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étoient devenus noirs, mais qui n'avoient perdu en tout qu'un vingtquatrieme.

Donc le diamant n'eft pas véritablement volatil, comme on l'avoit conclu des expériences de M. d'Arcet'; mais il eft au contraire abfolument fixe dans les vaiffeaux fermés.

4o Dans une autre expérience, on difpofe tellement une cornue de grès & un creufet, contenant chacun deux diamans d'onze grains, qu'on peut, à l'aide d'un tuyau de cuivre qui entre dans leur intérieur & qui eft luté avec de l'argile, y introduire un courant d'air avec un foufflet pendant l'opération. Cependant, la cornue eft chauffée vigoureufement dans un fourneau de réverbere, & le creufet à la forge, pendant deux heures; malgré cela, cette opération n'a pas de fuccès, tout ce courant d'air, bien loin d'accélérer, a au contraire rallenti l'évaporation; on croira bonnement que l'air introduit par le foufflet , refroidiffoit les vailfeaux, mais non; c'est l'air ambiant, dit l'Auteur, qui, en s'échauffant, perdoit à chaque fois tout le reffort, la force & l'action que j'ofois en attendre. Le diamant, malgré cet appareil, refta opiniâtrément fixe & entier; il n'a prefque rien perdu; il n'eft pas même parti en éclats, malgré l'occasion unique qu'il avoit de faire ici la plus brillante décrépitation.

Donc le diamant n'eft pas véritablement volatil, comme on l'avoit conclu des expériences de M. d'Arcet ; mais il eft au contraire abfolument fixe dans les vaiffeaux fermés.

Q

On remplit un réfervoir à pipe de poudre de charbon, dans le milieu de laquelle on place un diamant, du poids de deux grains; on recouvre l'ouverture de cette pipe d'un rond de tôle luté avec du fable de Fondeur détrempé avec de l'eau falée; on l'enferme ainfi difpofée dans deux creufets de Heffe abouchés l'un à l'autre, & lutés auffi avec du fable de Fondeur, détrempé d'eau falée; le tout eft placé dans un creufer plus grand, de pâte de gazette, & envoyé à Sève pour y effuyer, pendant vingt-quatre heures, le plus grand feu connu. Après la fournée, on a trouvé les creufets de Heffe, qui renfermoient la pipe très-endommagée, le lut avoit fondu de toutes parts; la pipe elle-même étoit dans un bain de matiere, qui avoit fondu fans la détruire; le rond de tôle étoit fondu auffi, & avoit coulé dans la poudre de charbon, qui, d'ailleurs s'étoit confervée; enfin, on a retrouvé le diamant chatonné, fans être adhérent, dans un affez gros morceau de fer fondu. Le diamant qui, avant l'opération, pefoit deux grains & trois feiziemes, ne s'est plus trouvé pefer qu'un grain & neuf feiziemes.

Cette perte a caufé bien de l'embarras à l'Auteur; mais enfin il a repris courage, & il a conclu:

Donc M. d'Arcet n'a pas opéré dans des vaiffeaux exactement fer

més, &c.

Telles

Telles font les expériences qui ont été lues à l'Académie, & d'après lefquelles on y a conclu que je me fuis trompé; que mes boules crues font perméables à l'air, que l'eau qui en fort y laiffe des paffages qui donnent au diamant la facilité de s'évaporer. Cependant mes boules étoient pleines; elles étoient enfermées & cuifoient dans des gazettes placées elles-mêmes dans un grand fourneau, & au milieu d'une flamme immenfe. On y a conclu enfin que le diamant, qui peut fe détruire à un feu très-médiocre, au moyen du contact de l'air, réfifte pourtant fans ce contact au feu le plus violent.

Nous ofons le dire, ces expériences font tellement faites, que, d'une quinzaine à peu près qui font rapportées dans la brochure, il n'y en a pas une que nous puiffions invoquer en notre faveur ; quoiqu'il y en ait au moins douze qui paroiffent concluantes pour nous; & la raifon, c'eft qu'elles ont été faites dans des vaiffeaux très-mal fermés.

M. Macquer a affifté à ces opérations; mais fes talens & fon expérience nous font connus; il eft vifible qu'il n'a concouru à ce travail, ni pour le confeil, ni pour l'exécution, & il feroit injufte de lui en faire le reproche pour avoir affifté à une bataille perdue, on n'encourt pas le blâme de mauvais général.

Nous ne voulons rien dire de l'appareil de M. Maillard; nous refpecterons toujours les procédés des artiftes, fur-tout lorfqu'ils rempliffent, comme dans celui-ci, l'objet qu'ils fe font propofé; il s'agiffoit ici de garantir le diamant, & il faut convenir qu'il n'y a pas de meilleur moyen.

Mais que des Chymiftes qui prétendent donner le ton, adoptent cet appareil, qu'ils fcellent une pipe avec une plaque de tôle; qu'ils la placent dans un creufet de Heffe, couvert d'un plus petit renverfé dans le premier; qu'on lute & la pipe & les creufets avec un sable de Fondeur, détrempé avec une folution faline; qu'on répete ce manuel, qu'on s'y tienne fans y changer; qu'on diftille dix-neuf grains de diamans dans une cornue de grès fale, mal-propre, & garnie d'un récipient de verre luté avec du lut gras; que, dégoûté du fourneau où se faifoient ces opérations, on en envoie fur le champ chercher un autre fort loin; qu'arrivé précipitamment, nec mora, nec requies, on vuide foudain le fourneau brûlant & profcrit, pour charger le tout dans le fourneau élu; que tout cela fe faffe dans un après-midi, le 25 Avril dernier; que ces expériences ainfi faites foient rédigées en trois jours, & deviennent la matiere d'un Mémoire à lire, & lu à la rentrée publique de l'Académie des Sciences, le 29 du même mois ; qu'on compare des feux de cette durée, & ainfi conduits avec un feu gradué & tranquille, qui cuit une porcelaine dure; que, pour étaler de l'érudition, on tombe dans la même erreur où je fuis tombé; qu'on dife auffi que Boyle a évaporé le diamant, & qu'il avoit une opinion làdeffus, parce qu'il a parlé de fes émanations & de quelques-unes de Tome I, Partie I.

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E

fes propriétés; qu'on prête gratuitement des opinions à l'Empereur; qu'on confonde ce Prince avec Cofme III, pere de Jean-Gafton de Médicis, qui fit faire en 1694 & 1695 les expériences de Florence; voilà ce que les Savans de l'Europe n'ont jamais entendu, ce qu'ils ne croiront pas; & cependant, toutes les Gazettes, les Journaux publics atteftent le fait, & Paris eftier dira, je l'ai vu.

Je me ferois interdit ces réflexions, fi tout ce travail n'eût pas reçu le fceau de l'authenticité dans une affemblée publique; la prééminence de l'Académie eft telle en Europe, qu'il n'y a ni talens, ni travaux particuliers fur lefquels fon nom feul ne puiffe en imposer avec la plus grande autorité dans l'opinion publique. Mais je quitte la plume; les égards qu'on doit toujours à une Compagnie auffi célebre & auffi refpectable, m'empêchent d'aller plus loin.

Nous donnerons dans peu quelques obfervations fur les phénomenes que préfentent les différens charbons traités dans les vaiffeaux de porcelaine cuite, & dans ceux de pâte de porcelaine crue, exactement fermés; nous ferons voir que tous les vaiffeaux cuits n'ont pas toujours l'avantage de les défendre de la décompofition.

و

On trouve dans l'Avant-Coureur du lundi 4 Mai 1772, no 18, un article de M. Beaumé, dans lequel il explique avec fa facilité ordinaire, la calcination des métaux & l'évaporation du diamant dans les boules de porcelaine crue; il affure décidément que cela fe fait par le moyen de l'eau qui fait fonction d'air, & de l'acide vitriolique, toujours contenus dans les argiles deux caufes puiffantes de ces calcinations que M. d'Arcet, ajoute M. Beaumé, n'a pas fçu découvrir. J'avoue ingénument que je n'ai découvert rien de femblable; mais en attendant le fruit de mes recherches fur la préfence de cette caufe, nous annonçons, M. Rouelle & moi, une fuite d'expériences fur la calcination des métaux dans les vaiffeaux fermés & bien cuits, & nous difons qu'il n'y en a aucun, fi l'on n'en excepte l'or, qui ne puiffe y fubir cette altération.

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par M. Haram, Maître en Pharmacie à Chartres, dans laquelle il annonce les acides végétaux comme contrepoifon de la Ciguë.

MONSIEUR,

JE vous fais part d'une expérience fur les effets de la ciguë, & fur le

remede qu'on doit employer dans les cas où une perfonne auroit mangé de cette plante. J'entends parler de la grande ciguë ou conium maculatum. LIN. SP. ou cicuta major. C. B. P.

Ce fut du dangereux breuvage fait avec le fac de cette plante dont on fe fervit pour faire mourir publiquement le Philofophe Socrate, fauffement accufé par Anitus & Melitus, d'avoir mal parlé des dieux.

On lit au mot CIGUE, dans le Dictionnaire Encyclopédique, que lorfque le Bourreau préfenta à Socrate la coupe empoifonnée, il avertit ce grand Homme de ne point parler, afin que le poifon qu'il lui donnoit opérât plus promptement. On ne voit pas comment les effets pouvoient être accélérés par le filence; mais que ce fût un fait ou un préjugé, le Bourreau n'agiffoit ainfi que par avarice, dans la crainte d'être obligé, fuivant la coutume, de fournir à fes dépends une nouvelle dofe de ce breuvage. Plutarque remarque dans la vie de Phocion, que comme tous fes amis eurent bu de la ciguë, & qu'il n'en reftoit plus qu'une dose pour ce grand homme, l'Exécuteur dit qu'il n'en broyeroit pas davantage, fi on ne lui donnoit 12 drachmes, (à-peu-près 9 liv. 10 fols monnoie de France. C'étoit le prix que chaque dofe coûtoit alors. Phocion voulant éviter tout retard, fit remettre cette fomme à l'Exécuteur puifque, dit-il, il faut tout acheter dans Athenes, jusqu'à la mort. Laiffons les faits hiftoriques pour venir aux objets plus importans.

J'ai voulu m'assurer de la force de ce poifon; pour cet effet, je retirai le fuc de cette plante dans le mois de Juillet, tems auquel elle eft dans fa plus grande vigueur. J'en ai cueilli fur les hauteurs, dans les endroits

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bas; en un mot, dans tous les lieux où elle croît, pour juger la différente intenfité de fa force. Je tirai une affez grande quantité de fuc & de la plus grande pureté. J'en fis avaler à un chat de groffeur ordinaire, une forte cuillerée, elle ne produifit aucun effet; il en prit une feconde quelque tems après, & fur le champ il parut un embarras vifible fur la région des reins de l'animal. J'attendis un peu de tems. Enfuite l'animal chanceloit & ne tomboit pas. Je lui fis encore avaler une troifieme cuillerée; fur le champ l'animal fe fauva avec une vîteffe extrême, & je le perdis de vue. Entrant un quart d'heure après dans la cour où l'expérience avoit été faite, je trouvai ce chat étendu fans mouvement fur le feuil de la porte, fes pattes étoient roides. Je lui fis avaler demi-gros de thériaque délayé dans deux fortes cuillerées de vin, ce qui ne produifit aucun bon effet. Je remarquai que ce genre de poifon coaguloit les liqueurs, occafionnoit l'affaiffement des muscles; enfin, qu'il devoit contenir un fel alkali; d'où je conclus qu'au moyen d'un acide végétal, je pourrois réuffir à divifer les humeurs coagulées, à leur procurer leur cours ordinaire par l'affinité que l'acide & l'alkali unis enfemble, ont de former un fel neutre & de détruire l'alkalicité qui tenoit ce chat dans une inaction générale, & comme dans un état léthargique. ( 1 )

Je fis avaler à ce chat une grande cuillerée de fuc de citron récemment exprimé; à peine l'animal l'eut avalé, qu'il fe remit à l'instant fur fes pattes, parut ne fentir aucune douleur, & rentra dans la maison aufli tranquillement que s'il ne lui étoit rien arrivé. Cette épreuve a duré environ demie heure; & depuis ce tems, l'animal paroît jouir d'une bonne fanté.

L'on voit par cette expérience que ce poifon n'a pas dérangé la circulation du fang, puifque l'animal n'a pas perdu la vie, ce qui feroit peutêtre arrivé fans le fecours prompt qui lui a été donné.

Les effets du fuc de la ciguë paroiffent avoir beaucoup de rapport avec ceux de l'opium, puifqu'il condenfe & coagule les fluides de la même

maniere.

Je fuis, &c.

(1) Sans chercher à difcuter avec M. Haram, le méchanisme de l'action des acides dans le cas de l'empoifonnement occafionné par la ciguë, nous dirons feulement qu'on ne fauroit trop multiplier ces expériences, quoiqu'on fait déja que les acides font recommandés contre les effets des moffetes, des vapeurs du charbon, de l'ufage du narrel, & cu'ils ont été fouvent donnés avec le plus grand fuccès. Ca font des faits

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