Leur dit: "Lisez mon nom, vous le pouvez, messieurs; Le renard s'excusa sur son peu de savoir. "Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire; Ils sont pauvres, et n'ont qu'un trou pour tout avoir; Ceux du loup, gros messieurs, l'ont fait apprendre à lire." Le loup, par ce discours flatté, S'approcha. Mais sa vanité Lui coûta quatre dents: le cheval lui desserre 66 Frère, dit le renard, ceci nous justifie Ce que m'ont dit des gens d'esprit : 5. ΙΟ 15 95. La Tortue et les deux Canards Une tortue était, à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays. Deux canards, à qui la commère Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire : Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique. Vous verrez mainte république, Maint royaume, maint peuple; et vous profiterez La tortue écouta la proposition. 20 25 30 5 IO 15 20 Marché fait, les oiseaux forgent une machine Pour transporter la pèlerine. Dans la gueule, en travers, on lui passe un bâton. De voir aller en cette guise L'animal lent et sa maison, Justement au milieu de l'un et l'autre oison. La reine vraiment oui je la suis en effet ; Ne vous en moquez point." Elle eût beaucoup mieux fait Car, lâchant le bâton en desserrant les dents, Imprudence, babil, et sotte vanité, Ont ensemble étroit parentage; 25 96. Le Rieur et les Poissons On cherche les rieurs, et moi je les évite : Les méchants diseurs de bons mots. Que quelqu'un trouvera que j'aurai réussi. Un rieur était à la table D'un financier, et n'avait en son coin Que de petits poissons; tous les gros étaient loin. D'écouter leur réponse. On demeura surpris ; Le rieur alors, d'un ton sage, Dit qu'il craignait qu'un sien ami, N'eût depuis un an fait naufrage; Il s'en informait donc à ce menu fretin; Mais tous lui répondaient qu'ils n'étaient pas d'un âge Les gros en sauraient davantage. "N'en puis-je donc, messieurs, un gros interroger?" De dire si la compagnie Prit goût à sa plaisanterie, J'en doute; mais enfin il les sut engager A lui servir d'un monstre assez vieux pour lui dire Et que, depuis cent ans, sous l'abîme avaient vus 5 IO 15 20 97. Le Chat et un vieux Rat J'ai lu, chez un conteur de fables, Qu'un second Rodilard, l'Alexandre des chats, L'Attila, le fléau des rats, 25 Rendait ces derniers misérables. J'ai lu, dis-je, en certain auteur, Que ce chat exterminateur, 30 5 IO 15 20 25 309 Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde : N'étaient que jeux au prix de lui. Comme il voit que dans leurs tanières Les souris étaient prisonnières, Qu'elles n'osaient sortir, qu'il avait beau chercher, A de certains cordons se tenait par la patte. Se promettent de rire à son enterrement, Puis rentrent dans leurs nids à rats, Puis enfin se mettent en quête. Mais voici bien une autre fête : Le pendu ressuscite, et, sur ses pieds tombant, "Nous en savons plus d'un, dit-il en les gobant : Vous viendrez toutes au logis." Il prophétisait vrai: notre maître Mitis, Et, de la sorte déguisé, Se niche et se blottit dans une huche ouverte. Ce fut à lui bien avisé : La gent trotte-menu s'en vient chercher sa perte. Car, quand tu serais sac, je n'approcherais pas." Et savait que la méfiance Est mère de la sûreté. 98. L'Alouette et ses Petits, avec le Maître d'un champ Ne t'attends qu'à toi seul; c'est un commun proverbe. En crédit : Les alouettes font leur nid Dans les blés quand ils sont en herbe, Que tout aime et que tout pullule dans le monde, Tigres dans les forêts, alouettes aux champs. 5 ΙΟ 15 20 Avait laissé passer la moitié d'un printemps 25 A toute force enfin elle se résolut |