Page images
PDF
EPUB

en répondant avec candeur à toutes les questions que me dictaient ma raison et ma curiosité, il ruinait lui-même toutes ses affaires. Blessé de n'être qu'un bourgeois, il avait dénaturé ses biens pour les venir manger à Paris sous des titres plus relevés; cela me déplut. Rougir de soi-même est, ce me semble, un moyen de justifier le dédain des autres. Son humeur était mélancolique, haineuse il connaissait trop bien les hommes, disaitil, pour ne pas les mépriser et les fuir. Son projet était de ne plus voir que moi, et de m'amener à ne plus voir que lui. Cela me déplut encore plus. Je vis dès ce moment la nécessité de détruire de fond en comble l'espoir consolant dont il se nourrissait, et de réduire la société de tous les jours à des visites de loin en loin. Cela lui causa une une grande maladie, pendant laquelle je lui rendis tous les soins possibles. Mais des refus constants rendaient la plaie plus profonde.

Enfin, il recouvra ses biens, mais jamais sa santé; et, croyant lui rendre un service en l'éloignant de moi, je refusai constamment ses lettres et ses visites.

Deux ans et demi s'étaient écoulés

entre notre connaissance et sa mort. 1 me fit prier d'accorder à ses derniers moments la douceur de me voir encore: mes entours m'empêchèrent de faire cette démarche. Il mourut, n'ayant près de lui que ses domestiques et une vieille dame, seule société qu'il eût depuis longtemps. Il logeait alors sur le Rempart, près la chaussée d'Antin, où l'on commençait à bâtir; moi, rue de Buci, près la rue de Seine et l'abbaye Saint-Germain. J'avais ma mère, et plusieurs amis venaient souper avec moi. Les convives journaliers étaient un intendant des Menus-Plaisirs, dont j'avais continúment besoin auprès des gentilshommes de la chambre et des comédiens; le bon Pipelet, que vous avez connu et chéri; Rosely, l'un de mes camarades, jeune homme bien né, plein d'esprit et de talents. Je venais de chanter de fort jolies moutonades, dont mes amis étaient dans le ravissement, lorsqu'au coup de onze heures succéda un cri aigu. Sa sombre modulation et sa longueur étonnèrent tout le monde; je me sentis défaillir, et je fus près d'un quart d'heure sans connaissance.

L'intendant était amoureux et ja

loux : il me dit avec beaucoup d'humeur, lorsque je revins à moi, que les signaux de mes rendez-vous étaient trop bruyants. Ma réponse fut : « Maîtresse de recevoir à toute heure qui bon me semblera, les signaux me sont inutiles; et ce que vous nommez ainsi est trop déchirant pour être l'annonce des doux moments que je pourrais désirer. » Ma pâleur, le tremblement qui me restait, quelques larmes qui coulaient malgré moi, et mes prières pour qu'on restât une partie de la nuit, prouvèrent que j'ignorais ce que ce pou vait être. On raisonna beaucoup sur le genre de ce cri, et l'on convint de tenir des espions dans la rue pour savoir, au cas qu'il se fit encore entendre, quels étaient sa cause et son auteur.

Tous nos gens, mes amis, mes voisins, la police même, ont entendu ce même cri, toujours à la même heure, toujours partant sous mes fenêtres, et ne paraissant sortir que du vague de l'air. Il ne me fut pas permis de penser qu'il fût pour d'autres que pour moi. Je soupais rarement en ville; mais les jours où j'y soupais l'on n'entendait rien, et plusieurs fois, demandant de ses nouvelles à ma mère, à mes gens, lorsque je rentrais dans ma chambre, il partait au milieu de nous. Une fois, le président de B...., chez lequel j'avais soupé, voulut me reconduire pour s'assurer qu'il ne m'était rien arrivé en chemin. Comme il me souhaitait le bonsoir à ma porte, le cri partit entre lui et moi. Ainsi que tout Paris, il savait cette histoire; cependant on le remit dans sa voiture plus mort que vivant.

Une autre fois, je priai mon camarade Rosely de m'accompagner rue SaintHonoré pour choisir des étoffes, et pour faire ensuite une visite à mademoiselle de Saint-P....., qui logeait près la porte Saint-Denis. L'unique sujet de notre entretien, dans ces deux courses, fut mon revenant (c'est ainsi qu'on l'appelait). Ce jeune homme, plein d'esprit, ne croyant à rien, était cependant frappé de mon aventure il me pressait d'évoquer le fantôme, en me promettant d'y croire, s'il me répondait. Soit par faiblesse ou par audace, je fis ce qu'il me demandait : le cri partit à trois reprises, terribles par leur éclat et leur rapidité. Arrivés à la porte de notre amie, il fallut le secours de toute la maison pour nous tirer

du carrosse, où nous étions sans connais- | ayant fort chaud, j'ouvris la fenêtre consance l'un et l'autre.

Après cette scène, je restai quel ques mois sans rien entendre. Je me crovais à jamais quitte; je me trompais. Tous les spectacles avaient été mandés à Versailles pour le mariage du Dauphin. Nous y devions passer trois jours on avait oublié quelques logements. Madame Grandval n'en avait point. J'attendis inutilement avec elle qu'on lui en trouvât un. A trois heures du matin, je lui offris de partager la chambre à deux lits qu'on m'avait arrangée dans l'avenue de Saint-Cloud : elle accepta. Je lui donnai le petit lit; dès qu'elle y fut, je me mis dans le mien. Tandis que ma femme de chambre se déshabillait pour se coucher à côté de moi, je lui dis : <«< Nous sommes au bout | du monde; il fait le temps le plus affreux; le cri serait bien embarrassé d'avoir à nous chercher ici... » Il partit! Madame Grandval crut que l'enfer entier était dans la chambre: elle courut en chemise, du haut en bas de la maison, où personne ne put fermer l'œil du reste de la nuit; mais ce fut au moins la dernière fois qu'il se fit entendre.

Sept ou huit jours après, causant avec ma société ordinaire, la cloche de onze heures fut suivie d'un coup de fusil, tiré dans une de mes fenètres. Tous nous entendîmes le coup, tous nous vimes le

feu;
la fenêtre n'avait nulle espèce de
dommage. Nous conclûmes tous qu'on
en voulait à ma vie, qu'on m'avait man-
quée, et qu'il fallait prendre des pré-
cautions pour l'avenir. L'intendant vola
chez M. de Marville, alors lieutenant de
police et son ami. On vint tout de suite
visiter les maisons vis-à-vis la mienne.
Les jours suivants, elles furent gardées
du haut en bas; on visita toute la mienne,
la rue fut remplie par tous les espions
possibles; mais, quelques soins qu'on
prit, ce coup, pendant trois mois entiers,
fut entendu, vu, frappant toujours à la
même heure, dans le même carreau de
vitre, sans que personne ait jamais pu
voir de quel endroit il partait. Ce fait a
été constaté sur les registres de la po-
lice.

Accoutumée à mon revenant, que je trouvais assez bon diable puisqu'il s'en tenait à des tours de passe-passe, ne prenant pas garde à l'heure qu'il était,

sacrée, et l'intendant et moi nous nous appuyâmes sur le balcon. Onze heures sonnent; le coup part, et nous jette tous les deux au milieu de la chambre, où nous tombons comme morts. Revenus à nous-mêmes, sentant que nous n'avions rien, nous regardant, nous avouant que nous avions reçu, lui sur la joue gauche, moi sur la joue droite, le plus terrible soufflet qui se soit jamais appliqué, nous nous mîmes à rire comme deux fous. Le lendemain, rien. Le surlendemain, priée, par mademoiselle Dumesnil, d'être d'une petite fête nocturne qu'elle donnait à sa maison de la barrière Blanche, je montai en fiacre à onze heures, avec ma femme de chambre. Il faisait le plus beau clair de lune, et l'on nous conduisait par les boulevards, qui commençaient à se garnir de maisons. Nous examinions tous les travaux qu'on faisait là, lorsque ma femme de chambre me dit : « N'est-ce pas par ici qu'est mort M. de S... ? D'après les renseignements qu'on m'a donnés, ce doit être, lui dis-je en les désignant avec mon doigt, dans l'une des deux maisons que voilà devant nous. » D'une des deux partit ce même coup de fusil qui me poursuivait; il traversa notre voiture: le cocher doubla son train, se croyant attaqué par des voleurs; nous arrivâmes au rendezvous, ayant à peine repris nos sens, et, pour ma part, pénétrée d'une terreur que j'ai gardée longtemps, je l'avoue; mais cet exploit fut le dernier des armes à feu.

A leur explosion succéda un claquement de mains ayant une certaine mesure et des redoublements; ce bruit, auquel les bontés du public m'avaient accoutumée, ne me laissa faire aucune remarque pendant longtemps; mes amis en firent pour moi. « Nous avons guetté, me dirent-ils c'est à onze heures, presque sous votre porte, qu'il se fait; nous l'entendons; nous ne voyons personne : ce ne peut être qu'une suite de ce que Vous avez éprouvé. Comme ce bruit n'avait rien de terrible, je ne conservai point la date de sa durée; je ne fis pas plus d'attention aux sons mélodieux qui se firent entendre après; il semblait qu'une voix céleste donnait le canevas de l'air noble et touchant qu'elle allait chanter; cette voix

[ocr errors]

commençait au carrefour de Buci, et finissait à ma porte; et, comme il en avait été de tous les sons précédents, on suivait, on entendait, et l'on ne voyait rien. Enfin tout cessa après un peu plus de deux ans et demi.

On vint me dire qu'une dame âgée demandait à voir mon appartement, et qu'elle était là. Une émotion dont je ne fus pas la maitresse me la fit regarder long emps depuis les pieds jusqu'à la tête; et cette émotion redoubla lo sque je m'aperçus qu'elle éprouvait et faisait la même chose que moi. Tout ce que je pus fut enfin de lui proposer de s'asseoir; elle l'accepta, et nous en avions besoin toutes deux. Notre silence continuait, mais nos yeux ne nous laissaient aucun doute sur l'envie que nous avions de parler elle savait qui j'étais; je ne la connaissais pas; elle sentit que c'était à elle à rompre le silence; et voici notre conversation :

un

« J'étais, mademoiselle, la meilleure amie de M. de S..., et la seule qu'il ait voulu voir la dernière année de sa vie : nous en avons, l'un et l'autre, compté tous les jours et toutes les heures, parlant de vous, en vous faisant tantôt un ange, tantôt diable; moi, le pressant toujours de chercher à vous oublier; lui, protestant toujours qu'il vous aimerait au delà du tombeau... Vos derniers refus ont hâté ses derniers moments. comptait toutes les minutes, lorsqu'à dix heures et demie son laquais vint lui dire que, décidément, vous ne viendriez pas. Après un moment de silence, il prit ma main, avec un redoublement de désespoir qui m'effraya. La barbare!... elle n'y gagnera rien; je la poursuivrai autant après ma mort que je l'ai poursuivie pendant ma vie!... Je voulus tâcher de le calmer, il n'était plus!..... »

Je crois n'avoir pas besoin de vous dire l'effet que ces dernières paroles firent sur moi; l'analogie qu'elles avaient avec toutes mes apparitions me pénétra de terreur.

(Mlle Clairon, Mémoires.)

Trois libertins, au retour d'une partie de débauche, passent près d'un cimetière, y entrent, et après avoir plaisanté

[ocr errors]

de différentes manières les morts qui l'habitaient, s'avisent de donner un concert à un tas d'ossements, jetés à l'une de ses extrémités. Ils n'ont pas plutôt commencé leur affreuse sérénade, qu'un cri part du fond du reliquaire; tous les ossements qu'ils renferment se meuvent, s'entre-choquent avec bruit, semblent se réunir et se ranimer pour punir les audacieux qui bravent ainsi l'empire de la mort. Les concertants sont tellement effrayés, que deux d'entre eux tombent morts à l'ir stant, et l'autre, à demi mort, reste longtemps sans connaissance. On se doute bien que cet événement fut trèspropice pour le salut de l'âme du survivant: il se fit ermite. Il faut dire maintenant le secret de l'aventure. Un misérable mendiant s'était réfugié près de ce monceau d'ossements, pour y passer la nuit, et cette musique inattendue lui avait fait une telle peur en le réveillant en sursaut, qu'en voulant s'enfuir, il avait fait écrouler la pyramide fatale.

(Corresp. secrète, 1777.)

Avertissement.

Quelque temps avant le meurtre de César, un devin l'avertit de se garder d'un grand péril le jour des ides de mars. Ce jour venu, César, en se rendant au sénat, où il allait être assassiné, rencontra le devin, et lui dit en souriant : « Eh bien! voilà les ides de mars arrivées. —Oui, fit tranquillement le deviu, mais elles ne sont point passées encore (1).

(Plutarque, Vie de César.)

En se mettant à table le 22 décembre 1588, la veille de sa mort, le duc de Guise trouva sous sa serviette un billet ainsi conçu : « Donnez-vous de garde; on est sur le point de vous jouer un mauvais tour. » Il écrivit au-dessous : « Ils n'oseraient, » et jeta le billet sous la table.

Le vendredi 16 mars de l'année 1792,

(1) Suétone rapporte le même fait, en donnant le nom du devin, qui s'appelait Spurinna. Plutarque, et Nicolas de Damas, dans son fragment sur la vie de César, traduit par M. Alfred Didot, rapportent un grand nombre de présages qui semblaient avoir pris à tache de l'avertir.

Gustave, roi de Suède, soupait gaiement dans son palais de Haga, contigu à la salle de l'opéra, où un bal masqué se préparait pour délasser Sa Majesté des grandes fatigues du trône. Il était encore à table, quand un de ses pages vint lui remettre un billet que lui faisait parvenir un inconnu. Il était écrit en bon français, au crayon, et conçu à peu près ainsi : « Je ne suis pas de vos amis, mais je ne veux pas être du nombre de vos meurtriers. Ce soir, à la mascarade qui se prépare, vous serez assassiné, si ce n'est aujourd'hui, 'ce sera cette année. Méfiez-vous du rez-de-chaussée de Haga. » Le roi ne fit pas autrement cas de l'avis, et le jour même il fut assassiné dans la salle du bal. (Révol. de Paris.)

Avertissement salutaire. Philippe, roi de Macédoine, se faisait toujours accompagner par deux hommes qu'il payait pour venir lui dire tous les matins: « Philippe, souviens-toi que tu es homme, » et pour lui demander le soir : Philippe, t'es-tu souvenu que tu étais homme? >>

[ocr errors]

(Saint-Foix, Essais sur Paris.)

Aveu d'un ennemi.

L'ode de Le Franc de Pompignan sur la mort de J.-B. Rousseau était imprimée depuis plus de vingt ans, et personne n'avait paru y donner une attention particulière. La Harpe, qui la lut longtemps après, dans les œuvres de son auteur, en fut frappé. La dernière strophe se grava surtout dans sa mémoire. Il la récita à Voltaire; mais se défiant de l'homme, et ne cherchant à connaître que l'avis du poëte, il ne nomma point l'auteur. Ah! mon Dieu, que cela est beau! s'écria Voltaire. Quel est donc l'auteur de cette strophe. C'est M. Le Franc. Quoi! Le Franc de Pompignan ! - LuiVoyons donc; répétez-la. La Harpe la répète : « Je ne m'en dédis pas, ajoute le vieillard de Ferney, non je ne m'en dédis pas, la strophe est belle» (1).

même.

(Improvisateur franç.)

(1) Voir Impartialité.

[ocr errors]
[ocr errors]

LemarquisdePrie, se trouvant à Ferney, demanda à Voltaire qui il pourrait consulter, dans le séjour qu'il devait faire à Paris, pour se procurer une idée juste des écrits qui paraissent en France. Voltaire, après avoir révé un moment, lui dit : « Adressez-vous à ce coquin de Fréron, il n'y a que lui qui puisse faire ce que vous demandez. » Le marquis savait dans quels termes les deux écrivains en étaient ensemble; il ne put dissimuler son étonnement. «< Ma foi, oui, répliqua le seigneur de Ferney, c'est le seul homme qui ait du goût; je suis obligé d'en convenir, quoique je ne l'aime pas, et que j'aie de bonnes raisons pour cela. >>

Il

(Correspondance secrète.)

Aveu d'un muet.

y avait, sur le chemin de NotreDame de Liesse, un gueux qui faisait le muet. E.fectivement, il savait si bien retirer sa langue, qu'on ne la voyait point du tout. Une dame de mes amies se douta qu'il y avait de la subtilité, et lui promit dix sous s'il lui voulait dire combien il y avait de temps qu'il était muet. Il fut longtemps à s'y résoudre; enfin, après avoir bien regardé s'il n'y avait point d'autres gens, il lui dit :

[ocr errors]

Madame, il y a quatre ans que je suis muet. » Et il eut son demi-quart d'écu. (Tallemant des Réaux.)

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Mademoiselle Phil......, descend ante du célèbre banquier de ce nom, âgée de plus de quarante ans, et ayant renoncé au mariage, avait conservé toute la naïveté de l'enfance, ce qui la rendait souvent le plastron des plaisanteries d'une société aimable où elle allait habituellement.

Deux personnes causant tous bas en sa présence, elle eut la curiosité de s'approcher et de demander le sujet de la conversation. « Nous parlions, dit l'un d'eux, de choses qu'une jeune fille ne doit pas entendre. Ce que vous dites là, monsieur, est fort déplacé, réponditelle d'un air piqué; apprenez que je ne suis fille que de nom. » (Paris, Versailles et les Prov. au XVIII s.)

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

auprès d'une telle femme. « Je sais bien, dit-il, ce que je ne devrais pas faire; mais je ne sais pas ce que je ferais (1). » (Pogge.)

La pièce des Précieuses ridicules fut jouée avec un applaudissement général, et j'en fus si satisfait en mon particulier, que je vis dès lors l'effet qu'elle allait produire : « Monsieur, dis-je à M. Chapelain en sortant de la comédie, nous approuvions vous et moi toutes les sottises qui viennent d'être critiquées si finement; mais, croyez-moi, il nous faudra désormais brûler ce que nous avions adoré, et adorer ce que nous avions brulé. »

(Menagiana.)

Aveugles.

L'aveugle-né de Puiseaux en Gâtinais s'était fait de ses bras des balances fort justes, et de ses doigts, des compas presque infaillibles. Le poli des corps n'aque le son de la voix. Il jugeait de la vait guère moins de nuances pour lui beauté par le toucher, et faisait entrer dans ce jugement la prononciation et l'organe. Il adressait au bruit et à la voix très-sûrement. On rapporte qu'il eut, dans sa jeunesse, une querelle avec un de ses frères, qui s'en trouva fort mal. Impatienté des propos désagréables qu'il essuyait, il saisit le premier objet qui lui tomba sous la main, le lui lança, l'atteignit au milieu du front, et l'étendit par terre.

Cette aventure et quelques autres, le firent appeler devant le tribunal du lieutenant de police de Paris, où il demeurait pour lors. Les signes extérieurs de la puissance qui nous affectent si vivement, n'en imposent point aux aveugles. Le nôtre comparut devant le magistrat comme devant son semblable; les menaces ne l'intimidèrent point : « Que me ferez-vous? dit-il à M. Hérault. Je vous jetterai dans un cul de basse-fosse, lui répondit le magisEh! monsieur, lui répliqua l'aveugle, il y a vingt-cinq ans que j'y suis! »

trat.

[ocr errors]

(1) Voir un mot semblable, mais en matière différente, attribué à Mer Olivier (Duel).

« PreviousContinue »