Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage: Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux, Pestant, en sa fureur extrême, Tantôt contre les trous, puis contre ses chevaux, Il invoque à la fin le dieu dont les travaux "Hercule, lui dit-il, aide-moi; si ton dos Ton bras peut me tirer d'ici." Sa prière étant faite, il entend dans la nue Puis il aide les gens. Regarde d'où provient Ce malheureux mortier, cette maudite boue 5 IO 15 20 Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit; Aide-toi, le Ciel t'aidera." 62. Le Meunier, son Fils et l'Ane A M. D. M. L'invention des arts étant un droit d'aînesse, 5 ΤΟ 15 20 25 30 Mais ce champ ne se peut tellement moissonner Je t'en veux dire un trait assez bien inventé; Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre, Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé, A quoi me résoudrai-je? il est temps que j'y pense. Mais j'ai les miens, la cour, le peuple, à contenter." "J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils, L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits, Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire, Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre. "Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là? "Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense." Il met sur pieds sa bête, et la fait détaler. Se plaint en son patois. Le meunier n'en a cure; 66 Messieurs, dit le meunier, il vous faut contenter." L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte, Quand trois filles passant, l'une dit: "C'est grand'honte 66 Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils, "Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, 66 Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge; "Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez." Après maints quolibets coup sur coup renvoyés, Trouve encore à gloser. L'un dit: "Ces gens sont fous; 66 - Pardieu! dit le meunier, est bien fou du cerveau 25 Qui prétend contenter tout le monde et son père : 30 66 Essayons toutefois si par quelque manière "Nous en viendrons à bout." Ils descendent tous deux. L'âne se prélassant marche seul devant eux. 5 IO 15 20 25 30 -66 Un quidam les rencontre, et dit: "Est-ce la mode 66 Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien, "J'en veux faire à ma tête." Il le fit, et fit bien. Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince; 63. Les Animaux malades de la peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : A chercher le soutien d'une mourante vie; Le lion tint conseil, et dit: "Mes chers amis, Pour nos péchés cette infortune. Se sacrifie aux traits du céleste courroux : Peut-être il obtiendra la guérison commune. Ne nous flattons donc point; voyons sans indulgence Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, Que m'avaient-ils fait? nulle offense; Je me dévouerai donc, s'il le faut; mais je pense Que le plus coupable périsse. - Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi ; Vos scrupules font voir trop de délicatesse. Eh bien! manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes, seigneur, Et quant au berger, l'on peut dire Qu'il était digne de tous maux, Étant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire." Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir. Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances, Les moins pardonnables offenses: Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins, |