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Et davantaige ordonna dix arbalestriers dedans les dicts fossez, pour tirer à ceulx qui en approucheroient avant que la porte fust ouverte.

COMMYNES, Mémoires, VI, 11.

Ce prince marcha au prince de Bade, campé sous Hail

bron.

HENAULT, Histoire de France, année 1693.

Et tant tirai, que j'amené
Le fust à moi tout empené.

Roman de la Rose, v. 1721,
La lionne l'entend, rugit, et pleine d'ire,
Accourt, se lance à lui, l'abat et le déchire.
LA FONTAINE, Captivité de saint Malc.

Au figuré : La dévotion vient à quelques-uns, et surtout aux femmes, comme une passion.

LA BRUYÈRE, Caractères, c. 3.

Je reviens à moi, et je cherche quel rang j'occupe dans l'ordre des choses qu'elle (la Divinité) gouverne. J.-J. ROUSSEAU, Emile, IV.

Le plus souvent il s'agit d'une action quelconque, dont une ou plusieurs personnes sont l'objet.

(C'est le) mystère du Rédempteur qui... a retiré les hommes de la corruption du péché, pour les réconcilier à Dieu en sa personne divine.

PASCAL, Pensées, part. II, iv, 10.

Quel que doive être le prix de cette noble liberté, il faut bien le payer aux dieux.

MONTESQUIEU, Dialogue de Sylla et d'Eucrate.

Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée.
P. CORNEILLE, Excuse à Ariste.
Que me faudra-t-il faire?

Presque rien, dit le chien: donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants;

Flatter ceux du logis, à son maître complaire.
LA FONTAINE, Fables, I, 5.
Qui va répondre à Dieu, parle aux hommes sans peur.
VOLTAIRE, Tancrède, III, 6.

A ces exemples se rapportent ceux où il s'agit, non pas précisément de personnes, mais d'abstractions personnifiées.

On veut essayer de peindre à la postérité, non les actions d'un seul homme, mais l'esprit des hommes dans le siecle le plus éclairé qui fût jamais.

Le roi courut aussitôt se montrer à la Fortune, qui fesait tout pour lui.

VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, c. 1, 9.

À, suivi d'un nom de personne, ou du pronom, du relatif qui le représentent, et précédé de certains verbes, comme croire, reconnaître, savoir, trouver, voir, etc., s'emploic elliptiquement quand il s'agit d'une remarque, d'une opinion au sujet de quelque personne.

Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fèlé.
MOLIÈRE, les Femmes savantes, II, 7.

On se sert de À dans une forme de construction analogue, que les exemples suivants feront connaître :

Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple, de douleur et d'étonnement.

BOSSUET, Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans.
Puis tout à coup il veoit qu'il se mescompte,
Dont la couleur au visage luy monte.

CL. MAROT, Epigrammes, III, 24.
J'ai vu tendre aux enfants une gorge asseurée.
ROTROU, Saint Genest, II, 5.
La couleur lui renaît, sa voix change de ton :
Il fait par Gilotin rapporter un jambon.

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3o Avec un nom :

Messire Jean de Hainaut prit congé pour ce soir à la roine et à son fils, et aux autres seigneurs d'Angleterre qui là estoient.

FROISSART, Chroniques, liv. I, part. Ire, c. 14.

Il faut qu'elle (la véritable religion) nous rende raison de l'opposition que nous avons à Dieu et à notre propre bien. PASCAL, Pensées, part. IIe, v, 1.

Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans
Qu'ils (les rois) savent mal payer les services présents.
P. CORNEILLE, le Cid, I, 3.
Mon dessein

Est de rompre en visière à tout le genre humain.
MOLIÈRE, le Misanthrope, I, 1.

A se donner lui-même en spectacle aux Romains.
RACINE, Britannicus, IV, 4.

Ici se retrouve encore, en regard du sens priinitif et principal de tendance, le sens accessoire de situation. Le verbe antécédent de la préposition À, suivie d'un nom de personne, ne marque pas toujours à l'égard de cette personne un mouvement, une action; il peut indiquer simplement une manière d'ètre. Tel est le verbe être lui-même; tels sont le verbe appartenir, le verbe tenir, dans cette locution, il ne tient pas à moi, il ne tient qu'à vous, et autres de ce genre. (Voyez ces mols.)

À Dieu soyez, à Dieu allez, sont de très-anciennes locutions, desquelles, par ellipse du verbe, semble être venu le mot adieu. (Voy. ADIEU.)

La locution c'est à, précédant à ou de dans des phrases qui commencent ainsi c'est à vous à, c'est à vous de, exprime le droit, le devoir, la convenance; mais, comme on l'a établi par de bonnes raisons, d'après la valeur générale des deux prépositions, d'une manière plus indéterminée quand le verbe à l'infinitif qui complète la phrase est régime de à; avec attribution à un cas plus particulier, plus spécial, au contraire, quand ce même verbe est gouverné par de. (Voyez DE.)

Est-ce au peuple, madame, à se choisir un maître?
Est-ce aux rois à garder cette lente justice?
Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour lui?
C'est à lui de parler.

RACINE, les Frères ennemis, II, 3; Athalie, 11, 5, %.

Il faut tout sur-le-champ sortir de la maison.—
C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître.
MOLIÈRE, le Tartuffe, IV, 7.

On peut joindre à ces exemples le suivant, bien que le premier À n'y ait point pour régime un nom de personne, mais une abstraction personnifiée. Comme si c'étoit à la règle à se fléchir, pour convenir au sujet qui doit lui être conforme.

PASCAL, Provinciales, V. On a quelquefois aperçu entre ces locutions des nuances d'un autre genre.

C'est à vous à parler, votre tour de parler est venu; c'est à vous de parler, c'est à vous qu'il appartient, qu'il convient de parler (Dictionnaire de l'Académie). Cette explication semble confirmée par la phrase suivante :

Appius, quand ce fut son rang à opiner, s'opposa également à ces deux avis.

VERTOT, Révolutions romaines, I. Dans l'exemple suivant, la même locution offre un autre sens; être à n'y veut pas dire appartenir à, convenir à, mais sembler à: À, y équivaut à la préposition pour.

Ce n'était pas assez au roi d'avoir la préfecture des dix villes libres de l'Alsace, au même titre que l'avaient eue les empereurs.

VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, c. 14.

Que la terre est petite à qui la voit des cieux! DELILLE, Dithyrambe sur l'immortalité de l'áme. La préposition À, ainsi construite avec le verbe être ou quelque autre verbe pour antécédent, et un nom de personne pour conséquent, a exprimé des rapports, soit de tendance, soit de situation, qui auraient pu être rendus par les prépositions devant, auprès de, envers, pour, chez, dans, etc. Par la préposition devant :

À lui s'encline la cort tote.

Roman du Renart, v. 9094. Par la préposition auprès de, au sens propre : Va s'excuser à son mari, En grand danger d'être battue.

LA FONTAINE, Fables, VII, 10.

Par la préposition envers .

Sages soies et acointables...
Et as grans gens et as menues.

Roman de la Rose, v. 2109.

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De ce premier retour sur moi, naît... mon premier hommage à la Divinité bienfaisante.

J.-J. ROUSSEAU, Émile, IV.

A moi, comte; deux mots.

P. CORNEILLE, le Cid, II, 2.

Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance!
RACINE, Andromaque, V, 5.

Dans les dédicaces, les suppliques, les suscriptions de lettres :

À très-illustre prince et révérendissime monseigneur Odet, cardinal de Chastillon.

RABELAIS, Dédicace du livre IVe.

J'ai plusieurs lettres que je me suis chargé de rendre à leurs adresses... Voyons celle-ci... « A M. Bredouillet, avocat au parlement, rue des Mauvaises-Paroles... » Ce n'est point encore cela; passons à l'autre... « À M. Gourmandin, chanoine de... » Ouais! je ne trouverai point celle que je cherche?... « À M. Oronte... >>

LE SAGE, Crispin rival de son maitre, sc. 7. Enfin, dans les santés, les toasts, au lieu de dire qu'on boit à la santé, à l'heureux voyage, au rctour, au succès, etc., de quelqu'un, ou simplement à quelqu'un, on se contente du nom, précédé de la préposition À.

À la même sorte d'ellipses appartiennent certaines
formules d'acclamation ou d'imprécation, d'un usage
fréquent en poésie et dans la prose élevée. La pré-
position à y est précédée du nom qui est le sujet
À
ou le régime du verbe sous-entendu : Gloire à Dieu,
paix aux hommes de bonne volonté ! honneur aux
braves!

La loi de l'univers, c'est: Malheur au vaincu !—
Eh! malheur donc à Rome!

SAURIN, Spartacus, III, 4.

La préposition À, ainsi construite, exprimait autrefois, comme la préposition de, avec une énergie qui ne s'est conservée que dans le langage familier et populaire, un rapport de possession, et, par extension, de parenté.

Ces ellipses sont surtout d'usage dans les inscriptions dont l'objet est une consécration quel-Henri, si s'enfoïrent es montaignes.

Et quant cil de la cité virent venir l'ost à l'empcreour

conque:

Ayant regardé en passant les statues de vos dieux, j'ai trouvé même un autel sur lequel il est écrit: Au dieu in

connu.

LE MAISTRE DE SACI, Trad. des Actes des apôtres, XVII, 23. On lit sur un de nos monuments:

Aux grands hommes la patrie reconnaissante.
L'on appele le lieu à monseigneur saint Pierre...
Li lieux est appelés à Sainte-Magdelene

Du Mont, belle église, dévote et de biens plene.
Gérard de Roussillon, Ms. de la Bibl. nat., suppl. franç.,
n° 254-2, fol. 110 vo.

VILLEHARDOUIN, Conqueste de Constantinople, CLXIV. Ce roi, qui fut père à ce gentil roi Edouard, avoit deux frères de remariage.

FROISSART, Chroniques, liv. 1, part. 1, c. 3 Devinrent home au Loherenc Garin.

Garin le Loherain, t. II, p. 44.

Se jo ne sui fille de roi,

Si sui-je fille à rice conte.

Partonopeus, v. 10216.

Pleurons la mère au grand berger d'ici;
Pleurons la mère à Margot d'excellence.

L. MAROT, Complaient, 1.

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De là l'expression à qui mieux mieux, que Vaugelas trouve basse, condamnant comme ridicule l'abréviation à qui mieux. (Voyez MIEUX.)

À, quelque espèce de noms qu'il ait pour régime, noms marquant le lien et le temps, noms désignant les choses et les personnes, donne à certains verbes,

Puis-je au moins croire que ce soit à vous à qui je dont le régime est ordinairement direct, un régime doive la pensée de cet heureux stratagème?

L'Amour médecin, III, 6.

Le même doute n'existe pas pour un vers dans lequel Boileau, en 1668, semble avoir recherché, comme un pleonasme expressif, la répétition de la préposition À:

C'est à vous, mon esprit, à qui je veux parler.
Satires, IX.

indirect, et en modifie par là d'une manière notable la signification. On dit, par exemple, non-seulement toucher un lieu, une chose, une personne, mais, dans un sens un peu différent, toucher à un lieu, à une chose, à une personne. Les diversités de sens qui résultent de ces changements de construction seraient difficilement rapportées, avec quelque clarté, quelque évidence, à une loi générale,

et ce n'est pas le lieu de les expliquer en détail. Il vaut mieux renvoyer aux verbes qu'elles affectent. Voyez entre autres applaudir, attendre et s'attendre, chasser, commander, croire, insulter, manquer, penser, présider, prétendre, regarder, satisfaire, souscrire, suppléer, tenir, travailler, voir.

À, forme avec des noms de toute sorte, mais plus particulièrement avec des noms de choses et de personnes, des locutions qui servent à désigner l'enseigne d'une hôtellerie, d'un magasin, etc.

e descendy à l'hostel de la Lune.

Vie de Froissart, en tète de ses Poésies, p. 25. Nous logeâmes, si je m'en souviens bien, au Lion d'Or. PRÉVOST, Manon Lescaut, partie 1.

I, 5. La préposition À, considérée dans la mènc acception étymologique et primitive, n'exprime pas toujours une idée de tendance vers un lieu, une époque, une chose, une personne; la fin qu'elle sert à indiquer peut être une action, et son régime, par conséquent, un verbe.

Elle est alors le plus souvent précédée d'un autre verbe;

Soit d'un verbe marquant au figuré le mouve

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Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, Il peut le déclarer sans peur.

LA FONTAINE, Fables, I, 7.

À cet emploi de À se rapportent certaines locutions de l'usage ordinaire, telles que donner à jouer, donner, avoir à manger, verser à boire, donner à laver. Un assez grand nombre de verbes, tels que commencer, continuer, contraindre, convier, demander, différer, hésiter, échapper, s'efforcer, s'empresser, s'ennuyer, essayer, forcer, manquer, obliger, s'occuper, prier, servir, solliciter, tàcher, tarder, etc. (Voy. ces mols), se construisent devant l'infinitif, tantôt avec la préposition À, tantôt avec la prépo

sition de.

Le plus souvent, le choix entre ces deux formes est indifférent, et l'on se décide pour l'une ou pour l'autre, d'après certaines convenances; par exemple, afin d'éviter un son désagréable à l'oreille. Quelquefois aussi ce choix est déterminé chez les bons écrivains par un sentiment délicat de la valeur propre des deux prépositions, et par la nature particulière des mots qu'elles mettent en rapport.

On ne dit plus guère oublier à, autrefois en usage. J'ai oublié à lui demander si c'étoit en long ou en large. MOLIÈRE, le Malade imaginaire, II, 2.

On ne dit plus du tout choisir à.

O hommes... qui, pour délicieusement vivre, choisissez à mourir sans honneur.

ALAIN CHARTIER, le Quadriloge.

Beaucoup d'autres verbes sans doute ont perdu, avec le temps, cette liberté de construction que leur permettait la valeur quelquefois indécise des prépositions À et de.

À, nous semble rédondant, explétif, dans certaines formes de l'ancien langage, où il marquait, entre deux verbes, un rapport de tendance qui résulte maintenant de leur seule succession. Selon SaintePalaye, qui en a recueilli des exemples, on disait :

Au lieu de faire mettre, faire à mettre; au lieu de se faire voir, se faire à veoir; au lieu de faire savoir, faire à savoir. (Voyez SAVOIR.)

À, suivi d'un infinitif, a souvent pour antécédents les verbes avoir et être.

Avoir à faire est une locution fort usitée; et,

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