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L'opération eft la même pour la fenfitive. On arrachera le pétiole qui foutient les deux feuilles, & on les attachera avec des épingles fur le morceau de liege. On fendra enfuite la bafe du pétiole avec un canif, la bafe de chaque feuille qui eft au haut, & enfin la bafe de chaque lobe. La ftructure de cette partie eft très-vifible, parce qu'elle fe gonfle confi dérablement ; & elle paroît être une efpece de charniere qui fert à faciliter le mouvement.

L'état de ces faisceaux fibreux, après qu'on a ouvert le pétiole, eft plus ou moins vifible felon l'âge de la plante, la place de la feuille & le degré de nourriture que la plante a reçu : il est très-diftinct dans une feuille prise dans la partie inférieure d'une jeune plante, mais non pas celle qui eft le plus près de la terre. De même, on voit beaucoup mieux la ftructure des fibres fituées à la base des lobes de la feconde paire, à compter du pied de la tige.

Ces avis font utiles à ceux qui ne veulent pas fe donner la peine de nettoyer les parties dans l'eau; & en les fuivant, ils découvriront facilement leur structure.

SUITE

DES OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES

Sur différentes efpeces d'air; par M. Jofeph Priestley, Docteur en Droit, & Membre de la Société Royale de Londres; lues dans les Affemblées de cette Société, les 5, 12, 19 & 26 Mars 1772. Traduites de l'Anglois.

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De l'air dans lequel on a mis un mélange de limaille de fer & de foufre.

ON

N a vu par les expériences du Docteur Halles, que l'air dans lequel on avoit placé une pâte faite avec du foufre pulvérifé, de la limaille de fer & de l'eau, diminuoit confidérablement. Je répétai cette expérience, & je trouvai cette diminution plus grande que je ne l'avois imaginé, Cette diminution eft exactement la même dans le mercure que dans l'eau; & on peut la mesurer avec la derniere précifion, parce que l'air n'augmente ni ne diminue avant qu'on l'emploie, & parce qu'il eft quelque temps à produire fon effet. La diminution de l'air n'eft pas toujours la même dans ce procédé; mais j'ai trouvé qu'elle étoit en général à peu près entre un quart & cinquieme du tout.

L'air ainfi diminué eft plus léger que l'air commun; & s'il ne trouble point l'eau de chaux, on doit l'attribuer à un fel féléniteux, de même que dans le cas où l'on y brûle fimplement du foufre. Une preuve que le foufre affecte l'eau, c'eft qu'elle acquiert la même odeur forte que l'efprit volatil de vitriol; ce qui me porte à croire que cette diminution de l'air dans ce procédé, eft la même que celle qu'on obferve dans les autres, eft que, lorfqu'on met ce mêlange dans de l'air qui a déjà diminué, foit par la flamme des chandelles, foit par la putréfaction, fa diminution, quoiqu'un peu plus forte, n'excede point celle que l'on auroit obtenu par le procédé tout fimple. Lorfqu'on met un nouveau mêlange dans une quantité d'air qui a été réduit par un mêlange antérieur, il ne produit que peu ou point d'effet.

J'ai obfervé que lorsqu'on retire ce mêlange d'une quantité d'air dans lequel on a fait brûler une chandelle, & où il eft refté plufieurs jours, il eft aufli froid & auffi noir que fi on l'avoit tenu dans un endroit enfermé. Il s'échauffe un moment après; il jette beaucoup de fumée; il fent très-mauvais & après qu'il eft refroidi, il a la même couleur que la rouille de fer.

:

Je mis une fois un mêlange de cette efpece dans une quantité d'air inflammable, fait avec le fer; & il diminua d'un neuvième ou d'un dixieme; mais, autant que j'en pus juger, il reste également inflammable. Je réduifis une autre quantité d'air inflammable au même degré, en laiffant putréfier une fouris dedans; mais il conferva fon inflamma

bilité.

L'air ainfi réduit par le mêlange de limaille de fer & de foufre, est très-nuifible aux animaux; & je ne me fuis point apperçu qu'il s'améliore, lorfqu'on le tient dans l'eau : son odeur eft extrêmement piquante & defagréable.

J'ai employé depuis deux jufqu'à quatre mefures (1) d'onces de ce mêlange dans les expériences précédentes; mais je ne me fuis point apperçu que la diminution de la quantité d'air, qui eft pour l'ordinaire d'environ vingt mefures d'onces, fut plus grande avec quatre mefures qu'avec deux. Je n'ai fait encore aucune expérience pour reconnoître la plus petite quantité néceffaire pour produire la plus grande diminution dans un volume d'air donné.

Dès l'inftant que ce mêlange de limaille de fer & de foufre commence à fermenter à & noircir, il fe gonfle infenfiblement au point d'occuper deux fois plus d'efpace qu'il ne faifoit auparavant. Il fe dilate auffi avec beaucoup de force, mais j'en ignore le degré.

(1) M. Priestley ne s'explique point fur la grandeur de ces mefures d'onces. On foupçonne que ce font des mesures contenant une once pefant d'eau,

NB. A la derniere ligne de la page précédente, lifez entre un quart & un cinquieme du tout

Tome I, Partie V.

Eee

Ce mêlange étant mis dans l'eau, n'engendre point d'air, quoiqu'il noirciffe, & qu'il fe bourfoufle.

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La premiere fois que je lus les Effais de Statique du Docteur Hales, je fus frappé de l'expérience qu'il rapporte dans laquelle l'air commun & l'air engendré des pyrites de Walton, par l'efprit de nitre, forment un mêlange trouble & rougeâtre qui abforbe une partie de l'air commun. Je m'attendois d'autant moins à revoir ce phénomene remarquable, que je le croyois particulier à ce minéral. En ayant parlé à M. Cavendish, lorfque j'étois à Londres au printemps de l'année 1772, il me dit qu'il ne doutoit point que les autres efpeces de pyrites ne produififfent le même effet que celle dont M. Hales s'étoit fervi; & que la rougeur du mêlange: ne provint de l'efprit de nitre.

Čela m'encouragea à m'en affurer; & comme je n'avois point de PY rites, je commençai par faire diffoudre différens métaux dans de l'efprit de nitre; & ayant ramaffé l'air qu'ils donnerent, je trouvai au-delà de ce. que je pouvois espérer.

La folution de cuivre que je fis le 4 Juin 1772, me donna cette efpece remarquable d'air.

pas

Cet air, que M. Hales a connu, mais auquel il n'a fait toute Pattention qu'il métite, eft fi nouveau, que je me fuis trouvé dans la néceffité de lui donner un nom. Je l'ai appellé air nitreux, parce que je me le fuis procuré par le moyen de l'efprit de nitre; & quoique ce nom ne me paroiffe pas trop bon, parce qu'on ne tire pas cet air de tous les métaux, par le moyen de cet efprit, ni moi ni mes amis n'ayant pu en trouver un meilleur, je ferai obligé de m'en fervir.

J'ai obfervé qu'on tire aifément cet air du fer, du cuivre, du laiton, de l'étain, de l'argent, du mercure, du bifmuth & du nikel (1) avec l'acide nitreux, & de l'or & du régule d'antimoine, par le moyen de l'eau régale. Les circonftances qui accompagnent la folution de ces différens métaux varient, mais méritent à peine qu'on y faffe attention, lorfqu'on traite des propriétés de l'air qu'ils donnent, vû qu'elles font les mêmes,de quelque métal qu'on le tire.

Une des principales propriétés de cette efpece d'air, eft la diminution qu'il caufe dans l'air commun avec lequel on le mêle, & qui eft accom-pagné d'un rouge trouble ou d'une couleur orangée foncée, & d'une cha

(1) C'eft une nouvelle fubftance minérale qui n'a pas encore été trop bien examinée. Il s'en trouve dans les mines d'étain de Cornouailles.

leur confidérable. Son odeur forte a quelque chofe de particulier; cependant elle reffemble à celle de l'efprit de nitre fumant.

La diminution du volume de l'air total dans ce mêlange, qui est tout ce que M. Hales a pu en obferver, n'eft point l'effet d'une diminution égale des deux efpeces d'air mêlés enfemble, mais en grande partie, quoique pas en totalité, de l'air commun; car fi l'on mêle une mesure d'air nitreux à deux d'air commun, au bout de quelques minutes (qui fuffifent pour que l'effervefcence ceffe, & que le mêlange redevienne tranfparent), les deux premieres mefures fe trouvent diminuées d'un neuvieme. Je ne connois point d'expérience plus furprenante que celleci, où l'on voit un air qui abforbe & dévore, pour ainfi dire, une quantité d'air moitié plus grande que la fienne, & avec cette circonftance, qu'il diminue fon volume, au lieu de l'augmenter. Si, après que l'air commun eft entiérement faturé de l'air nitreux, on y en ajoute davantage, il augmente le volume exactement dans la proportion du volume ajouté fans le rougir, ni fans produire aucun effet fenfible.

Ce qui prouve que cette diminution n'appartient qu'à l'air commun c'eft que fi l'on mêle la moindre quantité de celui-ci avec une plus grande d'air nitreux, quoique tous les deux réunis n'occupaffent pas autant d'efpace qu'ils faifoient auparavant ; cependant la quantité eft plus grande que ne l'étoit celle de l'air nitreux avant ce mêlange. Une mefure d'once d'air commun fur vingt d'air nitreux, donne environ demi-once d'augmentation. Cette demi-once, qui eft beaucoup plus grande que celle de l'air commun, dans la premiere expérience, eft prefque une preuve qu'une partie de cette diminution, dans le premier cas, n'a lieu qu'à l'égard de l'air nitreux. De plus, on verra bientôt que ce dernier eft fujer à une dimination remarquable; & comme l'air commun diminue dans plufieurs autres cas depuis un cinquieme jufqu'à un quatrieme ; je conclus de-là qu'elle ne va pas plus loin dans ce cas-ci, & que le furplus de la diminution eft pour l'air nitreux.

Pour m'affurer fi l'eau contribuoit à la diminution de ce mêlange do l'air nitreux avec l'air commun, j'ai répété plufieurs fois mon procédé dans du mercure, en mettant un tiers d'air nitreux fur deux d'air commun, comme j'ai fait auparavant. La rougeur a continué long temps; la diminution a été moins grande que lorfque je faifois mon mêlange avec de l'eau, & la quantité enfin d'air fe trouva augmentée d'un feprieme. Je laiffai ce mêlange pendant toute la nuit fur le mercure, & j'observai le lendemain matin qu'il ne reçut aucune nouvelle diminution, ni par que j'y introduifis, ni en le faifant paffer à plufieurs reprises au travers de l'eau. Il en fut de même en le laiffant au deffus de l'eau pendant plufieurs jours.

l'eau

di

Un autre mêlange que je laiffai environ fix heures fur le mercure, minua un peu lorfque j'y ajoutai de l'eau, mais ne fe trouva jamais

moindre que la quantité primitive d'air commun; cependant, dans une autre occafion, le mêlange n'étant refté que peu de temps fur le mercure, la diminution que l'eau occafionna fut beaucoup plus grande, & à peu près la même que fi j'euffe fait mon procédé au deffus de l'eau. Il paroît évidemment par ces expériences, que la diminution dont je parle, vient en partie de la portion du mêlange que l'eau abforbe; mais que lorfqu'on le tient dans un endroit où il n'y en a point qui puiffe produire cet effet, il acquiert une qualité qui empêche l'eau de l'absorber dans la

fuite.

Voulant m'affurer i la partie fixe de l'air commun, fe dépofoit à l'oc cafion de la diminution qu'il éprouve de la part de l'air nitreux, j'enfermai un vaiffeau rempli d'eau de chaux dans la jarre dont je m'étois fervi dans mon procédé; mais la chaux ne fe précipita point; & lorfque je vins à retirer le vaiffeau au bout de vingt-quatre heures, elle fe précipita fort aisément comme à l'ordinaire, en fouflant dessus.

Il est très-remarquable que cette effervefcence & cette diminution, produite par le mêlange de ces deux airs, appartiennent particuliérement à l'air commun ou à l'air propre à la refpiration; & autant que j'en puisjuger, d'après un grand nombre d'obfervations, ces effets font proportionnés à très-peu près, fi ce n'est pas exactement à un degré dont l'air eft propre à la refpiration: par-là on peut juger beaucoup plus aifément de la bonté de l'air, qu'en y enfermant une fouris ou tel aurre animal que ce puiffe être. Cette découverte a été auffi agréable pour moi, que j'efpere qu'elle fera utile pour le public. Elle m'a fait d'autant plus de plaifir, qu'elle m'a difpenfé de faire provifion déformais d'une auffi grande quantité de fouris. Je ne m'en fuis plus fervi que dans certaines expériences. décifives, & j'ai rarement manqué de prévoir l'effet que cet air produi

roit fur elles.

On obfervera encore que, par quelque caufe que l'air ne foit pas propre à la refpiration, cette maniere de s'en affurer eft également applicable; ainf par exemple, il n'y a pas la moindre effervefcence entre l'air nitreux & l'air fixe, ou l'air inflammable, ou telle autre efpece d'air réduit; & comme cette diminution s'étend depuis zéro jufqu'au tiers & plus du volume d'une quantité quelconque d'air, elle nous fournit une échelle d'une prodigieufe étendue, au rapport de laquelle nous pouvons reconnoître de très-petites différences dans la pureté de l'air. J'ai eu peu d'égard à cette circonftance, ne m'étant fervi de cette pierre de touche que pour juger de grandes différences; mais, fi je ne me fuis pas trompé, j'ai apperçu une différence réelle entre l'air extérieur & celui de mon cabinet, après que quelques perfonnes y avoient paffé quelque tems avec moi. J'ai encore obfervé que l'air qu'on m'avoit envoyé des environs d'York dans une phiole, n'étoit point auffi bon que celui de Leide, je veux dire que l'air nitreux n'y caufa pas une diminution auffi

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