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ment à sa communion. Car, si tu ne te montres chrétien par la sainteté de ta vie, tu peux, il est vrai, être comme caché dans l'Eglise, mais tu n'es cependant pas de l'Eglise. Tous ceux qui veulent être comptés parmi le peuple de Dieu, doivent donc être sanctifiés en Christ. Le mot de sanctification signifie une séparation, et elle s'opère en nous lorsque par l'esprit nous sommes régénérés en nouveauté de vie, afin que nous servions Dieu et non pas le monde. Car, nous qui sommes profanes de notre nature, l'Esprit nous consacre à Dieu. Or, comme cela se fait autant que nous sommes incorporés au corps de Christ, hors duquel il n'y a que souillure, et que l'Esprit en nous ne vient que de Christ, c'est avec raison que l'Apôtre dit que nous sommes sanctifiés en Christ, lorsque par lui nous nous attachons à Dieu et devenons en lui de nouvelles créatures. » -Calvin, dit aussi (1): « C'est une métaphore fréquente et familière à l'Ecriture, que d'appeler l'Eglise, la maison de Dieu, parce qu'elle est composée des fidèles qui en sont nommés les pierres vives, et quelquefois aussi les vases dont la maison est garnie.» -Ailleurs (2) L'Eglise est comme une ville dont les habitans sont tous les croyans qui sont unis entre eux par une parenté mutuelle; les étrangers sont ceux qui ne croient pas. » -Nous trouvons dans le commentaire sur l'Ep. aux Galates, ch. 4 et 26, à l'occasion de ces paroles, la Jérusalem d'en haut est la libre, et c'est la mère de nous tous, les réflexions suivantes : << Saint Paul appelle l'Eglise céleste, non pas qu'elle soit renfermée dans le ciel, ou qu'elle doive être cherchée hors du monde; car l'Eglise est répandue dans tout l'univers, et étrangère maintenant sur la terre. Pourquoi donc dit-il qu'elle est d'en haut, ou du ciel? Parce qu'elle tient son origine de la grâce céleste. Car ce n'est pas de la chair et du sang que naissent les enfans de Dieu, mais par la vertu du Saint-Esprit. Ainsi donc la Jérusalem céleste, qui a son principe du ciel, et qui habite en haut par la foi, est la mère des fidèles. Car en elle a été déposée la semence incorruptible de

(1) Ad Hæbr., ch. III, 3.

(2) Ad Col., ch. IV, 5.

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la vie, par laquelle elle nous forme, elle nous échauffe lorsque nous sommes encore comme l'enfant dans le sein de sa mère, elle nous met au jour. Elle a de plus le lait et la viande, au moyen desquels elle nourrit constamment ceux qu'elle a créés. Et pourquoi l'Eglise est-elle appelée la mère des fidèles ? Certainement celui qui refuse d'être fils de l'Eglise, prétend en vain avoir Dieu pour père; car ce n'est que par le ministère de l'Eglise que Dieu crée ses enfans, qu'il les soutient et les porte jusqu'à ce qu'ils grandissent et parviennent à l'âge viril. Grande gloire de l'Eglise, excellent honneur ! Mais les papistes sont insensés, et des enfans sans sagesse, qui mettent ceci en avant pour nous accuser. Car, puisqu'ils ont une mère adultère, qui engendre des fils pour les mettre à mort (nam quum matrem habeant adulteram, quia diabolo filios in mortem gignit), n'est-il pas absurde de demander que les fils de Dieu. se livrent en ses mains cruelles pour y perdre la vie?»

Les Eglises réformées du royaume de France ont déclaré d'un commun accord que c'était cette assemblée des enfans de Dieu qu'elles regardaient seule comme la véritable Eglise, quand elles ont dit, dans leur confession de foi, ce vénérable monument des lumières et de la piété des protestans français (art. 27): Toutefois nous croyons qu'il convient de discerner soigneusement et avec prudence quelle est la vraie Eglise, parce qu'on abuse par trop de ce titre. Nous disons donc, suivant la Parole de Dieu, que c'est la compagnie des fidèles, qui s'accordent à suivre cette Parole et la pure religion qui en dépend, et qui profitent en elle tout le temps de leur vie, croissant et se confirmant dans la crainte de Dieu, selon qu'ils ont besoin d'avancer et de marcher toujours plus avant; et que même, quelques efforts qu'ils fassent, il leur convient d'avoir incessamment recours à la rémission de leurs péchés. Néanmoins, nous ne nions point que parmi les fidèles il n'y ait des hypocrites et réprouvés, desquels la malice ne peut effacer le titre de l'Eglise, qui n'est composée que des fidèles (1).

(1) Nous ne citerons point les docteurs qui ont paru dans nos Eglises depuis la réformation : les citations se multiplieraient sans fin. Nous ne

Telle est la véritable Eglise : c'est le peuple des enfans de Dieu, la sainte et glorieuse assemblée de ceux qui sont devenus

pouvons cependant nous empêcher de rapporter un fragment de l'écrit remarquable que M. le docteur Hahn, professeur à Leipzig, vient de publier, à la suite de la fameuse dispute qu'il a soutenue dans cette ville; dispute académique où le christianisme évangélique a paru publiquement aux prises avec le rationalisme, l'un et l'autre armés de toutes les armes de la science (a), qui a fait une grande sensation dans toute l'Allemagne, et qui vient se ranger à côté de cette autre fameuse dispute de Leipsig qui eut lieu, il y a trois siècles (en 1519), entre Luther et le docteur Eck; et où ce même christianisme évangélique parut pour la première fois publiquement aux prises avec le papisme, son autre adversaire. M. Hahn dit : « Il est vrai que ce règne de Dieu, que Christ a fondé sur la terre, ne pourra manquer de se distinguer, comme société extérieure et visible, des autres constitutions et sociétés religieuses; mais ce que savent tous les vrais chrétiens évangéliques, c'est que ce règne n'est réellement que là où le cœur est devenu un temple de Dieu (1 Cor., III, 16, etc.; Luc, XVII, 20, etc.); là où la raison reconnaît dans la Parole de Dieu, pure et non détournée de son véritable sens, la vérité, l'explication parfaite de son propre et mystérieux langage, la solution du grand problême qui lui était donné à résoudre; là où la volonté retrouve dans la loi divine cette législation primitive qui était cachée dans les profondeurs de notre esprit, et corrige les interprétations fausses et intéressées qu'elle en avait fait jusqu'à cette heure; là où les saints désirs du cœur, si long-temps inutiles, sont enfin satisfaits, quand, reconnaissant cette sagesse cachée que Dieu avait destinée avant les siècles pour notre gloire, le cœur éprouve et ressent déjà, par une foi certaine et une espérance pleine de joie, ce qu'aucun œil n'a vu, ce qu'aucune oreille n'a entendu, et qui n'est point venu dans l'esprit de l'homme, mais que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment (1 Cor., II, 7-9). Je confesse librement et avec joie que le sentiment d'appartenir à ce règne de Dieu, à cette véritable Eglise, évangélique, apostolique, est le bien le plus excellent de ma vie, la perle que j'ai long-temps cherchée, et que je garde précieusement dans mon cœur, et je déclare que je ne connais point d'efforts plus glorieux que ceux qui ont pour but d'exercer pour soi-même et d'avancer parmi les autres ce véritable culte spirituel. » An die Evangelische Kirche, etc. A l'Eglise évangélique, surtout en Saxe et en Prusse, franche déclaration faite par le docteur A. Hahn, professeur ord. de théologie, à Leipzig. 1827, chez Vogel (page 7). Nous nous réjouissons d'avoir fait connaître aux chrétiens de France ce frère et compagnon d'armes, dont

(a) Le professeur Krug était l'opposant.

1828. - 1 1o année.

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sur la terre citoyens du ciel et combourgeois des saints. Cette Eglise n'existe pas seulement depuis la réformation; elle a toujours existé. Long-temps prisonnière dans le sein de Rome, la grande révolution religieuse du seizième siècle la délivra et la multiplia. Bâtie sur le fondement des Prophètes et des Apôtres, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l'angle, d'épais nuages la recouvrirent, il est vrai, quelque temps; mais le soleil, en se relevant dans toute sa force à l'époque de la réformation, dissipa ces nuages et dévoila ses saintes murailles aux yeux de tous. Elle a pu, pendant des temps de ténèbres, n'être comprise que d'un petit nombre de fidèles, et même des plus humbles et des plus inconnus de la terre; mais l'un de ses plus illustres membres avait dit auparavant, et comme à l'entrée de cette époque de deuil, qu'elle pouvait n'être composée même que d'un seul homme. (1).

Cette Eglise a donc pu être long-temps peu nombreuse; mais de nos jours, plus que jamais, son Chef glorieux élargit le lieu de sa tente et étend les courtines de ses pavillons. Elle a été, elle est et elle sera, tandis que les systèmes d'aujourd'hui et d'hier passeront, quelque séduisans qu'ils puissent paraître, comme ont passé tous ceux des siècles anciens. C'est cette Eglise glorieuse, cette Eglise éternelle, que les Eglises protestantes reconnaissent, embrassent, présentent à tous, à laquelle ils pressent tous les hommes d'appartenir. Elle est munie de priviléges éternels; elle vaut véritablement la peine qu'on ambitionne d'en être membre; on gagne tout en le devenant.

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un excellent journal (la Gazette évangélique de Berlin) a dit, avec tant de raison, que l'on n'avait jamais pu appliquer mieux qu'à lui cette parole: Pectus facit theologum. Puissent de tels théologiens, qui le sont à le cœur et par la science, se multiplier parmi nous !........

la fois par

(1) Aliquando in solo Abel Ecclesia erat, et expugnatus est à fratre malo et perdito Cain. Aliquando in solo Enoch Ecclesia erat, et translatus est ab iniquis. Aliquando in sola domo Noë Ecclesia erat, et pertulit omnes qui diluvio perierunt, et sola arca natavit in fluctibus, et evasit ad siccum. Aliquando in solo Abraham Ecclesia erat, et quanta pertulit ab iniquis, novimus, etc., etc., etc. Ainsi parle saint Augustin. Enarratio in Psalm. 127.

Heureux ceux qui ont faim et soif de sa justice, car ils seront rassasiés!

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Mais, comment en devient-on membre? quelle en est la porte? et comment y est-on admis?

Comme cette Eglise ou Société est d'un beaucoup plus grand prix et munie de priviléges infiniment plus glorieux que toute société ou réunion extérieure et visible, il faut aussi plus de peine pour en devenir membre. Il ne suffit pas pour cela d'être dégoûté de quelques abus ; il ne suffit pas que l'intelligence fasse quelques recherches; il ne suffit pas d'inscrire son nom sur quelques registres; il ne suffit pas que l'on s'adresse à des hommes pour leur faire une profession de sa foi. Toutes ces choses peuvent être bonnes et convenables. Mais c'est ici, avant tout, une affaire du cœur; c'est la plus auguste de toutes les démarches auxquelles l'homme puisse être appelé dans sa vie. Elle doit avoir lieu dans le sanctuaire intime, loin des hommes, entre l'âme et son Dieu. C'est au Chef de l'Eglise que nous vous renvoyons, ô vous tous qui demandez comment vous pourrez entrer dans l'Eglise ! Il ouvre, et personne ne ferme; il ferme, et personne n'ouvre (1). Cherchez-le dans les heures de votre retraite; cherchez-le par d'ardentes prières et par des soupirs qui ne se peuvent exprimer. Demandez, heurtez! et il vous donnera, et il vous ouvrira. Il l'a promis. Il l'a fait déjà pour des milliers d'âmes qui soupiraient humblement après la vérité. Pourquoi ne le ferait-il pas pour vous? Tant que le Maître ne vous aura pas répondu, les serviteurs, les hommes ne pourront rien vous dire qui vous satisfasse ; mais dès que Celui-là aura parlé, tout ira de soi-même; et, instruits de Dieu (2), vous n'aurez pas à apprendre grand'chose de vos compagnons de service ici-bas.

Mais encore, comment devient-on membre de cette Eglise, et quelle en est l'entrée? Ne consultons pas, pour connaître cette entrée, quelque docteur d'aujourd'hui, ni même quelque réformateur ou père de l'Eglise ; allons droit au Maître. Il

(1) Apoc., III, 7. (2) Jean, VI, 45.

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