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gieux et leur éloignement de toute Eglise rendent l'établissement de la plus haute importance. En attendant ce moment tant désiré, ce serait une bonne œuvre de la part de messieurs les pasteurs ou ministres qui voyageraient par la Bourgogne d'occuper en passant une chaire qui demeure malheureusement vacante à l'ordinaire. Ils voudraient bien s'adresser cela à M. Lanson père, rue au Comte, à Dijon.

pour

Deux nouveaux pasteurs ont été installés dans le courant d'un mois dans le département de la Seine-Inférieure: M. de Felice, à Bolbec, le 17 août; et M. Montandon, à Luneray, le 14 septembre. A l'installation de M. de Félice a été jointe la réunion en assemblée générale annuelle de la Société biblique de la Seine-Inférieure. A Luneray, les sept pasteurs qui desservent les Eglises de ce département se sont trouvés réunis, et ont tous successivement occupé la chaire; savoir, cinq le dimanche, et deux le lendemain.

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Pasteurs confirmés par le Roi. -1° MM. Gibaud, pour l'Église de la Mothe-Saint-Heray (Deux-Sèvres), en remplacement de son père décédé; 2° Farques, pour l'Église de Saint-Voy (Haute-Loire), en remplacement de M. Borel; 3° Biviller, pour l'Église de Lezay (Deux-Sèvres), en remplacement de M. Gibaud; 4° Chabal, pour l'Église de SaintPierre-Ville (Ardèche), en remplacement de M. Frossard; 5o Sauvaitre, pour l'Église de Castelmoron (Lot-et-Garonne), place créée le 3 janvier 1827; 6° Montandon, pour l'Église de Luneray (Seine-Inférieure), en remplacement de M. Martin.

Les Églises réformées de France et l'Église de Lourmarin (Vaucluse), en particulier, viennent de faire une perte douloureuse par la mort de M. le pasteur Portier, enlevé, jeune encore, à sa famille et à ses travaux apostoliques. Nous faisons des vœux pour qu'il ait un successeur qui continue son ministère, en marchant avec la même pureté de foi dans la même voie que lui.

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1. EVANGELISCHE KIRCHENZEITUNG, etc., etc.
2. TÜBINGER ZEITSCHRIFT FÜR THEOLOGIE, etc., elc.

(Suite; voyez page 481 (1).)

La nation allemande a, pour ainsi dire, une existence plus contemplative que les autres peuples civilisés de l'Europe. Possédant une langue mère qui se plie à toutes les créations de la pensée, et qui, dans ses racines encore vivantes, rappelle incessamment aux esprits la genèse des idées déposées dans les mots par des hommes méditatifs, et leur en rend, sans beaucoup d'efforts, présente la généalogie, les Allemands se vantent avec raison sous ce rapport d'une plus grande ressemblance avec les Grecs qu'on n'en remarque chez d'autres peuples, et s'attribuent la même aptitude aux abstractions métaphysiques qui a enfanté tous ces systèmes hardis et subtils qui ont illustré les écoles d'Athènes et d'Alexandrie. Mais il manque aux Allemands ce contrepoids aux essors de la spéculation, cette garantie contre la domination exclusive qu'elle aime à exercer aux dépens des autres facultés de l'âme que les Grecs trouvaient dans un ordre de choses éminemment pratique, et dans des communications de tous les momens avec leurs concitoyens de toutes les classes. La plus grande partie du jour se passait en entretiens et en participation aux mouvemens de la vie publique. Le penseur qui, dans la solitude, avait construit des théories profondes ou séduisantes, ne pouvait échapper à l'épreuve presque instantanée de leur solidité, que leur faisait subir le frottement de la vie active.

Les savans allemands sont en général privés de cet avan

(1) Il s'est glissé une faute d'impression dans le premier article, page 491, ligne 8; au lieu de Gazette évangélique, lisez Feuille périodique. C'est de la Feuille publiée à Tubingue qu'il est question, et non de la Gazette de Berlin. (Réd.)

1828. -11° année.

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tage. Leur situation et leurs habitudes les conduisent à un travail solitaire qu'ils poursuivent pendant des années, même pendant toute leur carrière, sans qu'ils rencontrent dans leurs relations le moyen de mettre à l'épreuve la force du fil qu'ils ont filé dans leur laboratoire isolé, la bonté de la toile qu'ils ont tissée avec une merveilleuse industrie. Ils vivent, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans leur coque; et, rattachant à leur trame primitive tout ce que dans la suite leur offrent une expérience extrêmement bornée et des études à la vérité consciencieuses et variées, mais faussées par leurs vues de prédilection, ils perdent la faculté de juger leurs propres conceptions, et d'apprécier la valeur des objections qu'on leur

oppose.

Une autre circonstance mérite l'attention du philosophe qui cherche dans l'état de la société l'explication des qualités caractéristiques de la littérature d'un peuple. Les Allemands n'ont jusqu'ici joui d'aucune liberté politique qui leur fit prendre une part effective aux affaires du pays, et au réglement de ses intérêts. Pour se dédommager d'une privation qui pèse sur les âmes, et laisse dans les esprits supérieurs un vide qui demande à être rempli, il ne leur restait que l'activité idéale, les attraits de nouvelles combinaisons spéculatives, les jouissances d'un empire intellectuel, à défaut d'une influence directe sur la chose publique. Il s'est formé ainsi en Allemagne deux ordres d'existences parfaitemeut distincts, et plus ou moins soustraits à une véritable action mutuelle; le monde civil, réel, et le monde littéraire. Dans celui-ci, l'habitude de se livrer à la licence de l'imagination, et aux spéculations les plus hardies a été prise, tolérée, approuvée, sans que les classes dominantes en conçussent de l'inquiétude, et sans que les classes studieuses pressentissent les conséquences de ces reconstructions de l'édifice du savoir humain, sans cesse renouvelées sur nouveaux frais, et se doutassent des dangers qu'il y avait à remanier ses bases par besoin purement théorique, en se flattant de s'en procurer de plus profondes, tandis que, loin de les rendre plus solides, on creusait une fosse sous l'ancien édifice.

Ajoutez à ces circonstances, que ce ne sont pas les gens du

monde, leurs goûts, leurs encouragemens qui ont créé ni même essentiellement modifié la littérature, c'est-à-dire la sphère des idées et des jouissances intellectuelles qui font la vie de l'esprit et du cœur de l'élite de la nation dans le silence du cabinet. La littérature est presque uniquement l'ouvrage d'hommes appartenant à l'enseignement universitaire et aux professions qui exigent beaucoup plus de savoir et de talent d'analyse que de connaissance du cœur humain. Etrangers aux habitudes du grand monde, et dépourvus du tact pratique et du sentiment d'indépendance que donne le maniement des affaires publiques, les écrivains allemands, auxquels leur nation doit les ouvrages et les doctrines qui font sa gloire et ses délices, n'ont pas, comme les auteurs classiques de l'antiquité et ceux de la France et de l'Angleterre qui, pour la plupart, se sont formés au sein de relations actives, et dans une lutte instructive avec le monde réel, sut se préserver de ces écarts du jugement et du goût que l'homme isolé évite difficilement. L'existence des Allemands en général, à plus forte raison celle des gens de lettres, est plus domestique que sociale; menant une vie toute de pensée ou de sentimens intérieurs de l'âme, et favorable aux rêveries spéculatives, ils ne trouvent point pour leurs idées ce contrôle qui en est à la fois la pierre de touche et l'appui, et que le commerce social et le frottement de relations variées offrent seuls.

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Voilà plus qu'il n'en faut à l'observateur réfléchi, pour lui inspirer de la défiance contre tous les systèmes de morale et de religion mis en vogue dans une contrée où les besoins de l'homme doivent être si incomplètement connus et si mal appréciés par ceux qui sont auteurs ou juges du plus grand nombre de ces systèmes. Dans la règle, on ne saurait nier que la littérature ne soit l'image assez fidèle de l'état de la société. Il faut convenir aussi que la littérature allemande a;; depuis plus de trente ans, offert un spectacle qu'on retrouverait difficilement à une autre époque de l'histoire et chez une autre nation. Enthousiasme sans foi, scepticisme non pas calme et scrutateur, mais hostile contre les vrais intérêts de l'homme et allié au dégoût de la vie, anarchie dans les prin

cipes fondamentaux, absence de tout point de ralliement, désordre dans les idées, penchant pour le bizarre et le fantastique, raison tour-à-tour ivre de sa puissance ou désespérant de sa portée, cherchant son triomphe tantôt dans l'anéantissement et tantôt dans l'apothéose de notre nature, ici dans une espèce de suicide digne d'un fakir, là dans une autonomie plus que stoïque, teis sont les traits qui se détachent en forte saillie du fond des productions les plus populaires des derniers temps.

On ferait néanmoins grand tort à la nation, si on croyait y voir sa véritable physionomie morale et l'expression de son état social. Encore un coup, il y a , par les raisons que nous avons indiquées, prodigieusement de factice et de transitoire dans les doctrines et les livres qui ont exercé de l'empire sur l'opinion. Et, pour nous renfermer dans les limites de la science qui nous intéresse plus particulièrement, tandis que les plus célèbres théologiens, les chefs de l'enseignement uni. versitaire, se plaisaient à ravaler les documens de la révélation au niveau des monumens profanes de l'antiquité, qu'ils en révoquaient en doute l'authenticité, contestaient l'interprétation reçue lorsqu'elle contrariait leurs vues, ou n'hésitaient pas à accuser d'erreur l'écrivain sacré, lorsque le sens qui condamnait leur opinion était trop clair pour s'en débarrasser par des tours de force exégétiques; tandis que tous les journaux accrédités leur servaient de véhicules et de prôneurs, le gros de la nation, avertie par une voix secrète qui la rappelait à une religion plus appropriée aux maladies de l'âme, et la majorité des pasteurs qui ne sauraient, à la longue, méconnaître ce qui peut seul guérir ces maladies, repoussaient d'instinct cet énervant et incohérent rationalisme. Long-temps ils manquèrent de chefs et d'organes. Toutes les bouches de la renommée, tous les moyens d'opinion, toutes les tendances du public lettré étaient pour les adversaires des doctrines évangéliques.

Le petit nombre de sentinelles vigilantes qui, aux dépens de leur réputation littéraire et philosophique, sonnaient l'alarme et signalaient les pétitions de principes, les erreurs, les con

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