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des féries: les fêtes étoient des jours Solemnels où l'on faifoit des jeux & des facrifices avec pompe, les féries étoient feulement des jours de repos où l'on s'abstenoit du travail. Feftus prétend que ce mot vient à feriéndis victimis,

L'anée chrétiène començoit autrefois au jour de Pâques; ce qui étoit fondé fur ce paffage de S. Paul : Quómodo Chriftus Rom. c. refurréxit à mórtuis, ita & nos in novitáte 6. v. 4. vite ambulemus.

L'Empereur Conftantin ordona que l'on s'abftiendroit de toute œuvre fervile pendant la quinzaine de Pâques, & que ces quinze jours feroient feries: cela fut exécu té du moins pour la première femaine; ainfi tous les jours de cette première femaine furent féries. Le lendemain du dimanche d'après Pâques fut la feconde férie, ainfi des autres. L'on dona enfuite par extenfion, par imitation, le nom de férie feconde, troisième, quatrième, &c. aux autres jours des femaines fuivantes, pour éviter de leur doner les noms profanes des Dieux des payens.

C'eft ainfi que chez les Juifs le nom de fabat (fabbatum) qui fignifie repos, fut doné au feptième jour de la femaine, en mé

moire de ce qu'en ce jour Dieu fe repofa pour ainsi dire, en ceffant de créer de nouveaux êtres : enfuite par extension on dona le même nom à tous les jours de la femaine, en ajoutant premier, fecond, troifième, &c. prima, fecunda, &c, fabbatórum. Sabbatum fe dit auffi de la femaine. On dona encore ce nom à chaque feptième année, qu'on apela année fabarique, & enfin à l'année qui arivoit après fept fois sept ans, c'étoit le jubilé des Juifs; tems de rémiffion, de reftitution, où chaque particulier rentroit dans fes anciens héritages aliénés, & où les efclaves devenoient libres.

Notre verbe aler, fignifie dans le fens propre, fe transporter d'un lieu à un autre ; mais enfuite dans combien de fens figurés n'eft il pas employé par extenfion! Tout mouvement qui aboutit à quelque fin; toute manière de procéder, de fe conduire, d'ateindre à quelque but; enfin tout ce qui peut être comparé à des voyageurs. qui vont enfemble, s'exprime par le verbe aler; je vais, ou je vas ; aler à ses fins, aler droit au but: il ira loin, c'est-à-dire, il fera de grands progrès, aler étudier, aler lire, &c. Devoir, veut dire dans le fens propre

être obligé par les loix à payer ou à faire quel-
que chofe on le dit enfuite
par extenfion
de tout ce qu'on doit faire par bienséance,
par politeffe, nous devons aprendre ce que
nous devons aux autres,
& ce que
les autres
nous doivent.

Devoir fe dit encore par extenfion de ce qui arivera, come fi c'étoit une dette qui dût être payée: je dois fortir : inftruisezvous de ce que vous êtes, de ce vous n'êtes pas, & de ce que vous devez être, c'est-àdire, de ce que vous ferez, de ce à quoi vous êtes destiné.

que

Cafar pra

nem, quem

coáctum

Notre verbe auxiliaire avoir, que nous avons pris des Italiens, vient dans fon origine du verbe habére, avoir, pofféder. Cé- mífit equifar a dit qu'il envoya au devant toute la tátum omcavalerie qu'il avoit affemblée de toute la ex omni province, quem coactum habébat. Il dit en- provincia core dans le même fens, avoir les fermes habébat. tenues à bon marché, c'est-à-dire, avoir pris Cæfar de les fermes à bon marché, les tenir à bas prix. bello Gal Dans la fuite on s'eft écarté de cette figni- Vectigalia fication propre d'avoir, & on a joint ce parvo préverbe par métaphore & par abus, à un fupin, à un participe ou adjectif; ce font Idem ibid. des termes abftraits dont on parle come adolefcénde chofes réelles: amávi, j'ai aimé, hábeo tiam ha

tio redem

pta babére.

Noftram

Eun Act. 2.

propre

bent despi- amátum ; aimé eft alors un fupin, un noin cátam. Ter. qui marque le fentiment que le verbe fignifc. 3. v. 92. fie; je possède le fentiment d'aimer, come un autre possède fa montre. On est si fort acoutumé à ces façons de parler, qu'on ne fait plus atention à l'anciène fignification d'avoir; on lui en done une autre qui ne fignifie avoir que par figure, & qui marque en deux mots le même fens que les Latins exprimoient en un feul mot: Nos Grammairiens qui ont toujours raporté notre Grammaire à la Grammaire latine, difent qu'alors avoir est un verbe auxiliaire, parce qu'il aide le fupin ou le participe du verbe à marquer le même le verbe latin fignifie en un feul

tems que

mot.

Etre, avoir, faire, font les idées les plus fimples, les plus comunes, & les plus intéreffantes pour l'home: or les homes parlent toujours de tout par comparaison à eux-mêmes; de là vient que ces mots ont été le plus détournés à des ufages diférens: être affis, être aimé, &c. avoir de l'argent, avoir peur, avoir honte, avoir quelquè`` i chofe faite, & en moins de mots avoir fait

De plus, les homes réalifent leurs abftractions; ils en parlent par imitation 3

come ils parlent des objets réels: ainfi ils fe font fervis du mot avoir en parlant de choses inanimées & de chofes abftraites. On dit cette ville a deux lieues de tour, cet ouvrage a des défauts ; les paffions ont leur ufage, il a de l'efprit, il a de la vertu : & enfuite par imitation & par abus, il a aimé, il a lu, &c.

Remarquez en paffant que le verbe a eft alors au préfent, & que la fignification du prétérit n'eft que dans le fupin ou participe.

On à fait auffi du mot ilun terme abftrait, qui représente une idée générale, l'être en général; il y a des homes qui difent, illud quod eft, ibi habet homines qui dicunt: dans la bone latinité on prend un autre tour, come nous l'avons remar qué ailleurs.

Notre il dans ces façons de parler, répond au res des Latins: Própiùs metum res T. Liv. L. fuerat, la chofe avoit été proche de la 1. n. 25. crainte: c'est-à-dire, il y avoit eu fujer

de craindre. Res ita fe habet, il est ainsi. res Rex tua agitur, il s'agit de vos intérêts,

&c.

Ce n'eft pas feulement la propriété d'avoir, qu'on a atribuée à des êtres inani

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