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moins refringent que l'air à un certain point (par exemple par de l'eau ), les rayons hétérogenes rendus divergens à leur entrée dans le premier verre, font, après avoir franchi fa surface postérieure, dans le cas, ou d'acquérir plus de divergence, ou d'en conferver affez pour ne pas ceffer d'être encore divergens & développés à leur retour dans l'air ambiant.

Auffi felon les expériences de M. l'Abbé Maféas, fes verres qui, préparés avec les foins convenables pour détacher de leurs furfaces internes les flocons d'air, & qui alors féparés & remis tout de fuite l'un fur l'autre affez preftement pour ne point laiffer à l'air le tems de s'y coller de nouveau, font toujours également propres à donner des anneaux colorés, ceffent d'en donner 'fi on ne les a remis l'un fur l'autre qu'au bout d'un tems fuffifant pour que l'air y reprenne fon pofte, & qu'on ne l'en ait pas délogé de nouveau par leur friction mutuelle. Aufli ai-je éprouvé de même que dans la chambre obfcure, aucunes des images qui, dans ces dernieres circonftances, font produites par un trait de lumiere affez menu, ne font pas colorées.

On ne s'appuyera pas fans doute fur la différence que d'habiles Phyficiens ont fçu découvrir entre les vertus réfractives de l'air denfe & de l'air raréfié, pour rendre raifon, en fuppofant encore l'efpace intermédiaire occupé par de l'air raréfié, de ce que dans l'appareil de M. l'Abbé Maféas, le développement & la divergence des rayons hétérogenes ont lieu dans cet espace intermédiaire, & même après leur derniere émerfion des verres. Cette différence de leurs vertus réfractives, qu'on a calculée telle le finus d'incidence en un finus de réfraction, comme 100036. que eft à 100000, au paffage de l'air raréfié dans l'air denfe, peut être ici cenfée comme nulle, puifqu'elle ne peut produire aucun effet fenfible dans le plus ou le moins de divergence des rayons. Mais en même-tems. de ce qu'elle a été conftatée fi légere, & de ce que la décompofition de la lumiere dans l'appareil de M. l'Abbé Maféas, annonce & exige que la refringence du fluide qui y eft cantonné, differa à un certain point de celle de l'air denfe, il fembleroit qu'on pourroit conclure que ce fluide eft d'une autre nature que l'air.

XLV. Il feroit intéreffant de déterminer quelles font les refringences. refpectives de ce fluide & de l'air. Celles de ce fluide & de l'eau nous font indiquées par la même circonftance de l'expérience du n°. 28, qui nous a appris que la gerbe qui produit l'image intermédiaire, eft celle qui eft réfléchie fur la furface antérieure du fecond verre, comme nous.

allons l'établir.

Le trait de lumiere incident étant dirigé felon le fens CD (Fig. 7) foit la trace des déviations de la gerbe qui produit l'image intermédiaire représentée par la ligne DOPQRS, lorfque l'intervalle des deux verres

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eft occupé par un fluide quelconque, & par la ligne DOpqrs, lorfqu'il contient un fluide plus refringent que le premier.

Et le trait de lumiere incident étant dirigé felon le fens AB, foit la trace des déviations de cette gerbe repréfentée par la ligne BEFGMN, lorfque l'intervalle des deux verres contient le Auide moins refringent & par la ligne BEfg mn, lorfqu'il eft occupé par le plus refringent.

On conçoit aisément que dans le premier cas, au retour de la gerbe, les portions refpectives QR, q r de fes déviations dans la traversée du premier verre, feroient paralleles, fi les furfaces internes des deux verres étoient paralleles entr'elles; & dès lors que de ce que les directions PQ, pq font plus inclinées à la furface interne du premier verre (inclinée dans le fens CC à celle du fecond) qu'elles ne le feroient fi ces furfaces étoient paralleles, les directions QR, qr doivent être convergentes, puifque le rapport du finus de la direction QR, au finus de la direction qr, doit devenir plus petit que dans le cas du parallelifme où ces deux finus font égaux; & par conféquent que des directions RS, rs à l'émergence de cette gerbe dans l'air, la premiere doit s'écarter moins de la perpendiculaire, & en même-tems auffi du rayon incident CD, que la feconde rs.

On voit de même, que dans le fecond cas, au retour de la gerbe, les portions GM, gm de fes directions refpectives dans la traversée du premier verre feroient paralleles, fi les furfaces internes des deux verres étoient paralleles entr'elles ; & dès-lors, que de ce que les directions FG, fg font moins inclinées à la furface interne du premier verre (inclinée dans le fens DD à celle du fecond;) que fi ces deux furfaces étoient paralleles, les directions GM, gm doivent être divergentes, puifque le rapport du finus de la direction GM au finus de la direction g m doit être plus grand que dans le cas du parallelifme où ces deux finus feroient égaux; & par conféquent, que des directions MN, mn à l'émergence de cette gerbe dans l'air, la premiere MN doit être plus écartée de la perpendiculaire, & en même temps du rayon incident AB que la

feconde mn.

Et conformément, felon la table (1) que j'ai calculée des déviations de la lumiere, & où j'ai fuppofé l'angle d'incidence du trait de lumiere de 45°, & l'inclinaifon mutuelle des verres d'une minute, & celle des deux furfaces de chaque verre de 30"; on trouvera qu'au retour dans l'air, l'angle de réfringence de la gerbe réfléchie fur le fecond verre, pour le trait de lumiere dirigé dans le fens CD.

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Quand l'intervalle des verres eft occupé par de l'air, de 45° o' 5" Quand il l'eft par de l'eau, de

(1) Append. art. 2.

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Et pour le trait de lumiere incident, dirigé dans le fens AB.

Quand l'intervalle des verres eft occupé par de l'air, de
Quand il l'eft par de l'eau, de

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44° 59" 41" 44 58 45

Ainfi la gerbe, qui produit l'image intermédiaire, quand elle dérive du trait de lumiere CC, s'écarte plus à fon retour dans l'air du rayon incident, quand le fluide intermédiaire eft plus réfringent que quand il eft moins refringent : & au contraire, quand elle dérive du trait de lumiere AB, elle s'écarte moins à fon retour dans l'air ambiant du rayon incident, quand le fluide intermédiaire eft plus réfringent que quand il

l'eft moins.

Or, dans l'expérience du No. 28, l'image intermédiaire eft plus éloignée de la premiere; & par conféquent la gerbe qui la produit plus écar tée du trait de lumiere incident dirigé felon le fens CD après l'introduction de l'eau qu'avant ; & pour le trait de lumiere dirigé felon le fens AB, l'image intermédiaire eft plus rapprochée de la premiere ; & par conféquent la gerbe qui la produit moins écartée de ce trait de lumiere incident après l'introduction de l'eau qu'avant. Donc l'eau eft plus réfringente que le fluide qu'elle a remplacé dans l'intervalle qui fépare les verres de M. l'Abbé Maféas.

XLVI. Peut-être feroit-il poffible de parvenir auffi à reconnoître, fi la réfringence de ce fluide eft moindre ou plus grande que celle de l'air ambiant, par de femblables expériences faites fucceffivement d'abord. avec les verres préparés avec les précautions convenables pour dépouiller leurs furfaces internes de l'air qui y adhere naturellement (au moyen de quoi ils deviennent propres à donner des anneaux colorés,) & enfuite. avec les mêmes verres, qu'après avoir détaché l'un de l'autre, pour y laiffer de nouveau. appliquer des flocons d'air, on réuniroit enfemble, fans employer aucun. frottement ni aucun autre moyen d'expulfer l'air qui les rend inhabiles à procurer des anneaux colorés, & en ayant en même tems attention, 1°. que les mêmes points refpectifs des furfaces internes des deux verres qui fe correfpondoient dans le premier cas, fe correfpondiffent encore exactement dans le fecond; 2°. que le trait de lumiere fut toujours dirigé felon la même obliquité, & tombât toujours fur un même endroit des verres ; 3°. que le carton où feroient reçus les rayons réfléchis & leurs images, fût toujours à la même diftance des verres, & qu'enfin toutes les autres circonftances des deux expériences fuffent abfolument uniformes. Alors fi la différence qui pourroit fe trouver entre les fluides, qui dans ces deux cas occuperoient l'intervalle des: verres, étoit affez confidérable par rapport à la refringence, ne fe manifefteroit-elle pas, comme dans l'expérience rappellée au N°. précédent,

par la différence des diftances qu'on obferveroit dans ces deux cas entre l'image intermédiaire & la premiere?

L'exécution de cette expérience combinée ne peut être que très difficile à caufe de l'exactitude fcrupuleufe qu'elle exige dans les précautions à prendre, pour que les difpofitions de l'appareil dans les deux cas foient uniformes, autant qu'il eft néceffaire pour obtenir des réfultats concluans. Auffi ai-je moins compté fur ceux que je pouvois me propofer de me procurer par moi-même, que fur ceux qu'on peut attendre des Phyfi ciens exercés qui font à même d'y employer des inftrumens propres à y mettre toute la précision poffible & requife. Je les invite à faire des tentatives pour déterminer l'idée qu'on doit fe faire de ce fluide, s'il differe effentiellement de l'air, ou fi c'eft de l'air autrement modifié que: l'air ambiant.

XLVII. Au refte, d'après les faits raffemblés dans ce Mémoire, il y a tout lieu de préfumer que l'inclinaifon mutuelle des deux furfaces de chacun des verres, celle des furfaces internes des deux verres qui, à caufe de leur courbure, varie à différentes diftances du centre du contact. immédiat, & la différence des refringences du fluide qu'ils renferment, & de l'air ambiant font les principales difpofitions qui operent efficace-ment la décompofition de la lumiere dans l'appareil des verres réunis.

La différence des refringences des deux fluides ne fauroit procurer des anneaux colorés qu'à l'aide de l'inclinaifon des furfaces internes des deux: verres, ou de l'inclinaifon des furfaces de l'un des deux.

L'inclinaifon naturelle des furfaces des deux verres ou celle des furfaces de l'un des deux, lorfqu'elle n'eft que médiocre, en peut produire fans le concours de la différence des refringences des deux fluides. Les verres à bifeau en fourniffent un exemple..

Ces inclinaifons trop grandes, & qui approchent trop du parallelifme,., ne produifent point d'anneaux colorés, fi la refringence des deux fluides: eft la même ; on ne s'en procure point avec les verres de M. l'Abbé Ma-féas, appliqués l'un fur l'autre, fi on a négligé de dépouiller leurs furfaces internes des flocons d'air adhérens.

Ces inclinaifons, quoique très-grandes, procurent des anneaux colorés, quand les refringences des deux fluides font différentes, puifqu'on en obtient avec les mêmes verres de M. l'Abbé Maféas, préparés con-venablement.

XLVIII. Et quant aux conféquences que j'ai tirées des mêmes fairs. fur la part qu'a la réfraction à la production de ces phénomenes, je prie les Savans qui les difcuteront, de vouloir bien en même tems répéter &. vérifier les expériences (1) auxquelles j'en dois l'indication, & qui leur

(1) Elles ont été exécutées dans la chambre obfcure, & les morceaux ou lames dee glace que j'y ai employés, avoient trois lignes d'épaiffeur..

fourniront des éclairciffemens fatisfaifans que je puis leur avoir laiflé à defirer, & peut-être bien des réfultats intéreffans que je n'aurai faifis.

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Déviations refpectives des rayons hétérogenes du faisceau de lumiere dans l'appareil des verres réunis qui procurent les images colorées.

I. CAS. Si un trait de lumiere SG (fig. 8) paffe d'un milieu dans un autre plus refringent (par exemple de l'air dans le verre) contenu entre des furfaces planes & paralleles entr'elles, fe réfléchit à sa surface poftérieure, & vient à rentrer dans le premier, les rayons différemment refrangibles feront féparés en conféquence des réfractions diffemblables qu'ils effuyeront; & cependant les rouges, les violets, ainfi que ceux des autres couleurs, feront à leur retour dans le premier milieu, paralleles entr'eux; leurs finus de réfraction à leur rentrée dans ce milieu étant tous égaux au finus d'incidence du faifceau SG, à fon premier abord fur le fecond milieu, & par conféquent tous égaux entr'eux.

Si la furface poftérieure du verre eft inclinée à l'antérieure, le parallelifme des rayons ne fubfifte plus.

II. Si cette furface poftérieure comme CC, eft moins inclinée aux rayons décompofés que la précédente EF, parallele à l'antérieure, ces rayons, à leur retour dans l'air, feront divergens; car, après la réflection, les directions u x du plus refrangible, & rt du moins refrangible dans le verre, qui y font également divergentes, quelle que foit la pofition de la feconde furface du verre par rapport à la premiere, font moins inclinées au plan de refringence xx, que lorfque ces deux furfaces étoient paralleles; & dès-lors le rapport du finus de réfraction du plus refrangible à celui du moins refrangible, à leur paffage du verre dans l'air, doit être moindre que dans le cas du parallelifme des deux furfaces, & par conféquent le premier de ces deux finus, moindre que le fecond au moyen de quoi les dernieres directions xy, tz de ces rayons dans l'air, doivent être divergens.

III. Si, au contraire cette furface poftérieure du verre, comme DD, eft plus inclinée que la précédente EE aux rayons décomposés, ces rayons à leur retour dans l'air feront convergens; car, après la réflection, les

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