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Nex, necis, vient de necáre, & fe dit d'une mort violente; au lieu que mors fignifie fimplement la mort, la ceffation de la vie. Virgile dit parlant d'Hercule :

En. 8. v. .... Nece Geryonis fpoliífque fuperbus ;

202.

Mais fon traducteur eft obligé de dire morte Geryonis.

Je pourois raporter un grand nombre d'exemples pareils je me contenterai d'obferver que plus on fera de progrès, plus on reconoîtra cet ufage propre des termes, & par conféquent l'utilité de ces verfions qui ne font ni latines ni françoifes. Ce n'eft que pour infpirer le goût de cette propriété des mots, que je fais ici cetté remarque.

Voici les principales raifons pour lefquelles il n'y a point de fynonymes parfaits.

1. S'il y avoit des fynonymes parfaits, il y auroit deux langues dans une même langue. Quand on a trouvé le figne exact d'une idée, 'on n'en cherche pas un autre. Les mots anciens, & les mots nouveaux d'une langue font fynonymes: maints est fynonyme de plufieurs; mais le premier, n'eft plus en ufage: c'eft la grande reffen blance de fignification qui eft cause que

l'ufage n'a confervé que l'un de ces termes, & qu'il a rejeté l'autre come inutile. L'ufage, ce tyran des langues, y opère fouvent des merveilles que l'autorité de tous les fouverains ne pouroit jamais y opérer.

2. Il eft fort inutile d'avoir plufieurs mots pour une feule idée; mais il est trèsavantageux d'avoir des mots particuliers. pour toutes les idées qui ont quelque raport entre elles.

3. On doit juger de la richeffe d'une langue par le nombre des pensées qu'elle peut exprimer, & non par le nombre des articulations de la voix. Une langue fera véritablement riche, fi elle a des termes pour diftinguer, non-feulement les idées principales, mais encore leurs diférences, leurs délicateffes, le plus & le moins d'é nergie, d'étendue, de précision, de fimplicité, & de composition.

4. Il y a des ocafions où il eft indiférent de fe fervir d'un de ces mots qu'on. apèle fynonymes, plutôt que d'un autre; mais auffi il y a des ocafions où il est beaucoup mieux de faire un choix : il y a donc de la diférence entre ces mots; ils ne font pas exactement fynonymes.

donc

Lorfqu'il ne s'agit que de faire entendre l'idée comune, fans y joindre ou fans en exclure les idées acceffoires, on peut employer indiftinctement l'un ou l'autre de ces mots, puifqu'ils font tous deux propres à exprimer ce qu'on veut faire entendre: mais cela n'empêche pas que chacun d'eux n'ait une force particulière qui le diftingue de l'autre ; & à laquelle il faut avoir égard felon le plus ou le moins de précifion que demande ce que l'on veut exprimer.

Ce choix eft un éfet de la finesse de l'efprit, & fupofe une grande conoiffance de la langue.

FIN

I.

SECONDE PARTI E.
Des Tropes en particulier.

A Catachrèfe, abus, extenfion on

LA

imitation.

II. La Métonymie.

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III. La Métalepfe.

90.

IV. La Synecdoque.

97.

V. L'Antonomafe.

113.

VI. La Comunication dans les paroles. 123.

VII. La Litotès.

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124.

126.

129.

132.

Remarques

fur le mauvais ufage des méta

phores.

146.

XI. La Syllepfe Oratoire.

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XII. L'Allégorie.

153.

XIII. L'Allufion.

162.

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