Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

vingtieme de grain, a été enfermé dans une boule de porcelaine crue, fuivant le premier procédé : elle a été à un feu de trente-fix heures, qui a cuit la porcelaine; ce diamant n'y a perdu que la moitié de fon poids.

16. Un autre diamant du Bréfil, du poids de demi-grain & un quarantieme de grain, a été enfermé de même dans une boule de porcelaine crue; il a eu vingt-fix heures de feu; la boule étant callée, nous avons reconnu le diamant, qui étoit terne, mais très blanc, & fi petit, qu'on a négligé de le pefer. Il faut obferver, que la boule avoit un peu pouffé fur la jointure d'un côté, & qu'en cet endroit elle étoit moins compacte que du côté oppofé.

17. Un diamant du Bréfil, du poids de quinze trente-deuxiemes & un quatre-vingtieme de grain, a été bien enfermé dans un creufer de Heffe (1), bouché & luté avec le plus grand foin: nous lui avons fait fubir onze heures de grand feu au fourneau à vent; le creufet eft forti très-fain & bien entier; mais le diamant a perdu plus d'un quart de grain; c'est-à-dire, la moitié de fon poids.

18. Un diamant du Bréfil, pefant un grain, un huitieme moins un quatre-vingtieme, a été enfermé dans un creufet de pâte de gazette fait exprès ce creufet avoit déjà été cuit au feu de porcelaine, & faifoit feu avec le briquet fes parois avoient quatre lignes d'épaiffeur; il étoit bouché comme les autres. Après trente- fix heures de feu, nous l'avons caffé; mais, quelque foin que nous y ayons apporté, nous n'avons jamais pu découvrir le moindre veftige du dia

mant.

D'après ces expériences faites avec beaucoup de foin & d'attention, il eft aifé de fe décider fur la premiere queftion.

Dans les huit premieres expériences, les diamans ont été enfermés feuls dans les boules de porcelaine cuites & bien fcellées : il n'y en a qu'une feule; & c'eft la feconde où la perte ait été peu de chofe : dans routes les autres, les diamans ont fouffert des pertes plus ou moins confidérables: il y en a trois où le diamant s'eft diflipé ou détruit tout entier, favoir, dans les expériences 3, 7 & 8; & qu'on falle attention que dans cette derniere entr'autres, la boule étoit vernie en dedans, & scellée avec un verre tendre à la lampe d'Emailleur.

Les diamans renfermés au milieu de la corne-de-cerf & de la pierre à fufil, ont, toutes chofes égales, perdu un peu plus que ceux qui étoient feuls; &, dans l'expérience 11, le diamant a tout-à-fait difparu. Il en faut conclure que ces intermedes ont beau le défendre du contact, &

(1) Il n'y a rien de f incommode, rien de fi difficile à fermer, que ces creufets; nous dirons, en parlant des calcinations, ce que nous avons été forcés de faire pour en venir à bout.

l'éloigner des parois brûlantes du vaiffeau; ils ne peuvent cependant garantit le diamant de fa deftruction.

Concluons donc que le diamant peut fe détruire, & fe détruit en effet dans tous les vaiffeaux, quelqu'exactement qu'ils foient fermés, depuis les creufets les plus poreux, jufqu'à ceux qui font faits d'une porcelaine très-dure, très-compacte, & amenée à fa parfaite cuiffon.

SECONDE QUESTIO N.

Si le diamant fe détruit dans les vaiffeaux fermés, eft-ce par décrépitation? eft ce un fimple écartement méchanique de fes molécules, qui. font féparées les unes des autres, & pouffées au loin par l'expansion d'une caufe quelconque, comme cela arrive lorfque les fels & le fel marin, entr'autres, décrépitent au fen décrépitent au fen, & comme font les quartz & certaines poteries, lorfqu'on les expofe à un feu fubit?

Nous en appellons encore à l'expérience : elle va décider la quef

tion.

Si le diamant fe volatilife, s'il brûle, s'il fe détruit d'une maniere quelconque, il eft démontré, par ce que nous avons vu jufqu'ci, que les vaiffeaux, même les plus compactes & les plus folides, font perméables à fes principes, & qu'ils ne peuvent le garantir de fa décompofition; mais fi cette deftruction n'eft qu'apparente, fi ce n'eft qu'une pure décrépitation, un fimple écartement de les parties, il n'y a rien de plus. aifé que de les retenir & de les retrouver.

19. Nous avons pris un creufet de porcelaine, muni de fon couvercle à gorge rentrante, ufé & cuit fur le creufet même. Au-deffus de fon bord nous avons percé quatre petits trous oppofés, ayant une direction horifontale, & dont l'ouverture intérieure étoit tout au plus de trois quarts de ligne, afin de donner de l'air.

Ce creufet a été placé fous une moufle dans un fourneau de coupelle qui tire bien: le creufet y a elluyé trois heures de bon feu; il contenoit deux diamans du Brétil, du poids d'un grain & d'un huitieme de grain fort.

Lorfque le creufet a été refroidi, nous n'avons plus trouvé de veftige de diamant l'intérieur du creufet étoit fans tache, parfaitement blanc & fans un arôme de pouffiere; cependant un grain de poudre de diamant, prife chez le Lapidaire, fait déjà un volume fi confidérable que la deux centieme partie de ce grain y eût été très fenfible. A plus forte raifon, celle celle que le feu auroit divifée, étant plus ténue, aurou dû foifonner davantage.

Dira-t-on que le diamant s'imbibe dans la porcelaine? Mais, s'i s'y imbibe, il la pénetre & peut fe diffiper. Il y a mieux, qu'on pefe le creufet avant l'opération, qu'on le repefe enfuite, & l'on faura à quoi s'en tenir.

Cette derniere expérience eft fi fimple, fi facile, fi immanquable, que ce feroit abufer du tems que de la répéter. Que devient donc le diamant? Voyons ce que l'expérience va nous apprendre.

20. Nous avons placé au fond de la moufle du fourneau à coupelle, quatre petites écuelles de pâte de porcelaine, un peu inclinées en devant afin de mieux voir & obferver, nous avons mis un diamant dans chacune des deux premieres;.dans la troifieme de l'or, & de l'argent dans la quatrieme.

:

Il s'agiffoit 1° d'obferver ce qui arrive au diamant, lorfqu'il s'évapore ou qu'il fe diffipe; 2° de voir fi les diamans du Brefil préfentent ici, comme dans les vaiffeaux fermés, les mêmes phénomenes que les diamans de l'Orient; 3° enfin de déterminer précisément le degré de feu auquel le diamant commence à fe détruire.

Nous avons obfervé que les diamans étoient déja refplendissans ou, pour mieux dire, embrâfés au moment & même un peu auparavant que l'argent fin foit entré en fufion mais l'or a réfifté à ce degré de feu, & n'a pas fondu. Nous avons vu une véritable flamme ondulente, & qui léchoit mollement la furface du diamant nous en avons retiré un à deux reprises, afin de l'observer de plus près.

Ces diamans font du Brefil, comme je l'ai dit; S. A S. Mgr. le Duc de Chartres a eu la bonté de m'en confier un nombre affez confidérable, qu'il a bien voulu demander à Lisbonne, & qu'il a fait venir exprès, pour les foumettre à des expériences.

Ils fe détruifent, ou plutôt ils brûlent à l'air libre, & ils brûlent dans. les vaiffeaux fermés, précisément de la même maniere que les diamans qui viennent d'Orient. Leur dureté eft auffi la même; M. Carnay Lapidaire de Paris, très-expérimenté, s'en eft affuré par des épreuves répétées; il en vient également de durs & de tendres des deux Indes, & il m'a affuré que les défauts & les avantages leur font communs & réciproques.

Ainfi, lorfque j'ai dit, page 109, expérience 4, de mon troifieme Mémoire, que la pierre ou diamant qui a été fondu, étoit vraifemblablement un diamant du Brefil; j'ai visiblement été induit en erreur, ainfi que le Lapidaire; je ne doute plus que cette pierre ne fût ùn péridot.

Il eft à remarquer, au fujet de cette pierre finguliere, que le diamant ne fe trouve jufqu'ici dans les deux Indes, qu'à peu près au même degré & à la même distance de l'équateur; c'est-à-dire, jufqu'à environ dix-huit degrés de chaque côté de la ligne, avec cette différence remarquable pourtant, que, dans l'Orient, les mines connues font au nord de la ligne; & en Amérique, elles font au contraire au midi.

21. Nous avons placé en même tems dans une coupelle très propre, un demi-grain de poudre de diamant; à peine a-t-elle commencé à rougir, qu'elle a brûlé comme le diamant; il y avoit des endroits où

elle

elle fcintilloit & brilloit comme une étoile : cette combuftion va ic très vîte; nous en avons remis encore un peu avec la pointe du couteau, & tout a été confumé de même en un inftant. Il ne refte fur la petite écuelle que quelqu'ordure légere qui peut fe trouver mêlée avec la poudre de diamant, mais dont le volume, lorfque la poudre eft pure, n'eft rien; nous n'avons point fenti d'émanation.

La dix neuvieme expérience prouve démonftrativement que le diamant ne décrépite pas, & ne fe réduit point fimplement en pouffiere; il eft certain qu'il difparoît, de maniere qu'il n'y a pas de vaiffeau, même de porcelaine, qui puiffe le retenir.

Par la vingtieme & fur-tout par la vingt-unieme expérience, on voit ce qu'il devient : il paroît qu'il brûle effectivement. La premiere fois que je foumis le diamant fous la moufle, je vis cet éclat refplendiffant que n'ont jamais les autres pierres, ni même les métaux fondus, comme nous venons de l'éprouver, en plaçant en même tems fous une moufle un diamant, un rubis, un faphir & une émeraude, avec de l'argent & de l'or en fufion; mais je n'apperçus pas alors cette lumiere phofphorique que nous avons cru depuis obferver chez M. Macquer. Le diamant qu'on y avoit mis en expérience étoit plus gros que celui que j'avois employé, & cela étoit un peu plus fenfible; il en est fait mention dans le procès - verbal, mais tout cela étoit encore affez douteux.

Enân, M. Roux, Profeffeur de Chymie aux Ecoles de Médecine & notre ami commun, eft le premier qui a bien déterminé cette combustion. Le 23 Avril dernier, il mit en public, dans l'amphithéatre des Ecoles, deux diamans bien plus gros en expérience, & ayant voulu faire voir le progrès de cette évaporation à M. le Lieutenant général de Police qui avoit honoré la leçon de fa préfence, ainfi qu'à l'affemblée des Auditeurs, qui étoit très nombreuse, à peine eut-il ouvert la porte de la moufle, qu'il vit diftinctement une flamme; il annonça hautement à l'affemblée que le diamant brûloit effectivement, & il le fit remarquer à deux ou trois perfonnes qui fe trouvoient alors à côté du fourneau. Comment M. Mitouart, lorfqu'il fait mention d'un pareil phénomene obfervé chez lui, & qu'il rapporte à cette occafion ce qu'on n'avoit encore qu'entrevu chez M. Macquer at-il pu oublier ce qui fut annoncé décidément comme un fait, en plein amphithéatre, & lui préfent, par M. Roux?

porte

[blocks in formation]

Enfin, le diamant fe conferve-t-il dans la poudre de charbon, comme on l'a conclu affirmativement, d'après le procédé de M. Maillard, célebre Jouaillier, & de la plupart de MM. fes confreres?

Nous croyons qu'on peut répondre négativement fur cette quefTome I, Part. I.

D

tion, & nous comptons avoir l'expérience pour nous. Il eft pourtant vrai que le charbon le défend jufqu'à un certain point, & que la deftruction du diamant eft ici plus lente, plus tardive qu'avec les autres intermedes, & fujette à plus de variations.

22. Nous avons mis un diamant du poids de 3 huitiemes de grain dans le centre d'une boule de porcelaine cuite, du diametre d'un grand pouce dans l'intérieur, & pleine de poudre de charbon; elle a été quarante-cinq heures au feu dont nous avons parlé ;

lui avons encore fait fubir fept heures de grand feu au fourneau à

vent.

Nous avons trouvé le diamant dans le milieu de la poudre de charbon; il n'a prefque rien perdu de fon poli; il eft devenu feulement un peu louche, mais, lorfqu'on le regardoit à la loupe, & mieux encore au microfcope, on voyoit bien qu'il commençoit à être attaqué par le feu & à perdre de fa fubftance; il y avoit même des facettes entieres qui étoient déja comme fi on avoit commencé à les égriser; mais la diminution dans le poids étoit infenfible.

23. Nous avons remis ce diamant dans une boule de porcelaine plus petite & pleine de poudre de charbon, au centre duquel on l'a place; il a fouffert huit fois vingt-quatre heutes de feu; lorfqu'on a retiré le creufet, il étoit entier & bien bouché; la poudre de charbon n'avoit point fouffert, mais le diamant étoit tout noir : nous l'avons fait rougir légerement fous la moufle pour le blanchir, ce qui a été bientôt fait; fon poli qui avoit à peine été altéré au premier feu, s'eft totalement détruit ici; il ne pefoit plus qu'un huitieme de grain; c'est-à-dire, qu'il avoit perdu les deux tiers de fon poids ; il étoit blanchi, mais terne & comme égrifé.

Nous avons obfervé, dans ces deux dernieres expériences, que l'intérieur de la boule étoit enduit d'un beau vernis très-noir & trèsluifant, qui avoit pénétré dans la porcelaine de l'épaiffeur d'une demi-ligne le vernis noir paroît être toujours la preuve d'un grand feu; car, lorfqu'il n'eft pas violent, à peine l'intérieur eft-il noirci.

24. Un diamant rofe du poids d'un huitieme de grain a été mis dans une petite boule de porcelaine, d'un petit diametre intérieur, pleine de poudre de charbon; nous l'avons expofé deux fois au feu, en même tems que celui de l'expérience 22. La boule ayant été caffée, une partie du charbon avoit fait couverte fur l'intérieur de la boule qui étoit enduit d'un beau vernis noir; le diamant étoit auffi tout noir & chagriné: vu à la loupe, il paroiffoit couvert de petits corps ronds comme des galles: cette enveloppe noire y étoit fortement attachée: on ne l'a pas pefé, parce qu'il étoit confidérablement diminué de volume & très - vifiblement altéré; nous l'avons blanchi comme le précédent.

25. Un diamant rofe du poids de 13 trente-deuxiemes & 4 quatre

« PreviousContinue »