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en blesser, pas même en effleurer la liberté par une importune sollicitation. J'avois d'ailleurs une juste défiance de moi-même, je sentois de la répugnance à demander d'être préféré à d'autres qui pouvoient être choisis. J'avois cru entrevoir, Messieurs, une chose que je ne devois avoir aucune peine à croire, que vos inclinations se tournoient ailleurs, sur un sujet digne, sur un homme rempli de vertus, d'esprit et de connoissances, qui étoit tel avant le poste de confiance qu'il occupe, et qui seroit tel encore, s'il ne l'occupoit plus1. Je me sens touché, non de sa déférence, je sais celle que je lui dois, mais de l'amitié qu'il m'a témoignée, jusqu'à s'oublier en ma faveur. Un père mène son fils à un spectacle; la foule y est grande, la porte est assiégée; il est haut et robuste, il fend la presse; et comme il est près d'entrer, il pousse son fils devant lui, qui, sans cette précaution, ou n'entreroit point, ou entreroit tard. Cette démarche d'avoir supplié quelques-uns de vous, comme il a fait, de détourner vers moi leurs suffrages, qui pouvoient si justement aller à lui, elle est rare, puisque dans ses circonstances elle est unique, et elle ne diminue rien de

I Simon de la Loubère. Il fut nommé membre de l'Académie française quatre mois après La Bruyère. En août 1693, il vint occuper le quinzième fauteuil, que la mort de l'abbé Fr. Tallemant avait laissé vacant.

LA BRUYÈRE. II.

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354 DISCOURS A MM. DE L'ACAD. FRANÇOISE.

ma reconnoissance envers vous, puisque vos voix seules, toujours libres et arbitraires, donnent une place dans l'Académie françoise.

Vous me l'avez accordée, Messieurs, et de si bonne grace, avec un consentement si unanime, que je la dois et la veux tenir de votre seule munificence. Il n'y a ni poste, ni crédit, ni richesses, ni titres, ni autorité, ni faveur, qui aient pu vous plier à faire ce choix; je n'ai rien de toutes ces choses, tout me manque. Un ouvrage qui a eu quelque succès par sa singularité, et dont les fausses, je dis les fausses et malignes applications pouvoient me nuire auprès des personnes moins équitables et moins éclairées que vous, a été toute la médiation que j'ai employée, et que vous avez reçue. Quel moyen de me repentir jamais d'avoir écrit?

FIN DU SECOND VOLUME.

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Abbés. Ce qu'ils étoient et ce qu'ils sont, II, 222.
ACHILLE. Jetez-moi dans les troupes comme simple
soldat, je suis Thersite mettez-moi à la tête
d'une armée dont j'aie à répondre à toute l'Eu-
rope, je suis Achille, II, 19.

Actions. Le motif seul en fait le mérite, I, 255.
Les meilleures s'altèrent et s'affoiblissent par la
manière dont on les fait, II, 21.

Adversités. Belles et inutiles raisons qu'elles font
étaler, I, 327. — Quelquefois plus fortes que la
raison et que la nature, ibid.

Affaire. Celle qui se rend facile devient suspecte,
Il, 74.

Affectation. Est souvent une suite de l'oisiveté ou de l'indifférence, II, 124.

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Celle

Affliction. On ne sort guère d'une grande affliction que par foiblesse ou par légèreté, I, 292. qui vient de la perte des biens est seule durable, 365.

Age. Chaque âge regretté, II, 80.

de la vie humaine, 81.

Les trois phases

Aigreur. Ses effets sur nos jugements, II, 168. Aimer. L'on n'aime bien qu'une fois, c'est la pre

que

le

mière, I, 288. L'on n'est pas plus maître de toujours aimer, qu'on ne l'a été de ne pas aimer, 292. Cesser d'aimer, preuve sensible C'est foiblesse que cœur a ses limites, ibid. d'aimer; c'est souvent une autre foiblesse que de guérir, ibid. Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument, ibid.

On aime de plus en plus ceux à qui l'on fait du bien, 298. Air. L'air spirituel fait la beauté de l'homme, II, 147.

ALEXANDRE. Bien jeune pour la conquête du monde, II, 174.

Ambitieux. L'esclave n'a qu'un maître : l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune, I, 419.

Ambition. On en rougit comme d'une foiblesse. On n'en guérit point, I, 300. — Suspend toutes les autres passions, 355.

- Il en Ame. Bassesse de quelques-unes, I, 358. est de grandes et nobles, ibid. Ses différents

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vices, II, 59, 60. Une grande âme seroit invulnérable si elle ne souffroit par la compassion, 94. Combien d'âmes foibles sans de grands défauts, 128. On oublie qu'on a une âme, 172. Amis. Ne regarder en eux que la vertu qui nous y attache, I, 245. — On doit les cultiver dans leur disgrâce comme dans leur prospérité, ibid. C'est assez pour soi d'un fidèle ami, 295. — C'est beaucoup de l'avoir rencontré, ibid. On ne peut en avoir trop pour le service des autres, ibid. Des amis et des ennemis; comment on doit vivre avec eux, ibid. Il est pénible de les cultiver par intérêt; c'est solliciter, 296. — C'est beaucoup tirer de notre ami, si, monté à une grande faveur, il est encore de notre connoissance, 399.

Amitié. Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres, I, 264. Elle peut subsister entre gens de sexe différent, exempte même de grossièreté, ibid. Parallèle de l'amour et de l'amitié, ibid et suiv. — Il n'y a pas si loin de la haine à l'amitié que de l'antipathie, 290. On lui confie un secret; il échappe dans l'amour, ibid. On ne peut aller loin dans l'amitié sans une indulgence réciproque pour nos petits défauts, 326. Est ce qu'il y a au monde de meilleur, 424. Amour. Comparé à l'amitié, I, 264.

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Celui qui

naît subitement est le plus long à guérir, ibid.

Le temps l'affoiblit, ibid. - L'amour et l'ami

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