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à l'Eglise l'un des plus grands services qu'elle pût recevoir. Notre expérience nous confirme entièrement ce témoignage ; Scott peut être surtout à cet égard de la plus grande utilité au prédicateur; qu'il cherche et qu'il couche par écrit, qu'il apprenne même par cœur tous les parallèles que Scott donne sur le texte qu'il a choisi : toutes les idées fondamentales qui doivent être dans son sermon se trouveront nécessairement dans cette provision de paroles divines qu'il aura faite. Des exemples, des faits intéressans propres à éclaircir la vérité qu'il annonce, se présenter ont à lui; il nagera dans les saintes Écritures, et il en résultera que sa parole et sa prédication ne seront pas en paroles persuasives de la sagesse humaine, mais en évidence d'esprit et de puissance (1). Mais les parallèles seront encore plus utiles peut-être aux simples fidèles. Une Bible avec parallèles est l'interprète infaillible des chrétiens. Nous prenons au hasard quelques références des passages qui présentent des difficultés. Jésus dit-il à Pierre: Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux (2), les parallèles de Scott, Matth., XVIII, 18; Jean, XX, 23; 1 Cor., V, 4, 5; 2 Cor., II, 10; 1 Thess., IV, 8; Apoc., II, 6, m'apprennent que ce n'est pas à Pierre seul que cet attribut est donné. Cette déclaration de Jésus: Entre tous ceux qui sont nés de femmes, il n'en a été suscité aucun plus grand que Jean-Baptiste; toutefois celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui (3), me présente-t-elle quelques difficultés, les parallèles de Scott sur les dernières parties de ce verset les dissipent, Jean, VII, X 41; Rom., XVI, 25, 26; Coloss., I, 26 27; 2 Tim., I, 10; Hebr., XI, 40; 1 Pierre, I, 10.-Cette parole de Jésus: Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, car ce qui est mis pour remplir emporte de l'habit, et la déchirure en est plus grande (4), est-elle obscure pour moi, il me paraît qu'elle s'éclaircit quand je médite les références, Gen., XXXIII, 14; Ps. CXXV, 5; Es., XL, 11; Jean, XVI, 12; 1 Cor.,

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(1) 1 Cor., II, 4.

(2) Matth., XVI, 19.

1828.-11° année.

(3) Matth., XI, 11.
(4) Id., IX, 16.

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III, 1 2; XIII, 11. Du reste, les indications que nous avons citées sont des moins riches; il en est qui sont composées de 25 à 30 parallèles, et il s'en trouve souvent 4, 5, 6 par versets.

Avant de finir, nous devrions dire quelques mots sur la partie matérielle de l'ouvrage que nous annoncons; mais il sort de l'imprimerie de M. Firmin Didot, et cela nous exempte de tout éloge. Nous remarquerons que c'est peut-être un des ouvrages qui fait le plus d'honneur aux presses de cet illustre typographe, vu les nombreuses difficultés que présentaient la séparation du texte, des notes, réflexions, etc.; mais surtout l'insertion des parallèles.

Quant à la traduction, elle est excellente, et réunit deux importantes qualités: elle nous a paru être à la fois très-fidèle et très-française. Il est quelques passages que nous avons lus avec plus de plaisir dans la traduction que dans l'original même. Cet important travail est dû aux veilles de deux fidèles pasteurs de l'Eglise réformée. Que l'utilité de leur travail les récompense dignement de toutes leurs peines', et qu'à cette fin la bénédiction divine repose abondamment sur cette œuvre chrétienne!

Nous n'avons plus qu'un vœu à émettre. Les Eglises protestantes de France (et pourquoi ne dirions-nous pas les Eglises chrétiennes ?) vont enfin avoir des notes sur la Bible, dignes du texte qu'elles commentent. Mais nous n'avons encore que l'Evangile selon saint Matthieu! Puissent tous les autres livres de la Bible nous être sucessivement donnés ; et, pour cela, puisse cette première livraison être accueillie avec empressement dans toutes les Églises, dans toutes les familles chrétiennes qui parlent la langue française, et l'ouvrage du recteur d'Aston trouver chez nous ne fût-ce qu'une petite partie de cet immense succès dont il a été couronné en Amérique et en Angleterre !

NOTICE SUR ALEXANDRE, EMPEREUR DE RUSSIE, par H. L. E., ministre du saint Evangile. Le cœur du roi est en la main de l'Eternel (Prov. XXI, 1). Genève, MAD. S. Guers, 1828, 46 pag. in-8°. Paris, chez SERVIER, rue de l'Oratoire, n° 6. Prix, 1 fr. 50 c.

I

L'âme du plus puissant des rois n'est, certes, pas plus précieuse devant Dieu que celle du dernier des pâtres; le même sang a coulé pour tous les deux sur le Calvaire; mais le premier étant exposé à bien plus de tentations et de séductions que le second, il semble qu'il faille, pour ainsi dire, une plus grande puissance de la grâce pour agir sur son cœur, le convertir au Seigneur, et l'amener humilié dans le sentiment de ses péchés au pied de la croix, unique refuge des pâtres comme des rois. Si l'on réfléchit, d'un autre côté, à l'influence qu'exercent autour d'eux les grands de ce monde, on comprendra le sentiment de joie chrétienne et de pieuse reconnaissance avec lequel tout ami de l'humanité et de l'Evangile voit une tête couronnée se prosterner dans la poussière devant Celui par qui les rois règnent. La notice que nous avons sous les yeux présente sous ce point de vue un vif intérêt; les incrédules et les mondains s'en moqueront, car elle ne leur apprendra rien de nouveau sur les arts, les sciences ni la politique; mais les chrétiens y verront un monument remarquable et frappant de la grâce divine. Que l'empereur Alexandre se soit converti dans les dernières années de sa vie, c'est un fait qui nous paraît hors de doute, et qui a été reconnu par l'auteur des Nouvelles Provinciales, dans sa Revue politique de 1825, où il déclare que la philosophie a avec justice retiré ses applaudissemens à ce prince, QUI EST PASSÉ DANS LES RANGS QUI LA COMBATTENT. C'est à montrer le commencement et les progrès de cette œuvre de Dieu dans le cœur d'Alexandre qu'est destinée la notice de M. H. L. E., témoin oculaire des faits qu'il raconte. Le principal instrument humain de cette conversion remarquable a été, à ce qu'affirme l'auteur, la célèbre madame de Krudener. Nous sommes loin de partager l'admiration de quelques personnes pour cette dame, qui aurait mieux

fait, selon nous, de faire moins parler d'elle; mais nous ne voyons pas pourquoi, malgré quelques écarts et une assez forte dose de mysticisme, il y aurait la moindre raison de douter de l'influence salutaire qu'elle a exercée sur Alexandre. Nous ne pouvons suivre M. H. L. E. dans les divers détails où il entre sur les entrevues de l'empereur avec madame de Krudener, en 1815, d'abord à Heilbronn, puis à Heidelberg et à Paris, entrevues auxquelles M. H. L. E. nous dit qu'il fut constamment présent, de sorte qu'il ne raconte que ce qu'il a vu et entendu ; mais nous pouvons affirmer qu'aucun chrétien ne les lira sans un vif intérêt, et nous remercions, pour notre part, M. H. L. E. de les avoir publiés. La notice se termine par des particularités jusqu'ici ignorées et très-curieuses sur l'origine de l'acte de la Sainte-Alliance, acte qui a occupé tous les esprits et sur lequel on a porté des jugemens si opposés. Il paraît, d'après M. H. L. E., que, si l'on a abusé plus tard de cet acte dans des vues politiques, il fut vraiment pur, religieux et simple dans son principe; il est textuellement rapporté dans la notice que nous annonçons; elle se termine par un ukase qu'Alexandre fit publier dans tout son empire, en 1817, et que nous ne pouvons nous refuser le plaisir de transcrire ici :

« Pendant mon voyage dans les provinces j'ai été obligé, à mon grand regret, d'écouter des discours prononcés par divers membres du clergé, et contenant des éloges peu convenables de ma personne, éloges qui n'appartiennent qu'à Dieu seul.

«M'attribuer la gloire des événemens dans lesquels la main de Dieu se manifeste, c'est donner aux hommes la gloire qui appartient au Tout-Puissant. Je regarde donc comme un devoir de défendre des éloges aussi peu convenables, et je recommande au Synode de donner les instructions nécessaires pour qu'on s'abstienne de prononcer des éloges aussi désagréables à mes oreilles. ». « ALEXANDRE. »

VARIÉTÉS ET CORRESPONDANCE.

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L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'EGLISE PRESBYTÉRIENNE DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE, AUX PASTEURS ET AUX MEMBRES DES EGLISES PROTESTANTES DU ROYAUME DE FRANCE. A remettre au Consistoire de l'Eglise réformée de Paris.

Philadelphie, 26 mai 1828.

TRÈS-HONORÉS ET BIEN-AIMÉS FRÈRES DANS LA FOI
ET DANS L'ESPÉRANCE DE L'EVANGILE,

REUNIS dans cette ville en Assemblée générale, selon la constitution de notre Eglise, nous sentons nos cœurs puissamment attirés vers vous, et nous avons résolu de vous écrire, et de vous offrir, avec nos salutations respecteuses et affectionnées, d'entrer en correspondance fraternelle avec vous. Nous nous rappelons avec joie que les chrétiens, quoiqu'étant plusieurs, sont cependant tous un seul corps en Christ et tous réciproquement les membres les uns des autres. Cette importante vérité, source de quelques-unes des plus précieuses jouissances que donne la communion des saints, appelle évidemment en même temps tous ceux qui, en quelque lieu du monde que ce soit, ont obtenu une foi de même prix, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, à prier les uns pour les autres, à correspondre entre eux, et à s'encourager mutuellement, autant que le grand Chef de l'Eglise universelie leur en fournit l'occasion. C'est pourquoi, quoique nous n'ayons jamais vu vos visages des yeux de notre chair, nous vous regardons spirituellement non comme des étrangers, mais comme concitoyens avec nous de ce glorieux royaume qui n'est pas viande ni breuvage; mais justice, paix et joie par le SaintEsprit.

Chers frères, vos travaux et votre prospérité excitent depuis plusieurs années un vif intérêt parmi nous. Nous avons appris avec joie le zèle croissant avec lequel vous vous occupez de

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