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réparer les maux occasionnés par une maladie de quelques semaines, et il l'a mis en opposition avec le sort de celui qui, par une sage prévoyance, s'est préparé des ressources le moment du besoin, qui n'aggrave pas ses maux par des inquiétudes pour sa famille, et qui, bien soigné chez lui et par les siens, reprend bientôt ses travaux, et, au bout de quelques semaines, se souvient à peine qu'ils ont éte interrompus. Ces considérations sont si vraies et si frappantes que nous ne pouvons être surpris de l'accroissement que prend chaque jour la Société, et qui nous semble ne devoir s'arrêter que lorsque tous les ouvriers et artisans protestans y seront entrés. Le nombre des sociétaires est aujourd'hui de sept cent cinquante. A ce Rapport a succédé celui de M. Buchez, médecin du deuxième arrondissement, qui a donné les détails les plus satisfaisans sur les soins empressés et éclairés qui ont été prodigués aux malades de la Société; par un bonheur tout-àfait extraordinaire, et qui, comme l'a dit le savant docteur, est en opposition avec tous les calculs, et ne peut être regardé que comme un fait accidentel, la Société n'a perdu cette année qu'un seul malade. On ne peut donner trop d'éloges au zèle désintéressé des médecins de la Société, qui se sont formés, pour ainsi dire, en consultation permanente pour toutes les maladies qui présentent quelque chose de grave.

L'un des censeurs a ensuite donné des détails sur les finances, qui sont dans le meilleur état possible. Quatorze mille francs restaient en caisse au commencement de l'année; la Société a reçu, en 1827, seize mille francs et n'en a dépensé que onze mille. Aussi, comme l'avait déjà annoncé son président, le Comité espère pouvoir, avec le temps, fonder une maison de retraite pour les personnes âgées et isolées, qui s'y appliqueront à différens ouvrages sédentaires, des pensions pour les infirmes et les vieillards, et peut-être aussi, car sa sollicitude s'étend à tous les âges, une salle d'asile pour les enfans. On a voté l'impression de ces différens rapports.

M. Charles Coquerel a ensuite improvisé un discours dont le principal but était de payer un nouveau tribut d'éloges et de regrets aux membres que le Comité a perdus. La séance a

été terminée par un discours de M. Basset, membre de la Société philanthropique, qui, en faisant hommage à la Société de prévoyance de trois exemplaires de son ouvrage sur les écoles d'adultes, a présenté à l'auditoire des réflexions simples et frappantes sur les avantages que leur offrent ces établissemens. Il s'est plu à rendre justice au soin que les protestans apportent en général à l'éducation de leurs enfans; mais, a-til ajouté, il ne suffit pas d'avoir appris, il faut encore ne pas oublier; trop souvent le désir, bien naturel chez des parens peu aisés, de faire gagner à leurs enfans le pain qu'ils mangent, les engage à les retirer trop tôt de l'école, et, en trois mois, ils ont oublié ce qu'ils avaient mis six ans à apprendre ; maintenant que des cours gratuits et mis à la portée de toutes les classes, tels que celui de M. Charles Dupin, promettent d'être si utiles à la classe des ouvriers et des artisans, il est plus à regretter que jamais que plusieurs n'en puissent profiter faute de savoir bien lire, écrire et compter, et d'avoir quelque idée du dessin linéaire. On ne saurait donc trop engager les jeunes gens des deux sexes, et même les personnes plus âgées, car il est bon d'apprendre à tout âge, à fréquenter les écoles gratuites pour les adultes, qui se tiennent le soir et le dimanche à des heures différentes que celles du service divin, qui doit toujours passer avant tout et occuper la plus grande partie de ce saint jour. Il y a déjà six écoles d'adultes, trois pour les hommes et trois pour les femmes, et l'on espère arriver à en avoir deux dans chaque arrondissement.

Le samedi 26 avril et le lundi 28, une grande quantité d'ouvrages variés, confectionnés par des dames, ont été publiquement vendus chez l'une d'entre elles, au profit de la Société des Missions évangéliques de Paris. Cette vente a produit, dans ces deux jours, la somme de 1,600 fr., qui est destinée à l'équipement du premier missionnaire la Société pourra envoyer parmi les païens.

que

Le lundi 28 eut lieu, à la Maison des missions, en présence des membres du Comité, de MM. les pasteurs des départemens, et de toutes les personnes qui voulurent y assister, un examen des élèves qui, tous, ont fait preuve de progrès.

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satisfaisans dans leurs études. Ces examens, qui désormais auront lieu annuellement à la même époque, seront, pour MM. les députés des départemens, une occasion précieuse de s'assurer par eux-mêmes de la tendance de l'enseignement qui se donne dans la maison.

Enfin, comme nous l'avons déjà dit, des réunions journalières et nombreuses ont eu lieu dans le courant de cette semaine, dont le souvenir nous est doux et dont l'influence sera, nous l'espérons, bénie pour beaucoup d'âmes. Il ne sera pas sans intérêt pour nos lecteurs de connaître, au moins par esquisse, une de ces réunions où l'on s'est entretenu des intérêts les plus chers et les plus pressans de nos Eglises. Nous en choisissons une qui aura, avec la bénédiction de Dieu, des résultats utiles et importans. La conversation y eut pour objet le culte domestique.

L'un de MM. les pasteurs venus des départemens, qui avait demandé que l'on s'entretînt de ce sujet, a raconté que, dans son Eglise, le culte domestique avait cessé d'être en usage, mais qu'il s'applique, depuis quelque temps, à l'introduire de nouveau dans les familles.

Un laïque a exprimé combien le sujet de la conversation lui paraissait important; il a insisté sur la nécessité d'en revenir non seulement au culte domestique du matin et du soir, mais aussi à la pieuse coutume de nos pères, de rendre grâces, aux heures des repas, de la nourriture que le Seigneur nous accorde; il a parlé d'un voyage qu'il a fait dernièrement dans le nord de la France, de la joie qu'il a eue à considérer la vie religieuse d'une petite commune qu'il avait visitée déjà, il y a dix ans, et dont le christianisme n'était alors qu'illusoire; il a attribué le changement heureux qui y est survenu, à l'introduction du culte domestique dans les familles qui, après avoir goûté la vérité, sentirent le besoin de s'en nourrir tous les jours.

Le pasteur de l'Eglise à laquelle on venait de faire allusion a donné, sur l'état religieux de ses paroissiens, quelques nouveaux détails qui ont été écoutés avec un vif intérêt.

Un autre pasteur a fait remarquer qu'une circonstance qui met obstacle à l'introduction du culte domestique dans plu

sieurs familles, c'est le manque de livres pour le diriger; beaucoup de personnes n'étant pas capables d'expliquer l'Ecriture-Sainte d'une manière satisfaisante, ni de prier à haute voix.

Un pasteur de Paris a répondu que cette difficulté serait levée bientôt, du moins en partie, par la publication du commentaire de Thomas Scott, sur l'Évangile selon saint Matthieu, ouvrage qui sera vendu à bas prix, et qui pourra ainsi obtenir une grande popularité.

Un laïque à ajouté qu'une liturgie de famille intitulée : l'Ami de la Maison, sera aussi bientôt mise en vente, et • qu'elle contribuera, avec le commentaire de Scott, à rendre plus facile le culte domestique. Il a annoncé que la Société des Traités religieux publiera incessamment un petit écrit sur ce sujet.

les

Un pasteur étranger a raconté que, l'année dernière, il a adressé à tous ses paroissiens une lettre pastorale pour engager à reprendre cet usage salutaire, et qu'il a eu la joie de réussir auprès d'un assez grand nombre. Là où on lui objectait la difficulté qu'il y a à introduire une telle habitude, il proposait de célébrer le culte lui-même, la première fois qu'il aurait lieu; de cette manière, la continuation en était plus facile aux chefs de famille.

Un pasteur des départemens a fait observer que, dans quelques Eglises, le grand nombre des mariages mixtes rend les efforts pour en venir à ce résultat moins heureux.

Un laïque a répondu qu'il pourrait cependant citer, à Paris, plusieurs familles où les parens sont de religions différentes, et où, cependant, le culte domestique se célèbre.

Un pasteur du midi de la France a raconté, à l'appui de ce fait, un trait de tolérance d'une dame catholique qui s'est associée à la Société biblique de la ville où elle demeure, après avoir persuadé à son mari, protestant, d'en devenir membre.

Le maître de la maison où la réunion dont nous venons de rendre compte a eu licu, a terminé en exprimant le vœu que les pasteurs présens fissent, dans leurs Eglises respectives,

des efforts soutenus pour y réintroduire le culte domestique, et qu'ils rendissent compte à leurs collègues de la manière spéciale dont ce sujet important avait occupé l'attention des chrétiens des différentes parties de la France, réunis en ce moment à Paris.

Nous croyons devoir recommander aux personnes qui désireront s'éclairer sur cette coutume pieuse l'excellent Sermon sur le Culte domestique, publié par M. H. Merle d'Aubigné, pasteur à Bruxelles (chez H. Servier, prix: 1 fr. 25 cent.), dont nous venons d'apprendre qu'une traduction allemande a paru à Hambourg. Il se vend au profit de la Société des Traités Religieux de Paris.

La lettre qui suit, quoique datée du 3 mai, ne nous est parvenue que le 14. Nous nous sommes crus obligés de l'insérer; mais comme M. le pasteur de Meaux n'a pas craint d'inculper notre bonne foi, nous avons dû l'accomgner de nombreuses notes, que nos lecteurs nous pardonneront, vu la circonstance.

A MM. les Rédacteurs des Archives du Christianisme au dix-neuvième siècle.

MESSIEURS,

Vous m'avez fait l'honneur de m'adresser une lettre, pourme demander des détails sur l'inauguration du temple de Nanteuil, et pour m'inviter en particulier à démentir les bruits fâcheux qui couraient sur le compte du pasteur de Meaux, parce qu'un évêque de l'Eglise protestante d'Angleterre avait pris part à cette cérémonie et prononcé la prière de consécration! Vous ajoutiez dans cette lettre, que si je ne répondais pas, vous publieriez dans les Archives une note qui vous avait été transmise relativement à cet événement, et que vous y joindriez des observations (1). Je m'empressai de ré

(1) Nous avons cru, en effet, donner à M. le pasteur Sabonadière une marque de confiance et de loyauté en nous adressant à lui-même,

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