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FABLE II.-(105.)

Le Lion et le Chasseur.

Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race,
Qu'il soupçonnoit dans le corps d'un lion,
Vit un berger Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas je me fasse raison.

Le berger dit : C'est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un mouton
Par chaque mois, j'erre dans la campagne
Comme il me plaît; et je suis en repos.
Dans le moment qu'ils tenoient ces propos,
Le lion sort, et vient d'un pas agile.
Le fanfaron aussitôt d'esquiver :
O Jupiter, montre-moi quelque asile,
S'écria-t-il, qui me puisse sauver !

N'est

La vraie épreuve de courage

que dans le danger que l'on touche du doigt: Tel le cherchoit, dit-il, qui, changeant de langage, S'enfuit aussitôt qu'il le voit.

GRECS. Æs.-Cor., 175; Gabr., 36; Prov.: Tcú λécvros ïx vn Enteis.

Leonis vestigia quæris.

LATINS. P. Cand., 29; Als., 105.

FRANÇAIS. Bens., 180.

FABLE III.-(106.)

Phébus et Borée.

Borée et le Soleil virent un voyageur

Qui s'étoit muni par bonheur

Contre le mauvais temps. On entroit dans l'automne,
Quand la précaution aux voyageurs est bonne :
Il pleut; le soleil luit; et l'écharpe d'Iris

Rend ceux qui sortent avertis

Qu'en ces mois le manteau leur est fort nécessaire :
Les Latins les nommoient douteux, pour cette affaire.
Notre homme s'étoit donc à la pluie attendu :
Bon manteau bien doublé, bonne étoffe bien forte.
Celui-ci, dit le Vent, prétend avoir pourvu
A tous les accidents; mais il n'a pas prévu
Que je saurai souffler de sorte,

Qu'il n'est bouton qui tienne : il faudra, si je veux,
Que le manteau s'en aille au diable.
L'ébattement pourroit nous en être agréable :
Vous plaît-il de l'avoir? Eh bien!

gageons nous deux,

Dit Phébus, sans tant de paroles,

A qui plus tôt aura dégarni les épaules

Du cavalier que nous voyons.

Commencez je vous laisse obscurcir mes rayons.
Il n'en fallut pas plus. Notre souffleur à gage
gorge de vapeurs, s'enfle comme un ballon,
Fait un vacarme de démon,

Se

Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage Maint toit qui n'en peut mais, fait périr maint bateau:

Le tout au sujet d'un manteau.

Le cavalier eut soin d'empêcher que l'orage

Ne se pût engouffrer dedans.

Cela le préserva. Le vent perdit son temps;

Plus il se tourmentoit, plus l'autre tenoit ferme :

Il eut beau faire agir le collet et les plis.

Sitôt qu'il fut au bout du terme

Qu'à la gageure on avoit mis,
Le soleil dissipe la nue,

Récrée et puis pénètre enfin le cavalier,
Sous son balandras fait qu'il sue,
Le contraint de s'en dépouiller :
Encor n'usa-t-il pas de toute sa puissance.

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GRECS. Es.-Cor., 306; Babr. ex Suid., t. 3, p. 3a1; St. Cyr., I. 1, c. 2.

LATINS. Av., 4; R. Mess., 26; G. Cogn. (G. Cous.), 151; P. Cand., 5; Freit., 13; Tann. Fab., 18.

FRANÇAIS. YSOP.-Av., 3; Guill. Haud., 185; Ph. Heg., 6; AmyolPlut., Préc. de santé, § 10.

ITALIENS. Verdizz., 18.

ALLEMANDS. Minn.-Zing,, 66.

ANGLAIS. Ogilby, 65.

YSOPET-AVIONNET.

FABLE III.

De la comparaison et contens du Soleil et du Vent de bise.

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Li

pourra par sa force oster,
Cil en doit l'honneur emporter.
Ainsi l'ont eux deux accordé
Devant dam Jupiter leur dé. 2
Dont fist bise l'air tourmenter,
Pleuvoir, et greller et venter,
Pour lui son manteau arrachier.
Tant com cils puet du corps sachier,
A li joindre se painne si
Qu'oncques du col ne li yssi. 4
Ainçois quant plus le vent l'empoint,
Il plus a son cotel le joint,
De celle part d'où sent le vent,
Qui mallement le va grevant.
Au matin forment se ralie.
Li solaus de l'autre partie

Se leva si clair et si chaut

Que tout le monde art de chaut. 5
Cils qui ot chaut a terre pose
Robe et mentel et se repose,

Les li sa robe et ses drapiaux

6

Pour le temps qui est chaut et biaux.

3

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