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longues, et si, dans le culte domestique, il n'est pas plus facile d'y ajouter que d'en retrancher. Enfin nous appellerons l'attention de l'Ami des Enfans sur cette phrase de la prière, page 42, pour le dimanche matin. « A l'Eglise, ou à la maison, « fais que je mette de côté tout travail, tout jeu, depuis le « matin jusqu'à la nuit.... » C'est un enfant de huit à douze ans qui adresse à Dieu cette prière. N'est-ce pas trop exiger de lui que de lui interdire tout jeu pendant tout le jour du dimanche? Nous aimerions mieux recommander l'usage de quelques parens chrétiens qui donnent à leurs enfans pour le jour du Seigneur des joujoux exclusivement réservés pour ce jour-là, et qui, autant que possible, sont en rapport avec les saintes pensées que le jour du Seigneur demande de nous.

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Le peu d'importance de ces observations montre à nos lecteurs que les AMIS laissent bien peu de chose à désirer. Nous en conseillons l'acquisition à toutes les familles chrétiennes, et nous adressons avec l'auteur de l'Ami de la Maison une fervente prière au Dispensateur de toutes les grâces, pour que ces ouvrages soient accompagnés et suivis de la bénédiction et des fruits du Saint-Esprit, et contribuent à ce que honneur et gloire soient rendus au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Nous savons qu'ils ont déjà été en plusieurs lieux les instruinens d'un vrai bien.

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Ouverture de l'église de SAINT-QUENTIN.-Installation de M. G. MONOD.

C'est avec joie, et en bénissant Dieu, que nous annonçons l'ouverture d'une Église nouvelle à Saint-Quentin. Depuis long-temps les protestans de cette ville, une des plus importantes du Nord par son commerce, son industrie et sa population, désiraient l'établissement d'un culte parmi eux. Beaucoup d'entre eux y avaient travaillé. M. le baron Cuvier présenta leur demande au ministère et fit reconnaître leurs droits.

Grâce à son zèle et à l'équité du ministère, le Roi, par une ordonnance du 25 mai dernier, confirma M. Guillaume Monod, présenté par l'Église consistoriale de Monneaux, comme pasteur de Saint-Quentin. Il se disposait à commencer immédiatement l'exercice de ses fonctions, mais un obstacle d'un genre nouveau l'a retardé jusqu'à ce jour. Nous ne le mentionnons pas à titre de plainte, mais pour avoir occasion de témoigner notre gratitude à ceux qui l'ont levé, et pour l'instruction des Églises qui pourraient éprouver les mêmes difficultés. Le préfet de l'Aisne, M. le comte de Floirac, dont les protestans ont eu d'ailleurs à se louer dans plusieurs occasions, s'opposa à l'installation du culte, jusqu'à ce qu'un second avis du ministère de l'intérieur autorisât cette installation. Nous avions pensé que la nomination du pasteur, communiquée à M. de Floirac, suffisait pour autoriser l'établissement de l'Église. Quoi qu'il en soit, cette opposition rencontra plus de désapprobation encore parmi nos frères les catholiques que parmi les protestans, qui en furent étonnés, mais la supportèrent avec douceur. Une réclamation fut adressée au ministère, et nous ne pouvons assez nous louer de l'empressement avec lequel elle fut accueillie. Nous y voyons un nouveau sujet de nous féliciter du régime actuel, et de l'influence exercée par M. le baron Cuvier sur les intérêts de nos Églises.

L'ouverture du culte s'est faite le 10 août, dans une salle de l'ancienne abbaye de Fervaques, par M. Monod, l'un des pasteurs de l'Église de Paris, père du pasteur de Saint-Quentin. Les pasteurs d'Hargicourt, de Walincourt, de Quiévy, d'Amiens et de Lemé assistaient à cette cérémonie. Une foule de protestans des environs s'étaient joints à ceux de la ville; et beaucoup de catholiques, oubliant les différences qui nous séparent, ou peut-être se rappelant qu'en Jésus-Christ il n'y a plus de différence qui sépare, étaient venus pour être témoins de notre joie et la partager eux-mêmes. Le chant de cantiques adaptés à la circonstance fut exécuté par un chœur composé de catholiques et de protestans. L'assemblée éprouva une émotion profonde, et qui parut par ses larmes, pendant le discours et pendant la cérémonie de l'installation. M. Monod

prêcha sur la vie des premiers chrétiens, qu'il proposa pour modèle à notre Église naissante. Son sermon, sur Act. IV, 4447, offrait un développement de cette belle peinture de la vie et des mœurs des premiers chrétiens appliqué. à ceux de nos jours, et en particulier à une Église naissante comme celle de Saint-Quentin. En parlant de la charité des premiers chrétiens, de leur union, le prédicateur ajoute :

« Et ne pensez pas que cette union des fidèles de la première Eglise ne fût qu'un étroit esprit de secte qui n'aime que ceux que rapproche ce lien commun, et qui croit que le zèle même de la religion doit l'éloigner de ceux qui en professent une autre. Trop souvent peut-être ils avaient été nourris de telles maximes par leurs docteurs; mais la bienveillance chrétienne a une tout autre étendue. Dieu a formé d'un seul sang tout le genre humain : tous les hommes sont ses enfans, ils sont tous frères; voilà le véritable lien qui doit les unir, et devant cette grande ressemblance disparaissent les diversités de nations, de langage et de culte. Ah! seraient-ils des disciples du Maître doux et humble de cœur ceux qui pourraient haïr des frères parce qu'ils ne pensent pas comme eux, parce qu'ils sont nés dans une autre croyance ? Eussent-ils même envers nous les torts d'un zèle trop amer, serait-ce là le modèle que nous devrions imiter, ou celui de notre Maître qui, lorsqu'on lui disait des injures, n'en rendait point, lorsqu'on le maltraitait ne faisait point de menaces?............. »

Après avoir montré l'impression que produisirent les vertus des chrétiens sur les juifs et les païens, à l'occasion de ces paroles du texte : Ils louaient Dieu; ils étaient aimés de tout le peuple, et le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Église des personnes pour être sauvées, le prédicateur termine ainsi son discours :

« Plus d'une fois, peut-être, M. F., dans le cours de cette méditation, vous avez aperçu quelques rapports entre vous et ces chrétiens entourés d'hommes qui professaient d'autres religions. A Dieu ne plaise que nous pensions à comparer leur situation à la vôtre ! S'il y eut des temps, hélas ! où elles étaient peut-être trop semblables, grâce à Dieu, ces temps sont bien loin de vous, et ils ne doivent subsister dans votre souvenir que pour vous faire bénir

et cette Providence qui a fait luire des jours meilleurs, et ces lois qui vous ont rendu vos drois les plus sacrés, et ces Princes qui ont renouvelé pour nous les bienfaits de celui que la France appelle le bon Roi, et ces magistrats, fidèles exécuteurs de leurs intentions: ils ne doivent subsister, ces souvenirs, que pour vous attacher toujours plus à cette religion que vos pères vous ont transmise à travers tant de périls et de séductions. Vous êtes chrétiens parmi des chrétiens dans ces chrétiens vous pouvez embrasser des frères; ou, s'il reste encore quelques hommes trompés par d'injustes préventions, c'est à vous à les dissiper entièrement, à forcer leur estime et leur affection, à leur faire honorer votre religion, et à leur montrer que vous êtes chrétiens comme eux, puisque vous portez la grande livrée du christianisme, la charité. Oui, que l'on vous voie fermes dans votre foi, sincères dans votre piété, doux et indulgens dans votre zèle, réguliers observateurs de votre culte, et prêts à lui faire, au besoin, de généreux sacrifices; que l'on voie régner dans vos familles l'ordre, la simplicité des mœurs, la tendre union; que l'on vous trouve toujours prêts à soulager les malheureux, à pardonner les torts, à vivre en paix avec tous vos concitoyens, à respecter leur religion comme vous souhaitez qu'ils respectent la vôtre; alors, alors, M. C. F., vous serez aimés de tout le peuple; je dis plus: alors on aimera, on honorera votre religion; et qui sait jusqu'où vous pourrez porter sa gloire et ses progrès ? quels nouveaux triomphes vous lui préparerez peut-être dans l'avenir? Chacun de vous sera un prédicateur, un apôtre qui, par la persuasion de ses exemples, par l'éloquence de ses mœurs, démontrera l'excellence de sa religion. Je n'en dirai pas davantage; c'est à vous, M. F., à saisir toutes les conséquences de cette réflexion. Et toi, grand Dieu! souverain Maître des cœurs! daigne enflammer celui de ces chrétiens de ces nobles pensées ; qu'elles les préservent du relâchement! qu'elles leurs rendent tous leurs devoirs plus chers et plus faciles! que cet amour actif de la religion, qui fit la gloire et la force de leurs pères, se réveille, se conserve, se transmette, comme un héritage inaltérable, à leurs enfans et aux enfans de leurs enfans! Amen. >>

Ce discours terminé, le nouveau pasteur se mit à genoux, tandis que le prédicateur lisait le deuxième chapitre de la 2o épître à Tim. : Toi donc, mon fils, fortifie-toi, etc.; après quoi il descendit de chaire, l'embrassa et lui donna sa place.

L'après-midi, il y eut un second service, par lequel le pasteur installé commença son ministère. La foule était presque aussi. considérable que le matin. Le texte était tiré de 1 Cor., IV, 1 et 2: Que chacun nous tienne pour serviteurs de Christ et dispensateurs des mystères de Dieu. Or ce qu'on cherche dans les dispensateurs, c'est qu'ils soient trouvés fidèles; d'où M. Monod tira une exposition de ses devoirs en présence de son nouveau troupeau. Nous citerons les morceaux suivans:

«Nul ne peut être ministre de Jésus-Christ, si Jésus-Christ luimême ne l'y appelle. Les hommes peuvent lui communiquer la science, ils peuvent lui imposer les mains', ils peuvent lui donner les noms de ministre, pasteur, évêque, mais non lui faire part des dons qui seuls le rendent capable d'être évêque ou pasteur. Ce ne sont pas les académies, c'est Jésus-Christ qui établit les ministres; parce que c'est lui qui donne la foi, la connaissance de l'Ecriture, le don de l'interpréter, et le désir de sauver les âmes, sans lesquels on ne peut travailler à son œuvre. Les scribes, assis dans la chaire de Moïse, n'étaient pas ses ministres; Lévi, assis au bureau des impôts, l'était, parce que Jésus l'avait envoyé.. . . . . .»

M. Monod expose ainsi la division de son sermon:

<«< Cette commission, nous venons de le voir, est de dispenser les mystères de Dieu. Pour la remplir fidélement, il faut qu'ils les dispensent tels que leur Maître les leur a confiés; qu'ils les dispensent à tous ceux à qui ils doivent les dispenser, et qu'ils soient toujours occupés de cette dispensation.

Le premier devoir du ministre est donc de dispenser les mystères de Dieu tels que son maître les lui a enseignés. La première chose qu'on cherche dans un dispensateur c'est s'il dispense ce que son Maître lui a dit de dispenser. On ne s'informe pas de son talent, de son langage, de ses manières, on ne demande même pas à quel point la nourriture qu'il distribue plaît aux autres serviteurs; on demande si c'est celle que leur Maître leur a destinée.

« Voilà comment doivent être jugés les ministres de Christ, dispensateurs des mystères de Dieu. Ils ne sont pas des maîtres, mais des serviteurs. Ils ne peuvent pas choisir ce qu'ils veulent enseigner; ils doivent le recevoir du Maître. Celui qui les a établis, c'est Christ. . . . ... Le dispensateur osera-t-il mêler sa sagesse à

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