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Eglise et la corruption de l'Eglise romaine, M. l'évêque Luscombe ne craint pas de tirer de ce parallèle la conclusion que c'est l'Eglise pure qui trouble l'unité parfaite de la société spirituelle de Jésus-Christ, et de déclarer qu'elle demeuré séparée de l'Eglise primitive et d'une catholicité pure ; et cela uniquement parce que, semblable en cela à l'Eglise primitive, elle n'a pas d'évêques ! Il faut avoir entendu de ses oreilles de pareilles assertions, il faut les lire de ses propres yeux pour croire qu'elles sont sorties d'une bouche protestante; il faut les voir imprimées pour se persuader qu'elles n'ont pas échappé à l'auteur dans la chaleur de l'improvisation, et ne sont pas le fruit d'un moment de distraction et d'irréflexion. Les citer, c'est déjà les avoir réfutées, La vraie Eglise de Jésus-Christ est là où se trouve la vraie doctrine de Jésus-Christ; c'est une proposition qui n'a pas besoin de preuves.

Quelles que soient, du reste, à cet égard, les opinions de M. Luscombe, nous lui reconnaissons pleinement le droit de les professer, de les prêcher, de les imprimer, et même de chercher, par tous moyens légitimes, à les propager parmi nous, comme il travaille, depuis plusieurs années, à le faire (1), à changer la face de l'Eglise réformée de France, à nous imposer des évêques, et à nous rendre tous anglicans; c'est le propre de toute conviction forte et sincère de tendre à se communiquer; le désir que M. Luscombe exprime de nous convertir à l'anglicanisme n'a donc rien que de légitime et de naturel, et nous sommes loin de le blâmer. Mais il ne peut pas nous blâmer non plus si, ne partageant point du tout sa manière de voir (2), nous signalons, de notre côté, l'influence qu'il cherche à exercer dans nos Eglises, et nous nous y opposons; et si, en particulier, à l'occasion d'un fait récent, nous demandons comment il se fait qu'un évêque anglican, et un évêque qui professe les opinions signalées plus haut,

(1) M. Luscombe a cherché plus d'une fois à persuader à des pasteurs de se faire anglicans.

(2) Nous ne prétendons pas jeter ici la moindre défaveur sur la liturgic et la discipline anglicanes, qui peuvent être fort bonnes, sans que nous soyons disposés à les adopter.

ait été appelé à faire l'inauguration d'un de nos temples? Le fait est extraordinaire, mais le fait est vrai. Un temple nouveau a été inauguré, il n'y a pas long-temps, à Nanteuil-lèsMeaux, annexe de l'Eglise de Meaux ; et la plus grande partie de cette cérémonie a été célébrée selon le rit anglican. M. le pasteur de Meaux a prêché, il est vrai, lui-même; mais si nous sommes bien informés, LA PRIÈRE D'INAUGURATION a été faite par M. l'évêque Luscombe, selon le rit anglican; d'autres lectures ont été faites, selon ce même rite, en présence de plusieurs ministres anglicans spécialement invités; le Consistoire, duquel relève l'Eglise de Meaux, n'a été ni consulté ni avisé, et la plupart de MM. les pasteurs qui desservent la même consistoriale n'ont pas été invités à une cérémonie qui les intéressait si spécialement.-M. Luscombe paraît s'être mis, dans cette occasion, en contradiction avec ses propres principes, en consentant à inaugurer un temple au sein d'une' Eglise qui est, selon lui, en dehors de l'unité chrétienne. Serait-ce que M. l'évêque considère l'Eglise de Meaux comme étant en quelque sorte une Eglise anglicane? Nous serions tentés de le croire; car nous avons appris, à cette occasion, que M. le pasteur de Meaux a, à plusieurs égards, introduit dans son Eglise, nous ne savons de quelle autorité, la liturgie anglicane, ou du moins une liturgie anglicanisée, et différente de celle généralement en usage parmi nous; c'est ainsi, par exemple, qu'il s'y lit, chaque dimanche, comme dans l'Eglise anglicane, une portion d'Epître et une portion d'Evangile, et que M. le pasteur fait tenir les fidèles debout pendant la lecture de l'Evangile, et assis pendant celle de l'Epitre. Si telle était l'explication du consentement de M. Luscombe à officier dans cette circonstance, sa conduite serait, quant à lui, légitime et naturelle. Mais, dans ce cas, nous demanderions" si la chose est également légitime et convenable pour ce qui concerne nos Eglises ? Nous demanderions si la liberté avec laquelle elles sont, sans contredit, constituées, va jusqu'à permettre à chacun de ses pasteurs d'y introduire une nouvelle forme de culte ?

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Écoles d'Enseignement mutuel établies par le Consistoire de NISMES.-Les écoles primaires sont en première ligne parmi les besoins actuels de nos Eglises ; et c'est un point sur lequel nous ne pouvons appeler avec trop d'instance l'attention et la sollicitude de tous les amis de la religion et de l'humanité. L'utilité, la nécessité, dans l'intérêt de la vraie piété, de la morale et du bien-être du peuple, d'enseigner à toutes les classes au moins la lecture, l'écriture, l'orthographe et les premiers élémens de l'arithmétique, n'est, grâce à Dieu, contestée aujourd'hui par personne parmi nous; un partisan du système déplorable, qui veut que le peuple soit maintenu dans l'ignorance où il a végété pendant tant de siècles, ne peut pas être protestant, pas plus qu'un partisan du libre examen et de la lecture générale de la Bible ne peut être catholique romain. Nous ne nous arrêterons donc pas à prouver une thèse qui est toute prouvée pour nos lecteurs. Mais si le principe est généralement admis parmi nous, il n'en est pas moins certain que l'application de ce principe salutaire est loin encore d'avoir reçu l'extension convenable. Il est pénible d'avoir à le divulguer, mais c'est un fait incontestable qu'il existe encore en France des Eglises, le dirons-nous, des contrées entières, où la masse de la population protestante ne sait ni lire ni écrire. Nous en appelons avec confiance à cet égard au témoignage d'un grand nombre de pasteurs qui gémissent des entraves que cette ignorance met à l'instruction religieuse qu'ils sont appelés à donner aux enfans de leurs troupeaux (1). Notre assertion n'est d'ailleurs que trop justifiée par la correspondance de nos Sociétés bi

(1) On voit, dans le Rapport dont nous allons parler, qu'à Nismes même, au cœur de la population protestante du royaume, sur quatrevingt-deux garçons instruits l'année dernière par M. le pasteur Catéchiste, quarante seulement savaient lire. Que doit-ce être dans les campagnes !

bliques et de nos Sociétés de Traités qui, chaque jour, trouvent dans cette ignorance un obstacle invincible aux distributions bienfaisantes qui sont l'objet de leur institution. Il nous paraît urgent que des hommes zélés et éclairés songent sérieusement à former une Société dont le but unique sera de favoriser l'instruction primaire par tels moyens qu'il appartiendra et qu'il sera possible de mettre en œuvre. Nous recommandons vivement cette idée à la méditation des personnes qui peuvent s'occuper à la mettre à exécution, et nous sommes convaincus qu'un projet de ce genre, bien mûri et bien présenté par des hommes dignes de confiance, trouverait un assentiment général dans nos Eglises, et serait appuyé de toutes parts (1). En attendant qu'une pareille Société générale des écoles primaires protestantes en France puisse être organisée, nous nous ferons toujours un devoir bien doux de signą ler à l'estime et à la reconnaissance publiques les Eglises qui s'occupent avec le plus de zèle et de succès de cet objet important. Parmi ces Eglises, celle de Nismes se distingue en première ligne, comme nous avons vu déjà qu'elle se distingue par sa chrétienne sollicitude pour les orphelines. Le dernier Rap port publié par le Comité de surveillance des Ecoles d'enseignement mutuel établies par le Consistoire de cette Eglise est sous nos yeux; nous en extrayons ce qui nous paraît digne d'imitation et d'une utilité générale. La séance publique pour la distribution des prix a été tenue le 6 avril 1827, mais le procès-verbal ne nous en est parvenu que dernièrement. Nous remarquons avec plaisir que M. de Chastelier, maire de la ville, et M. Nicod, inspecteur de l'université, assistaient à cette intéressante cérémonie qui a eu lieu dans le Petit-Temple. Après

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(1) Nous apprenons avec uue vive satisfaction qu'une Société, se proposant pour unique but la propagation de l'instruction dans les classes indigentes et peu aisées, a été formée, le 19 août dernier, à Arvers près La Tremblade (Charente-Inférieure), et que déjà elle a commencé ses travaux et a obtenu des succès. Ajouter que la nouvelle Société doit son existence à l'influence indirecte de la Société biblique, c'est ajouter un nouveau et puissant motif à tous ceux que les protestans de France ont déjà pour favoriser et soutenir cette sainte institution,

1828. -11° année.

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un discours de M. le pasteur Tachard, président du Comité de surveillance, sur la nature et les avantages de l'éducation populaire, M. Horace de Clausonne a fait le rapport sur l'état des écoles et les travaux de l'année. - Le Comité a sous sa surveillance deux écoles, l'une payante, dirigée par M. Bernaras, l'autre gratuite placée sous la direction de M. Dupasquier. Cette dernière est naturellement la plus nombreuse, la plus intéressante, et celle sur laquelle se porte d'une manière spéciale l'attention du Comité. Elle a été fréquentée dans le courant de l'année par deux cent vingt-trois élèves, dont l'absence ou la présence a été constatée chaque jour par un appel fait avec la plus grande exactitude. L'élève qui a manqué à l'appel plus de dix fois dans le mois est signalé aux parens par une lettre d'avis. Cette lettre est suivie d'une seconde un mois après, s'il y a lieu. Si ces deux avertissemens ne produisent pas l'effet désiré, le Comité prononce l'exclusion de l'élève, après avoir entendu toutefois les explications du père ou de la mère. Le Comité s'applaudit beaucoup de l'adoption de cette marche. La première lettre a presque toujours suffi; il n'a pas eu à prononcer une seule exclusion. Le Comité déplore avec raison la négligence des parens à envoyer leurs enfans à l'école,. et il proclame avec douleur qu'à peine la moitié de la population ouvrière protestante de Nismes arrive à l'état d'homme avec les notions indispensables de l'écriture et de la lecture. -L'école est assidument visitée, à tour de rôle, par deux membres du Comité.-L'école payante compte quatre-vingtdeux élèves.

Les deux objets de dépense les plus considérables sont : 1° pour papier, plumes, ardoises, crayons et autres objets de cette nature, 755 fr. 75 2.; 2o achat de livres, 354 fr. 45 c. -La dépense totale s'est élevée à 1,350 fr. 80 c. (1). — La

(1) En supposant que cette dépense ne regarde que l'école gratuite, elle présenterait, à deux cent vingt-trois élèves, une moyenne de 6 fr. 5 à 6 centimes par élève; mais dans ce calcul n'est pas compris le traitement du maître d'école, dont le Rapport ne fait aucune mention. Nous regrettons que ce Rapport, d'ailleurs si exact, ne présente pas un compte

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