces mots.)

On a remarqué sans doute que À, quel que soit d'ailleurs son antécédent, ayant pour conséquent un

nom de lieu, s'interprète le plus souvent par les prépositions vers, dans et en.

Ces prépositions ne pourraient toutefois lui ètre toujours substituées, sans préjudice pour l'élégance et même pour l'exactitude.

Ainsi A et vers servent tous deux à indiquer le mouvement; mais à lui assigne un terme plus précis, plus arrêté.

Ainsi À et dans expriment également la situation; mais dans semble la circonscrire davantage, la marquer plus fortement.

Enfin, entre A et en l'usage a mis de certaines différences qui tiennent à la manière plus ou moins générale et vague dont ces deux prépositions expriment une même idée. En se place communément devant les noms de royaumes et de provinces; A, devant les noms de villes et de moindres lieux. On dit cependant, par exception, aller à la Chine, au Japon, au Pérou, au Brésil, etc., et l'on a dit autrefois aller à l'Amérique :

L'un des trois jouvenceaux

Se noya, dès le port, allant à l'Amérique.

LA FONTAINE, Fables, XI, S.

Les philologues qui se sont occupés de la synonymie française ont beaucoup insisté sur ces diversités, ces nuances, et sur d'autres encore. Selon Bouhours (Remarques nouvelles sur la langue françoise), ou dit : Monsieur est à la ville, pour marquer qu'il n'est pas à la campagne; et on dit : Monsieur est en ville, pour marquer qu'il n'est pas au logis.

En bien des cas, cependant, le choix entre ces prépositions peut paraitre indifférent : cela est sensible dans ces vers :

On a couru, madame, aux rives du Pénée,
Dans les champs d'Olympie, aux murs de Salmonée.
VOLTAIRE, Mérope, I, 2.

Ici doivent être rappelées des locutions fort nombreuses, fort usuelles, où les noms, régimes de A, désiguent certaines parties du corps, présentées comme le terme ou comme le siége de quelque action. Or, ces vapeurs dont je vous parle venant à passer, du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve...

MOLIÈRE, le Médecin malgré lui, II, 6.

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Où va-t-il me mener? Il a peut-être dans cette ville quelque souterrain. Malepeste! si je le croyois, je lui ferois voir tout à l'heure que je n'ai pas la goutte aux pieds. LE SAGE, Gil Blas, III, 2. Moi-même, en cet adieu, j'ai les larmes aux yeux. Sauve-moi de l'affront de tomber à leurs pieds.

P. CORNEILLE, Horace, II, 8; Rodogune, V, 4.
Et, jusques au bonjour, il dit tout à l'oreille.

MOLIÈRE, le Misanthrope, II, 5.
C'est de lui que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux.

BREBEUF, la Pharsale de Lucain, III.

Dans en venir aux mains, être aux mains, sont marqués, mais figurément, un mouvement, une situation du même genre.

Il en est de même de mettre à la main, d'où s'est formée la locution adverbiale mettre le marché à la main. (Voyez MAIN.)

A cette forme de langage appartiennent les expressions prendre aux cheveux, à la gorge, etc.

Ici encore, la suppression du verbe donne lieu à des locutions elliptiques d'un usage fort ordinaire. Je l'ai vu cette nuit, ce malheureux Sévère, La vengeance à la main.

P. CORNEILLE, Polyeucte, I, 3.

Son diadème au front, et, dans le fond du cœur, Phoedime... Tu m'entends, et tu vois ma rougeur. RACINE, Mithridate, II, 1.

À

D'autres locutions elliptiques, formées de mème, marquent l'état du corps, l'attitude; telles sont, A pied, à genoux, au pied levé, à cloche-pied, à califourchon, à tâtons. (Voyez ces mots.)

I, 2. À reçoit encore pour régimes des noms et souvent aussi des mots d'une autre nature, qui marquent le temps.

Ces régimes peuvent être, en certains cas, le terme mème de l'action exprimée par le verbe qui précède:

Vous avez à demain remis le sacrifice.

P. CORNEILLE, Horace, V, 2. Mais, le plus souvent, ils indiquent, par l'énonciation plus ou moins déterminée du siècle, de l'année, de la saison, du mois, du jour, de l'heure, etc., l'é

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