le tous. au, 15 Junon répondit en colère : FABLE XIX. LE LION ET L'ANE CHASSANT. Le roi des animaux se mit un jour en tête De giboyer: il célébroit sa fête. Le gibier du lion, ce ne sont pas moineaux, Mais beaux et bons sangliers, daimset cerfs bons beaux. Pour réussir dans cette affaire Il se servit du ministère De l'âne à la voix de Stentor. L'âne à inesser lion fit office de cor. Le lion le posta, le couvrit de ramée, Lui commanda de braire, assuré qu'à ce sou Les moins intimidés fuiroient de leur maison. Leur troupe n'étoit pas encore accoutumée A la tempête de sa voix; L'air en retentissoit d'un bruit épouvantable: Où les attendoit le lion. N'ai-je pas bien servi dans cette occasion ? Dit l'âne en se donnant tout l'honneur de la chasse. Qui, reprit le lion, c'est bravement crié : J'en serois moi-même effrayé. L'âne, s'il eût osé, se fût mis en colère, Encor qu'on le raillât avec juste raison : Ce n'est pas là leur caractère. FABLE XX. TESTAMENT EXPLIQUÉ PAR ÉsOpE. Si ce qu'on dit d’Esope est vrai, C'étoit l'oracle de la Grèce : Lui seul avoit plus de sagesse Que tout l'aréopage. En voici pour essai Une histoire des plus gentilles, Et qui pourra plaire au lecteur: Un certain homme avoit trois filles, Une buveuse, une coquette; La troisième, avare parfaite. Cet homme, par son testament, Selon les lois municipales, Leur laissa tout son bien par portions égales, En donnant à leur mère tant, Payable quand chacune d'elles Ne possèderoit plus sa contingente part. Le père mort, les trois femelles Courent au testament, sans attendre plus tard. On le lit, on tâche d'entendre La volonté du testateur ; Mais en vain : car comment comprendre Qu'aussitôt que chacune sæur Ne possédera plus sa part héréditaire Il lui faudra payer sa mère ? Ce n'est pas un fort bon moyen Pour payer que d'être sans bien. Que vouloit donc dire le père ? L'affaire est consultée; et tous les avocats, Après avoir tourné le cas En cent et cent mille manières, Petits et grands, tout approuva Qu'après bien du temps et des peines Les gens avoient pris justement Le contre-pied du testament. Auroit de reproches de lui! Comment! ce peuple, qui se pique Si mieux n'aime la mère en créer une rente, D'être le plus subtil des peuples d'aujourd'hui, Dès le décès du mort courante. A si mal entendu la volonté suprême La chose ainsi réglée, on composa trois lots : D'un testateur! Ayant ainsi parlé, En l'un les maisons de bouteille, Il fait le partage lui-même, Les buffets dressés sous la treille, Et donne à chaque sæur un lot contre son gré; La vaisselle d'argent, les cuvettes, les brocs, Rien qui pût être convenable, Partant rien aux sœurs d'agréable : Qui suit les personnes buveuses; La biberonne eut le bétail ; La maison de la ville, et les meubles exquis, La ménagère eut les coiffeuses. Tel fut l'avis du Phrygien, Alléguant qu'il n'étoit moyen Plus sûr pour obliger ces filles Dans le troisième lot, les fermes, le ménage, A se défaire de leur bien; Les troupeaux et le pâturage, Qu'elles se mariroient dans les bonnes familles Valets et betes de labeur. Quand on leur verroit de l'argent; Ces lots faits, on jugea que le sort pourroit faire Paîroient leur mère tout comptant; Que peut-être pas une saur Ne possèderoient plus les effets de leur père : N'auroit ce qui lui pourroit plaire. Ce que disoit le testament. Ainsi chacune prit son inclination, Le peuple s'étonna comme il se pouvoit faire Le tout à l'estimation. Qu'un homme seul eût plus de sens Ce fut dans la ville d'Athènes Qu'une multitude de gens. Que cette rencontre arriva. A. M. D. M. FABLE PREMIÈRE. On lui lia les pieds, on vous le suspendit; Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre. Pauvres gens ! idiots ! couple ignorant et rustre ! Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là ? Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put : Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre, Oh la! ob ! descendez, que l'on ne vous le dise, Disciples d'Apollon, nos maitres, pour mieux dire, Jeune homme qui menez laquais à barbe grise ! Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins C'étoit à vous de suivre, au vieillard de monter. (Comme ils se confioient leurs pensers et leurs soins), Messieurs, dit le meunier, il vous faut contenter. Racan commence ainsi : Dites-moi, je vous prie, L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte; Vous qui devez savoir les choses de la vie, Quand trois filles passant, l'une dit:C'est grand'honte Qui par tous ses degrés avez déjà passé, Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils, Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé, Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, A quoi me résoudrai-je? Il est temps que j'y pense. Fait le veau sur son âne, et pense être bien sage. Vous connoissez mon bien, mon talent, ma naissance : Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge: Dois-je dans la province établir mon séjour ? Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez. Prendre emploi dans l'armée, ou bien charge à la cour? Après maints quolibets coup sur coup renvoyés, Tout au monde est mélé d'amertume et de charmes : L'homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe. La guerre a ses douceurs, l'hymen a ses alarmes. Au bout de trente pas, une troisième troupe Si je suivois mon goût, je saurois où buter; Trouve encore à gloser. L'un dit : Ces gens sont fous! Mais j'ai les miens, la cour, le peuple à contenter. Le baudet n'en peut plus; il mourra sous leurs coups. Malherbe là-dessus: Contenter tout le monde! Hé quoi, charger ainsi cette pauvre bourrique! Écoutez ce récit avant que je réponde. N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ? Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau. J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils, Parbleu ! dit le meunier, est bien fou du cerveau L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits, Qui prétend contenter tout le monde et son père. Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire, Essayons toutefois si par quelque manière Alloient vendre leur âne, un certain jour de foire. Nous en viendrons à bout. Ils descendent tous deux : Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit, L'âne se prélassant marche seul devant eux. L Jo De L LE LOUP DEVENU BERGER. Un quidam les rencontre et dit : Est-ce la mode Et par cet apologue, insigne entre les fables, FABLE III. que Aux brebis de son voisinage Et faire un nouveau personnage. Il s'habille en berger, endosse un hoqueton, Sans oublier la cornemuse. Pour pousser jusqu'au bout la ruse, Les gens en parleront, n'en doutez nullement. Il auroit volontiers écrit sur son chapeau : C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau. Sa personne étant ainsi faite, Et ses pieds de devant posés sur sa houlette, Guillot le sycophante approche doucement. Guillot, le vrai Guillot, étendu sur l'herbette, Dormoit alors profondément; Je defois par la royauté Son chien dormoit aussi, comme aussi sa musette; Avoir commencé mon ouvrage : La plupart des brebis dormoient pareillement. A la voir d'un certain côté, L'hypocrite les laissa faire; Messer Gaster en est l'image; Et, pour pouvoir mener vers son fort les brebis, S'il a quelque besoin, tout le corps s'en ressent. Il voulut ajouter la parole aux habits, Chose qu'il croyoit nécessaire; Mais cela gâta son affaire : Les bras d'agir, les jambes de marcher. Quiconque est loup agisse en loup: C'est le plus certain de beaucoup. Par ce moyen, les mutins virent FABLE IV. LES GRENOUILLES QUI DEMANDENT UN nor. Ceci peut s'appliquer à la grandeur royale. Les grenouilles, se lassant Elle reçoit et donne, et la chose est égale. De l'état démocratique, Tout travaille pour elle, et réciproquement Par leurs clameurs firent tant Tout tire d'elle l'aliment. Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique. Elle fait subsister l'artisan de ses peines, Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique : Enrichit le marchand, gage le magistrat, Ce roi fit tontefois un tel bruit en tombant, Maintient le laboureur, donne paie au soldat, Que la gent marécageuse, Distribue en cent lieux ses graces souveraines, Gent fort sotte et fort peureuse, Entretient scule tout l'état. S'alla cacher sous les eaux, Dans les joncs, dans les roscaux, Ménénius le sut bien dire. Dans les trous du marécage, La commune s'alloit séparer du sénat. Sans oser de long-temps regarder au visage Les mécontents disoient qu'il avoit tout l'empire, Celui qu'elles croyoient être un géant nouveau. Le pouvoir; les trésors, l'honneur, la dignité; Or c'étoit un soliveau, Au lieu que tout le mal étoit de leur côté, De qui la gravité fit peur à la première Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre. Qui, de le voir s'aventurant, Osa bien quitter sa tanière. Une autre la suivit, une autre en fit autant : Il en vint une fourmiliere; LE RENARD ET LE DOUC. 19 Et leur troupe à la fin se rendit familière Ne tardera possible guères. Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi. Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment C'est pour déraciner le chêne assurément, L'arbre tombant, ils seront dévorés; Qu'ils s'en tiennent pour assurés. S'il m'en restoit un seul, j'adoucirois ma plainte. Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte, Et Jupiu de leur dire : Hé quoi! votre désir La perfide descend tout droit A l'endroit Où la laie étoit en gesine. Ma bonne amie et ma voisine, Obligez-moi de n'en rien dire; Son courroux tomberoit sur moi. La chatte en son trou se retire. L'aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins De ses petits; la laie encore moins : Ce doit être celui d'éviter la fainine. A demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine, Avec son ami bouc des plus haut encornés : Pour secourir les siens dedans l'occasion : Celui-ci ne voyoit pas plus loin que son nez; L'oiseau royal, en cas de miue; La laie, en cas d'irruption. De la gent marcassine et de la gent aiglonne Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Par sa pernicieuse adresse ! Je grimperai premièrement; Des malheurs qui sont sortis Puis sur tes cornes m'élevant, De la boite de Pandore, A l'aide de cette machine, Celui qu'à meilleur droit tout l'univers abhorre, De ce lieu-ci je sortirai, C'est la fourbe, à mon avis. Les gens bien sensés comme toi. FABLE VII. L'IVAOGXE ET SA FEMME. Chacun a son défaut, où toujours il revient: Honte ni peur n'y remédie. Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence Sur ce propos, d'un conte il me souvient : Autant de jugement que de barbe au menton, Je ne dis rien que je n'appuie De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus n'ont pas fait la moitié de leur course Car, pour moi, j'ai certaine affaire Qu'ils sont au bout de leurs écus. Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin. Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille, Avoit laissé ses sens au fond d'une bouteille, En toute chose il faut considérer la fin. Sa femme l'enferma dans un certain tombeau. Là, les vapeurs du vin nouveau Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve L'attirail de la mort à l'entour de son corps, Un luminaire, un drap des morts. Oh! dit-il, qu'est-ce ci? Ma femme est-elle veuve? L'aigle avoit ses petits au baut d'un arbre creux, Là-dessus, son épouse, en habit d'Alecton, Masquée, et de sa voix contrefaisant le ton, Vient au prétendu mort, approche de sa bière, Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer. L'époux alors ne doute en aucune manière La chatte détruisit par sa fourbe l'accord; Qu'il ne soit citoyen d'enfer. Elle grimpa chez l'aigle, et lui dit : Notre mort (Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères) Quelle personne es-tu ? dit-il à ce fantôme. La cellerière du royaume Telles gens |