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Cils qui plus hautement menacent
Faillent souvent a ce qu'ils chascent.
Faire sieut par debonnairté 7 (a)
Lucre plus que par cruauté.
Si tu veuls avoir patience

Tu vaincras et sans decevance:
Redoubter la haute parole,

Sans fait louable, est chose fole.

VARIANTE.

(a) Manuscr. de la biblioth. du Roi, no 356.

On sieult par debonnaireté.
Vaincre plus que par cruaulté.

1 Assise, séance des seigneurs de fiefs. enlever, tirer à soi. lez lui, près de lui.

5

-2 Dé, dieu.

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-4 Yssi, sortit. Art, brûle, de ardere. 6 Les li, Drapiaux, linge, hardes.

7 Sieut, a coutume:

solet.

FABLE IV. — (107.)

Jupiter et le Métayer.

Jupiter eut jadis une ferme à donner.
Mercure en fit l'annonce, et gens se présentèrent,
Firent des offres, écoutèrent:

Ce ne fut pas sans bien tourner;

L'un alléguoit que l'héritage

Étoit frayant et rude, et l'autre un autre si.

Pendant qu'ils marchandoient ainsi,

Un d'eux, le plus hardi, mais non pas le plus sage, Promit d'en rendre tant, pourvu que Jupiter

Le laissât disposer de l'air,

Lui donnât saison à sa guise,

Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise, Enfin du sec et du mouillé,

Aussitôt qu'il auroit bâillé.

Jupiter y consent. Contrat passé, notre homme
Tranche du roi des airs, pleut, vente, et fait en somme
Un climat pour lui seul : ses plus proches voisins
Ne s'en sentoient non plus que les Américains.
Ce fut leur avantage : ils eurent bonne année,
Pleine moisson, pleine vinée.

Monsieur le receveur fut très-mal partagé.
L'an suivant, voilà tout changé :
Il ajuste d'une autre sorte
La température des cieux.

Son champ ne s'en trouve pas mieux :
Celui de ses voisins fructifie et rapporte.
Que fait-il? Il recourt au monarque des dieux;
Il confesse son imprudence.

Jupiter en usa comme un maître fort doux.

Concluons que la Providence

Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.

GRECS. Es.-Cor., 265; II 265.

LATINS. R. Holch., lect. 9; J. Her., serm. 108; J. Raul., de pœnit., serm. 39; Abst., 2; Faern., 93; Grat. a Sto Elid, 10.

FRANÇAIS. Desm., 1; Guill. Haud., 269.

ITALIENS. Ces. Pav., 104; Guicc., p. 149; Verdizz., 99.

FABLE V.-(108.)

Le Cochet, le Chat, et le Souriceau.

Un souriceau tout jeune, et qui n'avoit rien vu,
Fut presque pris au dépourvu.

Voici comme il conta l'aventure à sa mère.

J'avois franchi les monts qui bornent cet état,
Et trottois comme un jeune rat
Qui cherche à se donner carrière,
Lorsque deux animaux m'ont arrêté les

yeux :

L'un doux, bénin et gracieux :
Et l'autre turbulent, et plein d'inquiétude;
Il a la voix perçante et rude,

Sur la tête un morceau de chair,
Une sorte de bras dont il s'élève en l'air
Comme pour prendre sa volée,
La queue en panache étalée.

Or c'étoit un cochet dont notre souriceau
Fit à sa mère le tableau

Comme d'un animal venu de l'Amérique.
Il se battoit, dit-il, les flancs avec ses bras,
Faisant tel bruit et tel fracas,

Que moi, qui, grâce aux dieux, de courage me pique,
En ai pris la fuite de peur,

Le maudissant de très-bon cœur.
Sans lui, j'aurois fait connoissance

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