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nombre des pièces les plus remarquables de la séance. Le premier était consacré à faire ressortir l'utilité des assemblées générales, à montrer le rôle que joue en particulier la Société des Traités, qui comble, par ses publications, une lacune que la Société biblique a sagement laissée, en s'interdisant toute espèce de notes et de commentaires, et à caractériser l'époque où nous nous trouvons. C'est ici que M. Stapfer a su trouver et saisir l'occasion de faire le portrait religieux et moral de M. de Staël, qu'il a tracé d'une manière complète et de main de maître. Tous ceux qui connaissaient le chrétien éminent dont la Société pleurait en ce jour la perte, ont pu sympathiser avec le vénérable orateur, quand il nous a peint, avec tant de naturel, tant de finesse de détails et une sensibilité si profonde, le caractère et la vie de celui qui, après avoir combattu icibas le bon combat de la foi, est allé jouir, dans le sein de son Sauveur, d'une gloire éternelle qu'au milieu de tant d'autres gloires passagères, il avait su démêler et préférer. Indiquer les accroissemens de la Société pendant l'année qui venait de s'écouler, parler du nombre des Sociétés auxiliaires nouvelles, et des dépôts qui se sont formés en France et à l'étranger, dire la quantité de Traités publiés et distribués depuis le dernier anniversaire, retracer enfin l'influence morale produite par la diffusion des écrits religieux que répand la Société, tel était l'objet du rapport de M. Lutteroth, qui était rempli de faits intéressans et bien choisis, et qui avait d'ailleurs tout ce qu'il faut pour intéresser: concision, netteté et simplicité. Dans l'espace d'un an la Société a mis en circulation 172,812 Traités, c'est-à-dire 23,607 de plus que l'année précédente; dans ce nombre sont compris 6,000 Almanachs des Bons Conseils, c'està-dire 4,000 environ de plus qu'il ne s'en était écoulé en 1827, et 10,000 de plus qu'en 1826. Huit nouveaux Traités et un Traité-placard ont été publiés. Le canton de Vaud a demandé l'Almanach des Bons Conseils avec la liste des foires de ce pays; la Société des Traités de New-York a adopté plusieurs publications de la Société de Paris qu'elle a fait réimprimer en français; enfin des exemples de pécheurs qui ont été retirés de la voie du vice, et de personnes du monde qui sont sorties de

leur état d'indifférence religieuse par la lecture des Traités, ont prouvé à l'assemblée que la bénédiction d'en-haut reposait sur la Société. Les dons sont montés pendant l'année à 5,632 fr. 75 c. et le produit des ventes à 5,606 fr. 48 c. Les dépenses ont été de 10,780 fr. 53 c. On se rappelle que, l'année précédente, de temps avant l'assemblée générale, la caisse présentait un déficit de 2 à 3 mille francs ; quelqu'un à cette époque, fit envisager cette circonstance comme étant de bon augure pour l'avenir : elle a en effet servi à stimuler le zèle, et à augmenter les recettes, et la Société s'est vue par ce moyen, en état d'étendre considérablement le champ de ses travaux.

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Après la lecture du rapport du secrétaire et de celui du trésorier, faite par M. A. Roux, plusieurs orateurs ont pris la parole. M. Rosselotti, qui a proposé l'impression de ces rapports, a cité plusieurs faits recueillis dans sa paroisse, pour encourager la distribution des écrits religieux publiés par le Comité. M. le comte Ver-Huell a appuyé cette proposition, et a demandé qu'on donnât une plus grande extension aux travaux de la Société, en faisant imprimer des explications simples et pratiques sur l'Ancien-Testament, dans lesquelles on chercherait à écarter les difficultés que présente la lecture de cette portion de nos saints Livres, si négligée, parce qu'elle n'est pas comprise, et surtout parce qu'elle n'est pas considérée dans ses rapports avec le Nouveau-Testament. Il était touchant d'entendre un vice-amiral et un pair de France se porter avec un noble courage défenseur d'un Livre qui, de tout temps, a soulevé les objections de la sagesse humaine, mais qui, aux yeux de la foi, est tout rempli de l'Esprit de Dieu, annonçant par les prophètes, et préfigurant par la loi, le Sauveur, qui, dans les temps marqués, devait venir racheter le monde. M. le pasteur Juillerat a proposé un vote de remercimens aux Sociétés auxiliaires et étrangères et aux dépositaires de Traités. IL pense que ces Sociétés et ces dépositaires méritent, à bon droit, des remercimens, ou, pour mieux dire, des félicitations, parce que l'œuvre dont ils sont chargés est difficile. et qu'elle rencontre beaucoup d'obstacles dans les cœurs. It n'en est pas des Traités religieux comme de tant d'autres écrits

qui flattent les passions, qui caressent la corruption naturelle de l'homme, et qui, par cette raison, sont reçus avec empressement. Les Traités, en exposant l'Evangile avec ses vérités humiliantes pour le cœur humain, ont souvent de la peine à se faire jour dans les consciences, et ceux qui les distribuent doivent s'attendre à être quelquefois accueillis froidement ou même repoussés. Passant ensuite au réveil religieux qui se manifeste en nos jours, et dont plusieurs esprits ombrageux s'alarment, tandis que tous les vrais chrétiens s'en réjouissent, M. Juillerat demande si, en possession d'un si grand bienfait, nous devons, avant que d'en jouir, nous inquiéter de savoir 'd'où il nous vient. «Au reste, ajoute l'orateur, ce bien ne nous est venu ni de l'orient, ni de l'occident, ni du septentrion, ni du midi; il nous est venu du ciel; c'est le Seigneur qui nous a visités, qui nous a réveillés. A lui soit gloire aux siècles des siècles!» Cette improvisation, sortie d'un cœur profondément pénétré de ce qu'il disait, a produit une vive impression sur l'assemblée.— M. Wilks a lu ensuite une lettre reçue de New-York et accompagnée de 214 dollars (1,100 f.), produit d'une collecte faite dans les Etats-Unis en faveur de la Société des Traités de Paris. Cette lettre est la preuve la plus manifeste de la vérité qui venait d'être proclamée par l'orateur précédent, qu'entre tous les chrétiens du monde, quelle que soit leur patrie terrestre, il n'y a qu'un lien, qu'un amour, qu'un esprit, qu'une espérance. A peine, en effet, eut-on connu en Amérique le déficit qui se trouvait, l'année passée, dans la caisse de la Société de Paris, qu'une souscription y fut ouverte, qui, en quelques jours, produisit la somme que nous avons indiquée plus haut.-M. le pasteur Scholl, secrétaire de la Société des Traités de Londres, se trouvant dans l'assem-blée, a été invité par M. le président à prendre la parole. Il a commencé par protester des sentimens d'affection qui unissent la Société de Londres à celle de Paris, et de l'intérêt qu'elle prend à ses travaux; puis il a donné quelques détails sur le prodigieux accroissement que la Société dont la Société dont il est secrétaire

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a pris dans le courant des dernières années. Les revenus, qui en 1826 étaient de 250,000 fr., se sont élevés, en 1827, à

310,000 fr. Il a cité des exemples du bien produit par les Traités. Un pasteur en Angleterre a déclaré que, dans sa paroisse, il y avait au moins cinquante personnes converties qui devaient leurs premières impressions religieuses à la lecture des Traités; un jeune homme vicieux, qui, avec une bande de mauvais sujets comme lui, était entré dans une église de Londres pour dérober, fut tellement frappé par ce seul passage de la loi : Tu ne déroberas point, qui était écrit sur la muraille du temple, que dès ce moment-là il abandonna ses compagnons de vagabondage et changea de vie, et il est maintenant un des plus zélés distributeurs de Traités qu'il y ait à Londres. M. Scholl a fini son discours en rendant un tribut d'affection chrétienne et de regrets à la mémoire de M. de Staël, et en excitant l'assemblée à marcher sur les traces de ce disciple zélé de Jésus-Christ, dont la mort doit crier à tous les vrais chrétiens : « Travaillez pendant qu'il est jour, car la nuit vient dans laquelle on ne peut plus travailler. »-M. Jaquier, pasteur à Clairac, a demandé la parole, pour rappeler l'attention sur la proposition faite par M. le comte Ver-Huell, de publier des Traités religieux pour les classes plus élevées de la société, et non pas seulement pour le peuple; il a aussi témoigné le désir que le Comité soit à l'avenir plus sévère dans le choix de ceux qu'il met en circulation, et a cité deux ou trois passages de Traités, dont nous ne nous rappelons pas les titres, et qui, à ce qu'il assure, ont paru dangereux à quelques personnes.-M. le secrétaire a aussitôt demandé la parole: « Nous ne saurions être trop reconnaissans, Messieurs, a-t-il dit, des excellens conseils que M. le pasteur Jaquier vient de nous donner; une grande sévérité doit présider à nos travaux, nous le sentons, et nous en avons fait preuve en n'adoptant jamais aucun Traité sans l'avoir d'abord soumis à un examen aussi scrupuleux que possible; nous continuerons à suivre la même marche aussi long-temps que les mêmes fonctions nous seront confiées. L'orateur auquel je réponds nous ayant toutefois adressé ces conseils à l'occasion de quelques écrits dont le contenu lui a paru peu utile, je dois déclarer ici qu'ils sont tout-à-fait étrangers à notre Société ; ils n'ont été ni imprimés,

ni distribués par nous; je puis même ajouter que le titre ne m'en était pas connu. Si donc quelques-unes des phrases qui s'y trouvent et qu'on vous a citées sont dignes de blâme, ce blâme ne doit pas tomber sur nous, qui ne saurions aucunement en être responsables, puisque la seule circonstance commune à nos Traités et à ceux dont on a parlé, celle d'être à peu près du même format, ne peut, vous le comprenez, nous rendre les patrons de ceux-ci, comme nous le sommes des nôtres. Il serait désirable, a-t-on encore dit, que, puisqu'il existe une Société centrale des Traités, elle fût la seule à en publier: je n'examinerai pas ce vœu en lui-même, mais je répondrai seulement qu'il ne dépend pas de nous de le réaliser. ` Nous n'avons nul droit d'interdire aux autres de faire le bien par eux-mêmes; notre seule tâche est de nous acquitter, de notre mieux, du bien à notre portée : nous désirons que les efforts de ceux qui travaillent à côté de nous soient bénis, comme ils désirent sans aucun doute que les nôtres le soient aussi ; mais, par cela même que nous travaillons isolés les uns des autres, il n'y a pas de responsabilité, pas de garantia possible. Je le répète, Messieurs, les reproches qui ont été fails s'adressent à des Traités qui n'émanent pas de nous; il n'y en a pas eu contre ceux que votre Comité a publiés. »-Ces explications ont été accueillies avec beaucoup de faveur par l'assemblée, qui a paru témoigner qu'aucune impression fâcheuse n'avait été produite sur elle par les remarques auxquelles M. le secrétaire s'était vu forcé de répondre.

Enfin, l'assemblée a entendu un quaker des Etats-Unis, M. Buffam, de Rhode-Island. M. Monod fils a été chargé d'interpréter le peu de paroles qu'il a prononcées sur l'union des chrétiens entre eux, et sur la tendance pratique à donner aux Traités.

M. le président a procédé ensuite aux élections, et M. Monod fils a terminé, par une prière d'actions de grâce, une séance que M. son père avait ouverte en implorant la bénédiction de Dieu sur les travaux de la Société. A la sortie de l'assemblée il s'est fait une collecte et une distribution abondante de Traités. Le lendemain 23, la Société biblique protestante de Paris

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