Page images
PDF
EPUB

Parole de Dieu, je me bornai à lui dire en l'accompagnant : que l'Evangile me fait chérir la simplicité dans les personnes et dans les choses!—« Parmi vous, me dit-il encore, on est prévenu de l'idée que nous interdisons au peuple la lecture de l'Écriture-Sainte, tandis que nous la permettons.»-Oui, vous la permettez en partie, lui dis-je en souriant.« Ah! nous ne laissons pas imprudemment tout lire à tous; il y a par exemple dans l'Ancien - Testament le Cantique de Salomon qui scandaliserait les faibles. »Monsieur, j'ai lu toutes ces choses dès mon enfance, sans aucun dommage. Les ministres de la religion seraient-ils plus sages que Dieu qui nous les a toutes données pour notre instruction (1 Cor., X, 11)? Je pense qu'il y a dans les Epitres de saint Paul plusieurs passages dont votre Église redoute encore plus l'impression que celle qui peut résulter de la lecture du Cantique des Cantiques. -A cela il ne répondit rien; mais en me faisant la dernière salutation il me répéta: «Eh bien, monsieur, nous prierons l'un pour l'autre. Je souhaite de tout mon cœur Dieu nous fasse, à lui, à moi, et à tous ceux qui liront ceci, la grâce de nous attacher de plus en plus à sa Parole de vie et à son Fils bien-aimé, notre unique Rédempteur, et qu'il en résulte un rapprochement cordial entre tous ceux qui l'aiment.

que

Culte protestant à Dijon.-Nous avons annoncé dans notre dernière livraison (p. 527) l'ouverture d'une chapelle protestante à Dijon. Nous recevons à cet égard quelques nouveaux détails qui sans doute intéresseront nos lecteurs.

Le journal de la Côte-d'Or, qui se publie à Dijon, contenait il y a quelque temps la lettre qui suit :

Les protestans de la ville de Dijon, à leurs coreligionnaires du département de la Côte-d'Or.

Messieurs, en janvier dernier nous tînmes plusieurs assemblées à l'effet de nous entendre pour solliciter du gouvernement l'exercice public de notre culte. L'éducation, le bonheur de nos familles étaient un motif puissant de tenter le succès d'une aussi importante affaire. Nous appuyant sur les lois qui régissent la France

constitutionelle, et encouragés par la bonté du monarque qui veille à leur exécution, nous avons adressé, dans les premiers jours de mars, à M. le ministre de l'intérieur, une pétition revêtue de quarante signatures, dans laquelle nous demandions à Son Excellence l'établissement à Dijon d'un oratoire protestant et un ministre pour le desservir. Cette demande était faite au nom de trois cents individus, tant de la ville que des environs. Elle fut renvoyée à la mairie de Dijon, pour avoir son avis.

L'autorité locale fit appeler l'un de nous, lui demanda une liste nominative des trois cents réformés annoncés dans la pétition. On s'occupa donc de faire un recensement, et quand on eut réuni un, nombre d'à peu près deux cent soixante-douze personnes, on présenta la liste. L'autorité prit elle-même des renseignemens. Cette opération fut longue, mais enfin le conseil municipal s'assembla, le 14 août, pour délibérer sur cette affaire, et déclara qu'il n'y avait pas lieu à concéder un oratoire. Nous croyons que le conseil a été induit en erreur par les agens qu'on a employés pour avoir les renseignemens sur notre nombre, et qu'il n'a pas fait assez attention que la loi qui protège tous les cultes exigeant de chaque in-' dividu des contributions proportionnées à ses facultés, les protestans de Dijon et de la Côte-d'Or paient leur quote part des frais de l'entretien du culte romain, dont ils ne peuvent profiter. Ces considérations, ce nous semble, étaient de quelque poids.

Quoi qu'il en soit, le conseil municipal ne trouva que cent vingt-: cinq individus protestans à Dijon, et décida, à l'unanimité, que ce nombre n'étant pas suffisant, il n'y avait pas lieu d'accorder la demande. Telle fut la réponse faite au ministre.

Les protestans pourraient demander comment il se fait que plus de cent quarante individus aient été rayés de leur liste, lorque, de l'aveu de M. le président du tribunal civil, nommé par le conseil pour constater l'identité, quatorze seulement, et tous de la classe ouvrière, n'avaient pu être découverts par des agens de police. Quand on a eu retiré de la liste nos coréligionnaires de Beaune, qui y figuraient au nombre de seize, ceux de Nuits à peu près au même nombre, ceux de Gevrey et ceux d'Auxonne au nombre de douze, plus de deux cents devaient encore rester inscrits. Il y a donc eu nécessairement erreur, et nous avons l'espoir qu'elle sera reconnue par la suite.

En attendant, nous n'avons pas trouvé de moyen plus sûr et plus simple d'éclairer l'autorité supérieure et l'autorité locale, que

de louer à nos frais un emplacement décent, vaste et commode; où nous exercerons publiquement notre culte, sous la protection des lois, et encore de nous assurer une fois par mois de la visite d'un de MM. les pasteurs de l'Eglise de Besançon. Alors il ne nous sera pas difficile de démontrer que nous sommes en nombre suffisant pour obtenir l'acte de justice que nous sollicitons. Nous comptons sur l'adhésion de tous nos frères aux démarches que nous avons faites, et nous espérons de leur zèle, pour le culte dans lequel ils sont nés, qu'ils voudront bien se réunir à nous pour demander, par une pétition nouvelle, un oratoire départemental, et pour établir la légalité de notre demande.

Nous y joindrons la cote des impôts que nous payons.

(Suivent les signatures.)

Depuis la publication de cette lettre, M. le pasteur Miroglio de Besançon, a prêché et distribué la communion à Dijon. Ainsi le culte réformé y existe de fait, et l'autorité municipale connaît et protège les réunions religieuses des chrétiens de cette communion. Pourquoi donc le conseil municipal n'a-t-il pas montré plus de bienveillance, et a-t-il refusé d'accorder le local qui lui était demandé, et qu'il aurait pu et dû concéder avec impartialité, la loi n'ayant point fixé, quant au nombre, de minimum au-dessous duquel les communes ne doivent pas prêter d'assistance à leurs administrés protestans?—Nous ne doutons pas que l'autorité supérieure ne fasse, comme elle l'a déjà fait dans plusieurs autres occasions, ce que l'autorité locale se refuse à faire, et qu'elle ne fournisse à trois cents chrétiens protestans qui les désirent et les demandent, les moyens d'exercer les droits qui leur sont assurés par la charte. En attendant ce résultat désiré, et que nous aimons à regarder comme probable et prochain, que les protestans de Dijon et des environs ne se laissent pas décourager; ils ont tout à espérer de la justice et de l'impartialité de l'administration que nous avons le bonheur d'avoir à la tête de nos affaires. Si nous pouvions nous permettre de leur donner un conseil, il serait de prouver, par leur assiduité aux réunions actuelles, que leur nombre est plus considérable que ne le pense l'autorité municipale, et par des sacrifices pécuniaires suffisans pour louer un local, et pour.

se procurer aussi fréquemment que possible des visites de pasteurs, qu'ils sentent vivement et sérieusement le besoin des secours spirituels qu'ils réclament. Qu'ils ouvrent au milieu d'eux une liste de souscriptions dans ce but, que chacun d'eux donne loyalement dans la limite de ses moyens; et si malgré ces efforts ils ne peuvent se procurer en entier la somme qui leur est nécessaire pour assurer leur culte pendant un an, par exemple, qu'ils fassent un appel à leurs frères des autres Eglises de France; cet appel, nous n'en doutons pas, serait entendu; et l'oratoire de Dijon ainsi organisé de fait, ne pourrait pas tarder à l'être aussi en droit, à être légalement réuni à l'Église consistoriale la plus voisine, qui est, si nous ne nous trompons, celle de Besançon, et à recevoir du gouvernement toute la protection et tous les secours reconnus nécessaires. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que nos feuilles sont ouvertes à nos frères de Dijon pour toutes les communications qu'ils croiraient utiles de faire aux Églises de France.

Extrait de la vie du colonel GARDINER, par DODDrige (1). Les chrétiens qui travaillent à l'avancement du règne de Dieu sur la terre, et les pasteurs en particulier, sont souvent tentés de se décourager parce que, malgré leur zèle et leurs efforts, ils ne voient pas pendant long-temps de fruits de leurs travaux. Parmi plusieurs exemples du même genre, le fait suivant pourra servir à les encourager à persévérer dans le témoignage qu'ils rendent à Christ, en s'en remettant à Dieu du succès de leur œuvre; c'est dans ce but, comme aussi pour donner gloire à la grâce du Seigneur, qui touche les cœurs quand et comme il lui plaît, que nous l'insérons dans nos Archives.

« C'est par une lettre du colonel Gardiner », écrit le célèbre Doddrige, « que je reçus les premières nouvelles de cette scène à jamais mémorable qui eut lieu à Kilyth, dans la paroisse du révérend Macculloch, au mois de février 1741. Il me donna copie de deux lettres où ce serviteur de Dieu, si béni dans son ministère, rendait compte du succès extraordinaire

(1) Works of Doddrige. Leeds, vol. IV.

1828.-11° année.

36

que sa

prédication avait obtenue en peu de jours. Car dans un intervalle qui ne fut guère de plus de quinze jours, si ma mémoire est fidèle, cent trente personnes, qui déjà depuis long-temps avaient entendu prêcher fidèlement l'Evangile sans en être touchées, furent tout à coup réveillées de leur indifférence comme si on leur eut présenté une nouvelle révélation, descendue du ciel, et attestée par d'aussi éclatans miracles que ceux de saint Pierre ou de saint Paul, bien que le ministre qui leur annonçait l'Evangile fût le même qui le leur avait prêché pendant plusieurs années. Trouvant tout à coup dans la Parole de Dieu une puissance et une majesté qu'elles n'y avaient jamais senties auparavant, elles assiégaient la maison du pasteur jour et nuit, sollicitant ses conseils et sa direction spirituelle avec une ardeur et une angoisse qui éclataient par des larmes et des sanglots qui étouffaient leur voix et la sienne. Le colonel me raconta ce mouvement «comme un sujet d'éternelles bénédictions » m'écrivait-il, et la joie qu'il en eut s'accrut quand il le vit se répandre dans les environs, amener une bienheureuse réforme dans la vie d'un très-grand nombre d'hommes, et se maintenir de mois en mois, et d'année en année, en continuant de se déclarer par les mêmes fruits. Mais les circonstances de ce fait ont été publiées d'une manière si authentique, et l'intervention de la grâce divine y a été si clairement démontrée par le révérend et sage M. Webster, que je ne dois ajouter ici que mes ferventes prières pour que l'œuvre soit aussi étendue quelle fut évidemment glorieuse et divine.>>

Synode Wallon.—La Réunion ecclésiastique annuelle, qui remplace le ci-devant Synode Wallon des Eglises réformées des Pays-Bas, vient de tenir sa treizième séance à Nimègue, et est indiquée pour l'année prochaine à Harlem. La réunion a appris avec peine la suppression des Eglises wallones de Goes, de Schiedam, de Zuriczée, de la Brille et de Berg-opZoom, réunies par le gouvernement aux Eglises hollandaises desdites villes. Ces extinctions des Eglises du Réfuge en Hollande ne peuvent que se multiplier successivement.

« PreviousContinue »