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ui de loin en loin sur quelques intérêts s avons connu tel pasteur qui, après un e année dans son Eglise, ne connaissait pas me de figure. Nos présidens ne peuvent pas a cet égard aux évêques catholiques, puisqu'ils urs collègues aucune autorité ecclésiastique quel

présidens de Consistoires forment à peu près le quart du bre total de nos pasteurs; qui fournira sur leur compte les renseignemens secrets demandés ? car sans doute ils ne devront pas rendre eux-mêmes témoignage à leurs propres sentimens moraux, religieux et monarchiques; et ce n'est pas le personnel des trois quarts de nos pasteurs, mais de tous que l'administration désire connaître ; d'autant plus que la présidence, appartenant par la loi au plus ancien pasteur d'une Eglise (Loi du 18 germinal an 10, art. 21), est un accident qui ne donne, par lui-même, à celui qui est revêtu de cette qualité, aucune supériorité de lumières, de talens, de fidélité ni de piété.

Parlerons-nous des défiances, des jalousies, des divisions que la circulaire tend, par sa nature même, à fomenter parmi des pasteurs, tous égaux en tant que pasteurs, et faits pour s'estimer, s'aimer, s'entr'aider mutuellement? Non; car nous sommes convaincus qu'il n'est pas un seul d'entre les honorables ministres de Jésus-Christ qui président nos Consistoires, qui ne repousse de toutes ses forces le rôle que la circulaire tendrait à lui faire jouer, et qui ne se refuse péremptoirement à devenir l'espion, peut-être le délateur de so collègues. Ces expressions sont fortes, nous l'avouons, mais elles rendent seules toute notre pensée. Mais alors le gouvernement aura fait une fausse démarche; et une fausse démarche nuit toujours plus ou moins à la considération qui lui est due. Il n'est que trop à craindre que, malgré la conduite ouverte et loyale que tiendront les présidens dans cette occasion, cette circulaire, si l'administration n'y porte un prompt remède, ne laisse dans nos Eglises un levain secret de défiance qui pourra influer d'une manière fâcheuse sur les relations des pasteurs

entre eux. N'est-il pas à craindre, par exemple, que, toutes les fois qu'un pasteur se croira lésé dans quelque droit réel ou imaginaire, ou éprouvera quelque refus de la part du gouvernement, il ne jette au moins un regard soupçonneux sur son président, et ne cherche à pénétrer si ce n'est pas à quelque note secrète qu'il doit le désagrément qu'il éprouve ? n'est-il pas à craindre qu'il ne puisse se défendre, quelque bonne opinion qu'il ait du président, de ce malaise insupportable qui s'attache à tout homme qui peut se croire accusé sans le savoir et sans pouvoir se défendre? Il ne faut pas oublier que l'injustice de pareils soupçons ne diminuerait en rien leur fâcheux effet.

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Mais, nous dira-t-on, l'administration actuelle est incapable d'abuser des renseignemens qui lui arriveraient, et même de prendre aucune mesure contre un pasteur, quelque juste qu'elle lui paraisse, sans entendre ce pasteur dans sa justification. Nous en sommes plus convaincus que personne, et ce n'est pas là-dessus que portent nos inquiétudes; c'est l'effet moral de la circulaire sur nos pasteurs eux-mêmes, plutôt que son effet matériel immédiat, que nous craignons et que nous déplorons. Nous voulons admettre non seulement que l'administration n'abuserait pas de ces renseignemens, mais qu'elle n'en ferait même aucun usage. Mais alors à quoi sert sa circulaire ? Nous lui demanderons d'ailleurs à elle-même si elle croit possible de se tenir entièrement à l'abri de l'influence que pourraient exercer sur elle les renseignemens particuliers qu'elle demande. Et si, parmi ces renseignemens, il s'en trouvait de tels qu'elle crût devoir, dans l'intérêt bien entendu d'une Eglise, la délivrer d'un mauvais pasteur, car, hélas! parmi le froment le plus pur il se trouve toujours un peu d'ivraie, que ferait-elle ? Jugerait-elle ce pasteur sans lui faire connaître son accusateur? Avec M. Cuvier à sa tête, elle en est incapable; et la chose serait d'ailleurs impossible; car, après la circulaire que nous discutons, le pasteur saurait bien à qui s'en prendre. Le lui ferait-elle connaître ? Mais alors que devient le secret solennellement promis? Est-ce à dire qu'aucune mesure ne doive être prise contre un mauvais pasteur ?

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Non, sans doute; mais il y a des moyens francs et légaux de l'atteindre. D'ailleurs, quoique l'honorable chef actuel de l'administration des cultes non catholiques soit peut-être destiné à exercer pendant long-temps, pour le bien de nos Eglises, les fonctions dont il vient d'être revêtu, un jour viendra où il aura un successeur qui trouvera les renseignemens particuliers dans les cartons du ministère. Et qui peut prévoir l'usage qu'il en ferait ?

De deux choses l'une, ou les présidens répondront selon le vœu de la circulaire, ou ils ne répondront pas. Sils répondent, tous les dangers que nous avons signalés subsistent; s'ils ne répondent pas, à quoi aura servi la circulaire?

Nous sommes pleinement convaincus qu'aucun président ne conservera le secret, et que tous, sans exception, éprouveront le noble besoin de satisfaire leurs Consistoires et leurs collègues qu'ils n'ont fait aucune dénonciation, en leur communiquant leur réponse, et en déclarant qu'ils n'en feront point d'autre ; sans cette déclaration franche et spontanée, les défiances et les soupçons dont nous avons parlé nous paraissent inévitables.

Voici, si nous étions président de Consistoire, dans quel sens à peu près nous répondrions à l'administration. Nous lui dirions que nous avons cru, par des motifs qu'elle appréciera dans sa justice et dans sa loyauté, devoir communiquer sa circulaire et notre réponse à notre Consistoire ; que nous nous occupons à recueillir et que nous lui transmettrons le plus tôt possible les renseignemens demandés dans la première partie de la circulaire, quoiqu'il nous semble que ces renseignemens doivent déjà exister au ministère; mais que n'ayant de relations officielles et obligées qu'avec les pasteurs de notre ressort nommés par le Roi et rétribués par l'état, c'est d'eux seuls que nous pourrons nous occuper; que, quant à la seconde partie de la circulaire, nous avons sans doute mal saisi la pensée de l'administration, puisque nous n'avons à lui transmettre aucun renseignement particulier pour lequel nous ayons besoin du sceau du secret. - MM. les présidens pourraient peut-être joindre à cette réponse officielle une lettre particulière dans

laquelle ils toucheraient un mot des inconvéniens que présente cette circulaire, et du mauvais effet qu'elle tend à produire et qu'elle a déjà produit dans quelques localités.

Nous le répétons, nous sommes convaincus que l'administration n'a pas suffisamment réfléchi à la nature et aux conséquences de la mesure qu'elle vient de prendre; aussi ne considéronsnous en aucune manière cette mesure par rapport à la personne de l'honorable chef de cette administration, mais uniquement en elle-même et par rapport à ses résultats possibles et probables. Nous respectons, nous louons les intentions, mais nous déplorons le contenu de la circulaire; tout en conservant l'espoir que, grâce à la sagesse et au bon esprit de nos pasteurs, elle ne produira pas les effets que ce contenu pourrait faire craindre. Nous ne pensons pas, dans l'examen auquel nous venons de nous livrer, avoir un seul moment dépassé les bornes d'une critique calme, permise, et que nous croyons utile. Ce serait, en tout cas, contre notre intention.

Nous consignons avec empressement dans nos Archives la nomination de M. Auguste Laffon de Ladebat, ancien souspréfet de Toulon, à la place de chef du bureau des cultes non catholiques, sous la direction de M. le baron Cuvier. Le nom de M. Laffon de Ladebat, fils de l'homme respectable de ce nom, ancien député au corps législatif, nous paraît présenter toutes les garanties désirables; et nous nous félicitons de l'influence qu'il va exercer sur les affaires de nos Eglises.

Nos Eglises viennent de faire une perte douloureuse par la mort de M. Alègre (Henri-Louis-Victor), pasteur, président du Consistoire, de l'Eglise de Bolbec (Seine-Inférieure), enlevé le 9 février dernier, à l'âge de près de soixante-deux ans, à l'affection de sa famille et de ses nombreux amis, et aux fonctions qu'il remplissait avec tant de zèle et de fidélité. M. Alègre croyait et prêchait l'Evangile dans sa pureté, et sa mémoire sera long-temps en bénédiction dans son Eglise et parmi tous ceux qui ont eu le privilége de le connaître. Nous désirons

vivement le Consistoire de Bolbec trouve à lui donner un que

successeur qui marche sur ses tracés.

ANNALES DES PROGRÈS DE L'ÉVANGILE
SUR LA TERRE.

SOCIETE DES MISSIONS EVANGÉLIQUES DE PARIS. Nous nous empressons de communiquer à nos lecteurs l'extrait suivant d'une lettre du Comité de la Société des Missions évangéliques de Genève, datée du 24 décembre dernier, écrite par le pieux et respectable président de cette Société, M. le pasteur et professeur Peschier; ils y verront une nouvelle preuve de cet esprit d'union et de fraternité qui nous unit à nos frères de Genève, et qui fait que, quand un des membres de Christ souffre, tous les autres souffrent avec lui.

« Dans l'unité de but, de sentimens et de vues qui lie notre petite Société à la vôtre, aucun événement qui vous touche ne peut nous être étranger, aucun succès dans vos travaux dont nous n'aimions à nous réjouir, aucune perte dans vos membres qui ne nous frappe avec vous; c'est ce que nous avons éprouvé dans celle qui sert tristement d'occasion à cette lettre, dans laquelle nous avons le besoin d'exprimer une douleur qui nous est commune à tous. Je n'entreprends point ici l'éloge de M. le baron de Staël, d'autres le feront plus dignement; et sous combien de rapports divers! Mais, arrêtant nos pensées sur les qualités qui nous intéressaient plus directement, nous regrettons dans M. de Staël, l'un des membres les plus actifs et les plus éclairés des Sociétés religieuses et philantrhopiques dont s'honore votre capitale, et qui, avec les nobles présidens qui les dirigent, offrait à notre amour pour les Eglises de la France réformée l'un des plus éloquens défenseurs de la cause du protestantisme, de la tolérance chrétienne et d'une sage liberté; nous regrettons l'homme d'un esprit élevé au-dessus des petites passions et des préventions,

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