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qu'ils doivent croire pour le salut de leurs âmes. (1). Mais, je le répète, en quoi cela peut-il troubler nos usages? En quoi cela peut-il même leur être contraire ? Car, sans invoquer le principe de grande liberté qui nous régit, sommes-nous, par le fait, assujettis à une conformité si rigoureuse, qu'il n'existe point de différence d'Eglise à Eglise? Que d'exemples n'en pourrais-je pas citer qui mériteraient bien plus d'être l'objet de vos chrétiennes sollicitudes ? Dans beaucoup de temples, on ne se lève point pour écouter les dix Commandemens de la loi, tandis que dans beaucoup d'autres on croit devoir donner cette marque de respect; dans quelques Eglises on communie assis',

exemple fût suivi dans toutes nos Eglises, et que partout la Parole de Dieu fût lue par le pasteur en chaire, et devînt ainsi partie intégrante et nécessaire de notre culte. Mais notre observation portait sur ce que M. Sabonadière fait tenir les fidèles debout pendant la lecture de l'Evangile, et assis pendant celle de l'Epitre; aussi avions-nous eu soin de souligner cette dernière portion de notre phrase; et c'est de quoi M. Sabonadière ne dit pas un mot dans sa réponse; reconnaissant ainsi encore cette fois l'exactitude de nos assertions. Or, c'est contre cette coutume que nous nous élevons avec force, parce qu'elle tend à inspirer aux fidèles moins de respect pour certaines portions de nos saints Livres que pour d'autres, et à affaiblir en eux la croyanee en l'inspiration divine; car de deux choses l'une, ou les Epîtres ne sont pas inspirées, et alors il faut les rayer du Canon des saintes Ecritures, où, comme il est facile de le prouver, elles ont été inspirées par le même Esprit qui a inspiré les Evangiles, et alors elles commandent la même foi, la même confiance, le même respect. L'assertion contraire est une grave et funeste erreur qui a fait plus de mal à l'Eglise de Jésus-Christ que les attaques des incrédules déclarés eux-mêmes. (Réd.)

(1) M. Sabonadière y pense-t-il? Il nous accuse de méthodisme, et il lit, du haut de sa chaire, le Symbole de Nicée! et il voudrait qu'on y fît entendre, une fois par an, la Confession de foi de nos Eglises, AFLN DE BIEN RAPPELER AUX FIDÈLES CE QU'ILS DOIVENT CROIRE POUR LE SALUT DE LEURS AMES! Nous nous réjouissons sincèrement de trouver en lui ces dispositions, et nous nous joignons à ce vœu de tout notre cœur. Mais, qu'il y prenne garde, parler de notre Confession de foi, regarder ies vérités qui y sont proclamées, et dans le Symbole de Nicée, comme nécessaires au salut des âmes, sent terriblement le méthodisme; et cette confession libre et franche de sa conviction pourrait bien lui attirer les réprimandes de quelques-uns de nos libres penseurs. (Kéd.)

dans d'autres deux à deux, et debout; dans quelques-unes, en passant devant la table. Ici, le pasteur se contente de prononcer quelque passage isolé de l'Ecriture au communiant, et là, au contraire, il lui présente les sacrés symboles d'une manière plus grave, en les accompagnant des paroles sacramentales. Dans telle Eglise, on reçoit les catéchumènes tous ensemble, solennellement, le jour même de la communion; dans telle autre, on les reçoit avec une forme particulière avant le jour de la communion, et ils communient ensuite séparément. Là, vous verrez des pasteurs habillés avec des robes faites à la mode française; là, vous apercevrez qu'ils ont un costume différent, et qu'ils ont adopté, comme ceux de Paris, celui des ecclésiastiques anglais. Dans quelques églises, il y a deux chaires; dans d'autres, vous n'en verrez qu'une. Là, on fait un service pour les funérailles, et l'on entre même le corps dans l'église; dans d'autres, on n'en fait point, et le ministre n'est pas même tenu d'accompagner le corps au cimetière. Je multiplierais de pareils exemples, si ceux que je viens de citer ne suffisaient pas pour montrer que les usages diffèrent selon les localités (1). Et comment s'en étonner, lorsque nous n'avons point de liturgie, ou du moins lorsque nous n'avons qu'une liturgie très-incomplète ? Celle dont nous nous servons généralement a été rédigée ou corrigée par MM. les pasteurs de Genève, qui ont fait des changemens et qui ont introduit des expressions qui ne jouissent pas de l'approbation de tous les pasteurs de France. Il y manque d'ailleurs beaucoup de

(1) Tout ceci est très-vrai; nous ajouterons même qu'à la différence qu'on aperçoit dans la forme des robes, M. Sabonadière aurait pu en ajouter d'autres de même importance; par exemple, que quelques pasteurs se rendent à l'Eglise avec un chapeau à trois cornes, d'autres avec un chapeau rond; que les uns portent un collet rabattu à leur habit, les autres un collet droit, etc., etc. Nous sommes, sous beaucoup de rapports, disposés à nous féliciter de cette liberté laissée à nos pasteurs; mais nous ne voyons pas ce que cette énumération a à faire avec la question principale que nous avons soulevée, qui est non le changement introduit par M. Sabonadière dans la forme purement extérieure du culte, mais l'invitation adressée à un évéque de faire, en sa qualité d'évêque, l'inauguration d'une de nos Eglises. (Réd.)

choses essentielles; par exemple, un service pour les malades, un service funéraire, un service pour la consécration des temples, un service pour le 21 janvier, etc., etc., etc. Et comment y remédier, lorsque nous n'avons point de synodes, et qu'une liturgie, présentée par les pasteurs d'une seule Consistoriale, serait dépourvue de cette sanction, qu'une assemblée générale de notre clergé pourrait seule lui donner (1). Vous jugerez donc, Messieurs, d'après toutes ces considérations, que la lecture d'une portion d'épître ou d'évangile dans une église ne valait guère la peine de jeter un cri d'alarme; mais, puisque vous avez bien voulu le remarquer, j'ose prendre l'occasion qui s'offre en vous répondant de conseiller à toutes les Eglises de France d'adopter cet usage, qui contribue éminemment à l'édification des fidèles; et, afin que vous puissiez mieux l'apprécier, je prends la liberté de vous adresser un exemplaire du recueil que j'ai publié, et que je vous serai obligé de faire connaître par la voie de votre journal (2).

(1) Nous convenons, avec M. le pasteur Sabonadière, qu'une liturgie complète et convenablement rédigée, ayant une sanction suffisante pour être généralement adoptée, nous manque. En attendant qu'il devienne possible de rédiger et d'adopter une pareille liturgie, nous recommandons à l'attention de MM. les pasteurs et des Consistoires, celle que M. le pasteur Roux, président du Consistoire d'Uzès, a publiée, en 1826, d'après l'invitation de plusieurs pasteurs, et où se trouvent remplies toutes les lacunes signalées par M. Sabonadière, et d'autres encore. Elle se trouve à Uzès, chez George, et à Paris, chez Servier, rue de l'Oratoire, n° 6. Prix: 5 fr. (Red.)

(2) Le temps et l'espace nous manquent pour rendre compte aujourd'hui du recueil qu'a bien voulu nous adresser M. Sabonadière. Nous le ferons incessamment.

Voilà donc comment nous avons dénaturé les faits et dit des choses qui ne sont pas vraies. Nous avons dit que la plus grande partie de la cérémonie d'inauguration du temple de Nanteuil a été célébrée selon le rit anglican, M. Sabonadière ne le nie pas; nous avons dit que la prière d'inauguration a été faite par M. l'évéque Luscombe; M. Sabonadière en convient; nous avons dit que le Consistoire duquel relève l'Eglise de Meaux n'a été ni consulté ni avisé, et que la plupart de MM. les pasteurs de la même Consistoriale n'ont pas été invités, tandis que plusieurs ministres anglicans l'ont été, M. Sabonadière le recon

Veuillez agréer les sentimens respectueux et fraternels avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Messieurs,,

Votre très-humble serviteur,

ALFRED SABonadière,

Pasteur des Eglises protestantes de l'arrondissement de Meaux.

Meaux, ce 3 mai 1828.

LETTRES sur l'état de la religion en Allemagne, et surtout dans le nord de l'Allemagne.

N° I.

MONSIEUR LE RÉDACTEUR,

Berlin, mars 1828.

On m'a assuré que les nouvelles sur l'état de la religion en Allemagne, insérées depuis plusieurs années dans vos Archives, ont été accueillies avec un vif intérêt par vos lecteurs. J'espère que des renseignemens plus complets pourront leur être agréables; en les leur donnant, je m'attacherai de préférence aux circonstances qui échappent au voyageur, ou qu'il ne peut du moins pas saisir dans leur ensemble, et dont il n'est presque point question dans les livres et les journaux, surtout dans notre pays.

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naît; nous avons dit que M. Sabonadière a, à plusieurs égards, introduit, dans son Eglise, la liturgie anglicane, ou du moins une liturgie anglicanisée, et différente de celle généralement en usage parmi nous ; M. Sabonadière ne le nie pas; nous avons dit enfin que M. Sabonadière fait tenir les fidèles debout pendant la lecture de l'Evangile, et assis pendant celle des Epîtres, et il ne le nie pas non plus. Voilà toutes nos assertions; elles sont toutes confirmées directement ou indirectement par la lettre même de M. Sabonadière, et cependant il n'a pas craint de nous accuser d'avoir dénaturé les faits, d'avoir avancé des allégations dénuées de fondement, d'avoir dit des choses qui ne sont pas vraies. Il nous semble que, n'ayant rien de plus concluant à répondre, il aurait mieux fait, dans son intérêt, de ne pas prendre la plume, et de ne pas nous forcer à revenir sur cette affaire, et à nous occuper si longuement de formes purement extérieures, tandis que le temps presse pour aller au fond des choses, pour édifier les âmes, et les appeler à la repentance, à la foi et au salut. (Réd.)

Les regards du public chrétien se dirigent, depuis quelques années, avec beaucoup d'intérêt, sur Berlin. L'influence que cette capitale exerce sur les idées, les mœurs et la manière de vivre dans tout le nord de l'Allemagne et dans les états prussiens en particulier, est moins importante, il est vrai, que l'influence de Paris, de Londres et de Vienne sur les pays où ils sont situés; cependant le mouvement qui s'y manifeste, depuis environ vingt ans, est tel qu'il ne peut manquer d'avoir de grands résultats. Je commencerai donc ces lettres par vous donner un aperçu de l'état religieux de Berlin pendant les cinquante dernières années, soit à cause de l'importance de ce sujet par lui-même, soit parce qu'il m'est bien connu, et que je pourrai ainsi entrer dans des détails dont la connaissance jettera du jour sur beaucoup d'autres points.

Jusqu'à l'avènement au trône de Frédéric-le-Grand, et même durant une assez grande portion de son règne, Berlin eut le bonheur de posséder des pasteurs pieux et vraiment évangéliques. Pendant long-temps les principes du roi et des philosophes déistes ou athées qu'il appelait à sa cour ou à l'académie des sciences, eurent, sur les sentimens religieux et sur les mœurs de la capitale, une influence bien moindre qu'on n'aurait dû s'y attendre. Ce ne fut qu'à l'issue de la guerre de sept ans que les choses changèrent de face. La liberté illimitée de la presse dont on jouissait pour les questions religieuses, tandis qu'on n'en avait aucune pour les questions politiques, engagea un grand nombre d'hommes pleins de talent, mais ennemis du christianisme, à se fixer à Berlin, où ils publièrent, sous le titre de Bibliothèque allemande universelle, un journal, dirigé par Nicolaï, à la fois auteur et libraire, qui devint l'organe de leurs opinions et un puissant moyen de les répandre dans la haute société. Une philosophie, sans profondeur, s'appuyant, dans sa partie théorique, sur des observations superficielles et sur l'expérience la plus commune, prenant dans les questions de morale les idées de bonheur pour point de départ et pour but, voilà ce qui caractérisait le fond de la doctrine de ces nouveaux sages. Ils s'attachaient peu ou point à établir des doctrines positives, mais d'autant plus à attaquer,

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