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XXIII

ER BELEG FORBAÑNET

Cheleuet ur person a eskopti Guéned
Pèl doh er ranteleh eit er fé forbannet;
Pèl é a gorv dohoh, mes é intansion
E zou perpet genoh kerklous èl é galon.

A houdé en amzér kri ha diskonfortus
Ma hon pelleit dohoh dré ordreu maleurus,
Dirak men deulegad perpet en hou kuélan
Hag ar hou poénïeu dé ha noz é ouilan.

LE PRÊTRE EXILÉ

(Traduit du Barzaz-Breiz.)

Ecoutez un recteur de l'évêché de Vanne

Qui, souffrant pour la foi, vit dans l'exil, là-bas.
Son corps est loin de vous, la force l'y condamne;
Mais son coeur, sa pensée, eux ne vous quittent pas.

Depuis l'instant fatal où des lois inhumaines
M'ont arraché de vous, dans mes sombres ennuis
Je pense à vous sans cesse, et songeant à vos peines
Je consume à gémir et mes jours et mes nuits.

O dé lan a hlahar! o dé lan a dristé,

En des men distaget doh me heih bugalé!
Disparti ankinus, kehet èl ma viùein

Em bou chonj ahanous; bikin n'has ankoéhein.

Haval doh Jeremi, pé doh er geih Juived
Er gér a Vabilonn ker pèl amzér dalc'het,
Bamdé, én ur chonjal é ol hou poénïeu,
Get houlenneu er mor é keijan men dareu.
Ar ur roh me unan chouket é tal en aod,
É ouilan get glahar, é hluban men diù jod,
É ouilan men diù jod, sioah! get men dareu,
En ur chonjal énoh én tu hont d'er moreu.

O jour plein de douleur ! ô jour plein de détresse !
De mes enfants chéris toi qui m'as séparé,
Funeste adieu, toujours ton souvenir m'oppresse;
Je ne t'oublîrai pas, non, tant que je vivrai !

Ainsi que Jérémie, ou comme à Babylone
Israël déplorant le sol de ses aïeux,
D'un nuage de deuil mon âme s'environne;
Je mêle à l'Océan les larmes de mes yeux.

Assis sur un rocher, seul au bord du rivage,
Sur ma joue à longs flots coulent des pleurs amers;
Car mon cœur se reporte au loin vers l'autre plage,
Et mon esprit vers vous vole au delà des mers.

O tud vat benniget! men é ma oeit arzé

En amzér eurus hont ma me haveh bamdé
Eit kleuet konzeu Doué ha diskarg hou kalon,
Hag eit hou konfortein dré er gomunïon!

Ha! mem bugalė keih, é pé stad é oh hui ?
Hui em goulen bamdé ha n'em havet ket mui;
M'hou koulen a me zu, mes, o péh un druhé !
Ne hues ket mui a dad, na mé a vugalé!

O keih devedigeu, petra vou ahanoh?
Ha più hou sekourou ? più e zougou bri d'oh?

Oh! le temps d'autrefois, enfants de ma paroisse,
Où s'en est-il allé ? Vous me trouviez alors
Pour vous parler du ciel aux heures de l'angoisse
Et pour vous soutenir avec le pain des forts.

Ah! bon peuple béni, quelle est votre mi

[sère !

Nous en sommes réduits aux re

[grets impuissants :

Vous me cherchez en vain, vous [n'avez plus de père;

Moi je vous cherche, hélas, [et je n'ai plus d'enfants!

Qu'allez-vous devenir, bre[bis, troupe chérie ?

Qui veillera sur vous pour [vous prêter secours ?

6

O Jezus, bugul mat, hou pet chonj anehé,
Hag astennet hou torn é peb amzér dehé !

O speredeu eurus, o sent ha sentézed,
Ha hui, Rouañnéz en Nean, chomet geté perpet!
Reit dehé asistans én ou dobérïeu,

Reit dehé konfortans é ol ou zrebilheu.

O doar a Vreih-Izél, mem bro diskonfortet,
É pebéh mor a hloéz é ous té bet taulet !
Guéharal é oés braù ha lan a leùiné,

Bremen nen des énous meit kanveu ha tristé.

Ur vanden treiterion hemb fé hag hemb lézen
En des te zismantet ha lakeit peb eil pen;

O Jésus, bon pasteur, tendez-leur, je vous prie,
Votre main charitable en de si tristes jours.
Saints et saintes, patrons glorieux de nos villes,
Soyez leurs protecteurs ; et vous, reine du ciel,
Aidez-les à remplir leurs devoirs difficiles;
Venez les consoler dans leur malheur cruel.
Bretagne, ô cher pays à la douleur en proie,
Quel océan de deuil où te voilà plongé,
Toi naguère si beau, si rayonnant de joie !
D'un fardeau désolant, hélas ! ils t'ont chargé.
Ils t'ont bouleversé sans nul remords, ces traîtres;
Ils ont, ôtant tout frein à leurs instincts mauvais,

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