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C'un olifant, qu'un éléphant. -2 Héons, haïssons.

FABLE X. — (113.)

Le Lièvre et la Tortue.

Rien ne sert de courir : il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.

purger

Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. Sitôt ! êtes-vous sage?
Repartit l'animal léger :
Ma commère, il vous faut
Avec quatre grains d'ellébore.
Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait; et de tous deux
On mit près du but les enjeux.

Savoir quoi, ce n'est pas

l'affaire, Ni de quel juge l'on convint.

Notre lièvre n'avoit que quatre pas à faire;

J'entends de ceux qu'il fait lorsque, près d'être atteint,
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.

Avant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter

D'où vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur.

Elle part, elle s'évertue :

Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,

Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à tout autre chose

Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit
Que l'autre touchoit presqu'au bout de la carrière,
Il partit comme un trait. Mais les élans qu'il fit
Furent vains: la tortue arriva la première.
Hé bien ! lui cria-t-elle, avois-je pas raison?
De quoi vous sert votre vitesse?
Moi l'emporter! et que seroit-ce
Si vous portiez une maison?

GRECS. ES.-Cor., 187; II 187; Théon, 2.

FRANCAIS. Guill. Haud., 246; G. Corr., 94; P. Desp., 59; Bens. 67; Le Noble, 96.

ITALIENS. Ces. Pav., 150; Verdizz., 80.

ESPAGNOLS. Seb. Mey, 19.

FABLE XI. — (114.)

L'Ane et ses Maîtres.

L'âne d'un jardinier se plaignoit au Destin
De ce qu'on le faisoit lever devant l'aurore.
Les coqs, lui disoit-il, ont beau chanter matin,
Je suis plus matineux encore.

Et pourquoi ? pour porter des herbes au marché!
Belle nécessité d'interrompre mon somme!

Le Sort, de sa plainte touché,

Lui donne un autre maître; et l'animal de somme
Passe du jardinier aux mains d'un corroyeur.
La pesanteur des peaux et leur mauvaise odeur
Eurent bientôt choqué l'impertinente bête.
J'ai regret, disoit-il, à mon premier seigneur :
Encor, quand il tournoit la tête,
J'attrapois, s'il m'en souvient bien,

Quelque morceau de chou qui ne me coûtoit rien:
Mais ici point d'aubaine; ou, si j'en ai quelqu'une,
C'est de coups. Il obtint changement de fortune;
Et sur l'état d'un charbonnier

Il fut couché tout le dernier.

Autre plainte. Quoi donc! dit le Sort en colère, Ce baudet-ci m'occupe autant

Que cent monarques pourroient faire! Croit-il être le seul qui ne soit pas content? N'ai-je en l'esprit que son affaire?

Le sort avoit raison. Tous gens sont ainsi faits:
Notre condition jamais ne nous contente;
La pire est toujours la présente.

Nous fatiguons le ciel à force de placets.
Qu'à chacun Jupiter accorde sa requête,
Nous lui romprons encor la tête.

GRECS. ES.-Cor., 45; II 45.

LATINS. Alb., 1, 88; Faern., 80; J. Posth., 45.

FRANCAIS. Guill. Haud., 175; G. Corr., 65; L. Garon, c. 5, c. 54;

P. Despr., 83; Bens., 149; Le Noble, 74.

ITALIENS. Ces. Pav., 65.

ANGLAIS. Ogilby, 68.

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