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de bénir le Seigneur, qui se sert des choses faibles de ce monde pour confondre les fortes! Quelle leçon pour nous qui sommes bien plus nombreux que les Frères Moraves, et qui avons si peu fait jusqu'ici pour l'avancement du règne de notre Maître ; et en même temps, quel encouragement pour ceux qui travaillent à cette œuvre avec prière et avec foi! Oui, la Parole de Dieu est semblable à une bonne semence, dont une partie, sans doute, tombe le long du chemin, dans des endroits pierreux, ou parmi les épines, mais dont plusieurs grains sont reçus dans une terre bien préparée, et produisent des fruits avec abondance. Les Frères n'ont pas toujours vu leurs travaux couronnés de succès; ils ont été même obligés d'abandonner plusieurs stations, mais ils ont persévéré dans leur œuvre, et le Seigneur a daigné la bénir.

Nous croyons que la lecture de la seconde partie de la notice que nous annonçons sera instructive et édifiante pour chacun, car la constitution des Frères est essentiellement fondée sur l'Evangile.

Il est utile de contempler ces hommes, dont nous ne pouvons pas sans doute partager toujours la manière de voir, mais qui savent si bien rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu, et qui, en général, ont une religion si vivante et si active. Du reste, on jugera plus facilement de cette notice par les deux citations suivantes, auxquelles nous sommes malheureusement obligés de nous borner, mais qui engageront sans doute nos lecteurs à lire l'ouvrage entier :

L'Unité des Frères a établi, dès son origine, qu'elle ne veut point être une secte séparée des autres Eglises évangéliques, à laquelle personne ne pourrait se réunir sans renoncer à sa religion. Les Frères eux-mêmes, quand ils se trouvent hors de leurs Eglises, ne se font aucun scrupule d'assister au culte dans les Eglises protestantes, ni d'y participer aux saints sacremens; et s'ils veulent sortir tout-à-fait de la communion des Frères, ceuxci ne les en empêchent en rien.

« L'union des Frères ne repose donc pas sur la conformité des dogmes et des idées, mais plutôt sur l'harmonie des sentimens du cœur, dont l'union de l'esprit est la suite. Le but de leur union

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est de former une vraie Eglise du Seigneur, c'est-à-dire une société de membres vivans du corps invisible de Christ, qui, embrassant tous d'un même cœur la doctrine de Jésus-Christ et de ses apôtres, telle qu'elle est enseignée dans l'Ecriture-Sainte, s'appliquent par des efforts soutenus à vivre d'une manière agréable à Dieu, leur Créateur et leur Sauveur, et qui s'emploient à le servir en travaillant à leur propre salut, comme à celui de leur prochain. Le caractère distinctif d'un vrai membre de l'Unité des Frères consiste dans une volonté conforme à la volonté du Seigneur, produite par une foi vive en la réconciliation par son sang, et se manifestant par le zèle pour les bonnes œuvres, et par une intime union des cœurs. L'Unité des Frères se regarde comme formant une même famille, dont Jésus-Christ est le chef, et dont les membres s'aiment l'un l'autre comme des frères et des sœurs. »

Mais les membres de l'Unité des Frères ne croient pas devoir être seulement unis étroitement entre eux; ils s'appliquent aussi à vivre, autant que cela dépend d'eux, en unité d'esprit avec tous les enfans de Dieu répandus sur la terre, et à maintenir soigneusement le lien de la paix, de la concorde et de la charité fraternelle avec tous les chrétiens, indépendamment de différences d'opinions ou de discipline, de constitutions ou de rites ecclésiastiques, afin que le testament de notre Seigneur (Jean, XVII) s'accomplisse au milieu d'eux et par eux (pages 34-37). »

« .... Les Frères s'appliquent surtout à établir la foi en JésusChrist et en la réconciliation par son sang, parce que tous ceux qui croient en Jésus-Christ, le Sauveur du monde, reçoivent la rémission de leurs péchés et le salut éternel; et que cette foi seule produit dans l'homme la force de mener une vie sainte et agréable à Dieu. Ce que saint Paul disait de lui-même: Je ne me suis proposé de savoir autre chose parmi vous, que Jésus-Christ, et JésusChrist crucifié, les Frères souhaitent qu'on puisse aussi le dire d'eux. A l'exemple de l'apôtre, ils cherchent à prêcher l'Evangile, non dans les discours pompeux de la sagesse humaine, mais dans une démonstration d'esprit et de puissance; ils s'étudient à proposer les vérités divines avec simplicité et clarté, et de manière à toucher les cœurs (page 60). »

MORCEAUX CHOISIS DU NOUVEAU - TESTAMENT, à l'usage des Eglises protestantes et des Ecoles, disposés pour les dimanches et jours de fête, par M. le pasteur ALFred SaboNADIÈRE. Meaux, chez GUEDON, imprimeur-libraire. 1826, 146 pages in-8°.

Nous venons enfin, après un retard involontaire, rendre compte du recueil que nous a donné M. Sabonadière, et qu'il nous a priés de faire connaître (1). Il consiste en un choix de morceaux, ou, comme on les appelle quelquefois, de péricopes textuellement extraits de l'Ecriture-Sainte; il y en a deux pour chaque dimanche et jour de fête de l'année, tirés, le premier, des Epitres, le second, des Evangiles. Nous pensons que de pareils recueils sont éminemment utiles, et nous désirons les voir se multiplier dans nos Eglises et dans nos Ecoles, pourvu toutefois qu'ils n'y usurpent pas la place de la Bible; car quelque judicieusement, quelque consciencieusement qu'ils soient faits, ils sont, à quelques égards, une œuvre humaine. Plus de la moitié des péricopes publiés par M. Sabonadière sont tirés de la liturgie anglicane; nous disons cela comme un fait, nullement comme un reproche; car ces Epitres et ces Evangiles sont, si nous ne nous trompons à peu de chose près les mêmes dans les Eglises anglicane, luthérienne, grecque et catholique, où ils sont encore en usage; le choix en a été fait très-anciennement, et il a été assez généralement approuvé. Quant aux changemens que M. Sabonadière y a introduits, quelques-uns nous paraissent tout-àfait judicieux, d'autres moins ainsi, par exemple, nous regrettons qu'un morceau aussi important et aussi fondamental que Jean, III, 1-21, ait été éliminé. Quant à la forme, nous ne comprenons pas dans quel but M. Sabonadière a conservé aux divers dimanches de l'année les noms que leur a donnés l'Eglise catholique et qu'a conservés l'Eglise anglicane, mais qui ne sont plus en usage du tout dans l'Eglise réformée du continent: que signifient pour nous l'Epiphanie, la Septuagésime, la Sexagésime, la Quinquagésime, le Carême, le

(1) Voyez Archives, mai dernier, p. 231.

dimanche de la Trinité? Les péricopes sont précédés, dans le volume que nous annonçons, d'une courte préface adressée aux enfans de l'école protestante de Meaux, et suivis d'un catéchisme primaire en deux pages. Plusieurs principes vrais sont énoncés dans ces trois pages; mais nous y avons trouvé aussi des expressions qui sont en opposition directe avec l'Evangile, et en particulier avec un grand nombre des passages cités dans le corps de l'ouvrage par l'auteur lui-même. C'est ainsi que, dans la préface, il est dit que le catéchisme primaire renferme sommairement ce qu'il faut faire pour MÉRITER la vie éternelle. Or, parmi les adversaires les plus décidés de la doctrine biblique et fondamentale de la justification par la foi, il en est peu qui aillent jusqu'à dire que l'homme peut mériter la vie éternelle. M. Sabonadière luimême ne le pense pas; car, dans son catéchisme, à la question: Et Jésus-Christ qu'a-t-il souffert pour les hommes ? il répond: Il mourut pour des pécheurs qui avaient violé la loi de Dieu, et qui MÉRITAIENT eux-mêmes LA MORT (1).

MÉLANGES RELIGIEUX, MORAUX
ET PHILANTHROPIQUES,

Explication de ces paroles de Jésus-Christ: TU ES Pierre, ET SUR CETTE PIERRE JE BATIRAI MON EGLISE (Matt., XVI, 18). -M. Blanco-White, ancien chapelain du roi d'Espagne, au

(1) Après plus de trois mois de silence, M. le pasteur Sabonadière nous a adressé, en date du 15 août, et nous avons reçu le 27, une réponse en quatorze pages aux notes dont nous avons cru devoir accompagner sa première lettre insérée dans notre livraison du mois de mai dernier. Cette controverse est d'un intérêt trop borné, et nos lecteurs auraient trop de raisons de nous reprocher de la prolonger, pour que nous croyions devoir insérer cette tardive réponse qui, au surplus, ne contient aucun fait nouveau, et que nous serions forcés d'accompagner de quatorze autres pages de notes, qui probablement nous attireraient une troisième réponse, et rendraient ainsi interminable un débat dans lequel nous regrettons d'avoir été entraînés, et qui a déjà occupé trop de place dans notre recueil.

jourd'hui ministre de l'Eglise anglicane, est déjà connu de nos lecteurs comme auteur de plusieurs ouvrages remarquables, dirigés contre l'Eglise du pape. Il a publié, l'année passée, une Lettre adressée aux Irlandais convertis au prótestantisme, pour les encourager et les fortifier dans la voie de l'Evangile. Nous avons pensé qu'il ne serait pas sans utilité d'en extraire le morceau suivant, où M. Blanco-White montre d'une manière ingénieuse combien est absurde l'interprétation que l'Eglise romaine donne au passage de saint Matthieu, que nous avons transcrit en tête de cet article :

« Un homme, voyageant jadis à la recherche de la science, parcourut des pays éloignés et inconnus. Il y trouva des hommes extraordinaires, et des habitudes plus extraordinaires encore; mais entre toutes ses aventures, la suivante fut la plus singulière. Il s'approchait un jour d'une grande ville, qui s'élevait à une certaine distance, et il venait de passer la première barrière qui en fermait l'entrée, lorsque deux hommes, vêtus l'un en noir, l'autre en gris, lui barrèrent le chemin. Il crut d'abord que c'était pour lui demander un droit de péage; mais ce n'était pas là leur but. L'un tenait dans ses mains un épais bandeau; l'autre portait une chandelle, de la cire à cacheter, et un gros cachet. Notre voyageur demanda des explications, et apprit avec étonnement que, d'après la loi du pays où il venait d'entrer, il devait se résigner à se laisser couvrir les yeux avec le bandeau, à le laisser sceller des armes du gouvernement, et à être conduit par la main, comme un aveugle, le reste de ses jours. Si jamais il essayait d'ôter le bandeau, ou de le soulever même tant soit peu pour faire usage de ses yeux, la loi le condamnait à mort.—Justement alarmé à ces paroles, le voyageur se préparait à se retirer pour sortir de ce pays; mais les deux hommes le prirent au collet, et lui déclarèrent que puisqu'il avait passé la barière, il ne lui était plus permis de retourner sur ses pas.

«

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<< Ne voyant aucun moyen de leur échapper, il les pria humblement de lui dire pourquoi il devait être privé de l'usage de la vue, et plongé pour le reste de ses jours dans les ténèbres, tandis que le soleil versait journellement sur le monde

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